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LA CHRYSOMUE DU SAULE

Dans le document NATURALISTE CANADIEN (Page 70-76)

Québec, mars 1941

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Cependant cette proportion ne reste pas immuable et si l'on fait le relevé de la population à différentes époques de l'année, on constate qu'au printemps le nombre des femelles est toujours supérieur à celui des mâles. Ainsi, en 1935, comme le montre le tableau 5, le pourcentage des femelles était d'environ 54 à 56 au printemps, tandis qu'il était seulement de 42 à 46 à l'automne.

Cette dimunition dans la proportion des mâles au printemps s'explique aisément du fait que leur taux de mortalité, de la naissance à l'époque de la reproduction, est plus élevé que celui des femelles. Nous avons noté, en effet, lors de nos expériences sur la longévité (tableau 6), qu'au cours de cette période en 1935, le taux de mortalité a été de 48 pour les mâles et de 38 seulement pour les femelles, et en 1936 il fut de 48.4 pour les mâles et de 41.4 pour les femelles.

TABLEAU 5

Proportion des sexes

Date de Nombre d'individus 'r)i de ',7c.• de

l'observation femelles miles

milles femelles total

2 mai 1935 48 57 105 54.3 45.7

29 " 1935 21 27 48 56.3 44.7

27 août " 88 73 161 42.7 57.3

3 sept. " 43 37 80 46.2 53.8

F.:levages divers 202 218 420 51.9 48. 1

Total 402 412 814 49.5 50.5

SORTIE DES ADULTES AU PRINTEMPS

Les adultes sortent des lieux d'hivernement dès que la tem-pérature de l'air est suffisamment élevée au printemps pour leur

LE NsTrust.isTE CANADIEN, Vol. ',XVIII, No 3, mars 1941.

LA CHRYSOMÉLE DU SAULE 71 permettre de se déplacer Nous avons noté en laboratoire que cette température devait être de 52°F. environ. A une tem-pérature plus basse ils ne sont pas capables de mouvements assez puissants. Presque chaque année, les adultes sont montés sur les arbres avant même l'éclosion du feuillage. Ils se nourrissent alors de grains de pollen et cette première nourriture, très riche en matières azotées, leur permet de récupérer rapidement leurs forces amoindries par le long jeûne hivernal. La quantité d'a-liments qu'ils ingèrent pendant les quelques semaines qui cèdent la période active de la reproduction, a une influence pré-pondérante sur leur comportement dans la suite. Les adultes sous-alimentés durant cette période, restent affaiblis et meurent sans avoir pu déposer la totalité de leurs oeufs. Ainsi, en 1936, à cause du temps froid et des longues périodes de pluies persis-tantes en mai, les adultes ne purent s'alimenter normalement et moururent deux mois plus tôt qu'au cours de l'année précé-dente, après avoir expulsé seulement la moitié de leurs oeufs.

ACCOUPLEMENT

A l'instar d'une foule d'autres Chrysomélides, les adultes de C. bigsbyana, nés au cours de l'été, n'atteignent jamais leur maturité sexuelle avant le printemps suivant. Même au prin-temps, le besoin sexuel ne se fait pas sentir tant que les adultes n'ont pas mangé. Nous avons assisté maintes fois à des ten-tatives d'accouplement chez des individus gardés au jeûne, mais un examen attentif à la loupe a montré, chaque fois, que l'acte n'était pas complet.

La rencontre des sexes peut se produire à une température relativement basse, aux environs de 56°F. Naturellement, le nombre d'accouplements augmente avec une élévation progressive de la température de l'air. Le degré hygrométrique de l'air joue également un rôle prépondérant et dans nos élevages les copulations ont toujours été plus fréquentes les jours de fortes humidités atmosphériques.

NATURALISTE CANADIEN, Vol. ',XVIII, No 3, mars 19-11.

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La copulation se passe chez C. bigsbyana comme chez les autres Chrysomélides et la durée de l'acte peut être fort longue.

Dans nos élevages, une femelle ayant accepté le mâle à 2h. 45 de l'après-midi le 20 mai 1936, est restée accouplée jusqu'à 4h. 50.

Les mâles sont toujours plus actifs que les femelles et s'ils sont privés de l'autre sexe ils cherchent à s'accoupler entre eux.

