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Changement de num´eraire

Dans le document ELEMENTS DE CALCUL STOCHASTIQUE (Page 75-80)

6.6 Th´eor`eme fondamental de la finance : Probabilit´e risque neutre

6.6.1 Changement de num´eraire

Z t

0

rsds

=StRt

est une martingale. On voit imm´ediatement que siQexiste dQ|Ft = exp

µ

Z t

0

θsdBs1 2

Z t

0

θ2sds

avecθs=µsσ−rs

s est la prime de risque.

SiQexiste, la valeur de tout portefeuille auto-finan¸cant (soitX), actualis´ee est une martingale.

Dans un mod`ele de prix d’actifs financiers, on doit veiller `a ce que le mod`ele ne pr´esente pas d’opportunit´es d’arbitrage. Dans un march´e comportant un actif sans risque, c’est-`a-dire d’un actif dont le prix suit la dynamique

dSt0 = S0trtdt le th´eor`eme fondamental s’´enonce

Th´eor`eme 6.10 Le march´e est sans arbitrage si et seulement si il existe une probabilit´e risque-neutre.

Si la probabilit´e risque neutre est unique, la valeur d’un actif financier H, pay´e `a la date T, est calcul´ee comme l’esp´erance sous la probabilit´e risque neutre du payoff actualis´e, soitVt=EQ(HRT), o`u RT =RT

0 rsds. On parle alors de march´e complet (cette notion est li´ee au th´eor`eme de repr´esentation).

Si la probabilit´e risque neutre n’est pas unique, on parle de march´e incomplet. On peut se r´ef´erer `a l’ouvrage de Bjork ou `a celui de Dana.

6.6.1 Changement de num´ eraire

Il est parfois tr`es utile d’exprimer les prix en valeur relative par rapport `a un autre processus de prix. num´eraire.

D´efinition 6.11 Un num´eraire est un actif financier de prix strictement positif.

SiM est un num´eraire (par exemple le prix d’un z´ero-coupon) on peut ´evaluer la valeurVtd’une strat´egie en terme de ce num´eraire, soitVt/Mt. Il est important de v´eridfier que les propri´et´es fondamentales ne sont pas modifi´ees :

Proposition 6.12 Supposons qu’il y adactifs risqu´es dans le march´e, dont les prix(S(i)t ;i= 1,· · ·, d, t≥ 0) sont des processus d’Itˆo, et tels que S(1) est strictement positif. Soit Vt=Pd

i=1πtiSt(i) le valeur du portefeuille πt = (πti, i= 1,· · ·, d). Sit, t≥ 0) est auto-financant, i.e. si dVt = Pd

i=1πtidSt(i), et si l’on choisit St(1) comme num´eraire, alors

dVt1= Xd

i=2

πtidSt(i,1)

o`uVt1=Vt/S(1)t , St(i,1)=St(i)/St(1).

76 CHAPITRE 6. CHANGEMENT DE PROBABILIT ´E - TH ´EOR `EME DE GIRSANOV Preuve : Nous donnons la preuve pour deux actifs. Soit V la valeur d’un portefeuille auto-finan¸cant construit sur deux actifs de dynamiqueS(i), i= 1,2. Alors

dVt = πt1dSt(1)+πt2dSt(2)=π2tdSt(2)+ (Vt−πt2St(2))dSt(1)/St(1)

= πt2dSt(2)+ (Vt1−π2tSt(2,1))dSt(1).

On exprime les prix en terme du num´eraireS(1).A partir deVt1St(1)=Vt on obtient

dVt=Vt1dSt(1)+St(1)dVt1+dhS(1), V1it. (6.2) L’´egalit´eSt(2,1)St(1)=St(2) implique

dSt(2)−S(2,1)t dSt(1)=St(1)dSt(2,1)+dhS(1), S(2,1)it

d’o`u en utilisant (6.2)

dVt1 = 1 St(1)

³

dVt−Vt1dSt(1)−dhV1, S(1)it

´

= 1

St(1)

³

πt2dSt(2)−π2tSt(2,1)dS(1)t −dhV1, S(1)it

´

= π2tdSt(2,1)+ πt2

St(1)dhS(2,1), S(1)it 1

S(1)t dhV1, S(1)it

Cette derni`ere ´egalit´e implique dhV1, S(1)it=πt2dhS(2,1), S(1)it, d’o`u dVt1=π2tdSt(2,1).

¤ On associe `a un num´eraireM le changement de probabilit´e suivant : Soit Q la probabilit´e risque neutre, telle que le processus (MtRt, t 0) est une Q-martingale. Soit QM d´efini par QM|Ft = (MtRt)Q|Ft.

Proposition 6.13 Soit(Xt, t≥0) le prix d’un actif financier etM un num´eraire. Le prix de X, dans le num´eraireM, soit (Xt/Mt,0≤t≤T)est uneQM-martingale.

Preuve : Si X est un processus de prix, le processus actualis´e Xet def

= XtRt est une Q-martingale. Il en r´esulte que Xt/Mt est une QM-martingale si et seulement si (Xt/Mt)MtRt = RtXt est une Q-martingale.

¤ Le calcul du termeEQ(STe−rT11ST≥a) qui apparait dans la formule de Black et Scholes est imm´ediat : il suffit d’utiliser que, sous Q le processus Mt = Ste−rt/S0 est une martingale strictement positive d’esp´erance 1, et de poser dQb=MtdQ

EQ(STe−rT11ST≥a) = EQb(S011ST≥a)

= S0Q(Sb T ≥a). Il reste `a exprimer la dynamique de S sousQ.b

Un changement de num´eraire est ´egalement tr`es efficace pour calculer le prix d’une option d’´echange, qui estE((S1T−ST2)+).

