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Contre le collège unique Chapitre 5 Menaces sur la recherche

POUR SAUVER L’UNIVERSITE

Chapitre 4 Contre le collège unique Chapitre 5 Menaces sur la recherche

et Conclusion

Ces chapitres doivent faire l ’objet d ’une lecture bloquée. Leur éclairage réci­ proque montre à l’évidence que l’auteur les considère comme indissociables.

- texte du pro je t de loi d ’orientation de l'Enseignement Supérieur (G ) - positions syndicales sur ce p rojet

- fonctionnem ent actuel ( A ) des universités et des Organismes de Recher­ che

- constat-bilan sur les institutions à travers statistiques et média

L .Schwartz fait état to ur à tour, de critiques, de commentaires, de proposi­ tions. A in si, il égratigne toutes les composantes du système: M inistère, syndi­ cats e t ... universitaires eux-mêmes. A la suite du constat condensé : « L ’U n ive r­ sité est malade, la Recherche est en danger», il commente l’état de fa it, en recense les raisons et propose des remèdes, réagissant en universitaire et cher­ cheur soucieux de redonner la santé au malade. Sa démarche s’inscrit dans le cadre des objectifs de l’ Association qu’il préside (H ) et dont il rappelle le mes­ sage fin al: «Q ualité, diversité, responsabilité» (113).

Dans le livre que nous présentons, le message est trad uit en termes différents : un mot-clé « E M U L A T IO N » ; des corollaires «C O M P E T E N C E , C O N C U R ­ R E N C E , M O B IL IT E » ; un but: établir une osmose (I) entre Enseignement Supérieur et Recherche, c’est-à-dire entre les universités et les Grands Organis­ mes de Recherche, type CNRS ou IN S E R M .

Les points de vue exprimés témoignent d’une bonne connaissance du “ ter­ rain ” : ils peuvent parfois apparaître technocratiques, voire légèrement conser­ vateurs; ils ne rejettent pas les termes de sélection, de com pétition et se veulent empreints de sincérité et d ’altruisme.

L. Schwartz lutte pour une U niversité et une Recherche de haute qualité. Son analyse intéressante et actuelle ( A ) , prend souvent le contre-pied de certaines propositions syndicales. La médication proposée est sévère, mais les propos tenus ne laissent pas indifférent le lecteur un peu averti des problèmes universi­ taires. En tant qu’ Ensétien, je les trouve, dans l ’ensemble, fondés et je les par­ tage assez largement.

Mais une lacune mérite d ’être signalée: l’absence de références aux seuils

d ’activités d ’enseignement (sauf à propos des charges de service). Pas de propo­ sitions nouvelles et je regrette que la form ation pédagogique des universitaires ne soit pas mieux abordée, ni dans les réformes proposées, ni dans les bilans.

Préoccupé par la dégradation de l’image de marque des universités et des u ni­ versitaires, L. Schwartz explique cet état de fait par des facteurs d ’origines diverses; facteurs extrinsèques: «La campagne de dénigrement attribuant aux enseignants du Supérieur des privilèges éhontés». Bien sûr, pour l’auteur, c’est une campagne injuste: «Sur ce p oint, on trompe l ’opinion» et il déplore que le M inistère de l ’Education Nationale ait pu y contribuer, m aladroitem ent, par la publication (avec p u b licité !) d ’un décret fixant les nouveaux services (J); fac­ teurs intrinsèques: ils sont structurels, ils im pliquent l’institution, sa gestion, son personnel. L. Schwartz estime q u ’on peut intervenir à leur niveau grâce à la participation de tous et surtout des universitaires.

L ’auteur recense deux risques majeurs: un mandarinat géroncratique dans les universités entraînant «engourdissement et sclérose» . La co-existence en France d’un corps de chercheurs à vie (ex: CNRS) qui entretiendrait de moins en moins de contacts avec l ’Université et d ’un corps d’enseignants-chercheurs, également à vie, qui pratiquerait de moins en moins la Recherche. A cela s’ajou­ terait un risque potentiel : celui de la politisation des institutions et des instances d’évaluation.

réforme en cours ( A ) et de certaines propositions syndicales. Les solutions pro­ posées concernent essentiellement la sauvcitardc d'une Recherche de qualité: «Ne nous attardons pas sur les Conseils d 'A dm inistrations et les Conseils des études et de la vie universitaire». Les circonstances -n o n politisées- doivent être compétentes pour l’orientation de la Recherche.

