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CHAPITRE I : CONTEXTE DU SYSTEME EDUCATIF DU MALI

TOTAL REGION DE

4.2. Comparaison entre le système linguistique du songhay et celui du français

4.2.3. Les articles (définis et indéfinis)

Du latin articulum : jointure, articulation, l’article, en grammaire française, est une unité qui accompagne le nom, en lui ajoutant une détermination plus ou moins précise. La

grammaire du songhay préfère la notation marque du défini ou de l’indéfini. Le tableau ci-dessous permet de schématiser les correspondances entre les deux langues :

Tableau N°10 : correspondances des articles dans les deux langues.

Articles Français Songhay

Singulier Pluriel Singulier Pluriel

Masculin Féminin

Indéfinis un Une des – -yaŋ

Définis le/l’ la/l’ les -aa/-oo -ey/-wey

Définis contractés au = à le du = de le – aux = à les des = de les – –

Partitifs du, de l’ de la, l’ – – –

Il est important de préciser que les articles du français précèdent le nom, alors qu'en songhay les marques du défini et de l'indéfini sont suffixées au nom. En français, il y a plusieurs genres d’articles (définis, indéfinis, définis contractés et partitifs) au masculin tout comme au féminin. Or, en songhay, il existe très peu d’unités marquant le défini et l’indéfini.

La marque du défini singulier dans cette langue impose seulement le choix entre -oo et -aa. C’est le cas dans hari (eau) : haroo (l’eau), sana (aiguille) : sanaa (l’aiguille). Il n’y a pas de marque de l’indéfini singulier en songhay. Le pluriel se marque par –ey ou -wey dans le cas du défini et –yaŋ dans celui de l’indéfini. En guise d’exemple, nous avons : kooro (hyène), koorowey (les hyènes) kooroyaŋ (des hyènes).

4.2.4. Le verbe

Du latin verbum : le mot, le verbe est le mot essentiel de la proposition qui permet d’exprimer l’action ou l’état.

En songhay, l’infinitif du verbe est matérialisé par la particule « ka » qui précède le verbe : ka goy (travailler), ka huru (entrer). La notion de groupe n’existe pas pour les verbes en songhay. De plus, les verbes du songhay s’accompagnent de particule mais ne se conjuguent pas. Le temps, quant à lui, est marqué par des particules indépendantes : « ga » pour exprimer le présent, « na » ou rien pour le passé et « ra » pour le futur.

Exemples :

Musa na hantum (Moussa a écrit) Musa ra dira (Moussa marchera) Musa ra hantum (Moussa écrira)

Au contraire, en français, la terminaison des verbes est marquée par des morphèmes qui permettent de les classer en trois groupes. Ainsi, les verbes du premier groupe se terminent par –er (marcher) et ceux du deuxième groupe se terminent par –ir (finir). Les verbes du troisième ont des terminaisons diverses : -re (croire), -dre (prendre) ; -ir (venir), -er (aller) etc. Les verbes du français se conjuguent à des temps et à des modes variés.

4.2.5. Le nom

Le nom sert à désigner ou à nommer les êtres, les choses et les idées. Tout comme le verbe, il est un élément fondamental dans le langage comme dans la pensée. En songhay, il existe un lien de sens très étroit entre le verbe et le nom. D’où, le recours au contexte de classer certaines unités dans la catégorie grammaticale du nom. Par exemple, les mots goy (travail ou travailler), caw (lecture, étude ou lire, étudier), kakaw (discussion ou discuter) etc. fonctionnent selon le contexte comme nom ou verbe. Ce qui fait que lorsque ces mots ne sont pas en contexte, ils peuvent aussi bien être verbes que noms. En français aussi on trouve des mots qui s'utilisent selon le contexte comme verbe ou comme nom. C'est le cas de coucher, manger, boire, dîner et souper par exemple.

En revanche, il y a une différence notoire entre les deux langues dans l’expression du genre et du nombre. Il n’y a pas de genre grammatical en songhay, on ne fait que préciser le sexe lexicalement quand c’est nécessaire.

