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de Chirurgie , h P Hôpital Apostolique du Saint Esprit

Dans le document A Monsieur Sergius Filaleie (Page 32-36)

4

•v.

Le

dimanche ausoir, 13 janvier dernier, à cinq heu*

resde nuit. Messieurs JeanVialiprofesseuren chirurgie,

&

JoachimMeiliApoticaire,vinrentcheîmoi,& m’engagé»

rent a

me

rendre aveceuxau corpsde garde delarué Fra-tine,oùleDocteur Bussanm’attendoit avecinquiétude

&

impatience, pour soignerunFrançoisgrièvement

bles-sé.Ils

me

firentaussi les

mêmes

instances,au

nom

de

T

officierde garde.

Je

me

transportai surlechamp,endéshabillé,àce corps de garde.j’yarrivaiau

moment

1*on admini-stroitaumaladeleSaint Viatique

&

1extrême onction

DurantlaCérémonie,leDocteur BussanquiétoitdanJ la sallevoisine,

me

fitl’expositiondel’espèce

&

del’état delablessure,

&

detout cequ’ilavoitfaitjusqu’alors*

poursoulagerlemalade.Dés queleCuréentachevé sea fonctions, le

même

Docteur Bussan

me

présenta au ma-ladeenluidisant:

M, De

Bentcville ,voilàle chirurgien du Pape. Le malade

me

pritparlamain,en

me

conju-rant dele délivrerd’unedouleuraiguë qu’iléprouvoit

à

{aplaye, danslarégiondubas ventreIlm’ajoutaqu’il avoit prévûce quivenoit delui arriver ;quetout cel*

«’étoirfaitcontresonavis’jqu’ilne seseroit rienpass£

k

Rome,

siM.Flotte n’yétoit pasvenudç Naplçs,&<ju*

ilenétoit lui seul lavictijujes Je

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Jeluidemandai

comment

ilavôitétéblessé. il

mi

réponditqu’effouvrantJaporte de lachambre,ils’étoit Senti frapp/ aubafventra,etqu’ilcroyoit qu’ eny en-trant{«iMWBulte-»- on»luiavoit portéce coup,parcequ*

ilavoitdeutpistoletsdanslesmains. Il

m’avoua

quil

lesravo# arraché*àjtf.flotteponr1’einpêcherde tuer per-sonne

Ü

ccquiauroit tuiles fairemassacrer J’uix StJ’ au-tre»de

même

quesa

femme &

sonfils.

t

A

préscerécitqu’il

me

fitenprésence du Docteur Éussan,je visitai lapartiemalade.Je trouvaiune large blessure danslaRégionIliaque,ducôtégauche,

&

d’une forme'irrégulière*Le Doctciu Bussan

me

ditqueces sin-uosités provenoieatdecequ’il avoit aggrandilaplaye enquelques endroits,pourfaciliterla rentrée de l’inte-stin, quis’étoitéchappé au dehors,

&

qui formoit

un

grosvolumefort enflé

&

d’unrouge foncé."N’ayantpû leremettredansla cavitédubas ventre,ill’avoittenu cou-verten

y

appliquant desfomentations;

&

pouréloigner J’inflammation,ilavoit fait tirerdubras du maladedix onces de Sang. Le vomissements’étoitdéjàmanifesté plusieurs fois,

comme

unesuite inévitablede 1’ étran-glementoccasioné par unesifâcheusesituationqui du-roitdepuis plusieurs heures.

x Jenetrouvaipointl’intestinblessé:ilétoit seule-menttrès altéréJepré.érai enconséquence à tout autre remède local, de procéder à son replacement.Je fis coucherlemaladeducôtéopposé;

&

Sansbeaucoup d’em-barras,jeparvinsentrèspeu de minutes àrétablir l’in-testindanssa cavité,ce qui Soulagea surlechamp

M.De

Basseviile.Je pansai ensuiteledehors delaplayeparla voiedelaréunion,enlacouvrantd’emplâtres aggluti-natifs soutenuspar des bandelettes.Lacessation Soudai-nedeladouleur qui l’avoitjusqu’alorsobligéderester couchédans une positiontrèsincommode,

me

permitde leplacer horizontalement dans sonlit.Le maladen’étoit assurément pasenétatd’ être transportéailleurs ,puis qu’ avantdeprescrire aucun remède, le

meme

médecin Bussan,craignant qu’ilnemourût peud’instants apiés, luiavoitfait,avant tout, administrerle sderniers Sacre-mentss

y

ordonnailacontinuationdes fomentations

&

i.

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sfcmbrûcattonsd*huileRozatsur toutlebas ventre.Les 'remèdes

&

tousles autres secoursnécessaires se

trouvè-rentprêts sur lechamp. ,

.

Le Docteur Bussanvoulut^

comme

amiparticulierdu malade, passerianuit auprès delui

,pourleSoigner avec

M.

VialiprofesseurenChirurgie.Jene trouvaidans au-cunepartieducorps,niblessure,nicontusion.Avant de partir,jefiséteindrelefeu quiétoitdanslachambre du malade.Cettepièce etoitbeaucouptrop échauffée$ d’au-tant plusquedansla sallequiétoitàcôté,ilyavoit

un

grandbrasier,b l’usage des Soldats.Jeprisensuite con-gédu malade.Il

me

priadevisiterlelendemainmatin, sa

femme &

sonfils;

&

il

me

dit qu’il étoit forttouchéde

l’intérêtqueluitémoignoitM.

Gamma

officierde garde Il

me

recommandaen outre dedireauPape,qu’il par-donnoitàceluiqui1’avoitblessé,

&

qu’ildesiroitque personnenefutpoursuivià sonsujet

.

