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Le choix des terrains

Dans le document Le palmier à huile (Page 69-79)

Le choix des terrains est un élément majeur de la rentabilité future des plantations. À travers des études et une carto-graphie appropriées, il sera possible de préparer les docu-ments indispensables à la réalisation des études de faisabilité mentionnées précédemment. Le choix des terrains aura un impact direct sur la capacité du projet à répondre aux critères de durabilité, s’il s’agit d’une nouvelle plantation. Ce choix pourra être également revu lors d’une replantation d’un cycle de palmier afin de permettre l’accès à une certification de type RSPO.

Les aspects les plus importants à cet égard concernent la carte d’utili-sation des sols, la conservation de la qualité des eaux, de la fertilité du sol, de la biodiversité et de la vie sauvage ainsi que la bonne gestion du puits de carbone.

Études et cartographie des terrains

Un certain nombre d’opérations préliminaires sont indispensables pour rassembler toutes les informations nécessaires.

xxw Préparation des études

Relevés météorologiques

La bonne connaissance de la pluviométrie, qui est l’un des facteurs de production les plus importants, est une des clefs de ces études préli-minaires. Il ne faut pas se contenter de la pluviométrie annuelle, mais aussi collecter des informations sur la répartition mensuelle des pluies. Ces informations peuvent aussi bien provenir des stations météorolo-giques nationales ou régionales ou de postes météorolométéorolo-giques installés sur des plantations déjà existantes. Il faut être attentif à la possibilité de gradients pluviométriques significatifs liés à la présence de reliefs ou d’une bordure maritime à proximité du site du projet. L’accès à des relevés de températures ou de vents dominants, la connaissance des phénomènes météorologiques saisonniers (vents dominants, tempêtes, cyclones, mousson, fœhn, etc.) sont des atouts.

Cartes géographiques et topographiques

Ces cartes permettront de diviser la zone du projet en différents types de paysages. Certains pourront être éliminés d’emblée pour :

abondance de pentes supérieures à 20° (ou 38 %) ;

extrême densité

du réseau hydrographique ; présence de larges zones marécageuses

ou inondables difficiles à

mettre en valeur ;

présence de tourbe de plus de 3,5 m de profondeur ;

présence de forêt primaire

;

présence de larges zones de cultures vivrières

;

autre cause incompatible avec une plantation rationnelle de palmier

à huile.

Photographies aériennes et images satellitaires

Ces photographies et ces images permettront de compléter les cartes précédentes, notamment pour confirmer la topographie (image laser), évaluer les différents types de végétation, visualiser les larges associa-tions de sols et la présence humaine. Le pouvoir de résolution actuel de l’imagerie satellitaire (jusqu’au pixel de 1 mètre) n’est plus un facteur limitant de la qualité de la cartographie que l’on pourra élaborer. Cartes géologiques et pédologiques

Ces cartes, si elles sont disponibles, sont importantes à consulter car elles permettent d’orienter les phases ultérieures du travail.

xxw Études des terrains

Ces études sont plutôt spécifiques à la création de nouveaux projets. Mais, en prévision d’un programme pluriannuel de replantation, des études détaillées ou semi-détaillées d’aménagement pourront être conduites sur tout ou partie des superficies concernées.

Études de reconnaissance

La précision et la densité des renseignements recueillis dans le cadre d’une prospection de reconnaissance dépendent beaucoup de la qualité des informations collectées précédemment. Cette prospection a pour but de vérifier et de compléter les informations tirées des documents. Il s’agit, pour l’évaluation agronomique de chaque type de paysage, de localiser les secteurs devant faire l’objet d’études complémentaires.

Ces études de reconnaissance seront suffisantes pour réaliser une étude de préfaisabilité, ou directement une étude de faisabilité si le paysage est très homogène.

Le réseau de layonnage sera de type dirigé, permettant l’étude de toposéquences, ou bien il sera choisi d’après l’étude des documents cartographiques. Un layonnage systématique à large maille ne sera réalisé que si la zone du projet n’est pas correctement couverte par les cartes, images satellitaires ou photos aériennes disponibles.

