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Composé par 5 représentants de l’Etat, 5 représentants des salariés élus en assemblée et un représentant de la

présidence de la République qui préside le conseil

(l’Interventor). C’est ce conseil qui est l’organe directeur

de l’entreprise

Afin de mettre en place ce système de participation est créé, par le ministère du travail, le

comité exécutif CUT-gouvernement, le 28 juin 1971, ainsi qu’un « comité paritaire », constitué

de représentants des syndicats et de la direction de l’entreprise. Les représentants syndicaux y

sont nommés, « par le haut », par la direction du syndicat. Ce comité est chargé d’élaborer un

règlement interne sur la participation. Ce règlement doit ensuite être entériné en assemblée et

par le comité national CUT-gouvernement. Cette action réalisée, le comité paritaire doit

s’auto-dissoudre

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. Dans un document publié par les éditions nationales QUIMANTU, dans le but de

diffuser l’esprit de cette participation, le comité CUT-Gouvernement la définit comme « le

transfert du pouvoir politique, économique et social des mains des minorités qui jusque-là

gouvernaient […] aux mains de la classe ouvrière »

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. Indéniablement, les témoignages

recueillis prouvent que l’époque de la mise en place de ce système au sein des entreprises,

reste gravé dans la mémoire des militants de gauche, comme celle d’importants

541 Voir l’interview du président de ce comité, Pedro Guglielmeti dans M. Harnecker y otros, « La participación de los trabajadores », Chile Hoy, Santiago, N°7, julio y agosto de 1972

bouleversements au sein de l’usine

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. C’est, par exemple, le cas de José Moya, ouvrier du

MIR, nommé président du comité de production de l’usine de disque au sein du grand

monopole de radio-télèvision IRT (ex-RCA). D’ailleurs, il se rappelle que cette installation

correspond à une période d’intensification du travail et de la multiplication des heures de

production, afin de répondre à la forte augmentation de la demande

544

.

En examinant ce projet, on peut dire qu’il s’agit d’un programme de cogestion entre

l’Etat et les représentants des salariés, où l’on cherche à intégrer fortement les appareils

syndicaux. Un point important à souligner est la prépondérance de l’Etat comme

organisme décideur, et la sous-représentation ouvrière au conseil d’administration (3 des

11 représentants)

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. Autre point, les comités de production sont confinés dans un rôle

productif (contrôle de la bonne marche de l’entreprise), plutôt qu’orienté vers une action

favorable à la participation politique des salariés. Enfin, une dernière limitation est l’absence

d’une vision globale et d’une participation à la planification nationale, offertes aux

représentants ouvriers. En effet, si une telle participation est envisagée, elle ne l’est qu’au

travers des organismes directeurs de la CUT ou de ses Fédérations. Les représentants élus par

les assemblées des travailleurs n’ont donc pas accès à cette vision d’ensemble, indispensable

542 Comité ejecutivo CUT-Gobierno de participación, La participación de los trabajadores, Santiago, Quimantú, 1971 (BDIC : S pièce RES 610).

543 F. Gaudichaud, “L’Unité populaire par ceux qui l’ont faite”, Le Monde Diplomatique, Paris, septembre 2003.

544 “A mediados del 71 se comenzaron a crear las organizaciones propias de participación de los trabajadores,

independientemente del sindicato. Se creo un Consejo Administrativo de la Empresa, compuesto por 8 o 10 miembros y que era elegido por los trabajadores a través de votación directa. En él, una cuota representaba a los empleados administrativos de la empresa y otra a los obreros. La otra instancia, que era más de base, eran los Comités de Producción. Este tenía un presidente y dos personas que lo conformaban, también elegidos. Yo fui presidente del Comité de Producción de la fábrica de discos, donde trabajábamos cerca de 120 personas. La labor básica era discutir la producción de cada empresa o de cada área y también la distribución. Era un momento de mucho consumo de discos, radio y televisión y nosotros trabajábamos a un turno, pero en un momento tuvimos que decidir trabajar a dos turnos, ampliar nuestra capacidad de trabajo, incluso hubo que contratar a más gente, porque los niveles producción no daba abasto” (entretien réalisé à Santiago, le 20

novembre 2001).

