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10.   Nos entretiens avec la population concernée

10.3.   Choix des questions

Nous avons commencé par noter toutes les questions qui nous venaient à l’esprit sur une feuille avant de faire une première sélection. Puis, nous les avons présentées à madame Sartoretti, la présidente de l’association Synapsespoir, qui a pris le temps de commenter chacune de nos questions en nous donnant de nombreux conseils au fil de notre rencontre.

Premièrement, elle nous a expliqué qu’il serait judicieux de mettre en place des questions courtes afin de faciliter la compréhension de la personne. Si la personne ne comprend pas notre question, cette dernière risque de paniquer et de se renfermer tandis que si notre question est courte la compréhension est donc plus facile. Les questions devaient donc être claires et précises.

Nous avons également présenté nos questions à notre directrice de bachelor qui a ainsi pu valider leur pertinence. Elle nous a alors conseillé de plutôt débuter nos questions par « est-ce que » faisant de notre question une question ouverte et permettant donc à la personne de disposer d’une plus grande liberté dans la manière d’y répondre. Il n’y a donc pas de réponses pré-établies et le jeune se sent donc plus à l’aise dans sa manière d’y répondre.

75 Nous avons également pris la décision de ne pas faire d’entretiens trop longs afin de ne pas stresser ou fatiguer la personne pour qui le fait d’échanger sur la maladie et sa consommation est un exercice qui demande beaucoup de courage de sa part. Nous avons donc préparé une quinzaine de questions. La durée de nos entretiens ainsi que le nombre de questions nous semblaient adaptées aux personnes rencontrées et quelques fois nous pouvions ressentir un besoin de partager d’avantage de la part du jeune, la durée des entretiens était donc variable.

Nos questions étaient également neutres et évidemment sans jugement. Nous ne voulions en aucun cas juger la personne sur une ancienne consommation de cannabis par exemple. Nous prenions la personne telle qu’elle était tout en respectant ses propos ainsi que son mode de vie passée ou actuelle.

10.4.  Risques  liés  à  la  démarche  

10.4.1.  Les  entretiens  

Les risques liés à la démarche étaient assez nombreux lorsque nous avons pris la décision de rencontrer des personnes concernées par la problématique de la consommation de cannabis et de la schizophrénie. Tout d’abord, comme nous l’a dit Madame Louise- Anne Sartoretti, nous avons été confrontées au risque que la personne ne se présente pas au rendez-vous que nous avions convenu au préalable avec elle. La personne aurait pu décliner au dernier moment notre rendez-vous, rattrapée par ses angoisses, elle aurait pu se sentir incapable de parler ouvertement de sa maladie ou de sa consommation. Il s’agît effectivement d’un exercice difficile pour ces personnes, c’est pourquoi, lorsque nous prenions contact avec elles par téléphone, nous leur donnions la possibilité de choisir le lieu, le jour et l’heure du rendez-vous afin de les mettre en confiance et leur donner l’opportunité d’appréhender notre rencontre de manière plus sereine. Nous leur proposions également d’être accompagnées par un membre de leur famille par exemple, si elles le souhaitaient. Un des jeunes est d’ailleurs venu accompagné de sa maman, ce qui l’a probablement mis en confiance.

Nous devions également être attentives à l’état d’esprit de la personne sur le moment. En effet, la schizophrénie est une maladie qui peut créer de fortes angoisses chez ces personnes et nous étions donc attentives à leur laisser le temps de répondre à nos questions, nous faisions preuve de patience et d’empathie tout en recadrant la conversation lorsque la personne s’éloignait du sujet. Nos questions étaient courtes et simples afin de faciliter la compréhension ainsi que la réponse de la personne. Madame Louise-Anne Sartoretti nous a transmis de nombreux conseils dans la manière d’échanger avec les jeunes rencontrés ce qui nous a permis d’éviter que ces derniers ne se referment ou se sentent mal à l’aise lors de l’entretien ;

• Être claires et concises lors de l’explication de notre travail • Ne pas être directives

• Ne pas donner l’impression au jeune de subir un interrogatoire • Faire preuve d’empathie et d’intérêt

• Éviter tout jugement

76 • Et surtout, faire preuve de naturel et de spontanéité ; la personne en face de nous

est un individu à part entière.