Lelendemainmatin,lundi 14,je

me

rendischezle malade,htreizeheures

&

demie.Je trouvai qu’ilavoit Ï

teudormi.Lepoulsétoitcependantmoinsfréquent,

&

envie deVomirétoitdiminuée. Ledomestiquedu

ma-ladequ’onavoitlaisséentrerpourleservir,étoit alors auprès desonlit.

M. De

Basseville

me

demandasij’avois vûsa

femme

.Son domestiqueluiditqu’elleétoit par-tieavecM.Flotte.Ilvoulutsçavoirçquilui avoitfourni de 1’argentpoutladépensedu voyage;

&

son laquais luiréponditquec’étoitleMajor

,

Immédiatementaprèscettevisite,j*allai chezle Pape,aquijerendiscompte del’étatdu maladeSa Saintetéfut fort affligéed’apprendrequelablessureétoit mortelle.Ellem’ordonna enprésence deSon Eminence leCatdinalCampanelli,

&

deMonseigneurleFiscal,de luifournir toutessortesde secours, delevoirsouvent»

&

decommander,enson

nom

,tout cequi

me

paroitroit

nécessairepoorcontribuer àsaguérison

.

- Avant midije retournaichez lemalade.je luifia partdes ordresduSaintPere,enprésencedu Docteuc Bussan.Î1futforttouché de cerécit,

&

il

me

répétaqii*

11pardonnoit àceluiquil’avoitblessé. Je reconnusque toutceque-j’avoi#prcèwrit avoit étéfidcllementexécuté.

"

* Le

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Lemalade neseplaignoitderien avecnioî;ilse lotioit

même

beaucoupdelamanièredont onletraitoit,

&

il voypitlecuré volontiers

&

avecplaisir.Ilétoitinquiet dese sentirextrêmementfoible.Lepouls ètoit petit

&

fréquent.ce quiétoitun

symptôme

des approches dela gangrène.Jeluiordonnai àcet effet quelques cuillerées devin deliqueurquiluifurentservies surle

champ

.

j’ordonnai en outre qu’onne permit plus àpersonne d’entrer danslachambre,

&

qu’onlelaissât en repos.

*Jetransmis àl'officierde garde1*ordrede ne paslaisser plus de dix Soldatsdanslapiècevoisine:telleétant la -volontéexpressedu Pape.Ladernièrefoisqueje levis, àvingt-trois heures

&

demie,jetrouvailepoulstrès foible,lesextrémitésfroides,

&

lemaladeseplaignoit d’uneagitationgénérale.Il

me

demandasijecroyoisle danger imminent;ilm’ajouta qu’il ne craignoit pointla mort,

&

quejepouvoisassûrertoutlemonde,qu’ilavoit toujours vécuainsiquesa,

femme

, danslafoide IaReli-gionCatholique.Je ne devoispas lui dissimulerle dan-ger danslequelilétoit.Il fitalorsplusieursactesd’une véritablereligion

&

d’uuegrande résignation;

&

àdeux heures de nuitdu

même

jour,ilmourutau milieud’un vomissement

.

Lablessuredefeu Basseville n’ètoitpasmortelle par sa nature.Le coupn’avoit pénétréque danslarégiondu bas ventre:ilavoitfaitsortir,ilest vrai,dans une lon-gueétenduel’intestinIlion*maissans l’offenser aucune-ment.Cette blessure ne pouvoitêtrerendue mortelle,ni parlepeu d’espace delachambre où ilfutconduit,ni parlaprésencedu Curé, niparlaprivationprétendue des secours,niparlemoindreobstacleàlatranspiration, niparaucune contusion,niparaucun coupalatêtepour luiarrachersonchapeau avec violence,niparaucune brûlure au visage.Nul de ces accidents n’aexisté,*

&

lemalade nes’en estjamaisplaint avecmoi.

On

peut en-core'moinsattribuer samortàl’agitation,aubruit, aux

fréquentesvisites,oual’irritationdeses nerfs.Rien de toutcelanepeut causerenvingt quatre heures la

Gan-grène^

lamort.S’ileuétoitautrement,ceux qui re-çoiventdepareillesblessures*Siqui vont dansles

Hûpi-’ - taus

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taux,oùifsne trouvent assurément pas plus de

commodi-tés,que n’enaeuBasseviUedansJe corpsde garde, mourroient tousinfailliblement.Cependantleplusgrand nombreguérit,parlaréductiondel’intestinqu’opèrent lespremiers secoursdel’art.Lablessurede BasseviUeest devenuemortelle,parcequel’intestinest resté,durant plu-sieursheures, étranglé entreleslèvresde laplaye.

Une

fomentation extérieuren’ ètoitpas un

moyen

suffisant pour empêcher1’inflammation,

&

par conséquentla gangrène.Le Docteur Bussanauroitdonné une vérita-blepreuve d’amitié

&

d’humanitéà sonami BasseviUe, sidanslepremier

moment,

aulieude tenterl’inutile pro-cédéd’aggrandirlaplayepourreplacer

V

intestin,

&

de secontenter, en attendant ,de quelques fomentations,il avoit faitapellerun habileprofesseur en Chirurgie,le quelauroitsurlechampremisl’Ilion àsaplace:

com-me

on yparvint aisément,en saprésence, mais après l’intervalle

#deplusieurs heuresde retard.Il auroiteu peutêtrelasatisfactiondevoirlaguérison de sonami

,

&'ilse seraitépargnélahonted’imputersamortà tant de causespuériles

&

illusoires.

A’

Rome,

cea8février1793.

Dans le document A Monsieur Sergius Filaleie (Page 32-36)

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