• Aucun résultat trouvé

Comparables architecturaux

Dans le document Équipe de travail (Page 40-44)

La maison franco-québécoise

Après plus d’un siècle et demi d’habitation résidentielle d’inspiration française, les colons ont mené de nombreuses expérimentations pour créer une habitation résistant mieux au climat québécois. Une série d’améliorations sont apportées, modifiant de fil en aiguille le caractère original de la maison d’inspiration française.

La maison franco-québécoise se développe entre 1780 et 1820, selon les régions, elle est adaptée à la fois au climat, au territoire et aux mœurs des gens. Dans l’ensemble, les maisons franco-québécois sont constituées d’un carré en pierre à moellons montant jusqu’au sommet des pignons, avec souvent un agrandissement de la résidence par un volume annexe en retrait sur l’une des façades latérales. Le toit à deux versants de 45 avec un larmier recourbé est percé par des lucarnes à pignon. La composition des façades est souvent asymétrique avec des ouvertures de plus en plus nombreuses, constituées de fenêtres à double battant à petits ou grands carreaux.

Il convient de préciser que, selon les sources et les inventaires consultés, la terminologie utilisée pour désigner cette typologie d’habitation varie. Ainsi, l’Encyclopédie de la maison québécoise de M. Lessard et H. Marquis inclut cette typologie dans la maison québécoise, l’inventaire de Pulham réalisé en 1981 sur l’île Jésus utilise le terme habitation d’inspiration française, l’inventaire des bâtiments isolés d’intérêt patrimonial de la Ville de Laval se sert du terme Architecture influencée de la tradition, la mise à jour de l’inventaire des bâtiments patrimoniaux hors territoire patrimonial de Laval use du terme maison rurale traditionnelle du 19e siècle et enfin, le préinventaire réalisé en 2015 pour la Ville de Laval emploie le terme maison franco-québécoise.

Un inventaire des bâtiments d’intérêt patrimoniaux réalisé en 1981 par Pulham pour l’ensemble de l’île Jésus comptabilise 149 habitations d’inspiration française.

De ce nombre, 13 habitations sont dans la catégorie des habitations d’inspiration française à fenestration maximum de l’étage, catégorie dans laquelle s’inscrit la maison Alfred et Madeleine Pellan. De ce nombre, neuf sont parvenus jusqu’à notre époque, dont la maison Alfred et Madeleine Pellan.

Le préinventaire du patrimoine architectural de la Ville de Laval, réalisé en 2015, permet de donner un portrait plus actuel des bâtiments patrimoniaux résidentiels toujours présents sur le territoire lavallois. Dans ce rapport, la firme Patri-Arch identifie la maison Alfred et Madeleine Pellan dans le courant de la maison franco-québécoise. Sur l’île Jésus, le préinventaire a ainsi permis de recenser la présence de 47 maisons franco-québécoises, dont celle d’Alfred et Madeleine Pellan. Il est à noter que depuis l’inventaire réalisé en 1981, 20 maisons franco-québécoises ont été démolies.

À proximité de la maison Alfred et Madeleine Pellan, il faut souligner la présence de quelques exemples de maison franco-québécois qui ont subi des modifications plus ou moins importantes, dont le

Figure 58 Maison de pierres de la première moitié du 19e siècle, Rang La Beauce, Sainte-Théodosie. Chaînage des coins en pierre de taille. | Tiré de Lessard M. et H. Marquis, Encyclopédie de la maison québécoise.

Figure 59 La Maison Adélard Meunier à Saint-François-de-Sales de l’île Jésus en 1927. Cette maison date du 17e siècle et on y a fait peu de réparations. | Tiré de Roy, P. G., Vieux manoirs, vieilles maisons.

Figure 60 | Google Street View, 2019.

Figure 61 | Google Street View, 2019.

Figure 62 | Google Street View, 2019.

Figure 63 | Google Street View, 2019.

Figure 64 Google Street View, 2019.

Figure 65 | Google Street View, 2019.

