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5. Les entretiens : résultats

5.3 Collaboration entre professionnels

L’importance de la collaboration entre les intervenants ayant été passablement mise en avant dans le chapitre précédent, je ne vais donc pas m’attarder sur cette dernière. Dans ce chapitre-ci, je vais plutôt aborder la coopération entre les intervenants et les enseignants concernés par l’enfant.

L’équipe de la Ferme de Démoret

Les parents L’école

En effet, si au sein de la Ferme les intervenants ont pris conscience qu’il valait mieux travailler ensemble pour être productifs, le fait est que la collaboration entre ces derniers et les enseignants de l’élève-Matas est « nécessaire ».

Car, « s’il n’y a pas de cohérence entre l’école et l’équipe de la Ferme, ça ne peut pas marcher ». Il s’agit donc, d’après l’éducateur, de travailler selon « l’approche systémique du triangle ». Il faut dès lors « mettre l’enfant au centre », puis autour « la Ferme doit être en lien avec les parents, mais elle doit aussi l’être avec l’école, le but étant de mettre en lien les parents et l’école ». Une fois « que ce triangle est construit, l’enfant se retrouve sécurisé et peut fonctionner comme écolier ».

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Figure 1 : triangle systémique 

Les professionnels « ne sont pas obligés de s’aimer, mais ils doivent être en accord afin que l’enfant sente cette circulation. Car finalement, c’est quand il peut la sentir qu’il va alors pouvoir produire à l’école, ce qu’il produit à la Ferme ».

En ce qui concerne la circulation des informations, l’enseignante spécialisée « ne donne jamais par téléphone, les grandes révélations (tous types de maltraitances) qu’un élève peut faire ». C’est lors de colloque qu’il se décide si les enseignantes de l’élève concerné doivent être au courant ou non. Mais les Directions en ont de toute manière connaissance, après c’est aussi à ces dernières de voir si elles en parlent ou non aux enseignantes.

« L’idée c’est toujours de dire qu’une enseignante n’est pas formée de la même manière qu’un éducateur. La grande différence étant que ce dernier travaille dans la maltraitance et 







25Source de l’image : http://recitpresco.qc.ca/

apprend donc à la gérer. Le but est aussi de protéger le personnel enseignant, afin que l’école reste l’école ».

Toutefois, il arrive que « les enfants parlent à la Ferme, puis à l’école, donc s’il a véhiculé les informations, alors les intervenants vont en parler avec les enseignantes concernées ». En revanche, si les paroles de l’élève sont graves et qu’elles obligent à un signalement au SPJ, ce n’est jamais l’enseignante généraliste ou la Ferme de Démoret qui en a la charge. En effet, un signalement revient toujours à la Direction, afin que ni l’enseignante de l’élève, ni la Ferme ne soient vus comme les méchants aux yeux des parents.

Pour les deux enseignantes interviewées, il a été « très important de pouvoir discuter avec l’éducateur et l’enseignante spécialisés, qu’il y ait des échanges ». Toutefois, l’une d’elle ne pense pas « avoir besoin de connaître tous les détails sur la vie privée de l’élève », l’important étant de recevoir les éléments permettant « la compréhension des comportements inadéquats de l’élève ».

L’expérience de ce Matas à la Ferme fut donc « très enrichissante et la collaboration très bonne ». Elle a permis à l’une des enseignantes « de prendre des idées mentionnées lors des réseaux ayant lieu toutes les six semaines et d’essayer de les mettre en place pour d’autres élèves de sa classe n’allant pas à la Ferme ».

Evidemment, les intervenants et les enseignantes concernés par l’élève ne sont pas les seuls professionnels à l’entourer. En effet, il peut y avoir des assistants sociaux dans un soutien à la famille, il peut y avoir l’AEMO, le SPJ, des psychologues scolaires, des pédopsychiatres (SPEA), des psychomotriciennes, des logopédistes ou des pédiatres s’il y a une médication ». Il peut donc y avoir passablement de personnes en fonction de la problématique de l’élève, et comme le conçoit l’enseignante spécialisée « que l’enfant ait trop d’intervenants n’est pas bon signe, et habituellement, plus il y a de gens, plus c’est lourd ».

De manière générale, la Ferme propose « souvent une prise en charge par le SPEA ou de reprendre un suivi fait auparavant mais non abouti ». Donc « en général, chaque enfant repart de la Ferme avec un suivi psychologique ». Ce dernier est important, car si l’élève n’est pas bien « ce n’est pas à l’école qu’il doit poser ses soucis, mais bien chez la psychologue ou à la Ferme. L’important est que l’élève ait un espace où s’exprimer ».

Il faut savoir que ces dernières années, le rôle des travailleurs sociaux s’est modifié. En effet, il leur est désormais demandé de s’investir davantage dans un travail de collaboration avec les enseignants. Le but de cette modification est que les travailleurs sociaux offrent aux enseignants une aide quant à la résolution des problèmes en classe, et qu’ils apprennent aux élèves à adopter des comportements adéquats dans cet espace (Massé et al., 2006). Ainsi donc, le besoin d’une aide éducative serait un excellent apport dans le corps enseignant. Et

comme je l’ai déjà mentionné, l’une des enseignantes pense qu’il serait tout à fait pertinent d’avoir la présence d’un éducateur en classe, pour l’aider au niveau de sa gestion. Ceci en lui offrant des pistes peut-être plus éducatives que pédagogiques.

Comme cela a été démontré dans ce chapitre, un partenariat entre les intervenants du Matas et les enseignantes concernées par l’élève est l’un des éléments faisant partie du fonctionnement de la Ferme de Démoret.

Mais la collaboration ne s’arrête pas aux professionnels ayant la prise en charge de l’élève. Il faut également inclure les parents et la famille, et ceci dans n’importe quel projet. En effet, ils sont un support dynamique dans l’évolution de leurs enfants.