CHAPITRE II : TRANSCRIPTION ET CONVENTIONS
3. Choix et conventions de transcription
« Tous les systèmes proposés essayent de tenir un juste équilibre entre la fidélité à ce qui a été dit et la lisibilité d la transposition par écrit. » (C. Blanche-Benveniste, 1997, p 28)
En effet, il est bien difficile de rendre compte des phénomènes oraux comme déjà le prouvent les multiples manières de rendre compte de ceux-ci, et la transcription ne peut pas refléter l'enregistrement avec une fidélité parfaite. Ainsi, nous avons opté pour une transcription orthographique afin de faciliter la lecture, et avec des conventions graphiques rendant compte de la structure syntaxique, de la prononciation et de la prosodie.
Nous avons par conséquent choisie des conventions qui s’inspirent de deux grilles actuellement utilisées par des chercheurs travaillant sur le français oral :
La grille du GARS14 (Groupe Aixois de Recherche en Syntaxe) de l’Université d’Aix Marseille.
La grille de M.A. Morel & L. Danon-Boileau de l’université de Paris III, telle qu’elle est présentée dans leur livre, Grammaire de l’intonation (1998).
14 Pour plus d’information consultez Blanche-Benveniste, « Approche de la langue parlée en français » Editions OPHRYS, 1997, p 28-34.
Les chercheurs du GARS ont adopté une transcription orthographique pour rendre leurs documents oraux authentiques plus accessibles à la lecture. Ils ont éliminé toute ponctuation dans la mesure où la ponctuation de l’écrit, qui aide au découpage syntaxique de la phrase, ne correspond pas toujours au découpage du discours oral. Par exemple, il n’y a pas nécessairement de pause à la fin d’une phrase, tandis que des pauses peuvent séparer une préposition du nom qu’elle introduit. Mais étant donné que le but de la recherche est de décrire la syntaxe de l’oral, les éléments prosodiques n’y sont pas codés de façon explicite.
Les chercheurs de Paris III ont choisi eux aussi pour des motifs de lisibilité l’orthographe standard sans ponctuation. Mais ils ont introduit un système de codification des indices suprasegmentaux. Ils ont recouru à une analyse automatisée des documents oraux authentiques de leur corpus avec le logiciel ANAPROZ conçu par François Colombo (Morel & Danon-Boileau, 1998 : 6), ce qui leur a permis d’attribuer des valeurs objectives à la durée des pauses, à l’intensité et à la hauteur, et donc d’introduire les symboles correspondants avec précision dans les transcriptions.
Les conventions du Gars Les conventions Morel et Danon-Boileau Mise en page
16 lignes par page, en double interligne Titre courant en en-tête en haut à droite
Marge de 3,5 cm à gauche, à droite, en haut ; 5 cm en bas
Mention du locuteur à la marge ; les locuteurs sont numérotés en fonction des prises de parole, L1, L2…
Début du texte à 2cm de la marge Numérotation des pages en haut au centre
Mise en page
Nom du locuteur avec tiret
Transcription
En orthographe standard y compris pour les noms propres, les interjections, les onomatopées et sigles (A.N.P.E., avec points quand on lit les lettres, et ONU sans les points quand il y a une diction enchaînée) Majuscule sur les noms propres et sur les titres (Films, livres, etc.) Pas
Transcription
de majuscules ailleurs. Pas de signes de ponctuation Chevauchement Oui D’accord Énoncés qui se chevauchent (chaque énoncé est souligné)
Chevauchement § §mm§ Chevauchement Assentiment de l’interlocuteur Mots
incomplets un mi- Amorce de mot
Mots incomplets Pas de marque Incertitudes X XXX /d’accord,d’abord/ /ces, ses/ il(s) chante(nt) Syllabe incompréhensible Multi-écoute, suite de syllabe inaudibles ou non orthographiables Multi interprétation Hésitation orthographique en finale de mots Incertitudes Non précisé Mots non orthographiables [ XX ]1 1. prononcé [wista] Segment non orthographiable (mot étranger, enfants, etc,), crochets vides, appel de note et note en bas
de page avec transcription phonétique. Pas précisé Articulation donc: donc° Allongement de la syllabe finale Prononciation remarquable d’un schwa Articulation x : /x ::: e/e ::: quat(re) j’viens Allongement de la syllabe « Euh » d’hésitation
lettres non prononcées chute d’un « e » muet
Liaisons
aller=à Paris les●ami
Liaison remarquable Absence d’une liaison obligatoire
Liaisons non prévu
Pauses - -- /// Pause brève Pause longue Interruption assez longue du discours Pauses , ,, {20} { } (h) / Pause moyenne (40-60 centisecondes) Pause longue Durée de la pause en centiseconde (cs) Pause non mesurée Reprise de respiration audible Rupture brusque de l’émission sonore en coup de glotte Intensité Non prévu Accentuation le PRÉsident I+ I-
Syllabe accentuée par un pic d’intensité Variation d’intensité Intonation (hauteur) Non prévu Intonation (hauteur) Le président Le président H1, H2, H3, H4 : de H2,5 à H4 de H2,5 à H1 Montée de Fo sur la syllabe Chute de Fo sur la syllabe
Quatre degrés relatifs de hauteur du plus bas au plus haut en fonction de la voix du locuteur plage haute plage basse
Figure 1. Les conventions du Gars et de Morel & Danon-Boileau
NOS CONVENTIONS COMMENTAIRE
Mise en page
Marge de 2,5 cm à gauche, en bas, en haut ; 2 cm à droite.
