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5.1 : Évolution des facteurs périphériques

5.1.1 : Un dynamisme fluctuant

Toujours dans la volonté de comprendre la périphéricité atlantique, nous faisons l’hypothèse que les trajectoires territoriales sont variées. Il faut alors les définir pour mieux classer les régions selon leur parcours. Si une périphérie combine de multiples facteurs explicatifs, les données socio-économiques semblent les plus communes mais aussi les plus pertinentes. Cependant, avant de se projeter sur l’évolution des facteurs périphériques, il faut en fixer la réalité passée et actuelle. Les paramètres ont été choisis selon les critères qui, en 1989, avaient exposé la périphéricité des régions atlantiques, principalement le niveau de richesse et le chômage (annexe 19). L’analyse première retiendra donc le PIB/hab. en SPA (avec l’indice UE15=100) et le taux de chômage. Ces deux arguments sont révélateurs de la santé socio-économique de façon plus globale. D’ailleurs, les sommes allouées à l’Objectif 1 de la politique régionale européenne, caractérisant les régions en retard socio-économique, ne reposent sur le calcul du simple PIB/hab. en fonction de la moyenne communautaire (le seuil admis étant 75%). L’année initiale prise en compte est arrêtée en fonction de la disponibilité des données (1995). L’opération se réitère pour connaître la situation finale (2005). La dernière étape consiste à pointer les « sauts de classes » réalisés par certaines régions pour visualiser le rattrapage (ou le décrochage) accompli. Notons que les régions insulaires des Açores, Madeira et Canarias sont exclues.

Les quarante-deux entités sont réparties en cinq classes distinctes (tableau 6), la première classe représentant les régions riches, à faible taux de chômage. Les classes qui s’ensuivent proviennent de la dégradation de ces deux caractères. Le tableau croisé des effectifs (tableau 7) montre qu’entre 1995 et 2005, des sauts de classes sont effectués. Vingt régions (cases grisées) n’en changent pas, soit 48% des individus. Cette stabilisation de la situation à une dizaine d’années près ne signifie pas forcément qu’il n’y ait pas d’évolution. En effet, les bornes des classes montrent une évolution des valeurs délimitant les classes. Ainsi, la classe 1 des régions les plus riches et les moins affectées par le chômage passent d’une position moyenne au PIB/hab. plus élevée et à un taux de chômage plus bas. Il est donc fort probable pour cinq des six régions concernées que leur situation générale se soit améliorée. On remarque ensuite que le pas de franchissement d’une classe à une autre ne dépasse guère la valeur 1. Seules quatre régions (9,5% des individus) augmentent ou baissent dans la hiérarchie établie. Ces changements prouvent une différence de dynamisme socio-économique qui nuance le qualificatif de périphérie octroyée à l’espace atlantique dans sa globalité.

Ch. 5 : Catégorisation des profils régionaux

Valeurs des bornes en 1995 Valeurs des bornes en 2005

CLASSES PIB/hab. en SPA Taux de chômage PIB/hab. En SPA Taux de chômage

1 92,7% à 111,7% 4,4% à 5,1% 96,6% à 140,3% 3,3% à 4,6%

2 92,3% à 101,7% 6% à 10,9% 91,2% à 116,1% 3,5% à 5,7%

3 77,4% à 93,0% 4,4% à 9,7% 86,1% à 99,7% 3,3% à 7,8%

4 57,2% à 93,3% 3,4% à 18,8% 56,6% à 89,3% 2,7% à 7,6%

5 58% à 89,9% 8,1% à 29% 53,1% à 80% 7,5% à 16,8%

CLASSES Position moyenne supprimant les extrêmes

1 99,4% 5,0% 112,0% 3,8%

2 96,5% 9,2% 95,7% 4,6%

3 86,3% 7,6% 89,8% 6,3%

4 67,6% 6,8% 78,1% 4,9%

5 68,2% 14,3% 70,8% 7,8%

Tableau 6 : Description des classes socio-économiques

Années 2005/2006 CLASSES 1 2 3 4 5 TOTAL 1995 1 5 0 0 1 0 6 2 2 1 3 0 0 6 3 0 2 5 7 0 14 4 0 1 1 4 1 7 5 0 2 1 1 5 9 Total 7 6 10 13 6 42

