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CHAPITRE II. TYPOLOGIE DE MON COLONEL

II.2. MON COLONEL : L’ADAPTATION

Avant d’entamer cette partie, il est nécessaire de définir tout d’abord le terme « synopsis ».

Synopsis est un court résumé de l’histoire, un exposé succinct du sujet (une à

quelques pages). Il peut constituer une première ébauche du scénario (pour intéresser un producteur), ou être rédigé après l’écriture complète du script — voire après le tournage du film — pour être diffusé à la presse, au public.1

Après avoir défini le terme, nous avons essayé de faire son application sur le film Mon colonel.

Ce film met en scène une enquête criminelle menée par Pierre QUITARD, commissaire de police, sur l’assassinat de Raoul DUPLAN, colonel en retraite qui a commandé le sous-secteur de Saint Arnaud dans la région de Constantine pendant l’occupation française de l’Algérie.

L’histoire se joue sur un rythme d’aller et retour entre le présent et le passé, dans le but de fouiller dans les événements d’une époque écoulée cachant d’anciens conflits en se servant des lettres envoyées par un sous-lieutenant qui prenait ses fonctions auprès du colonel DUPLAN à l’époque coloniale. Ces lettres étaient destinées à son père pour lui raconter son quotidien.

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Plusieurs personnes ont occupé à tour de rôle la place du suspect dans le déroulement de l’histoire et à chaque fois c’est la confirmation négative de l’accusation. Au fil de l’enquête le service régional des renseignements généraux recevait régulièrement des lettres anonymes accusant à chaque fois une personne, essayant d’orienter et d’influencer le cheminement de l’enquête. Mais les informations restaient toujours ambiguës et on n’arrivait jamais à mettre le doigt sur le coupable. Jusqu’à ce que l’ancien adjudant-chef en retraite, Antoine ROSSI, se présente devant le commissaire principal, chef du groupe criminel de Montpellier, pour avouer son crime, et déclarer qu’il s’est rendu chez Raoul DUPLAN et l’a tué pour lui avoir menti il y a 40 ans, en lui annonçant que sont fils était mort au combat au cours d’un accrochage avec une bande de hors-la-loi, alors qu’ il a été exécuté en cour martiale pour avoir trahi le colonel en divulguant des informations à un instituteur communiste, ayant des relation secrètes avec le FLN.

Guy ROSSI s’est mis à dos le colonel depuis qu’il commençait à remettre en cause la présence de la France en Algérie, et les méthodes utilisées par le colonel qui avait fait de son secteur un laboratoire d’expérimentation de ses théories sur la guerre pour le maintien de l’ordre. ROSSI se posant toujours des questions : les méthodes utilisées par le colonel (encadrement de la population, actions psychologiques, terreur, tortures…), ont-elles réellement comme objectif la pacification ? Sont-elles différentes de celles des fellaghas ? La logique du colonel ne repose-t-elle pas sur des bases fausses ?

Des questions qui ne trouvaient de réponses chez le colonel que : « La seule bonne question sur la torture, c’est l’efficacité !»1

L’erreur intolérable que le jeune ROSSI a commise, celle de divulguer des informations militaires secrètes, lui a coûté la vie. Et s’il n’y avait eu les lettres qu’il rédigeait dès son installation à Saint Arnaud qu’il n’a jamais envoyées à son père mais que son ami, l’instituteur communiste lui a communiquées 40 ans plus tard, personne n’aurait su qui a abattu Guy ROSSI ni pour quelle raison.

« Le colonel est mort à Saint Arnaud »1, cette expression jointe à l’une des lettres anonymes que recevait assidûment le service chargé de l’enquête, invitait les

1. GAVRAS C., GRUMBERG, J-C., Scénario définitif du roman « Mon colonel », KG productions, Paris, 2006, acte : Algérie- N/B 72, p.66.

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enquêteurs à fouiller dans le passé. Elle a provoqué leur curiosité afin de les mener à se poser des questions autour de ce qui se passait à Saint Arnaud, sous secteur que commandait le colonel à l’époque. En 1996, on déclare que le colonel est mort à

Saint Arnaud, lieu qu’il a quitté il y a une quarantaine d’année !

Autant qu’elle paraît ambiguë, cette expression est lourdement chargée de sens pour quelqu’un qui maîtrise parfaitement l’art de lire entre les lignes ; car elle porte la réponse de l’interrogation posée sur la mort du colonel. Le meurtrier voulait éveiller ce qui était enfoui : les actions du colonel dans cette période écoulée, en révélant que, par ses actes injustes, abusifs et excessifs à Saint Arnaud, le colonel a mérité sa mort. Le service des enquêteurs interrogeait à chaque fois une des personnes que le meurtrier évoquait dans ses lettres.

L’arrivée de la dernière lettre a jeté la lumière sur un personnage que la police n’a pas suspecté précédemment, menant le service des enquêteurs à l’interroger.

Enfin, il leur confie les lettres écrites par son fils durant son séjour en Algérie. Un séjour qui n’a pas duré plus de six mois, du mois d’avril au mois de septembre 1956, en ajoutant qu’elles montrent le vrai visage de l’homme qu’il a exécuté.

En bref, le film s’intéresse à deux événements : l’enquête liée à l’assassinat mystérieux du controversé colonel DUPLAN et le récit militaire et personnel de ROSSI.

Pour la distinction et les repères, la première époque est filmée en couleur et la seconde en noir et blanc. À noter, qu’avec le traitement bicolore, l’aspect réaliste de 56 n’en est que plus affirmé et que les scènes violentes (tortures, abus, attentats) secouent fortement le spectateur, non seulement parce qu’elles sont très crues, mais parce qu’elles passent aussi par le point de vue d’une jeune recrue de l’armée dépassé par les événements2.

1 . Idem.

2. BAYER, K., Mon colonel de Laurent Herbiet, Webzine [en ligne], mai 2007, n°116, http://www.cinergie.be/webzine.php?action=display&id=123, (consultée le : 23 janvier 2008).

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