Mention du locuteur à la marge ; les locuteurs sont numérotés en fonction des prises de parole, L1, L2…
Transcription
En orthographe standard y compris pour les noms propres, les interjections, les onomatopées et sigles (A.N.P.E., avec points quand on lit les lettres, et ONU sans les points quand il y a une diction enchaînée).
Majuscule sur les noms propres et sur les titres (Films, livres, etc.) Pas de majuscules ailleurs.
Pas de signes de ponctuation.
Chevauchement
Oui
D’accord
Énoncés qui se chevauchent (chaque énoncé est souligné).
Mots incomplets
un mi- Amorce de mot.
Incertitudes X XXX /d’accord, d’abord/ /ces, ses/ il/s chante/nt Syllabe incompréhensible.
Suite de syllabe inaudibles ou non orthographiables.
Multi écoute, multi interprétation.
Hésitation orthographique. °le président°
Décrochement en plage basse.
Mots non orthographiables
[ XXX ]1 Segment non orthographiable (mot étranger, enfants, etc,), note en bas de page avec transcription phonétique. Articulation don:c de::: six: écol(e), égal(e)ment quat(re) , I(l) donce
euh euh: euh::
j’viens
Allongement plus ou moins long du phonème vocalique.
Allongement du phonème consonantique
Lettre non prononcée.
Prononciation remarquable d’un schwa en excès qui n’est pas une hésitation.
Hésitation plus ou moins longue.
Chute d’un « e » muet Nous signalons les
hésitations par la transcription graphique traditionnelle Liaisons Il est_allé Il y_a aller=à Paris les≠amis école_euh
Application d’une liaison normale.
Prononciation en une seule syllabe.
Liaison remarquable.
Absence d’une liaison obligatoire.
Hésitation couplée avec un « e » caduc prononcé.
Il convient de signaler les liaisons normales dans la mesure où elles impliquent un découpage de la chaîne sonore qui ne correspond pas nécessairement au découpage écrit, et cela peut poser problème. Nous signalons aussi le lien entre la consonne finale même si elle est toujours prononcée et la voyelle suivante car le lien entre les deux mots
n’est pas automatique. Il peut y avoir une interruption dans l’émission. Nous signalons également les phonèmes prononcés ensemble dans une seule syllabe. Pauses | || ||| |||| ® / Pause brève (20-40 Cs). Pause moyenne (40-70 Cs).
Pause longue (plus de 70-100 Cs).
Pause très longue (plus de 100 Cs).
Reprise de respiration audible.
Arrêt brutal de l’émission sans pause.
Pour les pauses, nous renonçons à la virgule (trop marquée par sa fonction à l’écrit), aux tirets et barres obliques utilisés par ailleurs Les reprises de respiration parfois se superposent sur la syllabe et l’estompent, ce qui peut créer un problème de compréhension. Les chiffres indiqués pour la longueur des pauses résultent de notre perception subjective, mesurée sur ordinateur.
Proéminence
le PREsident Syllabe exceptionnellement accentuée par un pic d’intensité et/ou de hauteur.
Intensité
<C’est lui<
>C’est lui>
Énoncé prononcé plus fort.
Énoncé prononcé moins fort.
Débit
+le président+ Énoncé prononcé plus vite.
En conclusion pour ce chapitre nous dirons que l’analyse du discours oral et sa transcription ont évolué à travers le temps notamment grâce aux avancés technologique, allant du magnétophone jusqu’à l’avènement des ordinateurs, permettant ainsi la numérisation et la sauvegarde des signaux oraux pour toujours ; ainsi que les logiciels de transcription qui offrent la possibilité d’aligner les textes et leurs signal oral.
Les recherches menées à cet égard ont contribué à l’élaboration d’un certain nombre de normes et de conventions, qui essayent au mieux de transposer par écrit les différents phénomènes de l’oral spontané.