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Chapitre 2: Revue de littérature

2.7 Coûts de la DCNC

2.7.1 Coûts directs des soins de santé

Les coûts directs de la DCNC se réfèrent aux coûts des soins et des services de santé. Ces coûts incluent le coût des hospitalisations, des visites à l’urgence, des consultations et des différentes interventions médicales (effectuées à l’hôpital ou en ambulatoire), des traitements pharmaceutiques et des traitements complémentaires. Le recours aux soins et aux services de santé peut être documenté à partir de différentes ressources (par exemple les banques de don- nées administratives gouvernementales ou privées, et des questionnaires). C’est l’évaluation économique privilégiée des études avec perspective ministérielle ou du tiers payeur.

Lorsque nous considérons les coûts directs de la DCNC, une attention particulière devrait être accordée à deux points importants. Premièrement, il est essentiel de bien cerner les composantes du coût de chaque pathologie étudiée. À titre d’exemple, dans une étude allemande sur la LB, les coûts directs annuels au niveau national étaient de l’ordre de dix millions USD [10,96 millions CAD]. Les composantes des coûts étaient les suivantes: 35% était liées aux visites médicales, 22% aux médicaments, 21% à la réadaptation, 17% à la physiothérapie et 5% aux hospitalisations. (99) Deuxièmement, dans la comparaison des coûts directs d’une maladie spécifique entre différentes études, il est important de distinguer la nature des coûts inclus dans chacune d’elles. Deux études américaines ont calculé les coûts directs en soins de santé chez des patients souffrant de LB. Dans la première, les coûts directs calculés étaient de 24,3 millions USD [26,62 millions CAD] (100), alors que ce chiffre s’élevait à 105,4 millions USD [115,48 millions CAD] dans la deuxième étude. (100) Cette disparité des résultats entre les deux études pourrait être expliquée par l’inclusion de coûts étroitement liés à la LB dans la première étude, alors qu’ils ne l’étaient pas dans la deuxième (soins de santé non nécessairement liés à la LB).

ceux sans diagnostic unique de la DCNC. Les coûts ont été convertis en devise canadienne lorsque nécessaire et actualisés pour l’année 2013 (selon l’indice des prix à la consommation de Statistique Canada). (101) Les coûts directs sont uniquement décrits dans cette section, et par conséquent, ceux liés à la perte de productivité ont été exclus. Les coûts indirects et de perte de productivité sont approximés la plupart du temps et dépendent du niveau économique du pays, et par conséquent, il est difficile d’assurer une comparaison équitable entre les études.

2.7.1.1.1 L’arthrite rhumatoïde

L’AR génère des coûts directs élevés. (101) Aux États-Unis, ces coûts sont de l’ordre de 14 milliards USD par année (2002) (18,84 milliards CAD en 2013). (102) Le réseau canadien de l’arthrite signale que cette affection coûte annuellement à l’économie canadienne environ 2,4 milliards CAD [2,47 milliards CAD en 2013], uniquement en coûts directs de soins de santé (rapport publié en 2011). (72)

Selon une revue de littérature effectuée par Lubeck et coll., les hospitalisations sont responsables de 60% des coûts, suivies par la médication de l’AR d’environ 25%. (102) Une étude canadienne publiée en 2003 par l’Arthritis Community Research and Evaluation Unit montre qu’en 1998, les coûts des soins hospitaliers occupaient la place la plus importante des coûts chez les patients souffrant d’arthrite. Ces coûts étaient de 457,5 millions CAD [602 millions CAD en 2013], suivis par les traitements pharmacologiques pour environ 262,7 millions CAD [345 millions CAD en 2013] et les visites médicales pour environ 183,5 millions CAD [241 millions CAD en 2013]. (79)