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Il semble pourtant que, dans la pratique, cette sur-représentation de l’Etat n’est valable que dans les grandes entreprises : dans la majorité des autres entreprises de l’APS, les représentants des travailleurs possédent une majorité effective par défaut. Tout d’abord car les "Interventores" sont parfois choisis parmi les travailleurs de l’usine, ensuite parce que les fonctionnaires de l’Etat ne peuvent fréquemment assister aux réunions, enfin car dans les usines où les travailleurs sont les plus mobilisés, ils obtiennent le remplacement des "Interventores" bureaucrates par l’un des leurs (J.Espinoza, A.Zimbalist, Op. Cit., p. 77).

dans l’établissement d’une planification économique démocratique. D’ailleurs, la participation

de représentants syndicaux au niveau régional n’est jamais mise en pratique (au moins jusqu’à

août 1972) et la CUT s’est limitée à un rôle surtout consultatif, au sein des différents

organismes économiques gouvernementaux. De cette manière, la participation dans l’Aire

sociale et mixte consiste à assumer, au niveau de l’entreprise, l’application de normes

générales économiques. Etant donné le manque d’un véritable système organique de

planification centralisée, les objectifs des entreprises de l’Aire sociale se sont inspirés

d’orientations très générales, et ont vu leur rôle réduit, la plupart du temps, à augmenter

la production

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. En ce sens, on peut comme le fait Víctor Farias, affirmer que l’importance de

la transformation des relations de production n’a pas toujours été prise en compte par l’UP :

l’APS devait pourtant incarner initialement les germes du contrôle ouvrier et démocratique de

la future société socialiste

547

.

Qu’en est-il de la participation au niveau du secteur privé qui concerne plus de 50% de

la main d’œuvre industrielle ? Selon la documentation officielle, « la participation n’est pas

prévue dans les entreprises privées. Dans celles-ci, les travailleurs doivent contribuer à

constituer les comités de surveillance de la production, qui doivent se préoccuper de ce que

chaque industrie utilise au maximum sa capacité installée, que soient prévues de nouvelles

rotations pour incorporer les camarades au chômage, qu’on utilise de manière adéquate les

machines et les équipements, que soit assuré le ravitaillement en matière première et pièces de

rechange, dans le but que ne se produisent pas d’arrêts injustifiés de la production »

548

. La

mise en place de comités de surveillance répond à la formidable réaction en chaîne de lutte des

classes que provoque le début de la nationalisation des grands monopoles. Face à l’attitude

d’une partie significative du grand patronat dans un premier temps, puis de fractions de plus en

546 M. Castells, « Lucha Antimonopolista y poder obrero: la constitución del Área de Propiedad Social », Op. Cit., p. 181.

547 Comme le remarque Víctor Farias, dans son analyse de documents : « Sin embargo, más relevante me parece el

hecho de que se soslaye el problema del tipo de relaciones productivas que se buscaba para esta Área de Propiedad Social, al menos germinalmente. En los hechos ella debía aparecer, en el tiempo, como una propiedad estatal, pero por el tipo de participación de la clase trabajadora en las expropiaciones y por la función que ella tendría sobre el resto de la organización política del país, habría sido necesario enfrentar este problema con mayor detenimiento, en el sentido de visualizar los gérmenes de socialismo que ella debía implicar. El problema repercutirá violentamente en los momentos en que se planteó la cuestión del financiamiento del APS, adoptando una política económica inflacionaria en los hechos » dans V. Farias, La izquierda chilena (1969-1973): documentos para el estudio de su línea estratégica, Op. Cit., Introduction au Chapitre I du tome I.

548 Voir « Los trabajadores en la administración de la Empresa del Área Social », La realidad social de Chile, p. 44, Oficina de informaciones y radiodifusión de la presidencia de la republica, Santiago, 1972 (dossier BDIC, publications officielles 1971-1973 : F Delta Res 190/10)

plus amples de la petite et moyenne bourgeoisie industrielle, qui décident de pratiquer une

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