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3.2. La lutte contre le chômage

3.2.4. Le chômage de longue durée et non indemnisé à partir de 2020

Page 44 de 113 Graphique 31 : Évolution des demandeurs d’emploi résidents selon le niveau d’éducation

Source ADEM, graphique CSL

Tout comme les demandeurs d’emploi à statut spécifique, cette évolution mériterait une analyse plus profonde pour comprendre quels mécanismes et quels changements du marché du travail pourraient expliquer ces mouvements chez les demandeurs d’emploi. L’on peut se demander, par exemple, si la hausse de la part relative des personnes hautement qualifiées est tout simplement due à la hausse du niveau d’études de la population générale, ou si cette hausse est un indicateur d’une baisse de la demande pour le travail qualifié au Luxembourg, ce qui paraît inconcevable.

Mais ce qui est certain c’est que la formation et plus spécifiquement la formation continue sont des éléments clés sur lesquels il faut absolument investir, et notamment celle concernant les compétences numériques. Comme beaucoup de chômeurs de longue durée n’ont que de faibles qualifications, ils sont généralement perdants face aux personnes plus qualifiées. Et cela crée un cercle vicieux. Car plus le temps de chômage s’allonge, plus le retour au travail devient difficile.

Page 45 de 113 Cette tendance est d’ailleurs confirmée par les derniers chiffres publiés par l’ADEM qui indiquent que 52% des demandeurs d’emploi résidents disponibles sont concernés par le chômage de longue durée au 30 septembre 2021.

L’institut de statistique avance que l’évolution du chômage de longue durée pendant la crise de la covid-19 peut être comparée à la situation de la dernière grave crise économique en 2008-2009, quand la récession déclenchée par la crise financière a entraîné une forte augmentation de la proportion des chômeurs de longue durée. Dans les années suivantes, cette augmentation n’a pu être compensée par le marché du travail pourtant très dynamique.

Avec la fin de la récession déclenchée par la crise sanitaire, le chômage de longue durée a de nouveau bondi à partir de la mi-2020. Il a donc atteint en 2021 une part record avec 52% de chômeurs de longue durée sur le total des demandeurs d’emploi. Un niveau jusqu’alors jamais atteint.

Graphique 32 : Évolution de la part des chômeurs selon durée d’inscription

Le Statec soutient que, parmi les nombreuses perturbations économiques induites par la pandémie, la montée inquiétante du chômage de longue durée se distingue par ses effets durables sur les carrières individuelles et l’économie. Car si le nombre global de personnes sans emploi a à peine augmenté, le nombre des personnes au chômage depuis au moins 12 mois s’est considérablement accru. De plus, malgré un nombre record de postes vacants, le chômage de longue durée reste élevé.

Pour mieux comprendre cet enjeu, l’office de statistique explique qu’il est important d’examiner cette tendance plus en détail et de vérifier si ces nouveaux chômeurs de longue durée diffèrent dans leurs profils en termes d’âge, de sexe et de niveau d’éducation. Dès lors, le Statec se pose la question de savoir si les chômeurs de longue durée « en temps de covid » sont toujours les plus âgés et les moins qualifiés.

Dans les données suivantes, fournies par le Statec, les variations sont exprimées en pourcentages, calculées par la différence du nombre de chômeurs dans les catégories respectives entre mars 2020, lorsque le Luxembourg se trouvait dans le premier confinement, et mars 2021, soit le début de la reprise sur le marché du travail.

De fait, l’évolution du chômage a été différente selon la durée. Le chômage de courte durée (< 4 mois) connaît une forte baisse de -19% et tombe ainsi de 4 506 à 3 790 personnes, similaire à la catégorie de 4-6 mois (-12%) et de 7-11 mois (-8%). En revanche, la catégorie qui compte le plus de chômeurs, celle de 12 mois et plus, augmente de manière inquiétante de 17% en passant de 7 644 à 9 219 personnes.

Page 46 de 113 Graphique 33 : Envolée du chômage de longue durée

Note : variations entre mars 2020 et mars 2021

Comme cela a déjà été constaté, le chômage de longue durée est principalement lié au niveau d’éducation. La plupart des chômeurs de longue durée ont un niveau d’éducation faible (53% contre 44% pour l’ensemble des demandeurs d’emploi). Toutefois, depuis le début de la crise sanitaire, les taux de croissance les plus élevés ont été observés chez les personnes ayant un niveau d’éducation élevé (avec une augmentation de 10,9% pour les femmes et de 8,2 % pour les hommes). Les répercussions de la crise sanitaire sont cependant moins prononcées pour les demandeurs d’emploi de longue durée avec un niveau d’éducation faible (+1,8% pour les femmes et même -12,7% pour les hommes).

