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Définition du mot Avoir : d'abord l'idée d'Avoir peut se confondre avec l'idée d'action ; dans un second sens, Avoir signifie Servir de réceptacle ; Avoir signifie aussi la contenance ; Avoir dans le sens de soutenir, ou dans le sens de tenir en cohésion ; significations titi mot Être correspondantes à celles du mot Avoir.

Avoir.

§ 1. Avoir peut se prendre en plusieurs sens. Premièrement, cette expression peut signifier que la chose agit selon sa nature propre, ou selon son penchant. Ainsi, [10] l'on dit que la fièvre A son empreinte sur le visage de telle personne, que les tyrans ont la domination des cités, que les gens enveloppés d'un habit ont cet habit.

§ 2. Avoir s'applique aussi à la chose dans laquelle se trouve une autre chose, comme en son réceptacle. Ainsi, l'on dit que l'airain A la forme de la statue, et que le corps A la fièvre.

§ 3. En un autre sens, Avoir se dit du contenant où se trouvent les choses contenues; car, en parlant d'un objet contenu, on dit que le contenant [15] l'A dans sa contenance. Par exemple, nous disons que le vase A telle capacité de liquide, que la ville A tant d'habitants, et que le navire A tant de matelots; et c'est encore ainsi que le tout A telles et telles parties.

§ 4. On dit encore d'une chose, qui en empêche une autre de se mouvoir, ou d'agir selon sa tendance, qu'elle A telle influence sur cette seconde chose. Ainsi, l'on dit des colonnes qu'elles Ont la force de soutenir les masses énormes qu'elles supportent. C'est de même encore que les poètes imaginent [20] qu'Atlas A le poids du ciel sur les épaules, de peur sans doute que le ciel ne tombe sur la terre, comme se le figurent certains philosophes parmi ceux qui étudient la nature.

§ 5. C'est aussi de cette manière qu'on dit, de ce qui retient les choses, qu'il A la force de les retenir, comme si, sans cette force de cohésion, toutes les parties allaient se séparer les unes des autres, chacune selon son impulsion propre.

§ 6. Il est d'ailleurs évident que l'expression « Être dans quelque chose, », a des acceptions analogues et consécutives à celle du mot

Avoir.

CHAPITRE XXIV

Définition du mot Provenir ; ce mot peut se rapporter à la matière ou au mouvement ; il se rapporte aussi au composé et à ses parties ; ou bien à l'inverse, il se rapporte aux parties qui forment le tout ; Provenir se rapporte enfin à l'origine et au temps

Provenir.

§ 1. Provenir de quelque chose se dit, en un sens, d'une chose qui sort d'une autre, comme de sa matière ; et en ceci, il peut y avoir encore deux nuances du mot de Matière: l'une, où la matière est le genre primordial ; l'autre, où elle est l'espèce dernière. Mais exemple, on peut dire que tous les liquides ou fusibles Proviennent de l'eau, c'est la première nuance ; ou que la statue Provient de l'airain, c'est la seconde.

§ 2. En une autre signification, Provenir s'applique au [30] principe d'où est venu le mouvement initial. Par exemple: D'où est Provenue cette rixe ? D'une insulte ; car c'est l'insulte qui a été le point de départ de la rixe qui a eu lieu.

§ 3. Parfois, Provenir se rapporte au composé, à l'assemblage de la matière et de la forme.

C'est ainsi qu'on dit des parties qu'elles Proviennent d'un tout, qu'on dit d'un vers qu'il Provient de l'Iliade, et que telles pierres Proviennent de telle maison. C'est que la forme des choses est leur fin ; et tout ce qui a atteint sa fin spéciale est fini et parfait.

§ 4. [35] Quelquefois, on entend le mot de Provenir en ce sens où l'on dit que l'espèce Provient de la partie. Ainsi, l'on pourrait dire que l'homme Provient du bipède, et que la syllabe Provient de la lettre, bien que d'ailleurs ce soit en un autre sens. C'est encore ainsi que l'on dit que la statue Provient de l'airain; [1023b] car la substance composée Provient d'une matière sensible ; mais l'espèce Provient de la matière de l'espèce.

§ 5. Voilà déjà divers sens du mot Provenir; mais il suffit qu'une de ces nuances existe seulement dans une partie de l'être, pour qu'on emploie ce mot. Ainsi, l'on dit que l'enfant Provient du père et de la mère, que les plantes Proviennent de la terre, parce que l'enfant et les plantes Proviennent de quelque partie spéciale de la terre et des parents.

§ 6. En un autre sens, Provenir n'indique que la succession dans le temps. Par exemple, on dit que la nuit Provient du jour, que l'orage Provient du beau temps, parce que l'un Vient après l'autre. Parfois, l'on emploie cette expression pour des choses qui peuvent se changer. l'une dans l'autre, comme celles qu'on vient de citer. D'autres fois, on l'emploie quand il n'y a qu'une des choses qui puisse succéder chronologiquement à l'autre. Ainsi, on dit d'un voyage sur mer qu'il Part de l'équinoxe, [10] parce que c'est après l'équinoxe qu'il a eu lieu ; de même qu'on dit des Thargélies qu'elles comptent à partir des Dionysiaques, parce qu'elles Viennent après.

