• Aucun résultat trouvé

Chapitre I Généralités sur les colorants

I.5. Classification des colorants

I.5.2. Classification tinctoriale ( Capon et al., 1996 )

Ce type de classification nous renseigne sur le domaine d’application des colorants. Il s’intéresse essentiellement à la solubilité des colorants dans le bain de teinture et de son affinité pour les différentes fibres textiles.

Les colorants acide ou anionique

Les colorants acides sont des molécules organiques qui présentent des groupes sulfonates NaSO3- ou carboxylates NaCOO-. Ces colorants sont vendus sous forme de sels de sodium ou de potassium de ces acides. La fonction acide joue le rôle d’élément solubilisant, car elle facilite l’ionisation de la molécule de colorant au sein du solvant. Ils appartiennent, en outre, aux deux plus grandes classes chimiques de colorants : azoïques et anthraquinoniques. Ils teignent la laine et la soie à 100°C à partir de solutions acides en donnant des colorations vives et solides. Ces colorants présentent une bonne affinité pour certains textiles synthétiques, comme les polyamides. La figure I.8 représente un exemple de ces colorants.

Figure I.8. Structure du colorant (C.I. Acid red 27).

Les colorants métallifères

Par rapport aux colorants acides, les colorants métallifères (figure I.9) présentent de meilleurs niveaux de solidité, du fait de la formation de complexes avec un ion métallique. Pour faciliter le travail du teinturier en lui évitant l’opération de mordançage, l’idée est venue d’incorporer le métal au colorant lui-même en formant le complexe métallifère au préalable au lieu de le précipiter dans la fibre de façon subséquente. Ainsi, les colorants métallifères

13

sont des colorants contenant un atome métallique (Cr, Ni, Co). Ces colorants permettent de teindre la laine, la soie, le polyamide en nuances très solides.

Figure I.9. Structure du colorant Acide Noir 60 (C.I acid black 60).

Les colorants basique ou cationique

Les colorants basiques sont des sels de composés présentant des groupes amino –NH2 ou imino =NH, salifiés par un acide pour donner un sulfate ou un oxalate soluble dans l’eau. En solution, la dissociation fournit donc une partie organique présentant une charge électrique positive, d’où le nom de colorant cationique qui est donné à cette classe. Ils appartiennent à des classes chimiques très différentes telles que les azoïques, les dérivés du di et triphénylméthane. La soie teinte avec de telles substances présentent des couleurs très variées mais peu solides. Toujours utilisés pour le cuir et le papier, ces colorants ont trouvé des débouchés importants dans le domaine de la teinture des fibres acryliques.

Du fait de la solidité insuffisante des teintes, l’emploi des colorants basiques était en forte régression, mais une fixation satisfaisante a été obtenue sur les fibres acryliques. Ceci a conduit à créer d’autres colorants appartenant à ce même groupe, contenant tous une fonction azotée, mais présentant des structures différentes. La solidité des coloris a été ainsi améliorée. Comme exemple de colorant basique fournissant des teintes très brillantes, nous citerons le Bleu Capri (figure I.10).

14

Les colorants développés ou azoïques insolubles

Il est possible de traiter les matériaux textiles à l’aide de produits intermédiaires pouvant facilement pénétrer dans les fibres et susceptibles de former in situ un colorant azoïque insoluble, emprisonné mécaniquement dans la fibre. Le processus de fabrication du colorant est basé sur des réactions de diazotation-copulation. À l’origine, l’une des deux substances était un naphtol ou copulant dont on imprégnait la fibre dans une première étape. L’autre substance était une base aromatique aminée que l’on diazotait sous l’action de l’acide nitreux. La matière naphtolée était traitée avec la solution de sel de diazonium, ce qui entraînait la formation immédiate du colorant azoïque a préparation du sel de diazonium nécessitait une basse température, d’où l’appellation de couleurs à la glace. Ce procédé a été sensiblement amélioré par la recherche de meilleur copulant et par la création de dérivés stabilisés des bases diazotées (sels solides). Ces colorants permettent d’obtenir, sur fibres cellulosiques, des nuances vives dont certaines atteignent la solidité des colorants de cuve. Un modèle de structure de ce colorant est illustré dans la figure I.11.