Tableau 7 : Croisement des effectifs

5.1.2 : Trajectoires socio-économiques régionales

Selon la disponibilité des données, soumise à la variabilité des années de collecte, aux découpages transnationaux et infranationaux des objets étudiés, ou encore à des facteurs analysés variables selon les bases de données consultées, la durée de l’analyse s’étendra entre 1993 et 2006 (tableau 8). Cet intervalle d’étude permet d’ailleurs de couvrir les évolutions des régions atlantiques durant les différentes périodes de programmation communautaire marquant la reconnaissance de l’échelon interrégional atlantique (1994-1999 et 2000-2006). Pour étudier la périphéricité éventuelle, on s’intéresse toujours à la richesse des régions perçue ici via le PIB ramené à la population. La parité de pouvoir d’achat permet d’intégrer le contexte national du coût de la vie qui diffère selon les pays. Cet indicateur clé de la politique régionale européenne fera référence à l’Union européenne à quinze États-membres afin d’éviter le biais lié à l’entrée de douze nouveaux adhérents plus pauvres (UE 15=100). Il paraît logique de resituer les régions atlantiques, qualifiées de périphériques en 1989, dans ce contexte afin de visualiser leur dynamique. La prise en compte du PIB/hab. en SPA en 2005 (valeur brute) est ajoutée à la sélection. Il permet ainsi un réajustement dans l’interprétation de l’évolution de ce paramètre, les indices les plus bas en 1995 étant logiquement plus à même de progresser fortement que ceux plus élevés initialement. Il ne faudrait alors pas en tirer de conclusions erronées dans un sens comme dans l’autre.

Indicateurs socio-économiques Dynamique État - Population totale

- Apport migratoire Entre 1993 et 2005 2005 PIB/hab. en SPA (UE 15=100) Entre 1995 et 2005 2005 - Taux de chômage

- Nombre de chômeurs - Population active - Emplois tertiaires

Entre 1995 et 2006 2006

- Population de moins de 20 ans

- Part de moins de 20 ans dans la population totale Entre 1995 et 2006 2006

Tableau 8 : Indicateurs socio-économiques pris en compte

Le taux de chômage et le nombre de chômeurs intègrent très souvent les analyses socio-économiques territoriales. Souvent touchées par le déclin, les régions atlantiques ont souffert d’une recrudescence du chômage. Il est intéressant d’en noter la progression en tenant compte de la variation de la population active ainsi que celle du nombre d’actifs sans emploi. Le critère de la population totale est retenu car il met en exergue le dynamisme, naturel ou migratoire, d’une région. Á l’instar du taux de chômage, la variation de la population se calcule grâce à deux facteurs additionnés : les soldes migratoire et naturel. Une région peut se définir également à travers sa pyramide des âges. Ainsi, la part de la population de moins de vingt ans est intégrée à l’analyse. Se soustraient de cette catégorie, des caractéristiques de vitalité et/ou d’attractivité régionales. Enfin, les régions atlantiques sont aussi désignées par une surreprésentation des secteurs primaires et secondaires dans l’emploi. Il s’est révélé judicieux d’ajouter l’évolution de la part de l’emploi tertiaire pour constater ou non un rattrapage dans ce domaine. Après analyse statistique, trois groupes de régions sont dégagés (voir annexe 6). Les entités régionales qui évoluent positivement dans nombre de domaines sont dites « dynamiques ». Une seconde classe regroupe les régions dites « attractives », critères allant à l’encontre des prérequis périphériques. Enfin la troisième classe est plus hétéroclite et rassemble des régions « fragiles », en difficulté plus ou moins marquées.

Les régions dynamiques sont :

- les deux régions irlandaises qui connaissent une forte hausse de leur population grâce à un apport migratoire, notamment de jeunes travailleurs, dû à des conditions attractives (nombreux emplois créés, avantages fiscaux pour les entreprises, émergence du Celtic Tiger, etc.), couplé au solde naturel le plus fort de l’UE. Le niveau de richesse a considérablement augmenté et l’Irlande est citée comme une réussite communautaire du rattrapage socio-économique. L’Irlande a bénéficié de sommes financières allouées par

ÉvPop : évolution de la population ; AppMig : apport migratoire ; Pop05 : population en 2005 ; ÉvPop<20 : évolution de la population des personnes âgées de moins de 20 ans ; Pop<20_06 : population âgée de moins de 20 ans en 2006 ;ÉvPIB : évolution du Produit Intérieur Brut ; PIB05 : Produit Intérieur Brut en 2005 ; ÉvChom : évolution du nombre de chômeurs ; TxChom06 : taux de chômage en 2006 ; ÉvPopAct : évolution de la population active ; PopAct06 : population active en 2006 ; ÉvTer : évolution du nombre d’emplois dans le secteur tertiaire ; %PopTer06 : part de l’emploi tertiaire en 2006. Données en annexe 6.