A in si, L. Schwartz s’élève contre le scrutin de liste et le corps unique des enseignants du Supérieur. Ce n’est pas, selon lui, le remède aux problèmes nés du sur-recrutement des années 60, des recrutements en «accordéon». Il souligne alors les risques de dysfonctionnem ent, la possibilité de vo ir se créer des groupes de pression en raison de la pyramide actuelle ( A ) des postes. Et il estime que, ici ou là, la place des syndicats est trop im portante. Mais il n ou rrit des espérances sur les conseils scientifiques des universités (71 ).

Quelles seraient, selon l’auteur, les conditions de sauvegarde? V oici ses trois remarques:

1) la Recherche en général (dimension éducative, form ations dispensées, etc.)

2) le décloisonnement à opérer impérativem ent entre universités et grands organismes de Recherche.

3) l ’évaluation “ tous azimuths” à m ettre en place dans le cadre universitaire (cf. ce qui est pratiqué au CNRS).

D ’abord, «La recherche est un combat» (d ’où sa dimension morale et éduca­ tive). « L ’ignorance sarcastique de l’opinion en matière de recherche est rid i­ cule. La société devrait au contraire veiller à protéger ses chercheurs» (d ’où la nécessité du développement et de la défense de cette Recherche). Et que l’esprit de Recherche soit éveillé dès les premiers cycles de la scolarité. La population du secondaire la plus large (enseignants et élèves) doit se sentir concernée, et la pédagogie des collèges et des lycées doit faire preuve d ’im agination, «un cher­ cheur se form e - o u se déforme ! - d ’abord dans le Secondaire».

Dans le cadre du bloc u niversités/G randes Ecoles, il convient de distinguer la form ation par la Recherche (pour le plus grand nom bre) et la form ation p o u r

la Recherche; la form ation des chercheurs: «Tout le monde n’est pas destiné à devenir chercheur même s’il est nécessaire de confronter le maximum d ’étu­ diants à la Recherche». Et L. Schwartz doute que la future réforme des thèses constitue un progrès: disparition des thèses du 3’"” cycle et des thèses d ’Etat et création d’un doctorat interm édiaire, voisin du Ph. D. américain (K ). Cela entraînerait un risque de confusion entre les form ations et peut-être des d iffic u l­ tés au niveau des recrutements.

Il faut ensuite décloisonner universités et organismes de recherche. Entre ces deux types d ’institution les passerelles sont quasi-inexistantes: «Trop souvent, l ’entrée dans l ’une ou l’autre des institutions en début de carrière est irréversi­ ble... La conjoncture actuelle ( A ) ne fait que renforcer ces tendances». T out d oit être mis en œuvre pour résorber la dichotom ie néfaste Université / CNRS. La distinction chercheur pur / enseignant-chercheur est malsaine : «11 faut créer une véritable osmose (L )... Il est normal qu ’un universitaire se consacre, au cours de son existence, à la recherche, à l’enseignement et à la gestion, avec une intensité variable, suivant les périodes». En outre, qu ’on décentralise, régiona­ lise, qu’on évite les recrutements locaux (par la fixation de quota), qu ’on favo­ rise la m obilité des enseignants-chercheurs.

E nfin «révaluation est une des chances de salut de l’ U nivcrsitc française... Il n’existe pas, pour l ’instant, de véritable évaluation de la Recherche dans

l ’Enseignement Supérieur... Les systèmes d’évaluation qui existaient jusqu’à présent étaient surtout destinés aux recrutements et aux promotions». Bien sûr «il serait nécessaire que les chercheurs CNRS participent à l ’évaluation des U n i­ versitaires dès lors que des universitaires participent à l’évaluation des cher­ cheurs du CNRS» et «l’évaluation individuelle doit être doublée de l’évaluation globale de l ’Université où ceux-ci enseignent... la recherche (universitaire) doit être évaluée en qualité ... être également contrôlée en quantité». Et L. Schwartz traduit son inquiétude: «... Que l’évaluation se fasse et ... vite. T ou t doit être évalué: ... valeur des enseignants (M ), mais le fonctionnement des équipes et des laboratoires, des départements d ’enseignement et l’Université en tant que telle» (103). Et il est précisé «chaque enseignant doit y participer, sachant qu ’il sera to ur à to ur évaluateur et évalué et que ses propres intérêts sont en jeu , puis­ que c’est le corps enseignant tout entier qui subit les conséquences du déclin actuel».

En somme pour L. Schwartz, ce p rojet de loi n’est pas parfait ; c’est un cadre légal, ne pensons pas y trouver des remèdes. En fa it, la sauvegarde de l’U n ive r­ sité et de la Recherche dépend des enseignants chercheurs eux-mêmes. L ’auteur met la balle dans leur camp: «Notre ... erreur a été d’attendre ... qu ’une loi nous tombe du ciel. Elle est tom bée de l ’exténeur. Cela lim ite singulièrement sa portée pour le m eilleur et pour le pire» (111).