D’autre part, le coût direct moyen par patient a été comparé entre une cohorte de patients atteints d’AR et des témoins sains, en nous basant sur les données de l’américaine Medical Expenditure Panel Survey de Kawatkar et coll. (103) Les patients souffrant d’AR présentaient un coût direct moyen annuel (2008) de 13 012$ (IC 95%: 1 737 - 47 081 USD) [15 496$, IC 95%: 2 069 - 56 070 CAD en 2013] alors que ce coût chutait jusqu’à 4 950$ (IC 95%: 567 - 17 425 USD) [5 895$, IC 95%: 675 - 20 752 CAD en 2013] chez les témoins

sains. Le coût incrémental associé était de 2 085$ (IC 95%: 250 - 7 822 USD) [2 483$, IC 95%: 298 - 9 316 CAD en 2013]. Ces patients avaient également des coûts supérieurs par rapport à la consommations des produits pharmaceutiques, 5 825 (IC 95%: 446$ - 30 998$) USD [6 937 (IC 95%: 532$ - 36 916$) CAD en 2013] contre 1 380 (IC 95%: 94$ - 7 492$) USD [1 644 (IC 95%: 112$ - 8 922$) CAD en 2013]. (103)

Une nette augmentation des coûts de la médication pourrait être attribuée à l’utilisation accrue des médicaments biologiques chers. Une revue systématique de la littérature réalisée par Cooper et coll. (104) (incluant des études réalisées aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en Suède) précédant l’utilisation généralisée des traitements biologiques a montré que le coût direct moyen par patient souffrant de l’AR allait de 5 720 USD à 5 822 USD (1996) [7 659 et 7 795 CAD en 2013]. Les médicaments formaient entre 8 et 24% du coût total, les hospitalisations entre 17 et 88%, et enfin les visites médicales entre 8 et 21%. (104) Par contre, une étude américaine réalisée suite à la généralisation de l’utilisation des médicaments biologiques a montré que 66% des coûts directs totaux correspondaient aux traitements pharmaceutiques. Les admissions hospitalières et les actes médicaux occupaient 17 et 16%, respectivement. Les coûts directs chez les patients traités par les médicaments biologiques étaient de 19 016 USD (2001) [26 042 CAD en 2013], alors que chez ceux recevant une thérapie conventionnelle, ce chiffre chutait jusqu’à 6 164 USD [8 441 CAD en 2013]. (105) Ces résultats sont concordants avec ceux rapportés par Khanna et coll. où les prescriptions médicamenteuses occupaient 74,6% de l’ensemble de ces coûts, en particulier les médicaments biologiques qui formaient la marge la plus important (environ 54,1% de l’ensemble des ordonnances). (106)

incluent ceux des services médicaux hospitaliers et ambulatoires, en plus des traitements pharmaceutiques.

Comparés aux témoins sains, les patients avec OA présentent une différence significative des coûts directs moyens. Ces coûts (en 1997) étaient de 2 655 USD [3 851 CAD en 2013] versus 1 388 USD [2 014 CAD en 2013] d’après une étude américaine par Gabriel et coll. (108) Ces coûts incluaient les hospitalisations, les procédures diagnostiques, les interventions chirurgicales, les médicaments et les thérapies de réadaptation fonctionnelle durant une période d’une année. Une autre étude américaine a montré que les coûts hospitaliers formaient 46%: 2 170 890 USD [2 976 290 CAD en 2013], les médicaments 32%: 1 509 637 USD [2 267 576 CAD en 2013] et les soins ambulatoires 22%: 1 047 898 USD [1 574 013 CAD en 2013] de l’ensemble des coûts directs en soins de santé (1994). (107)

2.7.1.1.3 La fibromyalgie

La FM est une affection associée à de coûts directs élevés. Une étude récente signale qu’aux États-Unis, à eux seuls, les frais d’hospitalisations liés à ce désordre sont de l’ordre d’un mil- liard USD [1,277 milliards CAD en 2013] durant une période de neuf ans (1997-2007). (81)