Ch. 5 : Catégorisation des profils régionaux

l’Objectif 1 dès 1989. Elles sont donc les régions les plus dynamiques au sein de l’espace atlantique d’autant qu’elles maintiennent une part de population âgée de moins de 20 ans élevée, tout en ayant accompli une tertiarisation des emplois ;

- un groupe plus conséquent qui rassemble les entités anglaises et françaises de cette catégorie. Le dynamisme est indéniable pour des régions comme le Gloucestershire ou le Cheshire qui attirent des populations tout en résorbant leur chômage (baisse du nombre de chômeurs) et en améliorant le niveau de richesse qui culmine parmi les meilleurs de l’espace atlantique. Plus globalement, ces régions profitent de l’exode urbain qui opère dans les grandes régions-métropoles anglaises à proximité. On note cependant quelques discordances dans ce dynamisme avec un niveau de richesse toujours très bas pour la région de Cornwall (PIB/hab.=68,7) malgré une hausse de 11%, un niveau de richesse stagnant (Shropshire, Lancashire), une population active en recul due à un vieillissement perceptible de la population (Cornwall, Devon) facilitant ainsi une forte baisse du nombre de chômeurs, ou encore une faible tertiarisation des emplois (Herefordshire) voire une hausse du nombre de chômeurs (Lancashire). Les régions françaises des Pays de la Loire et de Bretagne ont des profils proches malgré un taux de chômage toujours élevé comparativement. Mais elles s’arriment à cette classe car elles se différencient de leurs homologues nationaux par une population plus jeune et par un niveau de richesse qui s’est maintenu sur ses dix dernières années. Ces indices altèrent la caractéristique « dynamique » pour certains individus;

- la région Lisboa qui se démarque par son statut de grande région capitale et urbaine mais aussi, à l’intérieur de cette classe, par une hausse de son taux de chômage. Pourtant, le nombre de chômeurs diminue ce qui coïncide avec le vieillissement de la population. Néanmoins, l’apport migratoire semble être le facteur entraînant une hausse du chômage. Cette région n’est donc pas déclinante malgré les facteurs « périphérisant » lisibles (taux de chômage, vieillissement de la population). Elle reste la motrice de la dynamique portugaise (PIB/hab.=94,3) tout en portant certains symptômes négatifs;

- les régions espagnoles (Rioja, Navarra et Cantabria) qui étaient éligibles à l’Objectif 1 en 1989 comme le reste de la Péninsule ibérique. Le rattrapage économique est réel pour ces entités qui parviennent à augmenter leur population contrairement à leurs homologues hispaniques. Il se réalise avec la création d’emplois générant un cercle vertueux. Ainsi, la Navarra atteint un PIB largement au-dessus de la moyenne communautaire (114,6) la propulsant au 5ème rang atlantique. Néanmoins, un vieillissement de la population s’opère ce qui interroge le futur de cette dynamique marquée également par une tertiarisation des emplois insuffisante (70%) mais en cours de rattrapage (+50% en termes d’emplois dans ce secteur) et une faible population en valeur absolue.

Les régions attractives sont :

- l’Algarve qui bénéficie d’un attrait touristique lié à sa façade maritime qui génère un véritable développement de cette zone du Portugal (effet « Sun-Belt » de marinas à l’échelle

portugaise). Celui-ci se répercute dans le transfert d’emplois vers le secteur tertiaire (78,82% des emplois, deuxième région portugaise derrière Lisboa) mais également dans l’attractivité de cette région. Le développement économique se perçoit aussi à travers le PIB/hab. lorsque celui-ci est retranscrit dans le giron national. Cependant, l’Algarve est frappée par le processus de vieillissement contrairement à la région Midi-Pyrénées, la seule à subir une hausse de sa population jeune. L’arrivée de population active est un autre atout positif même si ce dernier engendre un désavantage sur les chiffres du chômage, processus connu pour les régions du sud de la France (cas du Languedoc-Roussillon). Il faut également distinguer la métropole toulousaine qui concentre l’apport migratoire voire des emplois et le reste des départements constituant Midi-Pyrénées, plus ruraux (Ariège, Gers, Tarn, etc.), qui sont plus facilement impactés par le déclin ;

