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Améliorer l’employabilité et la compétitivité de la main-d’œuvre : l’expérience de Singapour

Dans le document examen de la politique d'investissement (Page 87-91)

en place un système de soutien aux programmes de formation qui comprenait deux éléments principaux : les bourses de formation industrielle (Industrial Training Grant Scheme) et les bourses d’étude à l’étranger (Overseas Training Grant Scheme). L’EDB a également commencé à collaborer avec les entreprises multinationales étrangères (EMN) afin d’établir des centres de formation pour divers secteurs industriels. Trois autres entités ont été créées afin de faciliter la mise en œuvre des programmes de formation : le Conseil de direction pour les formations techniques et industrielles (Vocational and Industrial Training Board), le Fonds de développement des compétences (Skill Development Fund) et l’Agence de développement des compétences.

Le Conseil a pour rôle de superviser tous les instituts de formation technique, vocationnelle, et commerciale tout en permettant aux centres de formation établis par les EMN de fonctionner librement. Le Fonds, quant à lui, permet d’assurer le cofinancement des programmes de formation technique et vocationnelle par l’Etat et les employeurs. L’action du Fonds se fait principalement à travers une subvention de 50 à 80 pour cent des coûts de formation des employés. Enfin, l’Agence de développement des compétences est chargée de renforcer l’employabilité et la compétitivité de la main-d’œuvre singapourienne à travers notamment la promotion des formations continues.

En octobre 2008, la loi sur la contribution au développement des compétences (Skills Development Levy Act) est venue compléter le dispositif. Ce texte a rendu obligatoire le paiement d’une contribution de 0.25 pour cent de la première tranche de $4500 du salaire brut de tous les employés. Cette mesure a été mise en place dans le cadre de la stratégie d’incitations au passage des industries de main-d’œuvre à faible qualification à des secteurs à plus forte intensité de qualification.

Source : http://www.wda.gov.sg

montré que tant que le niveau de la demande solvable est faible, un tel marché a peu de chance d’émerger. De ce fait, Djibouti gagnerait dans l’immédiat à tirer profit des initiatives multipartites financées par des bailleurs de fonds telles que celles en cours dans plusieurs pays d’Afrique.

Ces initiatives visent à améliorer l’adéquation formation-emploi et rassemblent souvent les efforts des services de l’éducation et du secteur privé. C’est par exemple le cas du programme de l’ONUDI qui a pour objectif le développement de l’entreprenariat dans les pays suivants : Angola, Cap Vert, Mozambique, Namibie, République-Unie de Tanzanie et Ouganda. Djibouti pourrait s’atteler à attirer de tels soutiens.

Il est aussi recommandé que Djibouti utilise des outils fiscaux pour inciter à la formation. Ceux-ci peuvent inclure l’exonération de TVA sur toutes les dépenses liées à la formation, à condition que celles-ci soient dispensées dans des organismes reconnus par l’Etat et des crédits d’impôts pour les frais de formation des entrepreneurs, des employés ainsi que pour les stages d’apprentissage. À l’instar de pays tels que le Bénin, le Burkina Faso ou la Tunisie, Djibouti pourrait aussi adopter une taxe sur la formation professionnelle (TFP). Le mécanisme d’une telle taxe consiste à prélever un pourcentage de la masse salariale qui peut aller de un à huit pour cent dans certains pays.

Les fonds ainsi obtenus sont consacrés au financement des formations professionnelles. Une ristourne est reversée aux entreprises sous certaines conditions qui peuvent comprendre la nécessité de disposer d’un document basé sur l’identification des besoins de formation et stipulant un plan de formation annuel ou pluriannuel. Les dépenses éligibles pour l’octroi de cette ristourne peuvent aussi porter sur les formations continues et celles qui sont nécessaires à la reconversion du personnel s’il y a lieu.

3. Cibler l’attraction des IED au niveau sectoriel

Parallèlement aux politiques et actions d’ordre structurel décrites ci-dessus, l’expérience de pays émergents a montré que les flux croissants d’IED reposent également sur des stratégies sectorielles ciblées. Fruit d’un processus de réflexion et de prise de décision nourri par des études détaillées et un dialogue public-privé de qualité, les stratégies sectorielles d’attraction des IED complètent la politique de développement du secteur privé ainsi que la politique industrielle et des services (figure  III.2). Ces stratégies devraient intégrer les éléments de politiques nécessaires au développement des secteurs prioritaires, un recensement des chaînes de valeur d’intérêt pour Djibouti, un énoncé clair des segments ciblés pour l’attraction des IED et une adaptation de la stratégie d’attraction des IED à ces choix spécifiques.