Relevons, pour term iner, un passage du livre sans lien direct avec ce qui pré­ cède, mais qui évoque un problème auquel l’Am icale cstsetisihie. Pour une fois, un auteur compétent (ancien de l’EN S), parle de l ’ENS de St-Cloud dont le déménagement à Lyon a été envisagé, avec bon sens (84): «Cela a provoqué des tollés de protestation (N ). Plutôt que de déménager et de risquer l ’enlise­ ment dans les procédures, ne serait-il pas alors plus simple de créer d ’autres éta­ blissements ou de perm ettre à ceux qui existent déjà de se développer? » (O )

Puisse l’auteur être entendu aussi sur ce point !

Les annexes

Ce sont le Manifeste de l’association “ O ualité de la science française” (défense de la recherche et de l’enseignement

supérieur scientifique en France) Président Laurent Schwartz une lettre ouverte à A la in Savary, publiée dans le quotidien «le M A T IN » le 24 mai 1983

NOTES

A ) Il s’agit de l’époque de la publication de "P our sauver l ’U niversité” : automne 1983

B) cf la citation d 'A . de Tocqueville p. 28 et 29 du livre de L. Schwartz C) secteur dans lequel entrent nos STS

D ) entendez: du 2 cycle du 2 degré

E) Certes, l'auteur ne sous-estime pas l'A d m in is tra tio n : une form ation adm i­ nistrative est nécessaire, en soutien de la recherche ou de la technique ou encore de la pratique de la vente (à ce sujet, nous nous permettons de renvoyer nos camarades au texte de Paul V A L E R Y , publié en 1897 ( !) «Une conquête méthodique» m Variété 1 o u /'« Œuvres CoH''" Plciade tome 1, page 971, édit. de 1957.

F) Sans doute s’agirait-il d'une reconnaissance d 'u tilité sociale et nationale fa i­ sant «apparaître le niveau de l’enseignement et les ressources techniques» (38) G ) loi promulguée le 26-01-1984 (n° 84-52) “ Sur l'enseignement supérieur". H ) Association «Qualité de la Science française»

p.

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I) Osmose dans le cadre des Personnels et des Fonctions, alternance des pério­ des d’enseignement et de recherche.

J) décret partiellem ent appliqué, ayant fait l ’objet de nombreux commentaires dans la presse

K ) Philosophy doctorate: «philosophy» est pris dans le sens le plus large = de la philosophie proprem ent dite aux études les plus techniques

L ) osmose: universités, CNRS, étudiants, m ilieux économiques, notamment régionaux

M ) faut-il comprendre: valeur des enseignants sur la seule recherche? N ) cf les actions des syndicats, des élèves de l'E N S E T et de VAmicale

O ) C ’est très exactement la position de l'A m ica le . C'est ce qu'elle a constam­ ment souhaité et il ne faudrait pas que cela reste un vœu pieux.

Quelques remarques que nous soumettons à votre appréciation et qui paraissent avoir quelque rapport avec l’étude ci-dessus.

Du côté des média

Un présentateur, que nous ne voyons plus sur nos écrans, parlait des «bachots techniques» (?) et leur opposait le "bac C ", la voie royale disait-il. Combien d'élèves admis en 2""' réussissent au baccalauréat C? Combien se retrouvent en Mathématiques Supérieures, dans les classes préparatoires? Combien sont reçus à une grande école? A u ta nt de questions que ce présentateur ne semblait pas s’être posées.

Par contre, le mardi 11 octobre 1983, sur T F l, à 21 h 40, dans l'émission " l ’E N J E U ” , M M . F. de Closets et E. de la T a ille t leurs collaborateurs ont pré­ senté une enquête sur les 25 étudiants de la section "B T S technico-com m ercial" du lycée Jean P E R R IN à M arseille, prom otion 1981: 17 avaient un emploi sta­ ble et un seul était chômeur. 11 a été précisé au cours de cette émission -dans

laquelle L. Schwartz est in te rv e n u - que les éludes supérieures courtes comp­ taient le plus faible pourcentage de chômeurs: 13 %.

Du côté de la R .F .A .

On a pu lire , dans une étude publiée il y a quelques années, par une banque m utualiste, que par tonne de marchandises exportées, la valeur ajoutée était O utre-R hin de 340 dollars contre 130 dollars en France. Le développement de l'enseignement technique chez nos voisins est sans doute une des explications.

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