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Nous allons rencontrer à plusieurs reprises dans les actes notariés concernant la famille étudiée, des « masures », de surfaces diverses, souvent modestes, de quelques dizaines d’ares.

Il ne s’agit pas de l’appellation commune de « maison modeste et vétuste », voire « tombant en ruines », mais d’une dénomination spécifique au Pays de Caux, et dont le terme exact, mais sans doute récent, est « clos-masure ».

Tout est dit dans ce terme, car ce qui fait l’essence de cet habitat, c’est d’être un quadrilatère enclos d’un haut talus de un mètre cinquante à deux mètres, planté de deux rangées d’arbres de hauts jets, hêtres surtout, chênes ou châtaigniers, et dont la fonction est de protéger du vent, créant ainsi une sorte de microclimat dans la cour de la ferme. Associés à ces grands arbres, des arbustes, qui remplissent les vides entre les troncs. Au pied de ces talus, appelés fossés, un ruisseau permet l’évacuation des eaux pluviales.

A l’intérieur, une cour plantée d’arbres fruitiers (essentiellement des pommiers mais aussi poiriers et pruniers, et dont nous aurons une description détaillée dans un acte de vente).Le bâtiment à usage d’habitation a une charpente de bois et des murs de torchis d’argile et de paille, tandis que son toit est fait de chaume, avec un faîte recouvert de terre plantée d’iris. On trouve dans cette cour les bâtiments agricoles comme la grange, la charreterie ou le four à pain, tous dispersés, pour limiter les risques d’incendie, et une ou deux mares, seule source d’eau sur ces sols calcaires où les clos-masures sont construits.

Héritage des Calètes, de la culture gallo-romaine ou d’influence scandinave ? Il semble que le clos-masure rassemble tous ces héritages successifs accumulés au cours des siècles. Fondement d’une singularité cauchoise, il a pu se transmettre grâce au système successoral. On en compterait environ cinq mille dans la Seine-Maritime, mais cet habitat est aujourd’hui menacé de disparition, et le département œuvre pour en obtenir le classement au patrimoine mondial de l’Unesco.

Extrait Plan terrier d’Auppegard 1767-1768, Archives Départementales de Seine-Maritime (12 Fi 368)

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GLOSSAIRE ANTHROPONYMIQUE

Nous empruntons à Albert DAUZAT et Marie-Thérèse MORLET les références sur les noms de famille rencontrés dans cette recherche généalogique, et au site genealogie.com le rang de chacun dans l’ensemble du territoire national.

CADOT : Albert DAUZAT et Marie-Thérèse MORLET le classent dans les noms de parenté, particularité « ordre de naissance » : « le terme cadet, qui vient du gascon capdet (lat.

capitellum), n’apparaît en français qu’au XV° siècle ; hors de la Gascogne, où on relève même Capdet, nos Cadet, avec la variante Cadot, plus fréquente, doivent recevoir une autre

explication (cadet signifiait dans le Midi « petit d’animal » « petit chien », ainsi que cadel, qu’on trouve aussi comme nom de famille. » [DAUZAT p 177]

Cadot est classé au 1974 e rang des noms de famille en France DASSON : nom rare, non trouvé dans les dictionnaires.

420 836 erang des noms les plus portés en France

DELAMARE : « nom topographique, fréquent en Normandie, désignant la mare située près de la maison. » [Morlet p663]

950 e rang des noms les plus portés en France

DUHAMEL : « (Normandie, Nord, Picardie), nom fréquent désignant l’homme qui habitait le hameau. » [MORLET p 357]

307 e rang des noms les plus portés en France

DUMONT : « nom très fréquent, altéré parfois en Dumond, Dumon, a désigné la maison située sur la hauteur. » [MORLET p 359]

54° rang des noms les plus portés en France

DUVAL : « la maison située dans la vallée. » [Morlet p 369] 52 e rang des noms les plus portés en France

FARCY : nom de localité, Forcy (Nièvre), hameau, commune de Crux..Farcy-les-Lys (Seine- et-Marne) commune de Dammarie-les-Lys. » [Morlet p 397]

2 240 e rang des noms les plus portés en France

GOSSELIN « de Gosse, nom de personne d’origine germanique, Gozzo >Gosso, hypocoristique de composés avec l’élément Goz, Gos-, représentant le terme gaut, nom du peuple gotique. Le t. germanique après voyelle et en position intervocalique a abouti à la spirante z notée aussi s ; hypocoristique dérivé Gosselin < Gozzilin, forme contractée. » [Morlet p 470]

409e rang des noms les plus portés en France

GUERARD : «nom de personne d’origine germanique, Warhard (war-, protection ; -hard, dur, fort). En Normandie et en Picardie, Guérard est une variante de Gérard (dans les dialectes normands et picards, g+a, e, i est un g dur, noté souvent gu, gh.) » [Morlet p 486]

1 355 e rang des noms les plus portés en France

LAMBERT : « nom de personne d’origine germanique, Landberht, (land-, pays ; -berht, brillant, illustre). » [Morlet p 577]

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LECONTE de « Compte, variante Conte, patronyme fréquent, notamment avec l’article, Lecomte, Leconte (Nord, Nord-Est). C’est un nom de dignité employé comme sobriquet » [Morlet p 235]

