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4. QUESTIONS DE RECHERCHE

5.1. La démarche de recherche

5.1.1. Le choix de l’échantillon

Notre échantillon se compose de 13 parents d’élèves d’origine diverses (nationalités, origine socioculturelle ou socioéconomique et appartenances diverses) et s’intéresse aux parcours scolaires de 36 enfants, issus de ces 13 familles. Contrairement à ce que nous avions envisagé initialement : trois catégories définies, c’est-à-dire : les parents d’élèves scolarisés exclusivement dans le système public, les parents d’élèves

scolarisés uniquement dans le privé et ceux dont les enfants sont passés d’un système à l’autre, nous avons décidé d’abandonner les deux premières catégories pour nous concentrer sur la dernière catégorie de parents : celle dont les enfants ont effectué une transition d’un système vers l’autre.

Nous avons donc décidé de nous focaliser exclusivement sur cette dernière catégorie de parents car celle-ci nous apparaît comme la plus pertinente pour notre recherche : en effet, ces parents d’élèves ont l’avantage d’avoir fait connaissance, par l’intermédiaire de leur enfant ou parfois même personnellement, avec deux (ou plusieurs) systèmes éducatifs et nous espérons, de ce fait, qu’ils puissent apporter un regard un peu plus objectif sur les divers systèmes éducatifs.

Parmi notre échantillon nous avons distingué deux groupes différents de familles, selon la direction des transitions effectuées par les enfants, ainsi nous avons regroupé les transferts du public au privé (familles Un, Deux, Trois, Quatre, Cinq, Six, Sept, Huit, Neuf, Dix, Onze, Douze et Treize), et ceux du privé au public (familles Deux, Trois, Quatre, Cinq, Huit, Neuf, Onze et Treize).

Il est intéressant de constater une légère surreprésentation numérique de parents d’élèves dont l’enfant a passé du système public au privé, par rapport aux parents d’élèves dont l’enfant a passé du système privé au public. Cette surreprésentation corrobore les statistiques du SGEF/SRED qui font état d’environ 500 transitions annuelles allant du système public au privé, contre environ 400 transferts dans l’autre sens.

Par parent, nous entendons le père, la mère ou éventuellement le représentant légal d’un enfant. Ont été « interrogées » les personnes responsables de l’éducation, il peut donc s’agir du père, de la mère ou des deux parents ensembles. Il est aussi intéressant de remarquer que sur les 13 candidats interviewés, nous n’avons pas réalisé un seul entretien en présence des deux parents, et que seulement deux pères se sont portés volontaires pour parler de l’éducation de leurs enfants. Il faut également préciser que parmi ces deux cas d’entretiens masculins, l’un des interviewés était un veuf fraîchement remarié, et l’autre avait inversé les rôles parentaux avec son épouse, plus qualifiée et mieux rémunérée que lui, durant une longue période. Il était de ce fait

plus compétent pour parler de l’éducation des enfants. Ces faits confirment les observations d’autres chercheurs comme Gayet (1999, p. 71), qui constatent que

« dans tous les milieux sociaux, quoique avec des nuances, la responsabilité de l’éducation des enfants est confiée aux femmes. En effet, dans toutes les catégories sociales confondues, ce sont elles qui s’impliquent le plus dans la scolarité de leur enfant. Le processus s’atténue à mesure que l’enfant grandit mais il ne s’inverse pas ».

Ces parents ont tous comme point commun le fait d’avoir actuellement, ou d’avoir eu un ou des enfants scolarisés dans deux systèmes éducatifs genevois différents (public ou privé), pour un laps de temps qui peut aller de la 1E à la 9ème du Cycle d’Orientation (CITE 0 à CITE 2).

Nous avons à ce propos toléré une exception et recueilli le témoignage d’un parent dont l’enfant n’a jamais effectué de transition (voir portrait de la famille Un).

L’explication de cette exception se trouve dans la profession de la mère qui est enseignante dans le public alors que son enfant a toujours été scolarisé en privé.

Malgré le fait qu’il n’y ait pas eu de zapping scolaire, cette famille a donc une connaissance interne de deux types d’enseignement et se qualifie donc pour figurer au nombre des candidats de notre échantillon. Le cas de la famille Un a été considéré comme une transition du public au privé et a donc été assigné à la première catégorie.

Les parents interviewés ont tous également entrepris une démarche réflexive avant de décider de la transition de leur enfant d’un système éducatif vers l’autre et se portent volontaires d’en parler librement.

La collaboration avec les parents a été optimale et nous avons pu constater une grande curiosité, ainsi qu’un intérêt assez marqué de leur part quant à notre objet d’étude. De tous les candidats sollicités, tous ont répondu avec enthousiasme à notre appel et nous ne pouvons déplorer qu’un cas de refus, justifié par un emploi du temps surchargé.

La constitution de l’échantillon s’est faite de manière plus ou moins aléatoire, au gré de nos rencontres professionnelles ou personnelles, mais aussi en faisant appel aux responsables des associations de parents des Établissement du centre ville et de la

périphérie genevoise. La composition de l’échantillon n’a pas pour ambition déclarée de se montrer représentatif de la globalité de la population genevoise. On constate cependant parmi notre échantillon de parents une surreprésentation d’un milieu socioculturel : en effet, la majorité des familles participantes est issue de la classe moyenne, qui constitue la classe dominante à Genève, et en Suisse également.

Cette relative homogénéité quant à l’origine socio-économique nous permet de mettre en exergue la grande diversité des pratiques et stratégies éducatives existant au sein d’un même milieu.

Il serait néanmoins intéressant de pouvoir élargir et compléter cette recherche ultérieurement par des entretiens avec des parents appartenant soit à des milieux défavorisés, comme des ouvriers, ou au contraire à des milieux particulièrement privilégiés. Ces apports auraient comme avantage d’être un peu plus représentatifs de l’hétérogénéité genevoise. Cependant, la rareté des premiers candidats trouve sans doute une explication en lien avec l’origine socioéconomique et les coûts élevés des taxes des Établissements privés : selon les statistiques du SRED, la représentation d’élèves originaires de milieux défavorisés en école privée avoisine les 1%. Quant aux seconds, leurs enfants fréquentent quasi-exclusivement des Établissements privés, ils tendent à effectuer peu de transitions, ou alors entre une école privée et une autre.

La deuxième catégorie d’interviewés consistait de directeurs d’Établissements du système privé. Notre choix s’est porté sur deux responsables d’Établissements relativement contrastés, mais aussi deux Établissements qui ont été fréquentés par certains enfants de parents que nous avions interviewés ultérieurement (voir Annexe 6).

Ces deux entretiens, plus directifs que les précédents ont été également réalisés sur la base de canevas préétabli. Le but de ces deux entretiens était de récolter des données, d’accéder à une même réalité, soit les choix ou motifs des transitions, cependant par une entrée différente et en s’adressant cette fois non pas à la perception des parents, mais à celle des directeurs d’Établissement privés eux-mêmes. L’intérêt de ce processus nous permet de croiser ces données et de les comparer avec les données parentales que nous avons recueillies lors des entretiens.