Un exemple important : Probabilit´e forward-neutre

La valeur `a la datet d’un flux d´eterministeF re¸cu `a la dateT est F P(t, T) = F EQ[exp

Z T

t

r(u)du|Ft].

Si ce flux est al´eatoire, la valeur `a la datetde ce flux est EQ[F exp

Z T

t

r(u)du|Ft].

6.6. TH ´EOR `EME FONDAMENTAL DE LA FINANCE : PROBABILIT ´E RISQUE NEUTRE 77 Par hypoth´ese A.O.A, le processusR(t)P(t, T) est uneQ-martingale, son esp´erance est constante, ´egale

`a P(0, T).

Pour toutT, le processus ζtT :=R(t)P(t, T)

P(0, T) est uneQ-martingale positive d’esp´erance 1. On peut donc utiliser ζtT comme densit´e de changement de probabilit´e. SoitQT la mesure de probabilit´e d´efinie sur (Ω,FT) par QT(A) =EQtT1A) pour toutA∈Ft. LorsqueT est fix´e, on noteraζt=ζtT.

D´efinition 6.14 La probabilit´e QT d´efinie sur FT, par dQT

dQ = ζtT est appel´ee probabilit´e forward-neutre de maturit´eT.

Avec cette notation

EQT(F|Ft) =EQ(F ζT

ζt|Ft). Lorsquerest d´eterministe,QT =Q.

La mesure QT est la martingale mesure associ´ee au choix du z´ero-coupon de maturit´e T comme num´eraire.

78 CHAPITRE 6. CHANGEMENT DE PROBABILIT ´E - TH ´EOR `EME DE GIRSANOV

Chapitre 7

Introduction aux mod` eles poissonniens

Avec le mouvement Brownien, le processus de Poisson est l’autre processus fondamental du calcul stochastique. Une des raisons principales de cette importance est la formule de L´evy-Khintchine, que nous n’aborderons pas ici, selon laquelle tout P.A.I.S s’´ecrit comme le m´elange d’un Brownien et d’une certaine int´egrale de comptage le long d’un processus de Poisson. Nous renvoyons par exemple au chapitre introductif de [1] pour plus de d´etails sur cette formule, d’int´erˆet constant en Finance. Nous ne traiterons dans ce chapitre que le cas simple des processus de Poisson ponctuels d’intensit´efinie.Les distributions exponentiellesde param`etre λ >0,dont nous rappelons que la densit´e s’´ecrit

x 7→ λe−λx11{x≥0},

y joueront un rˆole central, analogue `a celui des distributions gaussiennes pour le Brownien. A la fin du chapitre, nous donnerons un analogue de la formule d’Itˆo pour le processus de Poisson. En fait, il s’agit d’une formule de changement de variable enti`erement d´eterministe, et qui ne n´ecessite aucune hypoth`ese particuli`ere sur la fonctionf.

7.1 Processus ponctuels sur R

+

Un processus ponctuel est la donn´ee d’une suite ordonn´ee de variables al´eatoires positives 0 = T0 < T1 < T2 < . . . < Tn < . . .

qui mod´elisent les instants d’arriv´ee (ou les instants de saut) d’un certain ph´enom`ene. On fait l’hypoth`ese que deux instants d’arriv´ee ne peuvent pas co¨ıncider, soitTn+16=Tn p.s. On suppose aussi que la suite ne s’accumule pas en un point, autrement ditTn +∞p.s. Pour touti≥1 on note τi =Ti−Ti−1 le i-`eme d´elai d’arriv´ee. On remarque la formule

Tn = Xn

i=1

τi. (7.1)

Pour toutt≥0 on introduit

Nt = X

n≥1

11{Tn≤t}

et on dit que{Nt, t≥0}est leprocessus de comptageassoci´e `a la suite{Tn, n≥0}.C’est un processus

`a valeurs dansN, qui compte le nombre de sauts ayant eu lieu avantt. En connaissant ce processus, on peut retrouver la suite{Tn, n≥0} grˆace `a l’identification entre ´ev´enements :

{Nt=n} = {Tn ≤t < Tn+1}. Cette identification est imm´ediate en faisant un dessin :

79

80 CHAPITRE 7. INTRODUCTION AUX MOD `ELES POISSONNIENS

-6

0 T1 T2 T3 T4 t T5 T6

1 2 3 Nt

5

On a aussi trois autres identifications entre ´ev´enements, toutes ´egalement utiles :

{Nt< n} = {Tn> t}, {Nt≥n} = {Tn≤t} et {Ns< n≤Nt} = {s < Tn≤t}.

On fera attention que {Nt, t≥0} est un processus continu `a droite seulement, et non pas continu.

Dans les ´ev´enements ci-dessus, le fait que les in´egalit´es soient strictes ou larges n’est donc pas anodin.

Remarquons enfin queNt<+∞p.s. pour toutt >0. En effet, on a {Nt<+∞} = [

n≥1

{Nt< n} = [

n≥1

{Tn> t} = lim

n→+∞{Tn> t}

et le dernier ´ev´enement est de probabilit´e 1 puisqueTn+∞p.s. par hypoth`ese.

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