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Pour mettre en valeur la différence entre les lois, on peut observer la manière

dont elles se comportent dans quelques cas simples. On trouvera une comparaison

de ce type dans l’article de Barthès-Bieselet al.(2002), où diverses lois sont

compa-rées quand soumises à une traction simple et à une dilatation isotrope. On effectue

ici une variante de ces comparaisons sur le cas d’une sphère sous pression.

On considère une sphère de rayon initial a passant à un rayona

p

= (1+α)a

sous l’effet d’une surpression interne p. Localement, la membrane de la sphère

subit une dilatation isotrope de rapport d’extension λ = 1+α. On peut calculer

analytiquement les tensions (isotropes) pour les diverses lois de comportement.

On trouve :

T

H

= G

s

1+νs

1−νs(λ

2

−1), T

N H

=G

s

1− λ1

6

, (4.29a)

T

Sk

= G

s

λ

2

−1+Cλ

2

(λ

4

−1), T

ES

=G

s

A(λ

2

−1). (4.29b)

Pour passer à la pression, on applique la loi de Laplace :

p= 2T

a

p

= 2T

a(1+α). (4.30)

Les résultats sont donnés dans la figure 4.1. On a ajusté les paramètres des

différentes lois pour avoir le même comportement en petite déformation (νs=0.5).

On peut, au vu des courbes, faire plusieurs remarques :

– les lois H et ES ont un comportement identique : le mode de dilatation

surfacique de la loi d’Evans-Skalak est une loi linéaire ;

– avec la loi NH, la pression atteint un maximum pour α = 7

1/6

−1 ; cela

signifie que, si l’on impose une pression supérieure à cette pression

maxi-male, la sphère gonfle sans atteindre d’état stationnaire (en pratique, jusqu’à

la rupture) ;

– la loi Sk présente une propriété intéressante : elle est durcissante (

strain-hardening), c’est-à-dire que la courbe se trouve au-dessus de la tangente à

0 2 4 6 8 10 12 14 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 ap Gs α Petite déformation Sk,C=1 NH H,νs=0.5 ES,A=3

Figure 4.1 – Pression adimensionnéeap/G

s

en fonction du facteur de gonflement

α pour quatre lois : Hooke généralisé, νs = 0.5 ; néo-hookien ; Skalak, C = 1 ;

Evans-Skalak,A=3. Les paramètres sont choisis de sorte à ce que les lois aient le

même comportement en petite déformation.

l’origine ; on voit ainsi que, même si elle a été conçue dans le même esprit

que la loi ES, elle est en pratique très différente ; cette différence de

compor-tement est essentiellement due à la dépendance en J

s4

dansw

Sks

.

Couplage entre éléments finis de membrane

et intégrales de frontière

Comme expliqué au chapitre 1, la discrétisation de l’interface par B-splines

bi-cubiques mise en place par Lac (2003) se montre très instable en présence de

compression et se prête mal à l’incorporation d’une rigidité de flexion. On a choisi

d’utiliser plutôt pour le problème solide une méthode par éléments finis,

tou-jours dans le cadre du modèle de membrane, tout en conservant la méthode des

intégrales de frontières pour le problème fluide. Ce chapitre vise à détailler la

mé-thode numérique employée et à la valider sur plusieurs cas tests : le gonflement

d’une sphère, une capsule dans un écoulement de cisaillement simple, puis dans

un écoulement hyperbolique plan.

1 Description du problème, contraintes de modélisation

On cherche à modéliser le comportement d’une capsule en écoulement de

Stokes. Les équations et hypothèses du problème ont été détaillées au chapitre

2, de même que les notations, et l’on se contente ici de rappeler les points les plus

importants. La capsule est décrite comme une surface ferméeS. Les inconnues du

problème sont :

– la position x(X,t) des points de la paroi de la capsule (où X désigne la

position du point matériel dans la configuration de référence), ou de manière

équivalente le champ de déplacementU(X,t) =xX;

– le champ de vitesse à la paroiv(x,t);

– le chargement à la paroiq(x,t).

Le problème fluide consiste à résoudre les équations de Stokes dans les milieux

interne et externe. On supposera dans la suite que la capsule est plongée dans un

écoulement infini et que les fluides interne et externe ont la même viscosité. Le

problème fluide peut alors se formuler comme une intégrale de frontière :

xS, v(x) =v

np

(x)−8πµ1

Z

S

J(x,y)·[σn(y)dS

y

. (1.1)

On peut écrire cette équation de manière formelle sous la forme :

vv

np

= Jq. (1.2)

Pour ce qui est du problème solide, on traite la paroi de la capsule comme une

membrane hyperélastique. Celle-ci est à l’équilibre, les efforts internes équilibrant

le chargementqexercé par les fluides. Le principe des travaux virtuels s’écrit alors :

uˆdéplacement virtuel,

Z

S

uˆ·q dS =

Z

S

εˆ(uˆ): T(U)dS, (1.3)

ce que l’on écrit formellement sous la forme :

Mq= R(U). (1.4)

Enfin, les deux problèmes sont couplés. Le couplage cinématique est la

condi-tion de non-glissement :

U

t (X,t) =v(x,t). (1.5)

Quant à la condition de couplage dynamique, elle identifie le chargement au saut

de traction visqueuse entre les fluides :

q= [σn. (1.6)

Avant de détailler la nouvelle méthode numérique que l’on propose pour

ré-soudre ce problème, il peut être intéressant d’insister sur le fait que le problème

à résoudre est très peu classique. Tout d’abord, l’inertie est complètement absente

du problème, tant du côté solide que du côté fluide. On a ainsi une succession

d’états d’équilibre, mais sans certitude quant à leur stabilité. Par ailleurs, il faut

rappeler que le problème solide est très fortement non-linéaire : le modèle doit

non seulement décrire des grands déplacements mais aussi des grandes

défor-mations. Par exemple, des études expérimentales de capsules écoulement dans un

pore trouvent des rapports d’extension moyens allant jusqu’à 1.2 (Rissoet al., 2006;

Lefebvreet al., 2008).

Enfin, les capsules considérées se déplacent librement dans le fluide : il n’y

a pas de conditions aux limites cinématiques (encastrement, déplacement

im-posé. . .). Ceci complique l’application de la méthode des éléments finis au

pro-blème solide. En effet, dans la plupart des utilisations des éléments finis en

élas-ticité (voir par exemple Batoz & Dhatt 1992 ou Chapelle & Bathe 2003 pour le

cas des membranes et coques), y compris en interaction fluide-structure, le champ

de déplacement est l’inconnue du problème solide. Toutefois, ceci nécessite des

conditions aux limites cinématiques pour empêcher les mouvements rigidifiants

et assurer l’unicité de la solution. En l’absence de ces conditions aux limites, il

serait nécessaire de filtrer les déplacements rigidifiants, ce qui est délicat. On

choi-sit donc de résoudre le problème solide à déplacements imposés, le chargement

étant la solution du problème fluide. Ce choix permet aussi d’avoir une résolution

explicite du problème fluide par la méthode des intégrales de frontière.

2 Méthode numérique

La méthode numérique utilisée ici suit dans son organisation générale les

mé-thodes classiquement employées pour l’étude des capsules. La capsule est placée

dans son état de référence à sa position initiale et l’écoulement est démarré. À

chaque pas de temps, le chargement q sur la membrane est déterminé à partir

de la déformation par une méthode éléments finis. Ayant ce chargement, la

vi-tessevdes points de la membrane peut être calculée explicitement par la méthode

des intégrales de frontière. Enfin, le champ de vitesse est intégré pour obtenir la

nouvelle position. On va maintenant détailler ces étapes.