CHAPITRE XXV

Définition du mot Partie : partie signifie, en général, une division d'une quantité quelconque ; en particulier, la division qui mesure exactement le tout ; le mot de Partie peut être pris sans aucun rapport à la quantité ; parties du genre, parties de l'espèce, parties de la définition.

Partie.

§ 1. Dans un premier sens, le mot de Partie veut dire ce en quoi une quantité peut être divisée, de quelque manière que ce soit ; car toujours ce qu'on enlève à une quantité en tant que quantité est une Partie ; et c'est ainsi qu'on dit que Deux est une certaine partie [5] de Trois.

§ 2. D'autres fois, on n'applique le mot de Partie qu'à ce qui peut mesurer exactement la quantité. C'est ainsi qu'on peut dire que si, en un sens, Deux est une Partie de Trois, il ne l'est pas en un autre sens.

§ 3. Dans une acception différente, on entend par Parties ce en quoi le genre pourrait se diviser sans aucune intervention de quantité ; ce sont là ce qu'on appelle les Parties du genre;

et c'est en ce sens que les espèces sont les Parties du genre qui les comprend.

§ 4. Partie signifie encore ce en quoi un tout se divise, ou ce dont le tout est composé, [20]

que ce soit d'ailleurs, ou l'espèce elle-même, ou la chose qui a l'espèce. Par exemple, l'airain peut être appelé Partie de la sphère d'airain, du cube d'airain, parce que l'airain est la matière où réside la forme. C'est encore ainsi qu'un angle est une Partie de la figure.

§ 5. Enfin, on peut appeler Parties d'un tout les éléments qui entrent dans la définition essentielle expliquant de chaque chose ce qu'elle est. C'est ainsi que le genre même peut être considéré comme faisant Partie de l'espèce, bien que, à un autre point de vue, [25] l'espèce fasse aussi Partie du genre.

CHAPITRE XXVI

Définition du mot Tout ; double sens de ce mot, pris au sens numérique, ou au sens de totalité

; le contenant et l'universel ; le continu et le fini ; emploi simultané des deux sens du mot Tout dans certains cas ; exemples divers pour éclaircir ces expressions et leurs nuances.

Tout.

§ 1. Le mot Tout se dit d'une chose à laquelle il ne manque aucune des parties qui la constituent dans sa totalité naturelle; et aussi du contenant, qui enveloppe les choses contenues, de telle sorte que ces choses forment une certaine unité.

§ 2. Ceci encore peut s'entendre de deux manières : ou bien chacune des choses contenues est une unité individuelle ; ou bien l'unité ne résulte que de l'ensemble de ces choses. Ainsi, l'universel, et en général ce qui est exprimé [30] comme formant un tout, est universel, en ce sens qu'il renferme plusieurs termes à chacun desquels il peut être attribué, et que tous ces termes n'en sont pas moins chacun une unité individuelle: par exemple, un homme, un cheval, un dieu, parce qu'on peut dire de tous qu'ils sont des êtres animés.

§ 3. Dans le second sens, le mot de Tout s'applique au continu et au fini, quand l'unité résulte de plusieurs parties intégrantes qui existent tout au moins en puissance dans le continu, lorsqu'elles n'y sont pas absolument réelles. Et ici, cette nuance du mot Tout [35] se trouve bien plutôt dans les choses que crée la nature que dans les produits de l'art. Déjà, nous l'avons fait remarquer plus haut à propos de l'Un, quand nous avons dit que la totalité d'une chose est une sorte d'unité.

§ 4. [1024a] En un autre sens, comme la quantité a un commencement, un milieu et une fin, on emploie le mot de Tout au sens numérique là où la position des parties, que les choses peuvent avoir, ne fait aucune différence ; mais on le prend au sens de Totalité là où la position fait une différence.

§ 5. Dans les cas où ces deux conditions à la fois sont possibles, on applique aux choses le mot Tout pris, soit numériquement, soit dans le sens de totalité. Les deux nuances du mot Tout sont possibles toutes les fois que le déplacement ne change rien à la nature de la chose qui reste la même, et qui ne change que de [5] forme, comme il arrive pour de la cire, ou pour un vêtement. On peut dire également de ces choses Tout, soit au sens numérique, soit au sens de Totalité ; car elles ont ces deux caractères.

§ 6. Mais en parlant de l'eau, des liquides ou du nombre, on emploie le mot de Tout au sens numérique; mais on ne dit pas Tout le nombre, Toute l'eau, dans le sens de totalité, si ce n'est par métaphore.

§ 7. On dit Tous au pluriel numériquement, quand il s'agit d'objets auxquels le mot de Tout peut s'appliquer au singulier, pour qu'ils forment une unité ; [10] et le mot Tout s'y applique, parce qu'on les considère comme des objets séparés. Par exemple, Tout ce nombre, Toutes ces unités.

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