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Définition du mot Terme ; double sens du mot Terme ; il peut être aussi bien le point de départ que le point d'arrivée ; le Terme se confond avec le pourquoi et le but final ; rapports et différences du Terme et du Principe.

Terme.

§ 1. Le Terme d'une chose quelconque, c'est son point extrême, en dehors duquel il n'y a plus [5] rien à prendre du primitif, et en deçà duquel se trouve tout l'essentiel.

§ 2. Le Terme est aussi la forme limitée d'une grandeur, ou de ce qui a une grandeur quelconque. C'est enfin le but de chaque chose; et par là, j'entends le point où aboutit le mouvement et l'action, par opposition au point d'où il part.

§ 3. Parfois cependant, le mot de Terme a les deux significations, et il exprime tout ensemble, et le point de départ et le point d'arrivée, le pourquoi ou le but final de la chose, sa substance, et ce qui la fait être essentiellement ce qu'elle est. C'est là, en effet, le Terme et le but [10] de la connaissance ; et si c'est le Terme de la connaissance, ce doit être aussi le Terme de la chose. Ainsi évidemment, toutes les significations que peut avoir le mot de Principe, le mot de Terme les a en nombre égal.

§ 4. On peut même dire qu'il en a davantage; car le principe est une sorte de Terme, tandis qu'un Terme n'est pas toujours un Principe.

CHAPITRE XVIII

Définition de l'expression de En soi; elle signifie d'abord la forme et l'essence des choses ; puis, leur matière et leur sujet; rapports de l'idée de En soi et de l'idée de Cause; application de cette expression à la position et au lieu ; application aux éléments essentiels de la définition

; application au primitif du genre, et à ce qui n'a pas d'autre cause que soi.

En soi.

§ 1. L'expression de En soi peut avoir plusieurs acceptions diverses. Un premier sens, [15] 'est la forme et la substance essentielle de chaque chose : Bon En soi, par exemple le bien En soi.

§ 2. En un autre sens, En soi désigne le primitif ou une chose se trouve naturellement : la couleur, par exemple, est dans un primitif, qui est la surface des corps.

§ 3. Ainsi, la chose à laquelle s'applique primordialement l'expression de En soi, c'est la forme ou l'espèce; puis, en second lieu, En soi, signifie la matière et le sujet primordial de chaque chose.

§ 4. L'expression de En soi a d'ailleurs autant de nuances que celle [20] de Cause pourrait en avoir. Ainsi, quand on parle de l'objet En soi pour lequel telle personne est venue, cela signifie la cause qui l'a fait venir. Le sujet En soi sur lequel telle personne a eu tort ou a eu raison, dans une discussion, est la cause qui a rendu son raisonnement faux ou victorieux.

§ 5. En soi peut s'appliquer encore à la position qu'on a prise, et l'on dit : En tant qu'il se tient debout, En tant qu'il marche, pour indiquer, dans toutes ces expressions, la situation et le lieu qu'on occupe essentiellement.

§ 6. Par conséquent, [25] l'expression de En soi se prend nécessairement en des acceptions diverses. En soi exprime d'abord pour chaque chose ce qu'elle est essentiellement : par exemple, Callias est Callias En soi, c'est-à-dire il est ce qu'est essentiellement Callias.

§ 7. En second lieu, En soi exprime tout ce qui entre dans l'essence d'un être. Ainsi, Callias est En soi un être animé; car la notion d'animal entre dans la définition de Callias, puisqu'il est un animal d'une certaine espèce, un être animé.

§ 8. [30] En soi s'entend encore de ce qui se trouve primitivement dans l'objet, ou dans une de ses parties. Par exemple, la surface est blanche En soi; l'homme est En soi un animal, un être vivant, puisque l'âme est une partie de l'homme, et que c'est en elle que se trouve primitivement la vie dont il est animé.

§ 9. On entend encore par l'expression En soi ce dont une autre chose n'est pas cause.

L'homme peut avoir, si l'on veut, bien des causes, l'animal, le bipède, etc. ; mais néanmoins l'homme En soi [35] est homme.

§ 10. Enfin, on appelle En soi tout ce qui appartient à l'être seul, et en tant que lui seul possède la qualité en question. C'est en ce sens que tout ce qui est séparé est dit être En soi.

CHAPITRE XIX

Définition du mot Disposition.

Disposition.

§ 1. [1022b] On appelle Disposition, dans une chose qui a des parties, l'ordre qu'elles présentent, soit relativement au lieu, soit relativement à la puissance, soit relativement à l'espèce.

§ 2. C'est qu'il y a là une sorte de position, comme le mot même de Disposition le fait assez entendre.

CHAPITRE XX

Définition du mot Possession ou État : premier sens dans lequel ce mot peut être pris; second sens de ce mot, qui se confond presque entièrement avec celui de Disposition ; une simple partie de la chose suffit pour la caractériser de cette façon.

Possession.

§ 1. En un premier sens, on doit entendre par Possession une sorte d'acte réciproque [5] de ce qui possède et de ce qui est possédé : par exemple, un phénomène intérieur ou un mouvement;

car, lorsque l'un fait et que l'autre est fait, il y a, comme intermédiaire entre l'un et l'autre, l'action qui fait la chose. Ainsi, entre celui qui porte ou possède un vêtement, et entre le vêtement qui est possédé ou porté, il y a l'intermédiaire du port et de la Possession.

