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Complications maternelles à long terme

Dans le document Le diabète gestationnel (Page 51-55)

1. PHYSIOPATHOLOGIE

1.5. Conséquences du diabète gestationnel

1.5.2. Complications maternelles à long terme

Les risques principaux sont le risque de récidive de DG et/ou d’apparition ultérieure d’un diabète de type2.

Le texte sur les recommandations pour la pratique clinique du CNGOF en 2010 indique un risque de récidive variant de 30 à 84 % selon les études (grade B). Il précise aussi que le DG expose à un risque ultérieur accru de DT2, multiplié par 7 (grade B). Ce risque augmente avec le temps et persiste au moins 25 ans (grade C). Les risques de survenue du syndrome métabolique sont multipliés par 2 à 5 (grade B), ceux de pathologies cardiovasculaires par 1,7 environ (grade B) (9). D’après Kjos, en 1994, le risque de diabète permanent après un DG est évalué à près de 50 % à 5 ans et à plus de 60 % à 10 ans selon les études. En cas de survenue d’un diabète permanent, la morbidité est nettement augmentée avec un risque d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral multiplié par 2 et de cécité multiplié par 5 (12).

51 La première étude sur le risque de DT2 est l'étude historique de O'Sullivan aux États- Unis. Après 28 ans de suivi de 615 DG, il y avait 36 % de diabète (5 % dans les témoins) et 13 % d'intolérance glycémique (2 % chez les témoins). Les obèses étaient plus exposées que les femmes minces. Dans celle de Damm au Danemark, les 241 femmes suivies n'avaient pas eu besoin de traitement par insuline ; le protocole de dépistage était un peu différent de celui de Carpenter et Coustan. Néanmoins, après une médiane de suivi de 8 ans, 17 % des femmes avaient une intolérance au glucose, 17,4 % avaient un diabète (14 % de DT2, 3 % de DT1). Dans le groupe témoin, 5,3 % avaient une intolérance au glucose, aucune n'était devenue diabétique (16).

Coustan aux États-Unis a suivi une cohorte de 350 femmes pendant 7 à 10 ans ; 91 % d'entre elles étaient blanches, 5 % latino-américaines, 2 % noires et 2 % asiatiques. La survenue d'une intolérance et/ou d'un diabète était de 30 % (16).D’après Kjos, chez les femmes latino-américaines, le risque de survenue d’un DT2 s'élève à 80 % à 5 ans. Ce taux élevé s'explique par la prévalence très élevée du diabète de type 2 dans cette population (16).

Une étude suédoise, publiée en mars 2010 dans le revue Diabetologia, a suivi 174 femmes ayant eu un DG, avec réalisation de test de tolérance au glucose (75 g par voie orale), 1 an, 2 ans et 5 ans après l’accouchement. A 5 ans, 30 % de ces femmes ont développé un diabète patent, et 51 % présente une tolérance au glucose anormale. Celles qui sont devenues diabétiques avaient durant la grossesse des glycémies à jeun et un taux d’Hb1A1c plus élevés que les autres. Un taux d’Hb1Ac > 5,7 % et une glycémie à jeun > 0,95 g/l durant la grossesse sont des facteurs prédictifs indépendants du risque de diabète ultérieur, associés à une augmentation de 4 à 6 fois du risque de développer un diabète durant les 5 ans suivants l’accouchement par comparaison à celles qui avaient les taux les plus bas. Le nombre de grossesses antérieures et les antécédents familiaux de diabète chez des parents du premier degré, sont également pour ces auteurs des facteurs prédictifs indépendants du risque de diabète patent dans les 5 ans suivant la grossesse avec DG, risque alors multiplié par 4 (14).

52 Pour le CNGOF, certains facteurs sont associés à un risque plus élevé de DT2 après un DG : surcharge pondérale, diagnostic du DG avant 24 SA, glycémies de l’HGPO diagnostique élevées, nécessité d’une insulinothérapie (9) ; mais le risque lié aux antécédents familiaux n’est pas suffisamment évalué (9). Au contraire pour F.Duron les femmes ayant des antécédents familiaux de diabète, surtout du côté maternel, sont à haut risque, ainsi que les femmes ayant en postpartum un rapport proinsuline/insuline augmenté (mais cet examen n’est pas pratiqué en routine) (15). Enfin pour le CNGOF, l’allaitement ou la contraception ne modifient pas le risque (9).