Graphique 33 : Évolution de la part des chômeurs par niveau d’éducation

Note : variations entre mars 2020 et mars 2021

L’institut luxembourgeois constate que, depuis le début de la crise liée à la covid-19, le chômage de longue durée a atteint des cercles plus larges de la société, notamment en termes d’âge et de sexe, qui auparavant n’étaient que relativement peu touchés. La majorité des chômeurs de longue durée (54%) appartient toujours au groupe d’âge des 45 ans et plus (pour tous les chômeurs, ce groupe représente 41%). Toutefois, depuis le début de la crise sanitaire, la proportion de femmes à la

Page 47 de 113 recherche d’un emploi depuis plus d’un an a augmenté dans toutes les tranches d’âge. La plus forte augmentation a été observée chez les femmes âgées de 30 à 44 ans, avec près de 10%, tandis que le nombre d’hommes dans ce groupe d’âge a diminué de 5% au cours de la dernière année. Une image similaire se dégage dans les autres catégories d’âge, quoique moins prononcée.

Graphique 34 : Proportion de femmes au chômage de longue durée

Pour sa part, l’édition 2021 du Panorama social, publié annuellement par la Chambre des salariés du Luxembourg (CSL), apporte d’autres informations concernant le chômage, notamment celui de longue durée et des demandeurs d’emploi non indemnisés.

Les données de l’ADEM de décembre 2020, présentées dans le Panorama social, permettent de mieux comprendre quels sont les facteurs qui empêchent les demandeurs d’emploi de retrouver rapidement leur place sur le marché du travail. En effet, près d’une personne sur trois inscrite depuis plus d’un an auprès de l’ADEM a un statut de travailleur handicapé (SH) ou à capacité de travail réduite (CTR).

Formulé autrement, parmi les demandeurs d’emploi ayant l’un de ces statuts spécifiques, 90%

cherchent un emploi depuis au moins un an, contre 40% pour les chômeurs sans statut spécifique.

Graphique 35 : Répartition des chômeurs selon leur durée d’inscription auprès de l’ADEM, décembre 2020

Il faut également ajouter que, globalement, les demandeurs d’emploi faiblement qualifiés forment sans équivoque le groupe de personnes le plus important parmi les inscrits à l’ADEM. Mais surtout, ils sont fortement surreprésentés au sein de la catégorie des chômeurs ayant le statut SH ou CTR.

Page 48 de 113 Graphique 36 : Répartition des chômeurs avec et sans statut spécifique selon leur niveau de diplôme, Luxembourg,

décembre 2020

Mais la situation des demandeurs d’emploi ayant un statut spécifique donne aussi un éclairage supplémentaire sur la relation entre âge et chômage. Ainsi, les trois quarts des personnes handicapées ou CTR inscrites auprès de l’ADEM ont plus de 45 ans.

Graphique 37 : Chômeurs de longue durée selon l’âge, moyenne 2020

Si l’on place la focale sur l’indemnisation, les données de l’ADEM montrent que si la part des chômeurs indemnisés ne tombait guère sous la barre des 50% avant 2013 (à l’exception de 2010, année au cours de laquelle cette proportion est passée pendant plusieurs mois sous ce niveau symbolique), la crise de la dette souveraine européenne a contribué à un allongement des périodes de chômage, et donc à une diminution du nombre de demandeurs d’emploi indemnisés. Par exemple, de janvier 2014 à décembre 2017, ce ne sont en moyenne que 47% des personnes inscrites auprès de l’ADEM qui sont indemnisées.

Depuis lors, la proportion de chômeurs indemnisés connaît une timide tendance à la hausse qui se renforce courant 2020 sous l’afflux de personnes ayant perdu leur emploi dans le cadre de la crise sanitaire. Toutefois, la proportion des demandeurs d’emploi non indemnisés représente toujours près de la moitié des chômeurs.

Concernant la proportion de demandeurs d’emploi indemnisés selon le genre, il appert que les femmes sont moins bien loties que leurs congénères masculins. Ainsi, pour ces premières, la proportion d’indemnisées se situe durablement sous 50% depuis 2010, avec un creux de moins de

Page 49 de 113 45% de 2014 à 2018. Pour les hommes, en revanche, ce n’est que très ponctuellement que la part de ceux qui sont indemnisés tombe sous 50%.

Graphique 38 : Part des demandeurs d’emploi résidents indemnisés et non indemnisés inscrits auprès de l’ADEM