§ 2. Il est évident, d'ailleurs, qu'on ne peut pas posséder cette Possession; car alors la série irait à l'infini, si l'on pouvait dire qu'on possède la Possession de ce qui est possédé.

§ 3. En un autre sens, Possession peut signifier la disposition d'après laquelle on dit d'un être, qu'il est en bon ou mauvais état, soit en lui-même, soit par rapport à une autre chose. C'est en ce sens que la santé est une Possession d'un certain genre ; car elle est une disposition toute spéciale.

§ 4. Pour employer ce mot de Possession, il suffit même qu'il y ait une partie seulement de la chose qui ait cette disposition; et voilà comment le mérite de simples parties constitue. une certaine Possession pour la chose entière.

CHAPITRE XXI

Définition du mot Passion ; en un premier sens, c'est la qualité ; en un autre sens, c'est la réalisation des qualités, surtout des mauvaises ; passion peut avoir aussi le sens de malheurs et de grandes peines.

Passion.

§ 1. [15] En un premier sens, Passion signifie la qualité qui fait dire d'un être qu'il peut devenir autre qu'il n'était. Ainsi, le blanc et le noir, le doux et l'amer, la pesanteur et la légèreté, et toutes les qualités analogues, sont des affections ou Passions des corps.

§ 2. En un autre sens, Passion signifie encore les actes mêmes de ces qualités, et les changements effectifs des unes aux autres. Parmi ces changements et mouvements divers, c'est surtout aux changements et aux mouvements mauvais que le mot de Passion s'applique, et [20] très particulièrement à tous ceux qui sont pénibles ou dangereux.

§ 3. Enfin, on applique ce mot de Passion, d'affection, de souffrance, aux plus grandes infortunes et aux plus grands chagrins.

CHAPITRE XXII

Définition du mot Privation ; premier sens, absence d'une qualité qui n'est pas naturelle ; second sens, absence d'une qualité de nature, relativement au temps, à la partie, à la condition, à la manière ; privation signifie aussi l'ablation des choses ; privations exprimées par des particules négatives ; privation confondue avec la petitesse de la chose, sa difficulté, ou sa mauvaise disposition ; sens vrai du mot Privation.

Privation.

§ 1. Le mot de Privation s'emploie, en un premier sens, pour dire d'une chose qu'elle n'a point les qualités qui lui seraient naturelles. Il y a aussi Privation, même quand la nature n'a pas voulu que l'être eût cette qualité; et c'est ainsi qu'on peut dire d'une plante qu'elle est privée de la vue.

§ 2. En un autre sens, Privation signifie que la chose n'a pas la qualité qu'elle devrait [25]

avoir, soit qu'elle-même, ou au moins son genre, dût posséder cette qualité. Par exemple, on dit d'un homme aveugle qu'il est privé de la vue, tout autrement qu'on ne le dit de la taupe ; car, pour la taupe, c'est le genre qui est frappé de cette Privation ; pour l'homme, c'est l'individu pris en lui seul.

§ 3. On emploie le mot de Privation quand la chose n'a pas ce qui lui est naturel, au moment où elle devrait l'avoir. Ainsi, la cécité est bien une Privation de certain genre; mais on ne dit pas d'un être, quel que soit son âge, qu'il est aveugle ; on le dit seulement quand il n'a pas la vue à l'âge où il devrait l'avoir naturellement.

§ 4. [30] De même, on dit qu'il y a Privation quand l'être n'a pas la qualité que la nature lui attribue, soit dans le lieu, soit dans la relation, soit dans la condition, soit de la manière où la nature voudrait qu'il possédât cette qualité.

§ 5. L'ablation violente d'une chose quelconque s'appelle aussi Privation.

§ 6. Toutes les expressions de négation qui se forment par des particules privatives, composent autant de Privations correspondantes. Ainsi, on appelle inégal ce qui n'a pas l'égalité que naturellement il devrait avoir ; on appelle invisible [35] ce qui n'a pas du tout de couleur, ou ce qui n'a qu'une couleur insuffisante ; de même qu'on appelle apode, ou ce qui n'a pas du tout de pieds, ou ce qui n'en a que de mauvais.

§ 7. Parfois, la Privation, c'est de n'avoir la chose qu'en petite quantité; et c'est ainsi qu'on dit d'un fruit qu'il n'a pas de noyau, parce que son noyau est très petit; [1203a] ce qui revient à dire qu'à un égard quelconque la chose est défectueuse.

§ 8. Parfois encore, la Privation consiste en ce que la chose ne se fait pas aisément, ou en ce qu'elle se fait mal. Ainsi, l'on dit d'une chose qu'elle est indivisible, non pas seulement parce qu'elle n'est pas divisée, mais encore parce qu'elle ne peut pas l'être aisément, ou qu'elle l'est de travers.

§ 9. Parfois, la Privation veut dire que la chose n'a rien absolument de la qualité en question.

Ainsi, on ne dit pas [5] d'un borgne qu'il est aveugle; mais on le dit de celui dont les deux

yeux ont perdu la vue. Voilà encore comment tout le monde n'est pas bon ou méchant, juste ou injuste, mais que l'on a aussi des qualités moyennes. se fait mal.

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