Dans un article publié en 2006 dans la revue Diabetes, Kristian Lobner et ses collaborateurs décrivent un certain nombre de facteurs prédictifs de diabète survenant à distance du diabète gestationnel dans une cohorte de 302 femmes suivies après leur DG. Ces femmes ont été suivies pendant 8 ans en moyenne et des HGPO ont été réalisés 9 mois et 2, 5 et 8 ans après le DG. Le risque à 8 ans d’un diabète définitif était de 52,7 % (soit 130 cas de diabète avéré à distance du DG). Les facteurs de risque significatifs étaient : la présence d’anticorps anti-GAD, la nécessité d’une insulinothérapie durant la grossesse, un IMC > 30 kg/m2 et plus de deux grossesses antérieures (même en l’absence de DG lors de

ces grossesses précédentes). En cas d’auto-immunité, la présence d’un HLA DRB1*03 (DR3) ou d’un HLA DRB1*04-DQB1*0302 (DR4-DQ8) est associé à un risque de diabète ultérieur de 96 %. En revanche la CRP, l’âge maternel, les antécédents familiaux de diabète chez la mère, la durée de la gestation, le poids de naissance de l’enfant ne sont pas pour les auteurs des facteurs prédictifs de diabète ultérieur en cas d’antécédent de DG (17).

Pour la SOGC, chez les femmes atteintes de DG, le risque de voir apparaître un DT2 est plus élevé et l’importance de ce risque varie selon les groupes ethniques : 9 % chez les femmes de race blanche, 11,9 % chez les femmes d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud et 25 % chez celles d’origine méditerranéenne ou orientale. Des études ayant un suivi de longue durée ont constaté que l’incidence globale du DT2, après une première grossesse diagnostiquée s’élevait à 40 % et ce chiffre peut atteindre 70 % chez les femmes autochtones canadiennes (7).

53 Une revue systématique avec méta-analyse a été publiée en 2009 par Bellamy et al.. Les critères d’inclusion étaient les suivants : étude rétrospective ou prospective avec groupe témoin et excluant les patientes connues DT1ou DT2, testées au moins 6 semaines post-partum. Vingt études de cohorte ont été retenues dans cette méta-analyse. Parmi les 675 455 femmes suivies, 10 859 ont présenté un DT2. Ces populations étaient majoritairement caucasiennes. Les ajustements ont porté sur l’ethnie, l’âge, l’IMC, la durée de suivi. Le risque relatif de DT2 était de 7,43 (IC 95 % [4,79-11,51]). Le risque à moins de 5 ans après un DG était de 4,69 ; au-delà de 5 ans de 9,34 (4).

L’étude DIAGEST2 réalisée dans la région Nord/Pas de Calais est une étude prospective de suivi de femmes caucasiennes ayant fait un DG ou une hyperglycémie modérée de la grossesse. Après un suivi de 6,75 années (taux de suivi de 70,7 %), 39,9 % des patientes des patientes DG ont un trouble de la tolérance glycémique : 18 % de DT2, 13,4 % intolérance et 8,5 % hyperglycémie modérée à jeun (figure 1) (4).

54 Un syndrome métabolique ou certains de ses éléments sont également plus souvent retrouvés après un DG (4). La fréquence de survenue de maladies cardiovasculaires est aussi augmentée (4).

Le DT2 peut apparaître rapidement dans le post-partum mais le sur-risque est durable, au moins 25 ans. La fréquence du DT1 ne semble pas plus élevée ; cependant le DG peut en être le révélateur (4).

Le risque de survenue d’un DT1 ne semble pas plus fréquent après un DG, mais le DG peut en être le révélateur (grade C) sans en faire un argument pour recommander le dépistage systématique du DT1 par les anticorps anti-GAD après un DG (CNGOF, accord professionnel) (9). Dans son article de 1994, Dornhornst retrouve 5 % de diabète de type 1, 5 ans après un DG (12). Pour F.Duron, la grossesse peut aussi révéler un diabète insulinodépendant « lent », et les femmes ayant eu un DG seraient deux fois plus souvent porteuses des antigènes HLA DR3 et/ou DR4 que la population témoin, encore que cette constatation ne soit pas faite dans toutes les séries (15).

Pour la HAS en 2005, chez des femmes ayant un DG, le risque de diabète à distance de la grossesse varie entre 2 % et 70 % selon les populations d’étude et leur durée de suivi, mais l’incidence réelle du diabète post-gestationnel est inconnue. Le principal facteur prédictif serait l’accroissement de la glycémie à jeun au cours de la grossesse, mais la place de l’IMC maternel reste à définir dans cet excès de risque (1).

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