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CHAPITRE I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

3. Joints soudés par Friction malaxage

3.5. Comportement mécanique des joints soudés

3.5.2. Comportement mécanique en traction

Les propriétés mécaniques en traction des joints soudés sont généralement étudiées grâce à des essais de traction réalisés transversalement au cordon pour comparer uniquement leur tenue mécanique à celle des tôles assemblées, et cela en vue de dimensionner les structures. Certains auteurs couplent ces essais avec des systèmes de corrélation d’images afin de

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sont les auteurs qui réalisent des tests de traction localisés dans chaque zone des joints précédemment décrites.

Comme nous l’avons vu précédemment, la microstructure dans un joint soudé FSW dépend fortement des paramètres de soudage utilisés. Ainsi, ces derniers vont logiquement avoir une influence sur les propriétés mécaniques des joints soudés.

Liu et al. [96] ont étudié le comportement mécanique d’un joint soudé FSW en alliage 2017- T351 obtenu avec différents paramètres de soudage en réalisant des essais de traction dans le sens transverse à la direction de soudage. Les résultats de leur étude sont reportés à la Figure I-38. Ces auteurs constatent que, pour des pas d’outil inférieurs à 0,13 mm/révolution, le noyau soudé ne présente pas de défauts. Au-delà de cette valeur, des défauts tels que des cavités apparaissent et entrainent une fragilisation du noyau et donc une chute des propriétés mécaniques du joint soudé.

Figure I-38 : Evolution des caractéristiques mécaniques d’un joint soudé FSW d'un alliage 2017-T351 en fonction du pas de l'outil [96].

De leur côté, Liu et al. [97] ont étudié l’influence de la vitesse d’avance de l’outil sur la localisation de la rupture lors d’un essai de traction dans la direction transverse à la direction de soudage sur une soudure FSW d’un alliage 2219-T6 (Figure I-39). Pour les vitesses de 60 mm/min et 220 mm/min, la rupture a lieu du côté Retreating alors que, lorsque la vitesse dépasse 220 mm/min, la rupture est localisée du côté Advancing. En dessous de 220 mm/min, le joint obtenu est dépourvu de défauts. Le phénomène de friction et donc l’augmentation de la température entrainent un adoucissement de la ZAT du côté Retreating expliquant ainsi cette rupture. Concernant l’essai à une vitesse supérieure à 220 mm/min, les paramètres de soudage induisent l’apparition de défauts du côté Advancing, fragilisant alors cette zone.

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Figure I-39 : Influence de la vitesse de déplacement de l'outil sur la localisation de la rupture lors d'un essai de traction transverse (a) après soudage et (b) après un traitement thermique post soudage sur une soudure FSW d'un alliage 2219 [97].

Peel et al. [98] ont étudié le comportement mécanique des différentes zones d’une soudure FSW d’un alliage 5083. Les essais de traction ont été réalisés perpendiculairement à la soudure et les déformations ont été mesurées par interférométrie laser Speeckle. La Figure I- 40-a présente les déformations dans les différentes zones pour une contrainte donnée. Le trait vertical indique la zone de rupture à la fin de l’essai. La Figure I-40-b présente quant à elle les valeurs des limites d’élasticité des différentes zones pour différentes conditions de soudage.

Figure I-40 : (a) Répartition de la déformation pour un état de contrainte donné lors d'un essai de traction (b) Limite d’élasticité des différentes zones en fonction de la vitesse d’avance de l’outil dans la direction transverse d'un joint soudé FSW en alliage 5083 [98].

Les auteurs ont donc montré que le maximum de déformation était localisé dans le joint soudé et que la rupture de l’éprouvette avait lieu à l’interface noyau-ZATM. Enfin, la limite d’élasticité chute à l’entrée de la soudure. De plus, cette dernière diminue avec l’augmentation de la vitesse de déplacement de l’outil. Les auteurs ont aussi constaté que, lors d’un essai de traction, la déformation plastique était confinée dans le noyau alors que le métal de base

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Dans la plupart des cas, les joints soudés FSW sont utilisés après un post-traitement thermique qui a pour objectif d’augmenter les propriétés mécaniques du cordon de soudure. Mahoney et al. [69] ont étudié les propriétés mécaniques d’un joint soudé obtenu à partir d’un alliage 7075-T651 perpendiculairement à la direction de soudage. Cette étude a consisté à s’intéresser aux propriétés mécaniques directement après soudage ou après un revenu à 121°C pendant 24 heures. Les caractéristiques mécaniques obtenues sont résumées dans le Tableau I- 10. Comme nous l’avons vu précédemment, la microstructure dans un joint soudé FSW dépend fortement des paramètres de soudage utilisés. Ainsi, ces derniers vont logiquement avoir une influence sur les propriétés mécaniques des joints soudés. Les auteurs ont constaté que, comparativement au métal de base, le joint soudé présente des caractéristiques mécaniques beaucoup plus faibles. De plus le post-traitement thermique ne modifie pas la limite d’élasticité ni la contrainte à rupture du joint soudé mais diminue l’allongement à rupture.

Tableau I-10 : Synthèse des caractéristiques mécaniques obtenues lors d'essais de traction réalisés perpendiculairement à la direction de soudage d'un joint FSW pour un alliage 7075-T651 [69].