Il est généralement exprimé lexicalement par les mots « aru » (mâle) et « way» (femelle), lorsqu’on doit différencier le mâle de la femelle. C’est le cas dans « feeji way » (une brebis) « feeji aru » (un mouton)

En français, chaque nom possède un genre grammatical, noté par les articles indéfinis/définis : un/le pour le masculin ; une/la pour le féminin, et par des accords à divers endroits de la phrase.

La marque du pluriel est portée par le nom en songhay. Cette marque se met toujours après le nom. Exemple : feeji (un mouton) / feeji yaŋ (des moutons) / feejey (les moutons). Or, en français la marque du pluriel est portée à la fois par le nom et par l’article. Ex : un mouton / des moutons / les moutons – et le fonctionnement de toutes ces marques varie entre l’oral et l’écrit

4.2.6. L’adjectif

Du latin adjectivus : qui s’ajoute à, l’adjectif est un mot qui s’ajoute au nom. La grammaire traditionnelle française distingue plusieurs types d'adjectifs parmi lesquels l'adjectif qualificatif, l'adjectif démonstratif et l'adjectif possessif.

4.2.6.1. L’adjectif qualificatif

L'adjectif qualificatif en français peut être épithète, mis en apposition ou attribut du sujet. En songhay, seule la fonction épithète est attestée. S’agissant de l'ordre, il peut être déterminé-déterminant ou déterminant-déterminé en français, alors qu’un en songhay seul l'ordre déterminé-déterminant est possible :

Exemple : un petit arbre : tuuri kaccu (tuuri : arbre, kaccu : petit) Un fait nouveau : haya taji (haya : fait, taji : nouveau)

Une autre différence entre le songhay et le français concerne l’accord de l’adjectif en genre et en nombre. Alors qu’en français, aussi bien le déterminé que le déterminant

s’accordent en genre et en nombre, en songhay la marque du nombre est exprimée une seule fois dans le groupe nominal.

Exemple : un petit arbre : tuuri kaccu De petits arbres : tuuri kaccuyaŋ

4.2.6.2. L’adjectif démonstratif

La différence fondamentale entre le songhay et le français à ce niveau réside dans la position de l'adjectif démonstratif par rapport au nom qu'il détermine. Ainsi, l'adjectif démonstratif précède le nom en français, tandis qu’en songhay, il lui succède. Le tableau ci-dessous présente les correspondances d'adjectifs démonstratifs dans les deux langues.

Tableau N°11 : correspondances d'adjectifs démonstratifs dans les deux langues.

Français songhay

Singulier Pluriel Singulier Pluriel

Masculin Féminin proximité éloignement proximité éloignement

L’adjectif démonstratif de proximité est noté en songhay par « woo » au singulier et wey au pluriel alors que celui exprimant l’éloignement est marqué par « hendi » au singulier comme au pluriel.

Exemple

cette maison hugoo woo Hugoo hendi

ces maisons hugey wey hugey hendi

ce cheval bariyo woo bariyo hendi

4.2.6.3. L’adjectif possessif

En français, l’adjectif possessif varie selon la personne qui possède, l'objet ou la chose possédée. Il varie en personne avec le possesseur. En songhay, il n'existe pas autant de distinctions. Le tableau qui suit permet de mieux appréhender les correspondances entre les deux langues.

Tableau N° 12 : correspondances d'adjectifs possessifs dans les deux langues.

Personnes Français songhay

singulier Pluriel Singulier Pluriel

Masculin Féminin Un seul possesseur

Plusieurs possesseurs

1ère pers mon ma mes nos ay iri

2ème pers ton ta tes vos ni war

3ème pers son sa ses leurs nga ngey

Nous remarquons que l'opposition masculin/féminin n'est pas attestée en songhay. De plus, le songhay utilise les mêmes unités aussi bien lorsqu'il n'y a qu'une chose possédée que quand il y en a plusieurs.