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Certification des produits, des procédés et des systèmes de gestion

3. MÉTHODES D’ATTÉNUATION DES ENJEUX LIÉS AU DÉVELOPPEMENT

3.6. Certification des produits, des procédés et des systèmes de gestion

La certification des produits, des procédés et des systèmes de gestion est une forme de reconnaissance officielle qui est utilisée par les entreprises pour rassurer leurs parties prenantes sur certains enjeux particuliers. Les entreprises multiplient les déclarations environnementales sur les emballages de leurs produits et dans leurs outils de communication afin d’en retirer un avantage concurrentiel découlant d’une image plus positive (ISO, 2004b).

L’organisation internationale de normalisation identifie trois types de déclarations environnementales volontaires qui sont régies par la famille de normes 14020 (ISO, 2000). Selon la norme ISO 14021, l’autodéclaration volontaire de type II devrait porter sur un aspect environnemental majeur et être quantifiée. Qu’elle soit représentée sous la forme d’un texte, d’un symbole original conçu à cette fin ou d’une combinaison des deux, elle se

devrait d’être vraie, exacte et fiable. Toutefois, parce qu’elle n’est pas vérifiée par une tierce partie, elle souffre souvent d’écoblanchiment (greenwashing). En effet, selon une étude réalisée en 2007, 1752 des 1753 autodéclarations environnementales réalisées sur 1018 produits de consommation étaient en partie ou entièrement fausses (Salisbury, 2008). Il n’est donc pas surprenant que seulement 44 % de la population fasse confiance aux déclarations environnementales des produits (Cone Communications, 2009). Pour réduire les risques associés à leurs produits et services et, de ce fait, leur risque de réputation, les entreprises devraient prendre connaissance de la section VI de la norme ISO 26000 qui porte sur les enjeux reliés aux consommateurs (annexe 1).

Pour rehausser la crédibilité de leurs déclarations environnementales, les entreprises se tournent vers l’étiquetage volontaire de type I régi par la norme ISO 14024, par lequel une tierce partie indépendante vérifie, au moyen de critères préétablis, la performance environnementale du produit, ou certaines de ses caractéristiques en regard à sa classe de produits (ISO, 2000). Si son produit est certifié conforme, l’entreprise pourra utiliser la certification environnementale sous la forme d’un écolabel, comme Ecologo, Energy Star, Green Seal et FSC. Le critère de la certification est souvent inclus dans les politiques d’approvisionnement des entreprises pour s’assurer de la crédibilité de leurs fournisseurs et ainsi réduire leur risque de réputation (Normandin, 2012).

Toute certification environnementale est un code d’éthique qui incorpore un nombre croissant d’exigences provenant des règles de droit international et des revendications des parties prenantes externes, ce qui en fait une forme de réglementation entre l’entreprise, l’état, les groupes de pression et les codes internationaux (Pasquero, 2006). Par exemple, dans le domaine de l’agriculture biologique, l’International Federation of Organic Agriculture Movement a développé des normes et mis en place une accréditation biologique pour les organismes de certification, les producteurs et les distributeurs. Aujourd’hui, il y aurait plus d’une centaine de standards de certification biologique à travers le monde et ceux-ci ont fait l’objet d’une normalisation par plus de 60 gouvernements (IFOAM, 2009). Au Canada, la production biologique est soumise au Règlement sur les produits biologiques du Canada et aux exigences de la Norme biologique du Canada (Conseil des appellations réservées et des termes valorisants, 2012).

Le problème est qu’il règne une confusion et un scepticisme grandissants des parties prenantes dus au nombre croissant de certifications plus ou moins crédibles. D’une part, il y aurait 433 étiquettes environnementales dans 246 pays et 25 secteurs industriels, à travers le monde (Ecolabel, 2012). D’autre part, certaines certifications, comme la norme Sustainable Forestry Initiative, sont régulièrement pointées du doigt, dû au manque de transparence et de rigueur du processus d’audit et à la surreprésentation des membres de l’industrie au sein de sa gouvernance (Greenpeace, 2010; Boiral and Gendron, 2010). De ce fait, ce n’est pas seulement la certification elle-même qui perd sa crédibilité, mais aussi toutes les entreprises qui apposent le logotype sur leurs produits. Il est donc important de choisir une certification crédible, quant aux critères et au processus de vérification, et à l’indépendance de sa gouvernance.

Une dernière forme d’autodéclaration environnementale est l’étiquetage de type III, aussi appelé écoprofil, une approche multicritères qui est régie par la norme ISO 14025. Elle fournit des informations standardisées à partir de l’ACV du produit et permet de comparer le profil dans sa catégorie. Le projet de l’empreinte carbone du gouvernement du Québec constitue une déclaration environnementale de produit. Une autre initiative développée par MEC (2012b), en partenariat avec l’organisation Outdoor Industry Association, est l’indice écologique, un outil qui évalue l’empreinte environnementale des produits dans une démarche de cycle de vie. Étant donné la complexité et le coût élevé de la démarche, ce type d’étiquetage est beaucoup moins fréquent en Amérique du Nord. La problématique est que l’ACV est un outil relativement complexe pour en faire un outil marketing auprès des consommateurs. En effet, il repose sur une méthodologie spécialisée et sur un langage scientifique qui n’est pas facile à vulgariser.

Il existe également des certifications qui visent les procédés. C’est le cas de la norme indépendante Bluesign®, exigée par MEC (2012a) à toutes les usines de textile avec qui elle transige. MEC s’assure ainsi que les processus de fabrication sont vérifiés et qu’ils tiennent compte des impacts environnementaux des matières premières, de l'énergie et des rejets dans l'eau et dans l'air. Après l’audit, Bluesign® peut suggérer des modifications aux processus, que ce soit pour réduire la quantité de matières premières ou pour remplacer les produits et les processus nocifs par d'autres, moins dommageables.

Les certifications peuvent aussi porter sur des systèmes de gestion. Bien qu’elle n’ait pas force de loi, l’adoption de la certification ISO 14001 oblige les entreprises à atteindre les

cibles environnementales qu’elles se sont fixées. Un audit doit être réalisé pour que l’entreprise maintienne sa certification. Deux autres systèmes de gestion très connus sont la norme ISO 9001, qui vise l’atteinte de standards de qualité conformes aux exigences des clients, et la norme OHSAS 18001, dont l’acronyme signifie Occupational Health and Safety Assessment Series (OHSAS). Cette dernière vise la prévention des risques liés à la santé et à la sécurité des travailleurs. Ces deux certifications permettent aux entreprises de réduire leurs risques et de rehausser leur image publique (ISO, 2010).

La communication aux parties prenantes est une exigence fondamentale de la réputation d’une entreprise et est discutée à la prochaine section.