• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE I : CONTEXTE DU SYSTEME EDUCATIF DU MALI

TOTAL REGION DE

4.1. Description linguistique de la langue songhay

4.1.4. La classification interne du songhay

Le songhay est un vaste continuum dialectal. Selon Nicolaï (1977), le songhay peut être scindé en deux sous-ensembles : le songhay méridional et le songhay septentrional.

Le sous-ensemble méridional comprend six dialectes. Au Mali, le songhay occidental est symbolisé par le parler de Tombouctou, le songhay oriental représenté par le parler de Gao et le songhay central comme la variété parlée à Hombori. Ailleurs, il y a le songhay-kaado répandue dans la région de Tillabéri et Téra au Niger et au-delà de la frontière ouest du Burkina, le zarma dans les régions de Dosso et de Ouallam, et le dendi dans la région sud-ouest du Niger principalement à Gaya et dans la région Nord du Bénin.

Le sous-ensemble septentrional comprend deux groupes. Le premier est le groupe nomade qui comprend deux dialectes, le tihichit et le tadak-sahak parlés au nord du Mali et au sud de l’Algérie. Le second est le groupe sédentaire qui regroupe le tasawaq qui englobe le ingelsi parlé à Ingall au Niger et le emghedeshie parlé à Agadez, toujours au Niger, enfin le korandje qui est parlé strictement dans l’oasis de Tabelbala en Algérie.

Nicolaï (1990), postule que la chaîne dialectale songhay est en contact avec plusieurs autres groupes linguistiques, notamment le groupe kwa, au sud, les groupes mandé, tchadique et gur, au centre, et le groupe chamito-sémitique au nord.

L’intercompréhension n’est pas permise entre certaines variantes de la langue.

Il n’y a d’ailleurs pas d’unanimité quant au nombre exact de ces variétés. Heath (1999) postule que les divergences internes, notamment entre le groupe songhay méridional et le groupe septentrional, sont trop fortes pour qu’elles puissent être considérées comme de simples variantes d’une même langue. Le korandjé et le tadak-sahak, par exemple, ne sont pas mutuellement intelligibles. L’intelligibilité devient quasi-nulle entre le korandjé et le songhay occidental.

La classification interne de la langue songhay selon le découpage de Nicolaï se présente de la façon suivante :

Tableau N° 6 : Tableau reconstitué à partir de la classification interne du songhay de Nicolaï (1990)

Songhay méridional Songhay septentrional Songhay oriental variante de Gao, Gaawo senni (parler de Gao), au Mali Groupe sédentaire

Tasawaq parlé dans le centre-est du Niger, dans la région d’Ingal

Songhay kaado parlé sur la rive droite du fleuve Niger, région de Téra, de Tillabéri et d’Ayorou, au Niger Korandjé kwarandzyey ou belbali, variante parlée au nord du Mali

Zarma parlé sur la rive gauche du fleuve, du Zarmaganda au Zarmatarey, dans la région de Niamey, au Niger. Groupe nomade

Tadaksahak Variante parlée au nord du Mali

Songhay central Variante

comprenant : le honbori

senni (parler de

Hombori) le maranse parlé dans les régions de Dori et Markoye au nord du Burkina Faso

Tagdal variante parlée par les nomades Igdalen au nord du mali et au sud de l’Algérie

Tondi soŋay ou tondi songway

kiini (songhay des

falaises) parlé à Kikara au Mali

Dendi englobe les

variantes de Kandi, Djougou et Parakou, au Bénin Songhay occidental variante de Tombouctou, le tunbutu ciini ou tunbutu senni, littéralement « parler de Tombouctou », au Mali ainsi qu’au

jenne ciini ( parler

de Djenne ), très proche

Le songhay occidental est parfois considéré comme un songhay « intermédiaire » entre l’ensemble méridional et l’ensemble septentrional. Si on exclut ce dernier, le groupe méridional présente une certaine homogénéité et peut être considéré comme un vaste ensemble de variantes dialectales ou de langues très proches, selon les critères retenus.

Le groupe septentrional est beaucoup moins homogène et les langues, fortement influencées par les berbères et les arabes dialectaux sont très éloignées des langues du groupe méridional.