- les régions françaises Aquitaine, Poitou-Charentes et Centre qui, à l’image de l’Ouest français, attirent de nouvelle population mais le niveau de richesse de ces régions a tendance à diminuer depuis dix ans (-7,47% pour la région Centre pour un PIB/hab. de 89,2) ce qui empêche leur classement en tant que régions dynamiques malgré de nombreux facteurs intéressants (baisse du chômage et part de population jeune correcte) ;

- l’Andalucia qui possède également plusieurs facteurs de bonne dynamique : réduction du chômage spectaculaire (-20,80% de chômeurs en moins), tertiarisation des emplois (+63,26%), hausse du PIB/hab. de 63,26%, plus fort apport migratoire en valeur absolue de l’espace atlantique (589 200 arrivants). Malgré ce spectaculaire redressement, l’Andalucia possède le niveau de richesse le plus bas de l’Espagne atlantique et le taux de chômage le plus élevé de l’espace atlantique (16,2). Bien que l’évolution de la population active soit forte (+40%), l’apport migratoire agit encore comme un frein à la réduction du chômage. Comme toute la Péninsule, le vieillissement de sa population est fortement marqué ;

- le cas des régions portugaises du Centro et du Norte qui est plus inquiétant car la relative attractivité accordée au crédit de ces régions, grâce à un apport migratoire conséquent, s’ajoute à la crise que connaît le marché de l’emploi avec un taux de chômage en forte hausse et un nombre de chômeurs qui a explosé (de + 72 à + 97 % de chômeurs supplémentaires). Pire, la région Norte connaît une forte baisse de son niveau de richesse (-11,5% !) malgré la présence d’une métropole comme Porto qui capte des populations environnantes soumises à l’exode rural. Le niveau de richesse est le plus bas de l’espace atlantique et celui de tertiarisation des emplois n’est qu’autour de 50% ! Ces régions sont certes attractives mais demeurent en grande difficulté structurelle sur les dix dernières années, pauvres, attirant des actifs sans emploi (Norte), rurale et vieillissante (Centro). Ces cas relativisent l’aspect positif du qualificatif « attractif » pour une région.

Les régions fragiles :

- les régions suivantes (Hampshire, Haute-Normandie, East Wales et Northern Ireland) qui connaissent un apport migratoire négatif voire fortement négatif (East Wales). Néanmoins,

Ch. 5 : Catégorisation des profils régionaux

ce processus est compensé en partie par une natalité évidente (part de la population des moins de 20 ans). Malgré certains indicateurs négatifs (hausse du nombre de chômeurs pour l’Hampshire, baisse de la population active pour la région galloise, diminution du niveau de richesse pour la Haute-Normandie), ces régions, fragilisées par un solde migratoire négatif, parviennent à se maintenir à leur niveau depuis dix ans ;

- les régions de South Western Scotland, Greater Manchester, Merseyside et West Midlands qui possèdent des caractéristiques communes : régions densément peuplées, urbanisées, avec une grande métropole européenne (Glasgow, Manchester, Liverpool, Birmingham). Elles subissent l’exode urbain indiqué par un apport migratoire fortement négatif qui entraîne une perte de population. Cependant, elles conservent un niveau de richesse proche de la moyenne communautaire (excepté Merseyside) avec une population jeune égale. La région écossaise se démarque par un chômage en net recul même si ce côté positif est surtout associé à une perte de population active. Á l’inverse, la région des West Midlands concède le taux de chômage le plus élevé de l’Angleterre atlantique. Comme toutes les grandes métropoles, l’emploi s’avère être un facteur fragilisant à terme ;

- les régions suivantes (Basse-Normandie, Limousin, Highlands & Islands, Cumbria, West Wales & The Valleys) qui sont marquées par une population stagnante, obtenue en partie par un solde migratoire positif, mais surtout par un recul cinglant de leur niveau de richesse. Cette baisse s’additionne avec un PIB/hab. assez bas depuis dix ans dans l’Union européenne des 15 mais aussi au sein de l’espace atlantique. Ainsi le PIB/hab. du Cumbria a baissé de plus de 18% et atteint le score de 80, celui des Highlands de 8,66% pour un PIB/hab. équivalent à 70,7 alors que la Haute-Normandie a perdu 7,05% pour un résultat de 83,1. La faible tertiarisation démontre le retard toujours en cours dans la répartition des emplois. Ces régions à dominante rurale sont donc fortement fragilisées devant ce bilan, amplifié par exemple pour le West Wales par une baisse de la population active ; - les autres régions qui, malgré un profil régional très différent (notamment en termes de