Études semi-détaillées

Elles consistent à poursuivre l’étude des zones retenues. Les obser-vations sont réalisées sur un réseau plus ou moins systématique de layons parallèles équidistants de 1 à 2 km. La direction des layons tient compte du modelé général de la zone et doit recouper perpendiculai-rement le sens d’écoulement du réseau hydrographique. Le position-nement de ce réseau doit être extrêmement précis afin de pouvoir être reporté sans erreur sur une carte.

Les effectifs nécessaires pour ces différents travaux (ouverture des layons, observations diverses, prises d’échantillons de sol, observation de la végétation et de la faune, etc.) peuvent être de plusieurs dizaines de personnes sous l’autorité d’un responsable de projet. Les besoins en matériel (théodolite, GPS avec base de référence, microinformatique portable, boussoles, matériel d’arpentage, tarières, clisimètres, sacs pour échantillons, appareils photographiques numériques), en véhicule (véhicule tout terrain pour le transport du personnel et du matériel, éventuellement bateaux) et en intendance (matériel de campement, nourriture, premiers soins, énergie) sont importants. Ces travaux peu-vent être réalisés par des sociétés spécialisées dans ce type d’études. En général, ces études permettront de délimiter sur carte et par grandes masses les zones réservées aux communautés présentes dans et autour du projet, les zones réservées aux couloirs de biodiversité pour leur haute valeur conservative, et les zones adaptées à une plan-tation de palmier à huile. Elles permettront une étude de faisabilité et la documentation des études d’impact environnemental et social. Études détaillées d’aménagement

Elles aboutissent à la localisation précise des blocs de plantation. Sont indiqués tous les emplacements des routes, des ponts, des travaux spéciaux d’aménagement, des zones tampons en bordure de rivières

et fleuves, des villages, etc. Une cartographie géo-référencée pré-cise, à l’aide de systèmes de positionnement géographique lié à une base connue (par exemple, Trimble PathfinderTM Global Positioning System) et les progiciels associés (Geo ExplorerTM, Pathfinder OfficeTM, ArcViewTM et MapInfoTM), sera réalisée afin de préparer la mise en place ultérieure des systèmes d’information géographiques (Sig) et des éléments cartographiques nécessaires à une agriculture de plantation de précision.

Observations à réaliser

Les relevés concernant la topographie, l’hydrographie, la végétation et la faune sont réalisés en continu sur tous les layons. Il est préférable de conduire l’observation de la faune séparément avec une petite équipe, car les animaux sont souvent dérangés par l’activité intense des équipes de layonnage. Les séries de sol sont définies par des études de profils, réalisés sur paroi de fosses, et les variations spatiales sont obtenues par des prélèvements à la tarière. La densité des points d’observation, jusqu’à 10 points par kilomètre, dépendra de l’hétérogénéité des sols. Échelle des documents cartographiques

Étude de reconnaissance : échelle 1/100 000e. Étude semi-détaillée : échelle 1/50 000e. Étude détaillée : échelles 1/20 000e et 1/10 000e.

Les cartes qui pourront être fournies sont les suivantes : localisation de la zone d’étude ;

modelé : topographie

et hydrographie ;

types de végétation

et faune ;

types de sols (séries et classes agronomiques) ;

carte de zonage (communautés, réserves, plantation) ;

plans d’aménagement parcellaire.

Caractérisation des sols

La bonne connaissance des sols est indispensable pour élaborer un projet de développement de palmier à huile. En général, les spé-cialistes classent les sols par rapport aux restrictions que peuvent apporter certaines de leurs caractéristiques aux performances de la future plantation (tableau 7.1). Cette caractérisation est recommandée lors de la préparation d’un programme de replantation si elle n’a pas

été faite lors de la création de la plantation. Elle est aussi indispensable pour évaluer un ensemble de terrains que l’on souhaite acheter. Les restrictions d’usage pourront avoir pour origine aussi bien les caractéristiques physiques que chimiques ou topographiques.

Les sols de type III ou S3 ne doivent pas représenter plus de 10 % de l’ensemble des superficies finalement retenues pour être plantés en palmier. L’aménagement des sols de type IV, V ou N n’est pas recom-mandé car l’investissement sera lourd pour un résultat incertain. Des pentes supérieures à 30 % ou les tourbes profondes relèvent de la classe IV ou N.

xxw Caractéristiques physiques

Le sol peut être considéré comme un système poreux à trois phases : solide, liquide et gazeuse. Certaines caractéristiques de ce système sont permanentes comme la texture. D’autres sont soumises à des facteurs contingents climatiques, biologiques ou mécaniques qui la modifieront et qui pourront interférer avec l’appréciation de la tex-ture. L’équilibre des phases solides, liquides et gazeuses se déplace constamment notamment en fonction de l’humidité du sol qui modifie la structure.