Figure I.11. Structure du colorant (C.I Disperse Yellow 3).

Les colorants de cuve et leurs leuco-ester

Parmi les colorants naturels, l’indigo (figure I.12) se distinguait par son mode d’application nécessitant la préparation d’une cuve, solution obtenue par réduction alcaline. L’expression cuve a été conservée pour désigner toute une sérié de colorants ayant la caractéristique commune d’être insolubles dans l’eau, mais de se solubiliser par réduction en leuco-dérivé possédant de l’affinité pour les fibres. La teinture se termine par une réoxydation

in situ du colorant sous sa forme insoluble initiale :

15

Cette insolubilisation est à l’origine d’une des qualités principales de ces colorants, à savoir leur bonne résistance aux agents de dégradation. Les colorants de cuve ont des propriétés qui les rapprochent des colorants au soufre mais, contrairement à ces derniers, ils sont de constitution bien définie.

Les colorants réactifs

Les colorants réactifs (figure I.13) constituent la classe la plus récente de colorants. Ils doivent leur appellation à leur mode de fixation à la fibre. Leur molécule contient un groupement chromophore et une fonction chimique réactive assurant la formation d’une liaison covalente avec les fibres, par réaction soit avec les groupes hydroxy de la cellulose :

Colorant ̶ Y + OH ̶ Cellulose & Cellulose ̶ O ̶ Colorant + HY

Soit avec les groupes amino de la laine ou du polyamide :

Colorant ̶ X + H2N ̶ Laine & Colorant ̶ HN ̶ Laine + HX

Figure I.13. Structure du colorant Noir Réactif 5.

Les colorants directs ou substantifs

Le premier colorant de cette série fut le Rouge Congo qui s’avéra capable de teindre

directement le coton sans intervention d’aucun mordant. Les colorants directs (également

appelés substantifs) (figure I.14) sont des colorants solubles dans l’eau (présence de groupes sulfonates). Ils se distinguent des colorants acides par leur affinité pour les fibres cellulosiques, affinité en partie due à leur forme linéaire et à la structure coplanaire des noyaux aromatiques entrant dans leur constitution. La famille des colorants directs est la deuxième en nombre des représentants. Les avantages principaux de ces colorants sont la grande variété des coloris, leur facilité d’application et leur coût très bas. Par contre, leur inconvénient principal réside dans leur faible solidité au mouillé.

16

Figure I.14. Structure du colorant Bleu direct 1 (C.I. Blue direct 1).

Les colorants à mordant

Ce terme générique a des origines très anciennes : en effet, un grand nombre de colorants naturels ne pouvait se fixer sur les fibres textiles qu’après traitement préalable de ces dernières. Ce traitement, dénommé mordançage, consistait à précipiter dans les fibres textiles des oxydes de certains métaux (Al, Fe, Co, Cr) avec lesquels les colorants pouvaient ensuite former une laque insoluble solidement fixée à la matière textile. Le chrome est en fait le métal le plus utilisé, si bien que les colorants à mordant sont souvent appelés colorants au chrome ou colorants chromatables. Ce sont des colorants solubles dont la particularité est de pouvoir former des complexes avec les ions métalliques. La figure I.15 donne un exemple de colorant à mordant.

Figure I.15. Structure du colorant Bleu mordant 9 (C.I. blue mordant 9).

Les colorants plastosolubles

Tous les colorants cités précédemment concernent surtout la teinture des fibres naturelles. L’apparition de l’acétate de cellulose, puis des fibres synthétiques proprement dites, a posé de nombreux problèmes du point de vue tinctorial et a rendu nécessaire la fabrication d’un nouveau type de colorants. Ces nouveaux colorants sont insolubles et la teinture s’effectue non plus en les solubilisant mais en les mettant en suspension dans l’eau sous forme d’une fine dispersion, d’où le nom de colorants dispersés qui leur fut donné initialement. Ces colorants sont généralement de nature azoïque ou anthraquinonique et se

17

fixent dans les fibres synthétique sous la forme d’une solution solide, d’où leur dénomination de plastosolubles.

Documents relatifs