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Un classement des exploitations relatif à une anticipation de la demande de denrées

Afin de vérifier si les exploitations anticipent sur une quelconque croissance de la demande prévue avec plus ou moins de bonheur par les organismes2 nationaux ou internationaux habilités à faire de la prospective, une comparaison entre performance des exploitations une année et prévisions est entreprise : La valeur de la production l'année n doit correspondre au moins avec la demande estimée l'année n+1. A cet effet une projection prudente de la FAO est prise pour référence, elle donne les chiffres suivants :

1969 – 1999 1979 – 1999 1989 – 1999 1997 – 1999 à 2015 2015 à 2030 1997 – 1999 à 2030

Monde 2,2 2,1 2 1,6 1,4 1,5

Pays industrialisés 1,1 1 1 0,7 0,6 0,7

Tableau 44 : Taux de croissance de la demande totale en produits agricoles en % par an (source FAO) La performance des exploitations est donc rapportée à la progression de 0,7% par an attendue...

La différence entre PRDn+1 et PRDn est sommairement étudiée globalement (résultats ci-dessous) puis plus

en détail exploitation par exploitation. Enfin, les parts concernées différentiées et les charges correspondantes sont calculés sur la base des tableaux 28 29 30, puis 40 41 et 42, afin de mesurer l'intérêt d'une anticipation, allant en terme de processus, au delà du respect des injonctions implicites de la demande et par voie de conséquence de la PAC.

Ḿ sur 10 ans Ḿ sur 10 ans Profils d(PRD) ≥ 0,7% Exploit d(PRD) ≥ 0,7%

PRDn+1 - PRDn 2 421 € 1% 11021 1807

Tableau 45 : Croissance de la production valorisée pour 2422 exploitations (sans correction de conjoncture) Si la moyenne de la progression de la production sur dix ans est de 1%, elle peut être considérée comme juste suffisante au regard des prévisions s'il est tenu compte de l'inflation. Les prix à la production fluctuent chaque années dans un sens ou l'autre et une hausse peut compenser une baisse, mais 0,3 point de « bonus » par rapport aux prévisions apparaissent comme une bien faible marge de sécurité. Plus rassurant le nombre d'exploitations susceptibles de présenter des résultats supérieurs à la prévision représentent près de 75% de l'effectif observé. Malgré une décennie difficile, le potentiel des exploitations sélectionnées dans l'échantillon semble donc bon, ce d'autant qu'il soutien la performance avec à peine plus de la moitié des années positives.

Ḿ des Profils tel que d(PRD) ≥ 0,7% Ḿ des Profils tel que d(PRD) < 0,7%

Total Prod Env Total Prod Env

S Concernée 148210 85929 62282 143843 78710 65133

R 132180 82153 50027 117250 67745 49505

Tableau 46 : S mobilisée et charges correspondantes relativement à la progression de la production

Le tableau 46 apporte des précisions sur ce qui se passe dans les exploitations lorsque celles-ci voient leur production progresser au delà de 0,7%, ou régresser relativement. Et il s'avère que forcer volontairement l'allure n'apparaît pas comme une solution convaincante. En effet à toute progression de la production correspond un regain d'instabilité et donc de charges.

5.6 Pertinence en terme d'anticipation

Les tendances générales mises en exergue par l'étude de cas de phase cinq de recherche montrent que la production est privilégiée par rapport à la valeur de l'outil de travail. Des stratégies prudentes développées par nombre d'exploitant (798 exploitations) qui prépareraient leur année en anticipant les dépenses iraient tout particulièrement dans ce sens. Le tableau 45 montre une progression plus ou moins régulière qui sur 10 ans permet de satisfaire les besoins toujours grandissant d'une population en croissance mais le tableau 46 montre qu'une production croissante s'accompagne en général d'une augmentation des charges. Autrement dit, une anticipation affirmée par une préparation rigoureuse des spéculations à venir serait très souhaitable si elle n'est pas déjà pratiquée couramment. En dehors de conditions par hasard plus favorables en effet, les augmentations du volume de production ne semblent acquis que par l'intensification des processus...

5.7 Conclusion générale

Qu'il s'agisse de stratégies ou de suivisme, de pertinence ou non d'un choix pour l'une ou l'autre de ces possibilités, les deux parties de cet étude qui s'achève ne permettent pas de répondre avec certitude. En effet, par rapport au travail de la phase deux qui infère à propos de la résilience à partir d'un postulat d'anticipation affirmé arbitrairement (si etc...), les présents résultats ne tentent jamais que de dégager des données des tendances marquantes susceptibles d'être interprétées en quelque sorte « à coup sûr ». Et ces résultats ne sont que peu contrastés et vont dans le sens de la réaffirmation d'une résilience convenables des exploitations observées (soit-elle considérée alors comme étant à l'origine de rigidités). Pressions socio- professionnelle et économique en forme de concurrence (supposée, le phénomène dans le cas de la sécurité alimentaire relèverait plutôt de l'émulation) ou socio-politique de la demande, n'auraient donc qu'une importance très relative parce que technologie et pratiques seraient déjà maximisées (trivialement, au taquet)...

En fait anticipations, rationnelles, pour la croissance et le progrès et tendances à la stabilité, induites par des contraintes sous-jacentes, paraissent procéder de logiques contraires. Non point tant qu'elles s'opposeraient en terme de stratégie, mais que la part des contraintes est telle que la volonté des acteurs se trouve pour son expression étroitement conditionnée par des opportunités qui relèvent tout autant que les catastrophes de l'aléa.

Relativement au niveau de production, il faut retenir qu'un positionnement plus favorable sur l'échiquier du secteur est à peine moins « cher » que la stabilité et que seule l'intensification peut permettre des gains de productivité. Relativement au niveau de l'investissement, il faut retenir que l'opportunisme qu'accompagne la lucidité seul peut conduire à une croissance susceptible de réduire sensiblement l'instabilité et les charges supportées par le système.

Relativement à l'objectif de sécurité alimentaire qui motive en partie ce travail, sans doute faut-il remarquer que les marges de manœuvre pour la décennie 2000 – 2009, quelque peu difficile, n'étaient pas bien grandes et sans doute faut-il retenir que la résilience qui agit plutôt à contresens de la volonté de progrès même si elle peut en motiver l'idée, n'incite que par son absence passagère à passer à l'acte d'investissement. Il paraît donc impératif de préparer plus rigoureusement les spéculations à venir mais ce en sachant que toute ressource consacrée à la pérennité de l'installation ne peut pas aussi être destinée à sa croissance.

Le 10/07/2020

6 La résilience exprimée en terme de processus différentiés

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