Limite d’élasticité (MPa) Contrainte à rupture (MPa) Allongement à rupture (%) Métal de base 571 622 14,5

Joint soudé sans post-

traitement thermique 312 468 7,5

Joint soudé avec post-

traitement thermique 312 447 3,5

Liu et al. [97] ont étudié, pour différentes vitesses d’avance de l’outil, l’influence d’un traitement thermique post soudage (18 heures à 165 °C) sur une soudure FSW d’un alliage 2219-T6 (Figure I-41).

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Figure I-41 : Evolution de l’allongement à rupture et de la contrainte maximale d’un joint FSW d’un alliage 2219-T6 en fonction de la vitesse d’avance de l’outil (a) après soudage et (b) après un traitement thermique post soudage [97].

Les auteurs constatent que le traitement thermique post soudage induit une augmentation de la contrainte maximale alors qu’au contraire, l’allongement à rupture diminue. En revanche, pour des conditions de soudage identiques, la rupture à lieu dans la même zone avec ou sans traitement thermique post soudage.

Pouget et al. [95] ont eux aussi étudié les propriétés mécaniques des différentes zones présentes dans un joint soudé FSW obtenu à partir d’un alliage 2050-T81. Des mesures ont été réalisées suivant la direction de soudage pour le matériau de base et le noyau soudé avant et après le post-traitement thermique. Pour les ZAT, les données ont été obtenues en réalisant des essais de traction suivant la direction transverse au soudage et en utilisant un système de corrélation d’images (CI) pour suivre les déformations. Les résultats avant et après soudage sont reportés dans le Tableau I-11. Les auteurs constatent que la limite d’élasticité des trois différentes zones augmente avec le traitement T8. A l’état T4, les limites d’élasticités à 0,2% de déformation plastique Re0,2 du matériau de base et du noyau soudé sollicités suivant la

direction de laminage sont très proches. Après le traitement thermique, l’écart entre les deux valeurs se creuse.

En considérant la ZAT et le noyau soudé sollicités perpendiculairement à la direction de laminage, le traitement thermique entraine un changement dans la zone dite « faible ». En l’absence de ce traitement thermique, le noyau soudé semble être la zone la plus faible alors qu’après ce traitement thermique, il s’agit de la ZAT.

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Tableau I-11 : Propriétés mécaniques des différentes zones de joints soudés FSW 2050 [95].

Limite d’élasticité Rp0,2 (MPa)

T4 T8

Matériau de base

(Direction de laminage) 280 520

Noyau soudé

(Direction de laminage) 250 430

Noyau soudé (CI)

(Direction travers long) 215 400

ZAT (CI)

(Direction travers long) 270 340

De la même manière, Genevois [99] a mesuré l’influence d’un post-traitement thermique sur les propriétés mécaniques d’une soudure FSW à partir d’un alliage 2024 T351. L’ensemble de ces résultats sont présentés à la Figure I-42. La Figure I-42-a présente les résultats des essais de microtraction réalisés sur une soudure FSW 2024 sans post-traitement thermique et la Figure I-42-b ceux des essais réalisés après le post-traitement thermique (10 heures à 190°C).

(a) (b)

Figure I-42 : Propriétés mécaniques locales obtenues à l'aide d'essais de microtraction (a) avant et (b) après un post-traitement thermique (10 heures à 190°C) sur une soudure FSW d'un alliage 2024-T351 [99].

Les allures des courbes présentées à la Figure I-42-a et à la Figure I-42-b sont identiques. Le post-traitement thermique ne modifie pas l’allure générale des différentes courbes qui sont

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translatées vers des valeurs de contrainte plus élevées. On note toutefois que le Rm du noyau soudé devient inférieur à la limite d’élasticité du métal de base après le post-traitement thermique. De plus, les variations des propriétés mécaniques se font de manière plus brutale après le traitement thermique. Les variations de la limite d’élasticité et de la contrainte maximale confirment les évolutions de dureté le long du cordon de soudure.

Mahoney et al. [69] ont étudié le comportement mécanique du noyau soudé d’un joint soudé d’un alliage 7075-T651 suivant la direction de soudage (Tableau I-12).

Tableau I-12 : Synthèse des caractéristiques mécaniques obtenues lors d'essais de traction réalisés sur le noyau soudé parallèlement à la direction de soudage d'un joint FSW pour un alliage 7075-T651 [69].

Contrainte maximale (MPa) Limite d’élasticité (MPa) Allongement (%) Métal de base 622 571 14,5 NS sans post- traitement thermique 525 365 15 NS avec post- traitement thermique 496 455 3,5

Après soudage, les résultats montrent que la limite d’élasticité du noyau soudé est plus faible que celle du métal de base. L’allongement à rupture lui est le même dans le métal de base et dans le noyau soudé. Le traitement thermique post soudage entraine une augmentation de la limite d’élasticité qui se rapproche de celle du métal de base grâce à l’augmentation de la fraction volumique des précipités durcissants. Cette augmentation de la limite d’élasticité dans le noyau soudé après un traitement thermique post soudage a aussi été notée par Pouget et al. [95] (Tableau I-11). Cependant, avec le post traitement thermique, l’allongement à rupture diminue énormément, phénomène lié à la précipitation des phases durcissantes et à l’apparition d’une PFZ.

Concernant le noyau soudé, Sutton et al. [100] ont mis en évidence l’existence de bandes se caractérisant par une différence de comportement mécanique et dont l’espacement périodique

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précédemment. Ces différentes bandes ne se déforment pas de la même manière selon la direction de soudage comme le montre la Figure I-43.

Figure I-43 : Gradient de déformations observé lors d'un essai de traction suivant la direction L d’une éprouvette de noyau soudé d’un joint soudé FSW d’un alliage 2024 [100].