L’INDS énumère les secteurs suivants comme étant prioritaires: 1)  l’agriculture, l’élevage et la pêche  ; 2)  le tourisme et l’artisanat ; 3) le secteur tertiaire (activités de services)  et 4) les mines et les industries de transformation des produits locaux. Dans le sens des orientations de l’INDS, le Gouvernement de Djibouti a exprimé le souhait d’avoir un EPI focalisé sur une stratégie globale d’attraction des IED qui inclut des spécificités sectorielles relatives aux domaines suivants : énergies renouvelables, eau, transport, logistique, tourisme, logement, secteur primaire (agriculture, pêche, ressources minières) et santé. L’analyse effectuée dans les chapitres I et II du présent rapport permet de mettre en exergue les principales forces et faiblesses de Djibouti pour l’attraction des investissements. Au vu de cette analyse, le tableau III.1 présente une matrice d’évaluation sommaire de l’attractivité du pays basée sur une sélection des secteurs

Politique de développement du secteur privé

Politique industrielle et

des services

Stratégies sectorielles Figure III.2. Vers des stratégies sectorielles d’attraction des IED

Source : CNUCED

Tableau III.1. Matrice de l’attractivité des IED à Djibouti

Transport logistique Pêche Tourisme Agriculture Télécommuni- cations et services connexes Industrie manufacturière

Désalinisation de l’eau et énergies renouvelables

1 Mines

Disponibilité des principaux déterminants de la décision d’investissement Coût de la

main-d’œuvre

Ressources naturelles

Infrastructures

de transports

Autres infrastructures

Accès aux marchés

Gains attendus

Création d’emploi

Formation brute

de capital fixe

Exportations

Amélioration

de la concurrence

Liens structurants

Risques potentiels Détérioration de

l’environnement

Type d’investisseurs à cibler

Entrepreneurs

ETN régionales

ETN globales

Sources : CNUCED.

prioritaires, des gains attendus et des risques potentiels ainsi que des investisseurs potentiels

Tenant compte de la disponibilité à terme de cinq déterminants de la décision d’investissement, le tableau III.1 recense les secteurs pour lesquels la combinaison de l’attractivité et des gains attendus mériteraient que des efforts d’attraction des IED y soient concentrés dans un premier temps. Il s’agit des secteurs transport et logistique, pêche, tourisme et agriculture. Bien que les télécommunications ne figurent pas dans la liste des secteurs prioritaires du Gouvernement, Djibouti aurait à gagner en y attirant des IED.

L’EPI n’a pour autant pas pour vocation de fournir des stratégies sectorielles finalisées. Dans ce contexte, l’objectif de cette section est de fournir des pistes de réflexion et des recommandations qui esquissent un canevas pour l’approche que Djibouti pourrait adopter pour le volet sectoriel de la stratégie d’attraction des IED. Ainsi, à l’image

des bonnes pratiques adoptées par des pays tels que la Malaisie et Maurice, est recommandé que le Gouvernement adopte une approche dynamique qui intègre les quatre étapes suivantes : 1) analyses concurrentielles 2) adoption de spécificités sectorielles du cadre légal 3) promotion et ciblage des investisseurs et 4) suivi et évaluation. Les conclusions découlant du suivi et de l’évaluation des résultats obtenus doivent entraîner un recommencement du cycle de manière à s’assurer de la pertinence et de l’efficacité de la stratégie en vigueur (figure  III.3). La discussion qui suit examine tour à tour ces quatre étapes.

Analyses concurrentielles

Une meilleure compréhension de la dynamique des forces concurrentielles agissant sur les entreprises permettra à Djibouti de mieux ajuster le tir en amont et en aval des quatre étapes décrites du processus. En effet, des analyses récentes sur la compétitivité des entreprises montrent qu’au-delà du système réglementaire c’est la structure

concurrentielle du marché qui demeure le principal déterminant de la profitabilité des investissements (Porter, 2008). De même, confirmant l’importance de la profitabilité des investissements comme étant l’un des deux facteurs d’attractivité des IED les plus importants en Afrique, la croissance des IED en provenance de pays africains tel que l’Afrique du Sud est principalement due à la hausse de la marge de profit dans un certain nombre de secteurs, comprenant les télécommunications, la finance et les transports (CNUCED, 2008a). Il est donc recommandé d’élaborer des analyses concurrentielles pour les secteurs les plus attractifs dans le court à moyen terme, incluant les télécommunications. Ces analyses pourraient comporter les points suivants :

1) Analyse du fonctionnement des chaînes de valeur dans lesquelles Djibouti souhaite s’engager.

2) Identification et analyse de la situation des pays actuellement présents dans les segments des chaînes de valeur prioritaires  : leurs forces et faiblesses ainsi que leurs stratégies pour attirer les IED.

3) Etat des lieux des déterminants d’investissement aux niveaux sectoriels à Djibouti et analyse comparative avec les pays concurrents.

4) Identification et analyse du type d’investisseurs potentiels dans le secteur et de leur stratégie d’investissement (voir sous-section ci-dessous) suivi par l’établissement d’une liste spécifique des investisseurs (entrepreneurs et ETN) à cibler.

