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Les comités de pilotage en Isère sont des réunions régulières entre les différents acteurs du projet de résidence pour faire le point sur les réalisations et les attentes de chacun. Si le comité de pilotage des Vals du Dauphiné est régulier et solide, cela ne semble pas être le cas sur les autres territoires de l’Isère.

4.2.1 Le comité de pilotage des Vals du Dauphiné

Sur la Convention cadre d’intervention de la Fabrique des petites utopies sur le territoire des Vals du Dauphiné, il est indiqué que :

Le Comité de pilotage présidé par M. Pascal Payen, Conseiller Général du Canton de la Tour du Pin, Vice-président du Conseil Général de l’Isère, chargé de la culture et du patrimoine, est composé de deux représentants élus par EPCI. Il veillera à la bonne réalisation de l’opération et se réunira au moins deux fois pas an. Il s’appuiera sur les techniciens des différents organismes, partenaires ou externes.109

Ce comité de pilotage des Vals du Dauphiné est très régulier – environ tous les trois mois ou moins selon les années – parce que les différents acteurs se sentent concernés par les résidences artistiques, c’est-à-dire les artistes, les collectivités locales mais aussi le Département. Selon Florence Bellagambi, malgré la réussite de la régularité, « dans les Vals du Dauphiné, on se fait presque manger par eux parce qu’ils ont des comités très réguliers, on ne peut pas aller à tout, et ils ont tendance à décider un peu tout seuls ». Par ailleurs, « c’est comme ça à cet endroit mais ce n’est pas du tout un exemple des résidences du Département »110. Les comités de pilotage

mis en place sur ce territoire permettent de faire des mises à jour régulières des attentes des acteurs du projet comme le montrent les différents avenants de la convention de la Fabrique des petites utopies de 2015 et de 2016 qui ont permis de

109 ANNEXE 13 : Convention Cadre VDD 2014-2016, p.8. 110 ANNEXE 3 : Interview de Florence Bellagambi, p. 1.

préciser le calendrier ainsi que les modalités d’intervention de la compagnie111. C’est

un temps important pour les acteurs concernés par le projet, à la fois pour avoir un regard sur les actions de la compagnie et pour lister les attentes. Les projets de la

Fabrique des petites utopies ont ainsi pu être régulièrement revus pour être plus en

accord avec le territoire des Vals du Dauphiné. C’est également un moyen d’établir une communication pour éviter les malentendus entre les structures, nécessaire sur un territoire aussi grand.

Pour Bruno Thircuir, ces réunions régulières lui permettaient « en tant que directeur artistique, (…) (de) présenter ce qu’on comptait faire, mais affiner ce qu’on pouvait inventer ensemble ». Certains projets artistiques de la compagnie ont également pu naître comme le spectacle très jeune public Un Mystérieux voyage en

forêt :

Je n’avais jamais fait de spectacle à partir de trois ans, et lors de ce comité de pilotage ils m’ont demandé de présenter une version courte de la Nuit les arbres dansent. J’ai accepté en me disant que si on va en direction qu’un service public, je suis certes un artiste souverain qui bénéficie d’une aide pour mes créations, mais je suis aussi là pour écouter les attentes d’un territoire.112

Par ailleurs, pour lui, « ces comités de pilotage étaient un espace d’écoute » précieux pour préserver l’entente et oeuvrer ensemble pour un territoire et non seulement pour les propres intérêts de chacun. Avec l’exemple des Vals du Dauphiné où Pierre Michel, le directeur des Vals du Dauphiné Expansion, était le relais principal durant la résidence de la Fabrique des petites utopies, il est possible de distinguer les résidences où les acteurs du projet impulsent ces rendez-vous réguliers et les résidences où les réunions collectives sont rares. Peut-être que ces comités de pilotages étaient particulièrement importants pour le territoire en raison de l’apport financier des collectivités locales ; la résidence Vals du Dauphiné est d’ailleurs selon Florence Bellagambi la mieux dotée en terme financier sur tout le Département de l’Isère.

111 ANNEXE 14 : Avenants à la Convention cadre des Vals du Dauphiné pour les années 2015 et 2016.

4.2.2 Un cas par cas selon les territoires de l’Isère

Il existe un « schéma idéal » pour le « Conseil Général : c’était que tous les partenaires soient autour de la table avec leur résidence, et qu’il y ait une approche partagée, commune, discutée au niveau de la résidence »113. Sur le terrain, ce n’est

pas tout à fait le cas et chaque territoire a un fonctionnement bien particulier qui résulte de la présence ou de l’absence d’un grand nombre de facteurs : absence de financement des collectivités locales, absence d’équipements culturels et de relais locaux, grand dynamisme associatif, territoire montagnard, etc.

Sur certains territoires, la mise en place des comités de pilotages a fonctionné, malgré une régularité moindre que dans les Vals du Dauphiné. Cela a marché dans le Grésivaudan avec François Veyrunes et sa compagnie de danse contemporaine 47.49, de 2014 à 2017, grâce au dynamisme de la chargée de mission du territoire. En Chartreuse, Nathalie Thomas et sa compagnie de conte éponyme en résidence sur la même période a lancé ces comités de pilotage, et ceux-ci ont été maintenus grâce à ses propositions de réunion régulières. Des compagnies comme Sylvie Guillermin, compagnie de danse en résidence sur le Trièves de 2015 à 2017 ont également réussi à mettre en place ces comités de pilotages.

Néanmoins, beaucoup de territoires ne se sentent pas concernés et continuent à passer outre ces réunions régulières. C’est le cas du sud Grésivaudan et de la compagnie les Mangeurs d’étoiles, compagnie de théâtre en résidence de 2014 à 2017 : « il y a eu quelques réunions, au début il y a eu tout le monde, et puis petit à petit on n’a pas trouvé de porteur local »114. Cette compagnie a créé un autre

fonctionnement en faisant se rencontrer régulièrement les structures culturelles du territoire comme « l’ACCR, le Diapason, Textes en l’air ». Florence Bellagambi soulève le problème des compagnies qui sont seules sur des territoires – souvent des petites compagnies d’une ou deux personnes – et qui peinent à trouver des relais ; c’était le cas de Claire Delgado et sa compagnie de chant lyrique Ad Libitum dans le

113 ANNEXE 2 : Interview de Pascal Payen, p. 3. 114 ANNEXE 3 : Interview de Florence Bellagambi, p.6.

Vercors où les personnes à réunir ne se sentent pas concernées par le projet de résidence artistique de territoire, ce qui complique le travail sur le terrain. Selon Florence Bellagambi, ceci est toujours lié au problème de relais territoriaux du Conseil Général.

4.3 L’évolution de la création artistique au contact de la