Tableau 7.1. Classification des sols en Asie du Sud-Est.

Caractéristiques des sols Classement

Mohd Arif ParamananthanClassement

Classe Ordre Classe

Sols sans contrainte ou

avec contraintes mineures I Convient à la culture du palmier à huile excellentS1 Sols avec

contraintes modérées II Convient à la culture du palmier à huile bonS2 Sols avec

une contrainte forte III Convient à la culture du palmier à huile marginalS3 Sols avec plus d’une

contrainte forte IV Ne convient pas à la culture du palmier à huile

N

Sols avec au moins

une contrainte très forte V Ne convient pas à la culture du palmier à huile

N

Texture

La texture des sols fait partie des caractéristiques permanentes de ceux-ci. Elle est la résultante des effets des différents constituants et de leur interaction entre eux.

Cette texture est décrite par les proportions relatives en sables, limons et argiles constituant un horizon particulier. Les seuils relatifs à ces différents éléments pour la classification du sol doivent faire intervenir aussi d’autres informations comme la pluviométrie ou la présence de nappe phréatique. Par exemple, un sol sableux contenant moins de 15 % d’argile et de limon peut convenir en absence de tout déficit hydrique ou en présence d’une nappe phréatique bien alimentée. Un sol très argileux ne convient pas dans le cas de déficit hydrique avéré car il devient très compact en saison sèche avec éventuelle-ment l’apparition de fentes de retrait pour certains types d’argiles à phyllosilicates.

Éléments grossiers

Il s’agit de tous les éléments non organiques mélangés à la terre fine et dont la taille est supérieure à 2 mm. Ils sont d’origines diverses : frag-ments de roche-mère, quartz, gravillons ferrugineux et manganésiens, débris de cuirasse, galets de rivière, bombes volcaniques, etc. Leurs dimensions varient de quelques millimètres (graviers) à plusieurs dizaines de centimètres (pierres). Ils constituent un milieu défavorable car ils font obstacle au développement des racines et affectent la capa-cité de stockage en eau du sol.

Hydromorphie

Une hydromorphie de longue durée induit des conditions de sol ana-érobies, extrêmement défavorables au palmier à huile.

Si les autres caractéristiques du sol sont convenables, il est possible de cultiver sur ce sol après drainage et aménagement. Néanmoins, le drainage devra être limité de façon à pouvoir maintenir la nappe entre 60 et 80 cm de la surface du sol, en toutes saisons. De trop grandes amplitudes du niveau de la nappe sont dommageables car l’eau risque d’être inaccessible aux racines absorbantes en saison sèche.

Il convient de vérifier que cette hydromorphie n’est pas due à un horizon très compacté proche de la surface placé au-dessus d’une couche très épaisse de sables presque purs (par exemple, en forêt à Kerangas sur Bornéo). La mise en place d’un système de drainage

perforant cette couche serait catastrophique, car toute l’eau disponible disparaîtrait en profondeur.

Dans d’autres cas, l’hydromorphie est due à une cause interne liée à la structure ultrafine du sol comme par exemple la présence de gleys purs. Ce type d’hydromorphie est très difficile à corriger car l’eau se déplace très difficilement dans ce type de sol.

Profondeur

Le sol devra être le plus profond possible pour permettre un bon ancrage des palmiers. Une évolution progressive de la compacité ou de la teneur en éléments grossiers de la surface en profondeur est beaucoup plus favorable que la présence de changements brutaux tout au long du profil. Si l’alimentation en eau et en éléments minéraux est correcte, des sols de profondeur effective de moins d’un mètre peuvent convenir.

xxw Caractéristiques chimiques

Les niveaux indicatifs en éléments chimiques ont été proposés dans le tableau 3.1 (voir page 32).