5) Elaboration de scénarios d’ajustements des concurrents face à un positionnement de Djibouti dans les segments sélectionnés.

Concernant le transport et la logistique, il est conseillé que Djibouti tire pleinement avantage de ses investissements dans les activités portuaires en identifiant les segments sur lesquels attirer les IED en vue de maximiser l’impact de ces derniers sur les objectifs de développement du pays. Il est aussi recommandé que Djibouti accorde une importance particulière à l’évolution de la concurrence dans ce secteur. En effet, l’observation de l’économie mondiale des 30  dernières années montre qu’il existe rarement de position dominante durable dans un secteur économique donné. La nécessité de s’adapter à un contexte concurrentiel mondial en perpétuel mouvement est en effet l’une des principales constantes communes pour beaucoup de secteurs. Sur ce point, le déclin des activités portuaires à Hong Kong suite à l’émergence de concurrents situés Figure III.3. Stratégies sectorielles d’attraction des IED — une approche dynamique

1. Analyses concurrentielles

4. Suivi et évaluation

2. Cadre légal : incitations et réglementations

3. Promotion : ciblage des investisseurs

sectoriels

Source : CNUCED

plus au Nord sur le territoire chinois (encadré III.6) illustre la remise en cause continue des avantages compétitifs et la nécessité de s’adapter à la nouvelle donne.

Concernant la pêche, si le choix de Djibouti d’autoriser uniquement la pêche artisanale est maintenu, les analyses du contexte concurrentiel devraient permettre au Gouvernement de mieux comprendre les avantages et inconvénients générés par une concentration sur la pêche artisanale. De même, les analyses basées sur les expériences d’autres pays exportateurs de poissons devraient mettre en exergue l’impact des différentes options réglementaires sur les IED mises en œuvre dans le secteur en matière de rétention de valeur ajoutée et de création d’emplois. L’EPI recommande que Djibouti explore aussi les possibilités liées à l’attraction d’investisseurs dans la transformation des produits de la pêche. En effet, la plupart des analyses montrent que les plus fortes valeurs ajoutées se situent dans les activités de transformation.

Malgré les contraintes actuelles, notamment en matière de coût de l’énergie, afficher une telle ambition à moyen terme permettrait de donner l’image d’un pays où les IED au niveau sectoriel font partie intégrante de la stratégie de développement du pays.

Malgré des déficiences au plan des infrastructures, le tourisme et l’agriculture devraient aussi faire l’objet d’analyses concurrentielles. En effet, étant donné le problème du chômage à Djibouti, il est établi que ces deux secteurs sont parmi ceux qui créent le plus d’emplois en Afrique. Par ailleurs, c’est aussi la filière du tourisme qui pourvoit le plus d’emplois dans le monde (OMT, 2012). Le tourisme est aussi la première source d’exportations de services pour les PMA, et est parmi les principales sources d’IED de pays références tels que le Cap Vert et Maurice28.

Ainsi, par exemple, en constituant 80 pour cent des IED du pays, le tourisme et ses activités connexes sont devenus la première source de croissance et de devises du Cap Vert (BAD, 2009). Le Cap Vert est ainsi passé de 24  000 arrivées en 1990 à 330 000 en 2008 et vise actuellement un million de visiteurs par an. Cependant, afin de mieux tirer parti du potentiel de la filière touristique une fois toutes les conditions pour la compétitivité de la destination Djibouti réunies, les analyses concurrentielles devraient d’abord aider à clarifier les choix du Gouvernement concernant le ou les type(s) de tourisme qu’il souhaite développer. La détermination de ces choix facilitera l’identification des segments sur lesquels les IED sont attendus.

Concernant l’agriculture, les conditions climatiques de Djibouti, la petite taille de son territoire et la concurrence des pays voisins constituent des limites importantes à sa compétitivité. Dès lors, il serait judicieux d’explorer les opportunités dans des créneaux de niche où la concurrence devrait être moins rude. Cependant, l’exemple de pays tels que la Malaisie avec l’huile de palme et la centaine de produits qui en sont dérivés souligne qu’une telle stratégie impliquerait la promotion de la recherche et développement par l’Etat afin d’attirer les investisseurs. Par ailleurs, malgré l’importance de l’agriculture dans le processus de développement de nombreux pays africains, les études disponibles soulignent la faiblesse des IED dans ce secteur.

A cet égard, les analyses de la CNUCED montrent que durant la période 2005-2007, seuls 0,8 pour cent du flux d’IED dans les pays en développement était destiné aux activités agricoles. Certains pays, dont des PMA tels que le Malawi, le Mozambique et la République-Unie de Tanzanie, se distinguent par des flux et stocks d’IED dans l’agriculture plus importants grâce à une disponibilité de terres agricoles

Encadré III.6. Compétitivité et attraction des IED : le cas de la concurrence

Dans le document examen de la politique d'investissement (Page 87-91)