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3.2 Écologie

3.2.1 Classification des écosystèmes

La couverture de surface a été divisée en huit catégories dont six sont d’origine naturelle et deux sont d’origine anthropique (figure 20A et B). De manière générale sur le terrain, les unités naturelles sont ordonnées selon la toposéquence naturelle (de l’amont vers l’aval), et débouchent sur les plans d’eau. L’assemblage végétal spécifique à chacune des unités végétalisées a été classifié d’après la classification végétale d’Alaska (Viereck et al., 1992). Les six unités écologiques naturelles correspondent à :

 la forêt décidue indéterminée Classe végétale d’Alaska I.B.(2),  les pessières Classe végétale d’Alaska I.A.(2)f.,  la zone transitoire Classe végétale d’Alaska II.A.(2)a.,  le milieu humide Classe végétale d’Alaska II.C.(2)b.,  le milieu humide arbustif Classe végétale d’Alaska II.C.(2)f. et  les lacs et autres plans d’eau.

Les deux unités écologiques d’origine anthropiques comprennent :

 les graviers découverts, remblais, déblais et routes et  les surfaces perturbées ou dénudées.

Un milieu particulier apparaît de manière ponctuelle :

 les îlots d’arbres.

La description complète des unités n’est pas exprimée dans le même ordre qu’elles ont été listées pour faciliter l’expression des zones de transition.

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Figure 20 – Couverture de surface A) antérieure à la relocalisation de la route (basée sur la photo aérienne de 1975) et B) actuelle (basée sur l’image satellite de 2010).

3.2.1.1 Forêt décidue indéterminée

La forêt décidue indéterminée s’identifie sur l’image satellite par une abondance d’émission dans l’infrarouge proche (770-895 nm) traduite par une couleur rouge vif. Où l’unité écologique a été observée directement, le couvert végétal est généralement ouvert, avec des arbres clairsemés pouvant atteindre une hauteur de 7-8 m. Le microrelief est accidenté avec des dénivelées de 1-2 m dans un rayon de 10-15 m. Il inclut des pentes irrégulières et discontinues. Le sol est parfois recouvert d’une importante variété de graminées, poacées et astéracées d’une hauteur environnant 1 m. Des graviers, cailloux et/ou blocs jusqu’à 75 cm de diamètre sont parfois visibles à l’œil nu ou reconnaissables par le microrelief. Le niveau arbustif (1-3 m) comprend quelques aulnes crispés (Alnus viridis var. crispa) et saules (Salix spp.). Au niveau de la canopée (>3 m), les peupliers baumiers (Populus balsamifera) et bouleaux à papiers (Betula papyrifera) dominent. La reconnaissance de terrain a permis de valider les parcelles cartographiées sur la butte N-O, sur la route abandonnée et autour du déblai de la butte S-O (figure 20B). Cet assemblage végétal réfère à la classe I.B.(2) [Forêt décidue ouverte] de la classification végétale d’Alaska (Viereck et al., 1992). Son étendue n’est pas suffisamment grande ni régulière pour permettre une classification plus précise.

3.2.1.2 Pessières

Les pessières s’identifient sur les images satellites et aériennes par une texture granuleuse. La signature spectrale des grains plus foncés est exempte de réflexion dans l’infrarouge et très pauvre dans les autres couleurs. Ces grains apparaissent d’un noir absolu sur les images aériennes panchromatiques. Sur la photo satellite, ces grains foncés sont dispersés dans une matrice qui varie du blanc verdâtre au blanc orangé. La forêt boréale est constituée par l’assemblage de deux sous-unités végétales : la pessière à cladine et la pessière à mousse.

La pessière à cladine est relativement ouverte (figure 21A) et repose sur un couvert de lichen (Cladina rangiferina, C. mitis et C. stellaris) parsemé de coussins de mousse forestière (Aulocomnium palustre et Hylocomium splendens). Cette sous-unité inclut notamment des épinettes noires (Picea mariana), des saules (Salix spp.) et des aulnes crispés (Alnus viridis var. crispa); les plus hauts arbres font 5 à 8 m et sont rattachés aux coussins de mousse. Quelques rares bouleaux à papier (Betula papyrifera) ont été aperçus.