Il est probable que dans la nature peu de femelles échappent à l'accouplement, le nombre des mâles étant suffisant. Nous avons cependant gardé en laboratoire un certain nombre d'in-dividus des deux sexes dans des cages séparées, et nous n'avons noté aucun fait particulier dans le comportement de ces individus vierges. Les individus s'accouplent dès les premiers beaux jours du printemps et ils peuvent répéter l'acte périodiquement jusque assez tard dans l'été,

LONGÉVITÉ DES ADULTES

Les adultes fraîchement éclos ne vivent pas longtemps si on les prive de nourriture. Ainsi, en 1934, 64 individus mis au jeûne dès leur naissance sont morts entre 2 et 11 jours. Au sortir de l'hivernement, les adultes peuvent rester sans manger tant que la température n'est pas assez élevée pour leur permettre des mouvements normaux. En 1936, 6 mâles, sortis de leur quartier d'hivernage le ler mai et privés de nourriture, vécurent de 25 à 31 jours, et 8 femelles vécurent de 30 à 34 jours.

Les adultes ayant la faculté de se nourrir normalement vivent une année en moyenne et passent un hiver et exception-nellement deux. Afin de nous rendre compte (le la durée de la vie des adultes placés dans (les conditions se rapprochant le plus des conditions naturelles, nous avons gardé dans une grande cage englobant un petit saule dans le champ, un certain nombre d'indi-vidus nés en laboratoire. En 1935, 137 adultes comprenant 62 mâles et 75 femelles, nés entre le 16 juillet et le 5 août, furent déposés dans la cage. Il nous a été impossible de retrouver trace de 15 d'entre eux ; les 122 autres sont morts aux époques indiquées dans le tableau 6a.

LE N SITE A LISTE CANADIEN. VOL l'AVEU, No 3, mars 1941.

TABLEAU 6

Mortalité des adultes dans le champ

Époque de la mort

Nombre d'individus

d' d' 99 Total

de mortalité

ee

99 'rotai

(a) Individus nts entre le 16 juillet et 5 août 1935

De l'éclosion à l'entrée en hibernation

7 4 11 12.5 5.9 9.0

Au cours de

l'hiver 1935-36 19 22 41 43.2 35.9 36.9

Au cours du

du 2ème été 15 25 40 53.6 , 59.5 57.1 Au cours de

l'hiver 1936-37 11 16 27 84.6 94.1 90 0 Du début du

prin-temps à la fin du mois de mai

2 I 3 100.0 100.0 100.0

(b) Individus nés en 1936, du 14 au 19 juillet De l'éclosion à

l'entrée en hibernation Au cours de l'hiver 1936-37

Au cours du 4

11 1

• 16 5

27

1'2.9

40.7

2.5

40.0

6.9

40.3

2ème été 16 24 40 100.0 100.0 100.0

LE NATURALISTE CANADIEN, VOL LXVIIL No 3, mars 1941.

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En 1936, nous avons répété l'expérience avec 72 adultes : 31 mâles et 41 femelles, éclos entre le 14 et le 19 juillet. Le ré-sultat fut tel qu'indiqué dans le tableau 6b.

Comme on peut le voir par ces tableaux de 42 à 44% des adultes sont morts avant de pouvoir se reproduire, et 32 à 55%

ont succombé pendant la période de la reproduction ou peu après.

Un certain nombre des individus nés en 1935 réussirent à passer le deuxième hiver, mais ils moururent peu de temps après leur sortie des lieux (l'hivernage.

La durée de la vie de ces différents individus a donc été fort variable. Si nous tenons compte de tous ceux que nous avions en élevage, elle a été telle qu'indiquée dans le tableau 7;

mais, si nous ne tenons compte que (les survivants du premier hiver, elle a été telle que consignée dans le tableau 8.

Il nous parait intéressant de donner dans un tableau sup-plémentaire (tableau 9) la durée de vie des individus (les deux sexes gardés en laboratoire pour nos observations sur la ponte.

Ce tableau permet des comparaisons intéressantes entre les in-dividus vierges et accouplés. On remarquera que la virginité n'affecte pas sensiblement la longévité des adultes. On notera cependant que la durée de vie des mâles est en général plus courte que celle des femelles. D'autre part, si on compare les données contenues dans ce dernier tableau avec celles du tableau précédent, on remarque que la vie des animaux gardés en captivité a toujours été écourtée de quelques jours.

TABLEAU 7 Longévité des adultes dans le champ

Année de

la naissance Sexe

Durée de la vie en jours Moyenne Extrêmes

279.3 14-821

1935

307.8 7-821

d' 235. 1 10-385

1936

204.5 34-385

TABLEAU 8

Longévité des adultes eu laboratoire

Durée en jours

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