Un coût annuel moyen en soins de santé de 2 274 USD par patient (1997) [3 005 CAD en 2013] a été calculé par une étude américaine multicentrique (83) recrutant des patients souffrant de FM et suivis prospectivement durant une période de sept années. Les hospitalisations coûtaient 882 USD [1 279 CAD en 2013] et la médication 731 USD [1 061 CAD en 2013]. Une étude canadienne signale un coût semi-annuel par patient souffrant de FM d’à peu près 2 298 CAD [2 872 CAD en 2013]. Les médicaments coûtaient 758 CAD [948 CAD en 2013], et les thérapies complémentaires et alternatives 398 CAD [497 CAD en 2013]. Les deux dernières catégories couvraient une grande partie des coûts, dépassant ceux des imageries médicales, des visites médicales et des hospitalisations (356, 348 et 300 CAD) respectivement) [445, 435 et 375 CAD en 2013]. (109)

La différence des coûts en soins de santé entre des patients souffrant de FM et des témoins sains a été accentuée en comparant ces deux groupes prospectivement durant une période de 4 années (2001-2004). Le coût moyen chez les patients était de 15 759 USD [20 272 CAD en 2013], comparé à 7 774 USD [10 000 CAD en 2013] chez les témoins. (110) Ces résultats sont concordants avec les données d’une étude québécoise par Lachaine et coll. (111) ayant montré que les coûts de l’utilisation des soins de santé (incluant les visites et les procédures médicales, les hospitalisations et les traitements pharmaceutiques) étaient supérieurs chez les patients avec FM, comparativement à des témoins sains sélectionnés aléatoirement. Le coût annuel couvert par la RAMQ (2007) était d’environ 4 065 CAD [4 524 CAD en 2013], alors que chez les témoins ce montant chutait jusqu’à 2 766 CAD [3 078 CAD en 2013].

2.7.1.1.4 La lombalgie

La LB chronique est l’un des sept problèmes de santé coûtant le plus cher en Allemagne. En 1998, 17,4 millions d’euros [24 492 141 CAD en 2013] ont été déployés dans le traitement de cette affection (112). Aux États-Unis, les coûts directs de la lombalgie étaient de l’ordre de 24,3 milliards USD en 1991 [36,5 milliards CAD en 2013] (113). Ces chiffres sont con- cordants avec ceux signalés par une revue systématique de la littérature (1997-2007) effectuée par Dagenais et coll. (114) concernant les coûts directs de cette affection aux États- Unis. Ces derniers variaient entre 12 milliards USD (18 milliards CAN en 2013) et 90 milliards USD (135 milliards CAN en 2013) par année. Au Royaume-Uni, les coûts des soins de santé liés à la LB chronique ont été estimés de 1 652 millions de livres sterlings en 1998 [4,19 milliards CAN en 2013]. (115) Au Canada, selon le rapport du Canadian Coordinating Office for Health Technology Assessment et s’intitulant Costs and Outcomes of Chiropractic Treatment for Low Back Pain (2005), il est estimé que les coûts associés aux douleurs lombaires sont de l’ordre de 6 à 12 milliards USD par année [8,3 à 16,5 milliards

Les coûts de la douleur lombaire chronique se répartissent entre les différents services et soins de santé. D’après une revue systématique de la littérature (incluant des études réalisées aux États-Unis et dans six autres pays : l’Australie, la Belgique, le Japon, la Corée, les Pays- Bas, LA Suède et le Royaume-Uni), les coûts directs étaient liés à des traitements physiques (17% de l’ensemble des coûts directs), des hospitalisations (17%), des traitements pharmaceutiques (13%) et des soins primaires (13%). (114)

2.7.1.1.5 La douleur neuropathique

La douleur neuropathique (DN) génère des retombées économiques importantes. Une étude réalisée dans cinq pays européens (Italie, Allemagne, France, Royaume-Uni et Espagne) montre que le coût direct est doublé chez les patients avec DN comparés à des témoins sains. (118) Une étude américaine estimait le coût annuel moyen de la douleur de type neuropathie zostérienne douloureuse et neuropathie diabétique douloureuse à respectivement 1 600 USD (2010) [1 862 CAN en 2013] et 1 700 USD [1 978 CAN en 2013]. (97)