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La pessière à mousse est plus densément peuplée (figure 21B) et repose sur un couvert de mousses forestières incluant parfois des sphaignes (Sphagnum spp.). Les arbres qui s’y retrouvent sont les mêmes que dans la pessière à cladine, mais leur hauteur moyenne est moindre (3 à 5 m) et les épinettes (Picea mariana) sont mieux représentées. Sur le lichen comme sur la mousse, le niveau arbustif nain comprend une proportion variable de thé du Labrador (Rhododendron groenlandicum), de bleuet (Vaccinum uliginosum), de canneberge (Oxycoccus microcarpus), de camarine noire (Empetrum nigrum), de chicouté (Rubus chamaemorus), de prêle des bois (Equisetum sylvaticum) et de tussilage fléché (Petasites sagittatus).

Les deux pessières s’organisent en parcelles de forme irrégulière; la dimension de leur plus long axe varie entre 5 et 50 m (figure 21A et B). Dans l’unité écologique, la proportion prise par les parcelles de chaque pessière varie. Dans la classification végétale d’Alaska (Viereck et al., 1992), la pessière à cladine réfère à la classe I.A(2)f. [Picea mariana / Mousses hypnacées / Cladonia spp.] et la pessière à mousse réfère à la classe I.A(2)f. [Picea mariana / Ledum groenlandicum / Hylocomium splendens]. La superficie totale de la forêt boréale semble plus importante sur l’image de 2010 que sur celle de 1975 (figure 20A et B).

Figure 21 – Aperçu des pessières à cladine (A) et à mousse (B – suite à l’autre page).

Figure 21 (suite) – Aperçu des pessières à cladine (A – à la page précédente) et à mousse (B). Les photos ont été prises le 01 octobre, 2011.

3.2.1.3 Milieu humide

Le milieu humide est identifiable sur les images satellites et aériennes par une texture lisse. Sur l’image en quatre couleurs, la réflexion faible dans l’infrarouge proche et forte dans le spectre visible génère un vert jaunâtre. Cette combinaison de couleurs réfléchies dégage un gris pâle lorsque l’image est panchromatique. Le milieu est ouvert (figure 22) et le sol très humide est jonché de buttes de linaigrettes (Eriophorum vaginatum) ayant un diamètre approximatif de 0.40 m et une hauteur similaire. Les espaces entre ces buttes sont de l’ordre de 0.5 m et sont généralement comblés de sphaignes (Sphagnum spp.). Les espaces entre les buttes exemptes de mousse contiennent de l’eau mélangée à des détritus organiques. La présence de graminées et poacées est notable, particulièrement à l’approche du cœur des milieux humides. Au niveau arbustif, des bouleaux nains (Betula nana) et des saules (Salix spp.) sont parfois observés; ils ne dépassent pas 1 m de hauteur. Quelques épinettes noires (Picea mariana) rabougries (jusqu’à 2-3 mètres de hauteur) sont parsemées, surtout vers la périphérie de l’unité écologique (figure 22). Dans la classification végétale d’Alaska (Viereck et al., 1992), cet assemblage végétal fait référence à la classe II.C.(2)b. [Eriophorum vaginatum / Betula nana /

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Ledum decumbens / Sphagnum spp.]. Les arbustes et les épinettes ont connu un développement au cours de la période 1975-2010 (figure 20A et B).

Figure 22 – Aperçu du milieu humide. La route est visible à l’extrême gauche de l’image (A) et le pied de la butte S-O est visible à l’extrémité droite (B). La photo a été prise le 17 juillet, 2013.

3.2.1.4 Zone transitoire

La zone transitoire est un hybride entre les pessières et le milieu humide; elle les sépare littéralement (figure 23). Elle est composée d’une mosaïque des deux unités. La fréquence d’occurrence des parcelles humides augmente et celle des parcelles de lichen diminue en s’approchant du milieu humide. La zone de transition a été cartographiée pour permettre une meilleure représentation de l’aspect graduel des variations écologiques. Dans la classification végétale d’Alaska (Viereck et al., 1992), cet assemblage végétal hybride s’approche beaucoup de la classe II.A.(2)a. [Picea mariana / Ledum decumbens / Vaccinium vitis-idaea / Rubus chamaemorus / Sphagnum spp.]. Le niveau de développement des épinettes noires de la zone transitoire a augmenté entre l975 et 2010 (figure 20A et B).