Figure 66

| Google Street View, 2019.

Figure 67 | Google Street View, 2019.

Figure 68 Construite vers 1800, la maison au est représentative de la

maison franco-québécoise | Google Street View, 2019.

Figure 69 Construite vers 1790, cette maison au est représentative

de la maison franco-québécoise mais a été significativement rénové. | Google Street

Figure 70 Construite vers 1735-1743 et modifié en 1845, le 570, Boulevard des Mille-Îles

est représentative de la maison franco-québécoise et possède un excellent état d’authenticité. La maison est connue sous le nom de maison Joseph-Labelle et est un monument historique classé depuis 1975. | André Pichette, La

Presse.

Maison d’artistes

La ruralité a longtemps inspiré les artistes du Québec. Vers le milieu du 20e siècle, certains d’entre eux effectuent un retour à la terre pour s’inspirer et créer. Ils s’installent alors dans des maisons qu’ils transforment en réels ateliers, un lieu regroupant à la fois un espace de vie, de travail, de réflexion et de production. C’est notamment le cas de René Richard avec sa maison à Baie-Saint-Paul, Paul-Émile Borduas et sa maison à Saint-Hilaire ainsi qu’Alfred Pellan à Laval.

La maison Paul-Émile Borduas à Saint-Hilaire est un bon exemple d’une maison atelier qui a un impact majeur sur la production artistique d’un artiste. Construit en 1945 par son père selon les plans de Paul-Émile Borduas, la maison s’inspire du style international et propose une forme cubique à toit plat avec des façades dépouillées rythmées par des pleins, des vides et des ouvertures. C’est à cet endroit que Borduas termine l’écriture du Refus Global, considéré comme un document précurseur de la Révolution tranquille des années 1960 et qu’il crée à une période importante de sa vie. La maison Paul-Émile-Borduas est classée en 2005.

L’analyse de la maison de Paul-Émile Borduas ainsi que de celle d’Alfred Pellan permet de révéler comment les idéologies artistiques et politiques divergentes des deux hommes s’incarnent dans leur milieu de vie, à travers l’architecture de leur

« maison-atelier » respective.

Le Refus Global, le manifeste porté par Borduas et le regroupement des automatistes, préconise une rupture avec le passé ainsi qu’une réforme sociale totale. Dans cet esprit, Borduas décide de loger son atelier à l’intérieur d’une nouvelle résidence qu’il dessine lui-même et qui s’inscrit dans le mouvement de l’architecture internationale, un mouvement moderne qui lui aussi rompt avec les codes esthétiques et symboles culturels des architectures passées.

Alfred Pellan et son entourage proposent quant à eux le manifeste Prisme D’Yeux qui revendique un art nouveau et libéré, mais s’inspirant davantage des traditions artistiques déjà établis : « Il faut peut-être voir dans cette déclaration [Prisme d’Yeux] l’unisson de voix confrontant certes le statu quo, mais émanant de peintres se référant davantage à la continuité, à une meilleure connaissance du passé, en somme, à la tradition au sens noble du terme ».2 Dans ce contexte, lorsque Pellan désire s’établir en dehors de Montréal, il acquiert une maison de pierres centenaire qu’il va complètement adapter pour qu’elle devienne une maison-atelier, selon des principes plus modernes.

Bref, les deux figures artistiques turbulentes du Québec lors des années 1940 et 1950 s’exilent de la métropole, mais ils le font selon leur propre philosophie artistique. Borduas, l’artiste contestataire qui appelle à une réforme sociale, conçoit une nouvelle maison d’architecture moderne et Pellan, le peintre qui souhaite inspirer un art moderne libéré, s’installe dans une maison ancestrale qu’il modifie et embellit de ses mains, au fil du temps et de ses désirs.

Figure 71 Maison Paul-Émile-Borduas | Ministère de la Culture et des Communications, Annie Tétreault, 2016.

71

58

Dans le document Équipe de travail (Page 40-44)

Documents relatifs