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69 centripète. Tôt implantés dans les villes centres des agglomérations, les équipements de 1ère

Première partie / Aspects théoriques de la diffusion des offres de services pratiques sportives

69 centripète. Tôt implantés dans les villes centres des agglomérations, les équipements de 1ère

génération (stade, piscine, gymnase) se diffusent, ensuite, dans les villes de 1ère couronne, 2ème couronne puis se diffusent dans les villes moyennes… en complément, aux bases de plein air. Cela s’apparente à une contamination proximale qui assure une continuité dans la diffusion spatiale des équipements sportifs orientée du centre vers la périphérie. Cette loi de diffusion est, en fait, une dynamique d’imitation des communes. Ainsi, le mouvement a gravité de l’urbain à la nature. Puis l’artificialisation de la nature a suivi son cours avant un retour plus récent vers les villes et l’écologisation des pratiques intra-muros.

Figure N° 10 / Cycle historique de diffusion des activités sportives de nature182

Dans sa pensée, Augustin associe à la fois l’offre et la demande dans ce processus d’innovation / création. Il traite de l’inter relation étroite entre les deux parties. « L’essor des sports de pleine nature est lié aux innovations technologiques et à l’individualisme de masse ». Et cette diffusion, qui correspond à la transmission et à l’adoption graduelle dans le temps et dans l’espace d’une innovation, s’opère généralement sous trois formes : la première d’entre elles est appelée la contagion et désigne l’augmentation du nombre de personnes qui adoptent l’innovation ; la seconde d’entre elles, l’expansion, illustre le fait que des centres soient à leur tour touchés permettant le développement d’une nouvelle

182 Augustin, J-P., Bourdeau, P. et Ravenel, L. (2008). Géographie des sports en France, Figure 1 « Centre et périphérie sportive ». Paris : Vuibert. pp.18.

70 contagion rejoignant la première. Enfin, la dernière forme, la relocalisation, désigne une diffusion à d’autres lieux, opérée lorsque les personnes ayant déjà adopté l’innovation migrent elles-mêmes à leur tour vers d’autres lieux (Augustin, 2008183). Il rejoint Hägerstrand (1953)184 dans sa distinction des 4 étapes de la diffusion : amorce, expansion, condensation, saturation. En définitive, la diffusion correspond à tous les déplacements d’innovations qui cherchent à se répandre de manière homogène dans un système et tendent à faire passer celui-ci d’un état d’équilibre à un autre.

Ce mouvement perpétuel semble se complexifier aujourd’hui. Alors, les géographes souhaitent comprendre pourquoi les deux éléments fondateurs des activités de pleine nature sont questionnés : la relativisation de l’extrême dépendance initiale vis-à-vis des ressources topographiques, hydrographiques, aérologiques, climatiques et la remise en question de la logique de culture sportive autonome épargnée par les motifs d’exploitation commerciale. Les frontières semblent se brouiller. On retrouve, ici, la figure de l’entre-deux (Sibony, 1991185) marquant le partage entre des pôles antithétiques : ville-nature, naturel-artificiel, aménagé-sauvage, lieux émetteurs-récepteurs, touristiques-non touristiques, quotidien-hors quotidien186, montagne-vallée, fonctions résidentielles-récréatives, tourisme-sport…

Augustin nous aura éclairé sur les apports de la géographie à notre sujet de recherche sur la diffusion et les activités sportives de nature. Il nous confirme que la diffusion des sports de nature est liée aux innovations technologiques d’une part, mais aussi à l’individualisme de masse, c’est-à-dire au fait que les pratiquants souhaitent, de plus en plus, être autonomes dans leur pratique et l’exercer quand et où ils le souhaitent. Il ne néglige pas, non plus, le fait que la diffusion des sports de nature est elle le fruit d’une inter relation entre l’offre et la demande plaçant du même coup les parties au cœur de la réflexion. Plus proche du terrain de la géographie, il conclut que l’extrême dépendance aux ressources naturelles n’est plus de mise dans la diffusion des sports de nature. Enfin, Augustin nous confirme que la diffusion fait passer un système d’un état d’équilibre à un autre, impliquant du

183 Augustin, J.-P. (2008). Géographie des sports en France. Paris : Vuibert. pp. 39-40.

184 Hägerstrand, T. (1953). Innovation Diffusion as a spatial process. Chicago: Chicago University Press.

185 Sibony, D. (1991). Entre deux : l’origine en partage. Paris: Seuil.

186 Bourdeau, P. (2003). Territoires du hors quotidien. Une géographie culturelle du rapport à l’ailleurs dans les sociétés urbaines et contemporaines. Le cas du tourisme sportif de montagne et de nature. Habilitation à diriger des recherches, Université Joseph Fourier Grenoble I.

71 même coup, en réaction à ces évolutions, de nouvelles attitudes et comportements. Ainsi le système est-il en perpétuel renouvellement.

Christaller / Bale : la théorie des places centrales

La théorie des places centrales développée par Christaller (1933187) décrit l’espace géographique comme un espace homogène où l’on se déplace, de manière identique, à la même vitesse et dans toutes les directions. À partir de là, il en conclut que toute agglomération est constituée en vue de fournir un certain nombre de biens et services à son arrière-pays. Ainsi, en résulte-t-il une hiérarchie des centres urbains fondée sur la nature des biens et services produits et distribués sur l’étendue de l’arrière-pays desservi : les biens et services ordinaires faisant l’objet d’une demande massive et régulière, observent une distribution dispersée. Les biens et services rares dont la demande est plus limitée, nécessitent une population agglomérée plus importante pour en rendre la production et la distribution rentables. Ce modèle fonctionne sans tenir compte des comportements culturels et psychologiques distincts des populations prenant appui sur le fait que les consommateurs et producteurs font des choix rationnels et se déplacent de la manière la plus économique. Ainsi l’organisation spatiale des villes obéit-elle à des hiérarchies entre des lieux centraux principaux et secondaires. Cette théorie s’appuie sur trois logiques : une logique de marché (loi de l’offre et de la demande), une logique de transport (logique d’économie dans les déplacements entre le lieux) et une logique administrative (influence de l’exercice d’un pouvoir administratif d’un lieu sur un autre). Même si les schémas géographiques sont décriés et considérés notamment par Löchst (1954188) comme mathématiquement faux, il n’en demeure pas moins que cette théorie a été reprise par bon nombre de chercheurs. Très controversé et discuté dans le cercle des géographes, ce modèle a, de façon ultime, été appliqué au sport par Bale (1993189, 2003190). Ce dernier auteur reprend les éléments de la théorie et les applique au secteur sportif en affirmant les relations suivantes : plus le milieu est dense, plus le niveau de vie y est élevé, plus la zone de chalandise est de taille, plus le rythme urbain y est intense… plus la diffusion sera importante et son rythme rapide. Il traite ici des conditions d’adoption et surtout de la vitesse d’adoption des innovations.

187 Christaller, W. (1933). Die zentralen Orte in Süddeutschland. Iéna: Fischer.

188 Löchst, A. (1954). The Economics of Location. Yale: Yale University Press.

189 Bale, J. (1993). Sport, Space and the City. London: Routledge.

190 Bale, J. (2003). Sport Geography 2nd Edition. London: Routledge.

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