D’autre part, une étude canadienne montre que le coût direct moyen de la douleur neuropathique durant une période de trois mois étaient de 1 137 USD (1 346 CAN) [1 364 USD, 1 615 CAN en 2013] par patient en 2003. Les prescriptions médicamenteuses occupaient 31,8%, suivies par les traitements complémentaires et les médicaments en vente libre (OTC) qui à leur tour formaient 24% des coûts directs. (119)

Basée sur les données de la RAMQ, une autre étude réalisée par Lachaine et coll. (51) a comparé les coûts directs des soins de santé chez des patients souffrant de DN par rapport à des témoins sans DN (coûts en 2002). Les patients souffrant d’une neuropathie douloureuse consommaient plus des soins de santé par année comparativement aux individus appariés suivant l’âge et le sexe. En moyenne, les coûts étaient de 4 163 ± 7 536 CAN versus 1 846 ± 4 418 CAN. Ces coûts englobaient les visites chez des médecins généralistes (164 ± 285 CAN versus 92 ± 187 CAN; p - valeur < 0,001), les visites chez des spécialistes (292 ± 462 CAN versus 105 ± 255 CAN; p - valeur < 0,001), les hospitalisations (1 803 ± 5 876 CAN)

versus 662 ± 3 212 CAN); p - valeur < 0,001) occupant la tranche la plus grande des coûts, et enfin les traitements pharmaceutiques (1 350 ± 1 939 CAN) versus 781 ± 1 429 CAN , p - valeur < 0,001) formant la deuxième principale source des coûts directs.

Finalement, une étude du marché de la DN effectuée par Nightingale dans sept pays (États- Unis, Japon, France, Allemagne, Italie, Espagne et Royaume-Uni) prévoit une croissance de 2,4 milliards USD (2,63 milliards CAN) en 2010 jusqu’à 3,6 milliards USD (3,94 milliards CAN) en 2020. (120)

2.7.1.1.6 Douleur chronique sans spécification du diagnostic

Quelques études ont recruté des patients souffrant de DCNC sans restriction à des diagnostics bien spécifiques. Dans l’étude de cohorte du programme ACCORD, le coût direct total annuel moyen par patient souffrant de DCNC était de 8 554 CAD [9 272 CAD en 2013]. Ce coût incluait des soins liés et non liés à la DCNC (2009) en plus des soins de santé complémentaires (ex: la chiropractie, la physiothérapie) non couvert par la RAMQ. La moyenne des coûts pour les hospitalisations était de 2 036 CAD [2 207 CAD en 2013], les visites à l’urgence de 321 CAD [348 CAD en 2013], les visites en ambulatoire de 538 CAD [583 CAD en 2013], les thérapies complémentaires de 2 915 CAD [3 160 CAD en 2013], et enfin les traitements pharmaceutiques de 2 746 CAD [2 977 CAD en 2013] (2 541 CAD pour les médicaments prescrits et 205 CAD pour les OTC) [2 754 et 222 CAD respectivement en 2013]. Par conséquent, la part la plus importante des coûts correspondait aux traitements pharmaceutiques, aux hospitalisations et aux thérapies complémentaires. Ces résultats sont concordants avec ceux décrits antérieurement montrant que les médicaments et les hospitalisations occupaient la part la plus importante des coûts directs en soins de santé chez ce groupe de patients. L’inclusion des soins de santé complémentaires et la distinction

arthritiques, particulièrement l’AR et l’OA, suivies par la LB chronique. L’estimation de la charge financière exacte de chacune des pathologies se heurte à plusieurs difficultés, particulièrement la documentation rigoureuse de l’ensemble des soins et des services de santé utilisés par les patients et l’identification précise du diagnostic à l’origine de la DCNC.

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