population et de niveau de richesse), connaissent une trajectoire parallèle. Leur population n’évolue pas en dix ans grâce à un apport migratoire masquant les déficits de natalité. Malgré cela, le vieillissement de la population est patent et accentue les difficultés. La part de la population âgée de moins de 20 ans ne s’élève plus qu’à 14,34% pour la région des Asturias ! Même la région basque, structurellement mieux armée (moins de chômeurs et l’un des PIB/hab. les plus forts de l’espace atlantique) est fragilisée à terme par ce vieillissement. Les provinces de Galicia, Asturias et Castilla y León perdent de la population tout en conservant un taux de chômage élevé. De plus, ces régions connaissent la plus faible tertiarisation de l’emploi avec pour figure de proue, la Castilla y León qui perd 13,81% de ses emplois tertiaires pour une part évaluée à 65%. Enfin, l’Alentejo se démarque par une hausse de son nombre de chômeurs à l’instar de la trajectoire nationale portugaise. Ces régions sont donc structurellement affectées et rendues vulnérables par des indicateurs qui démontrent une certaine périphéricité ibérique.

Les trajectoires territoriales indiquent un différentiel évident de dynamisme. Ce dernier se définit par une population active occupée, une vitalité à travers une population jeune, une richesse, et donc un niveau de vie, en perpétuelle progression, ce qui a pour conséquence d’attirer de nouvelles populations en difficultés dans d’autres secteurs : les périphéries. Cette analyse aboutit à démontrer que depuis une douzaine d’années, certaines régions se sont comportées comme des entités motrices alors que d’autres connaissent des difficultés dans certains domaines empêchant le cercle vertueux décrit ci-dessus de fonctionner. Alors l’espace atlantique concentrerait-il de la périphérie dans un Centre européen distendu, quelques vides dans un plein, ou hébergerait-il plusieurs Centres dans sa périphéricité, des pleins dans un vide ? En tout cas, les diverses trajectoires laissent penser à une fragmentation de cet espace toujours hétérogène. Mais au sein de cette analyse, un élément ressort : la prégnance du contexte national. On note un regroupement des régions issues d’un même pays en termes de dynamisme. Le rattrapage socio-économique réalisé par les anciens pays pauvres de l’Union européenne qui ont connu une forte croissance économique et un développement social important (Irlande, Espagne, Portugal) n’y est pas étranger. Le vieillissement de la population touche fortement la Péninsule ibérique alors que les régions françaises ont vu leur niveau de richesse diminuer comparativement à l’ensemble européen des quinze.

La démarche logique consiste alors à croiser les positions statiques de départ et d’arrivée avec la courbe tendancielle soulignée précédemment. Ainsi, les régions stagnantes anglaises ou françaises ne possèdent-elles pas une trajectoire moins vaillante à cause d’une position élevée au départ ? L’effet du rattrapage économique est un élément de réponse. De manière générale, on perçoit un tassement des positions des régions atlantiques en dix ans. Ce phénomène est lié aux trajectoires divergentes des réalités socio-économiques régionales même si l’évolution des bornes des classes est un facteur non négligeable. Les régions dynamiques observées sont au nombre de 16 et se répartissent de façon équilibrée dans les différentes classes en 1995 (tableau 9). Sur dix ans, on passe de 37,5% de régions dynamiques à 56% qui se positionnent dans les deux premières classes. On perçoit nettement un effet d’aspiration vers le haut puisque les régions dynamiques sortent des régions les plus mal classées (classe 5). Certaines se signalent dans le tableau relatant les sauts de classes. Cela prouve que le dynamisme de ces régions les place en meilleure situation socio-économique qu’il y a dix ans au sein de l’espace atlantique mais aussi au niveau du PIB relatif à l’Europe des Quinze. Á l’inverse, les régions attractives et fragiles confirment leur disposition avec un effritement de leur position dans les classes. Le cas des régions s’appauvrissant au regard du PIB/hab. est plus clair : un recul évident dans la hiérarchie. Elles correspondent aux régions essentiellement attractives et n’apparaissent plus dans les classes 1 et 2 alors qu’elles se situent pour 75% dans les classes 4 et 5. Le poids du paramètre du PIB/hab. dans la classification joue ici un rôle indéniable d’aspiration par le bas des régions attractives. Paradoxalement, les régions fragiles évoluent moins car beaucoup sont en réalité stagnantes

Ch. 5 : Catégorisation des profils régionaux

passant tout de même à 56% en 2005 dans les deux dernières classes alors qu’elles n’étaient

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