Matière organique et azote

La matière organique joue un rôle important dans l’élaboration de la structure et de la porosité des horizons supérieurs du sol. Elle assure un rôle de liant entre les différents éléments. Dans les conditions tro-picales où les sols sont souvent acides, elle forme un complexe argilo-humique mettant à la disposition des racines les cations entraînés dans les percolats.

Dans les conditions tropicales, si l’on excepte les sols tourbeux, la teneur en matière organique a toujours tendance à décroître avec le temps. De bonnes pratiques culturales telles que l’absence de brûlage, le contrôle de l’érosion, la mise en place rapide de la plante de cou-verture, le bon positionnement des feuilles coupées à l’élagage ou à la récolte, le retour des rafles au champ, soit telles quelles, soit sous forme de compost sont recommandées pour ralentir le phénomène. Les sols tourbeux se divisent en trois types selon leur degré de minéra-lisation : les tourbes fibriques non minéralisées, les tourbes humiques et les tourbes détritiques fortement minéralisées. Cette classification est souvent croisée avec leur profondeur. De fait, seules les tourbes

détritiques ou éventuellement humiques de moins de 2 mètres de profondeur peuvent être considérées comme convenant à la culture du palmier à huile.

Le taux d’azote disponible est fortement influencé par le pH du sol et son drainage. Les éléments clefs sont donc le pH, la teneur en carbone organique, l’azote total et le rapport C/N.

Phosphore du sol

Seule une faible proportion du phosphore du sol est disponible direc-tement pour la plante. Il s’agit de celle qui est contenue dans la solution du sol. Le reste est fixé dans les composants minéraux de celui-ci. Il ne sera disponible que s’il en est extrait par une activité biologique comme par exemple l’action des mycorhizes, champignons (Ascomycètes ou Basidiomycètes) vivant en symbiose avec la plante. Le paramètre important est donc le phosphore assimilable Olsen ou Bray.

Capacité d’échange de cations

La capacité d’échange de cations, ou CEC, mesure la capacité du sol à retenir le potassium, le magnésium et le calcium sous une forme assi-milable par la plante. Ces cations sont fixés par les ions négatifs portés par les argiles et la matière organique. Pour certains types de sols, la CEC est dépendante du pH (par exemple, en présence de kaolinite, humus, oxydes de fer ou d’aluminium). Pour éviter une surestimation de la CEC, il peut être utile d’évaluer la CEC effective au pH actuel ou CECE.

Concentration en potassium, calcium et magnésium

La plus grande partie des cations assimilables provient des sites échan-geables de la matière organique. La définition des teneurs en cations échangeables est donc importante. Dans certains cas, une forte teneur en calcium ou en magnésium échangeable perturbera l’absorption du potassium par la plante.

Saturation

La saturation en bases fait référence à la proportion de la CEC consti-tuée par K, Ca, Mg et Na. Une faible saturation signifie que K, Ca et Mg ont été lessivés et remplacés par l’aluminium et l’hydrogène. Une forte saturation dans un sol à faible CEC signifie que la capacité du

sol à stocker et à libérer K et Mg est faible. Dans ce cas, des apports fréquents en quantité faible sont plus efficaces qu’une seule applica-tion annuelle.

Acidité

L’acidité du sol n’est pas un facteur gênant pour la culture du palmier à huile sauf dans le cas de conditions extrêmes rencontrées dans les sols sulfatés acides. Ces sols sont mal drainés, souvent proches du bord de mer. En général, le seuil admis est un pH égal à 4 au-dessous duquel pourrait se développer une toxicité aluminique.

Salinité

Le palmier à huile ne tolère pas les sols salins, ni la présence d’eau saumâtre dans les 50 premiers centimètres de sol. Au-delà de 5 à 10 % de Na+ dans la CEC, les qualités physiques et structurales du sol se dégradent. Si nécessaire, il faut chercher à déplacer les ions Na+ et à les remplacer par des ions H+ ou Ca++.

Oligo-éléments toxiques

Il s’agit de cas assez rares rencontrés sur des sols dérivés de roches ultrabasiques. Géologiquement, ces roches sont liées à l’activité volca-nique ou à des obductions. La présence de nickel ou de chrome dans ces sols a un effet toxique, très difficile à corriger. Ces sols ne sont pas recommandés pour la culture du palmier à huile.

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