Par chance, chacun d’entre eux s’est senti à son aise lors de nos rencontres et a pu répondre de manière sereine et ouverte à nos questions. Ces rencontres se sont d’avantage déroulées sous forme de discussions plutôt que sous forme d’entretiens questions/réponses. Nous faisions preuve d’empathie envers la personne et son récit, ce qui l’aidait à se livrer d’avantage.

De plus, un des risques que nous avons pris lors de nos rencontres fut d’aborder la question du cannabis qui reste un sujet tabou de par son illégalité. C’est pourquoi nous avons longuement discuté des questions à poser avant nos rencontres avec les jeunes. Il a été difficile de trouver les bonnes questions tout en gardant une certaine distance. Si nous sentions que la personne était à l’aise lors de notre discussion sur ce sujet nous prenions le temps de creuser d’avantage avec elle. Si au contraire, nous ressentions une certaine gêne, nous n’insistions pas.

Une autre difficulté liée à notre démarche était de faire attention à ne pas entrer dans les délires de la personne. En effet, les jeunes nous parlaient quelques fois de leurs hallucinations auditives ou visuelles, et nous ne devions évidemment pas entrer dans leurs délires en validant leurs propos, mais nous devions également être attentives à ne pas porter de jugements ou encore à les contredire. Il nous est arrivé à quelques reprises, lorsque ce type d’éléments paraissaient durant la conversation, d’expliquer à la personne que ce qu’elle pouvait voir ou entendre faisait partie de sa réalité, et que la nôtre était différente. Ceci n’a pas été forcément un exercice facile pour nous, nous avons dû adopter une posture professionnelle adéquate et structurante tout en respectant la personne et ses dires. Nous pensons avoir réussi à faire preuve de respect envers la personne et les symptômes de sa maladie ce qui nous a amenées à des discussions fort enrichissantes avec chacune d’entre elles.

10.4.2.  Transmission  de  notre  grille  d’entretien  

En premier lieu, le risque était que Monsieur Raphaël Debons, le président de l’association Pygmalion, ne trouve pas de jeunes acceptant de répondre à notre grille d’entretien. Il est vrai que pour les deux premiers jeunes rencontrés, nous avons eu l’occasion d’avoir tout d’abord un premier contact téléphonique avec eux, ce qui a permis une première prise de contact et de ce fait également un premier lien de confiance. Afin de diminuer ce risque, nous avons pris soin de rédiger une lettre nous présentant, expliquant les objectifs visés par notre travail de recherche et notre besoin de les rencontrer. Nous avons également été les plus claires possibles quant à l’importance accordée à l’anonymat et au respect de leur vie privée.

Ensuite, nous craignions qu’en utilisant cette technique nous n’obtenions pas les réponses souhaitées. En effet, un risque principal de cette manière de faire a été de ne pas pouvoir approfondir nos questions auprès du public cible, du fait que nous ne les avons pas rencontrés personnellement. Il est vrai qu’avec les deux premiers jeunes, nous avons pu entretenir de réelles conversations autour de notre grille d’entretien et avons ainsi pu obtenir des informations supplémentaires et des compléments.

77 Malgré cette inquiétude, nous avons été surprises de la qualité des réponses envoyées par Monsieur Raphaël Debons, elles étaient certes brèves, mais cependant très concises, intéressantes et répondant de manière exacte à chacune de nos questions. Nous avons ainsi pu aisément les utiliser dans le but de répondre à nos hypothèses. Cet exercice nous a également fait prendre conscience de la qualité de la grille d’entretien que nous avions mis en place.