325 e rang des noms les plus portés en France

LEDOUX : « sobriquet d’une personne au caractère doux. » [Morlet p 346] 433 e rang des noms les plus portés en France

LEFEBVRE « à la fois rural et urbain, le métier de forgeron était l’un des plus répandus : ce qui explique le grand nombre de ses représentants dans les noms de famille. Forgeron, dérivé de forgeur, n’apparaît qu’au début du XVI° siècle/../Les représentants du latin faber ont vécu jusqu’à la fin du moyen âge dans la France du Nord, jusqu’à nos jours dans le Midi, d’où les innombrables Fèvre et Lefèvre de langue d’oïl, Favre en pays franco-provençal, Faure et Fabre dans le Midi. » [Dauzat p 165]

C'est l'un des quinze noms de famille les plus répandus en France

LOUIS « nom de baptême et patronyme fréquent, représentant le nom de personne d’origine germanique Hlodowig (hlodo- louange, renommée ; -wig, -wic, combat). Ce nom a été mis à la mode par les Carolingiens »

111e rang des noms les plus portés en France

MALLET « doit se rapporter à Malle…par extension celui qui conduit le cheval de poste qui porte la malle et les bagages » [Morlet p655]

164e rang des noms les plus portés en France

MERLIN « ancien nom de baptême et nom de famille assez fréquent, représente un des personnages des « romans bretons » appelé Merlin l’Enchanteur, doué d’un pouvoir magique, par Geoffroy de Monmout au XII° siècle. Ce nom est la forme altérée du prophète et sorcier gallois renommé Myrddhin (gaulois Moridunum) » [Morlet p 687]

442 e rang des noms les plus portés en France

MIMAULT « dérivé de l’ancien occitan mima (ancien limousin), grand-mère, en moyen français sot, niais » [Morlet p695]

16 253 e rang des noms les plus portés en France

MOISSON « (Normandie, Nord-Est) en ancien français « moineau » [Morlet p700] 2 357 e rang des noms les plus portés en France

PILAIN non trouvé dans les dictionnaires d’onomastique, semble se répartir surtout dans l’ouest

63 091e rang des noms de famille en France (Geneanet)

PRÉVOST « prévôt », « la fréquence du nom, surtout dans le Nord, prouve qu’il s’agit d’un sobriquet » [Dauzat p498]

144e rang des noms les plus portés en France

RÉVÉREND « Nom surtout porté dans la Manche. Variante : Révérend. Le mot "révérend" signifie en latin "vénérable", il s'emploie dès le Moyen Âge dans un contexte religieux. La présence de l'article montre qu'on a sans doute affaire à un surnom lié à une dignité religieuse, mais on n'oubliera pas que Révérend a été aussi un nom de personne (voir Reveyrand)." [Geneanet]

71 559 e rang des noms les plus portés en France

ROGER « nom de personne d’origine germanique Hrodgari (hrod-, gloire ; -gari<germanique *garwa, prêt) » [Morlet p858]

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TÉTELIN « diminutif de l’ancien français tétel, mamelle » [Morlet p923] 22 804 e rang des noms les plus portés en France

VANDIC ou VENDIC ou VENDIQUE « nom rare porté en Normandie (76) [geneanet]. « Van préposition flamande forme équivalente du français de marque l’origine. Vandyck « de la digue » pouvait désigner l’ouvrier qui l’entretenait ». [Morlet p950-951]

Rareté confirmée par le 183 276 e rang des noms les plus portés en France

VASSELIN, « variante de Wasselin, nom de personne d’origine germanique, Wazzelin, dérivé de Wazzo < *Watizo, hypocoristique de noms composés en wad-, gage. [Morlet p9533] 5 279 rang e des noms les plus portés en France

Synthèse

Selon la classification de Marie-Thérèse MORLET en quatre catégories de patronymes, les noms rencontrés dans cette généalogie en ligne directe (il n’a pas été tenu compte des collatéraux ni des témoins, ou parrains et marraines), se regroupent ainsi :

-noms de personnes: GOSSELIN, GUÉRARD, LAMBERT, LOUIS, MERLIN, ROGER, VASSELIN

-noms d’origine : DELAMARE, DUHAMEL, DUMONT, DUVAL (ces deux derniers désignant le domaine ou la maison selon l’ordre orographique, suivant la situation sur une hauteur ou dans une vallée), FARCY,

-noms de métiers : LEFEBVRE, MALLET, VENDIC (s’il s’agit de l’ouvrier, mais peut être aussi un nom d’origine)

-sobriquets (rendant compte de diverses particularités, physiques ou morales, ou de noms d’animaux) : CADOT, LECONTE, LEDOUX, MIMAULT, MOISSON, PRÉVOST, RÉVEREND, TÉTELIN.

Il reste à identifier les deux patronymes mystérieux que sont DASSON et PILAIN..

Par ordre de fréquence décroissant , dans cette généalogie, on trouve: LEFEBVRE, LAMBERT, DUVAL, DUMONT et ROGER, très fréquents, puis PRÉVOST, MALLET, DUHAMEL, LECONTE, GOSSELIN, LEDOUX, MERLIN, DELAMARE, GUÉRARD, CADOT, FARCY, MOISSON et VASSELIN, ensuite MIMAULT, TETELIN et RÉVÉREND, peu fréquents, et enfin, VENDIC et DASSON, très rares.

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