Le tagdal-tabarog est nommé « tihišit » par certaines sources comme le site internet

Ethnologue, mais cette appellation est contestée. 4.1.5. L’orthographe

Du grec orthographia : écriture correcte, l'orthographe réfère aux conventions d'écriture d'une langue, elle se définit comme l'ensemble des règles d'écriture d'une langue particulière. Les origines de l’orthographe songhay remontent à la conférence de Bamako de février 1966 tenue sous l'égide de l'Unesco. Cette conférence coïncide avec le début des indépendances de nombreux de pays africains, désireux de relever le défi du développement dont le principal facteur demeure l'éducation scolaire. L’éducation pour tous ne pouvant être garantie faute de moyens, les dirigeants de ces Etats n’avaient d’autre choix que de mettre l'accent sur l'éducation non formelle en langues locales. Or, ces langues étaient pour la plupart dépourvues de système d’écriture. D'où la nécessité de définir non seulement un système d'écriture mais également des règles d'écriture pour des langues qui n’en avaient point. La conférence de Bamako a ainsi défini les règles d'écriture du songhay sur la base de l’alphabet latin.

L'alphabet retenu a été adopté par le Niger par arrêté ministériel n°017/MEN du 27 avril 1967. Il a connu des changements visant à le rendre plus pratique au Niger.

« Le dernier acte fixant les règles d'écriture du soŋay-zarma est l'arrêté n° 215/MEN/SPCNRE du 19 octobre 1999. Cet arrêté fait suite à un séminaire-atelier tenu à Niamey du 19 au 23 juillet 1999 sur l'harmonisation des orthographes des langues nationales. » (Seydou Hanafiou, 2007 : 32).

4.1.5.1. L’alphabet

Du nom des deux premières lettres grecques : alpha, bêta, l’alphabet est l’ensemble des lettres en usage dans une langue. L’alphabet songhay, issu de l’alphabet gréco-latin, compte 27 lettres :

Tableau N° 7: Inventaire des lettres de l’alphabet songhay.

Lettres en minuscule

Lettres en majuscule

Prononciation API Exemple

a A a a ɲaa = mère

b B bø b baaba = père

c C cø c ciiri = sel

d D dø d deene =langue (muscle)

e E ¥ e ize = fils f F f ø f faari = rizière g G gø g gaasu = calebasse h H hø h hari = eau i I i i ize = fils j J dzø dj jiiri = année k K kø k koyra = village l L lø l laati = flûte

m M mø m moo = riz paddy

n N nø n nongu = partie

ŋ ŋ ŋø ŋ ŋaa = manger

ɲ Ɲ ɲø ɲ ɲaa = mère

o O o o hommo = sorgho

p P pø p pakupaku = mobylette

r R rø r Ramata = prénom féminin

s S sø s senni = parole

š S šø ʃ šanbu = métier à tisser

t T tø t tuuri = arbre

u U u u turyan =tressage

w W wø w woy = femme

y Y yø j yoo = chameau

z Z zø z zuru = courir

4.1.5.1.1. Les consonnes

Tableau N° 8 : le point d’articulation et le mode d’articulation des consonnes du songhay

Point

d’articulation

Labiales Alvéolaires Palatales Vélaires

Mode d’articulation - + - + - + - + Occlusives p b t d k g Affriquées c j Fricatives f s z š ž Nasales m n ɲ ŋ Liquides l r Semi-voyelles w y 4.1.5.1.2. Les voyelles

Le soŋay a un système vocalique composé de cinq voyelles cardinales. Nous avons : - les voyelles orales brèves : a, e, i, o, u ;

- les voyelles orales longues (la longueur des voyelles est matérialisée par le redoublement) : aa, ee, ii, oo, uu ;

- les voyelles nasales (la nasalité s’écrit à l’aide d’un tilde au-dessus de la voyelle) : ã ẽ õ

NB : Dans la graphie des mots contenant des voyelles nasales longues, le tilde se met sur la première.

Ex : hãayan : fait de demander hẽeni : fait de pleurer

4.1.5.2.1. Les diphtongues

4.1.5.2.1.1. Les diphtongues orales

- iw comme dans (diw) lourdement

- uy comme dans (kuy) piège pour prendre les poissons - ey comme dans (ey) marque du pluriel

- ew comme dans (hew) vent/air

- oy comme dans (boy) tige de nénuphar - ow comme dans (ka wow) insulter - ay comme dans (tay) bille

- aw comme dans (haw) vache

4.1.5.2.1.2. Les diphtongues nasales

La nasalité au niveau de la diphtongue se matérialise par un tilde au-dessus de la voyelle. - õay comme dans (ŋõõay) cri du chien’

- õay comme dans (ɲõay) ne t’en deplaise’ - õoy comme dans (sõoy) être solitaire’

- õoy comme dans (ɲõoy) intensif de ciray ‘rouge’