Figure 23 – Aperçu du milieu transitoire. Noter la cooccurrence de buttes de linaigrettes et d’épinettes de petite taille (le bâton-marqueur fait 3 cm de large par 1 m de haut). La photo a été prise le 25 juin, 2012.

3.2.1.5 Milieu humide arbustif

Le milieu humide arbustif répond à la même définition que le milieu humide mais le niveau arbustif la domine. Le couvert de bouleaux nains (Betula nana) est beaucoup plus dense (figure 24) et les aulnes blancs (Alnus rugosa) s’additionnent à l’assemblage végétal. Les saules et aulnes peuvent atteindre 2 à 4 m de hauteur. Cette unité est reconnue sur l’image satellite par la réflexion considérable de l’infrarouge au sein du milieu humide. Dans la classification végétale d’Alaska (Viereck et al., 1992), cet assemblage végétal semble faire référence à la classe II.C.(2)f. [Bog ouvert à graminées et saules] (Open willow-graminoid shrub bog). Les données relevées sont insuffisantes à la classification au niveau supérieur. Sa distribution géographique semble profondément affectée par la réponse du réseau de drainage à l’implantation de chemins. Entre 1975 et 2010, l’existence du sentier qui relie la butte S-O à la butte N-O et le réalignement de la route ont favorisé le développement de cette unité écologique (figure 20A et B).

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Figure 24 – Aperçu du milieu humide arbustif. Les buttes de linaigrettes et les bouleaux glanduleux sont très abondants. La photo a été prise le 25 juin, 2012.

3.2.1.6 Lacs et autres plans d’eau

Les lacs et autres plans d’eau sont reconnus sur les images comme des étendues homogènes foncées, où la réflexion de la lumière infrarouge proche (770-895nm) est complètement absente. La périphérie des étendues d’eau naturelles est principalement colonisée par des graminées, aucun arbre n’y apparaît. Le contour est normalement très bien défini, mais une auréole montrant un milieu humide de transition est parfois apparente (notamment autour du lac Antifreeze – figure 20A). Sur la photo aérienne de 1975, les étendues d’eau au site étaient limitées au lac Antifreeze et à une petite mare au bord du sentier au pied sud de la butte N-O (<50 m2). Sur l’image satellite de 2010, cette mare a significativement rétréci (de quelques

mètres carrés) et le diamètre moyen du lac Antifreeze a augmenté autour de 10-20 m (figure 20B).

3.2.1.7 Surfaces perturbées ou dénudées

Cette unité n’a pas de signature spécifique sur l’image satellite. Elle a été distinguée afin de représenter les milieux où le sol est toujours composé par les matériaux d’origine, mais où la surface végétale et tourbeuse a été brisée ou retirée. La végétation reprend par endroit, particulièrement où l’humidité est plus élevée. Les surfaces perturbées sont exclusivement

observées au pied du remblai de la route actuelle (figure 20B) et le long de la tranchée où le matériel excavé a été déposé (figure 18).

3.2.1.8 Graviers découverts, remblais, déblais et routes

Les graviers et cailloux découverts constituent un milieu relativement stérile; le sol est sans litière, bien drainé et la végétation en est presque totalement absente (figure 25). La route est pavée d’un enduit bitumineux; l’eau y ruissèle dès l’amorce des précipitations et est rapidement absorbée par les pentes du remblai. L’infiltration d’eau et le drainage des graviers découverts sont relativement efficaces. Néanmoins, certaines graminées colonisent tranquillement les zones plus planes où l’humidité est plus élevée (figure 25).

Figure 25 – Aperçu de la route et son remblai à la section test (vue de la section YG12 vers le sud-sud-est). Noter que la présence de graminées sur le remblai est limitée aux replats. Leur abondance à l’avant-plan de la photo

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3.2.1.9 Îlots d’arbres

La présence d’îlots d’arbres est notable dans la zone d’étude et au-delà (figure 26). Ils mesurent normalement 10-15 m de diamètre et sont peuplés d’épinettes densément groupées, d’une hauteur nettement supérieure aux arbres environnants. Ils sont bien développés et uniformément disposés sur la moraine associée à la glaciation Mirror Creek, plus rares et/ou moins développés dans la zone alluviale associée à la déglaciation de Mirror Creek et absents de la zone associée à la glaciation de Macauley.