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PARTIE I : ETAT DE L’ART EN ADAPTATION D’IHM

Chapitre 2 : Techniques d’adaptation

4. Cas des petits écrans

lorsqu’elle est tactile car la position de la main entre l’écran et l’œil réduit encore plus le champ de vision.

Comme les éléments de l’interface ne peuvent pas être affichés en une seule fois lorsqu’ils sont nombreux, cela se traduit par davantage de navigation. Findlater et McGrenere, 2008, ont montré que l’adaptation est davantage bénéfique pour les IHM de petite taille plutôt que celles de grande taille. Les auteurs ont mené une étude expérimentale avec 36 sujets. Les résultats ont montré que lorsque la prédiction est correcte, les menus adaptatifs sont plus efficaces que les non adaptatifs à la fois sur petit et sur grand écran. Les utilisateurs sont même plus rapides sur petit écran que sur grand écran.

Patel et al. (2009), Sherman et al. (2003), Jones et al. (1999) ont étudié l’interaction web sur des dispositifs de petite taille. Une étude expérimentale sur 20 sujets a été menée dans le but de quantifier et de qualifier l’effet d’un petit espace d’affichage sur l’achèvement d’une tâche web. Les résultats du questionnaire ont montré que la taille de l’écran empêche l’exécution des tâches. 80% des utilisateurs ont indiqué être contraints par la taille réduite de l’écran. Les auteurs ont proposé des adaptations web pour résoudre cela. Leurs suggestions sont les suivantes :

- Fournir des catégories orientées selon les buts de l’utilisateur. Par exemple, structurer les informations pour fournir une navigation ciblée en présentant à l’utilisateur une liste des objectifs pouvant être réalisés. Pour ce faire, les agents d’adaptation (humains ou automatiques) doivent tenir compte de la raison pour laquelle un utilisateur peut accéder au site ou une page en particulier (Theng, 1996, López-Jaquero et al., 2009). - Réduire le défilement en mettant en place des fonctions de navigation (menu, barre,

etc.) près du sommet de pages dans un endroit stable (par exemple, des menus fixes sur le côté gauche de chaque page).

- Mettre en place des informations clés en haut des pages (chemin de faire, consigne, alerte, etc.).

- Réduire la quantité d’informations sur la page. Nielson (1997) suggère que cette règle

soit applicable à tous les sites web, en faisant valoir que les utilisateurs ne lisent pas les pages web de la même façon. En effet, 79% des utilisateurs balayent le texte tandis que 16% procèdent par une lecture mot à mot.

Dans le cadre de la manipulation de fonctions sur petits écrans, Bridle et McCreath (2005) ont proposé des raccourcis permettant de remplacer des séquences d’actions effectuées fréquemment. Les utilisateurs de téléphones mobiles répètent souvent certaines tâches, par exemple, l’envoi du même message à un ami quotidiennement. Cette tâche peut être automatisée par un raccourci de commande permettant d’améliorer les performances.

Les raccourcis qu’ils soient des macro-commandes ou des accès directs à une catégorie ou une fonction sont du même ordre : ils permettent d’accélérer l’exécution de la tâche. Ils peuvent être calculés à partir de la tâche globale et nécessitent alors une modélisation de l’utilisateur. Mais ils peuvent aussi être générés plus simplement à partir des sous-tâches voire de l’usage des fonctions elles-mêmes. Les techniques d’adaptation que nous avons présentées dans ce chapitre sont toutes liées à ces notions de raccourcis. Cependant, ces techniques sont appliquées sur grand écran et ne peuvent pas être transposées facilement sur petit écran. Les techniques de rendus graphiques sont problématiques. Par exemple, le menu Morphing qui

permet d’agrandir la taille de certains items prédits ne peut pas être transposé à des interfaces

de petite taille. Dans le cas où la liste complète des items est longue, ils vont être présentés sur plusieurs écrans. Si un item prédit se trouve en bas de liste, il n’est pas visible immédiatement

et l’utilisateur doit faire un défilement pour l’atteindre. Non seulement la prédiction est cachée

en bas de liste, et la retrouver demande un effort cognitif de la part de l’utilisateur. De plus, cette prédiction est peu utile puisque peu visible et difficilement accessible.

La même problématique se pose avec les techniques Highlighting, Bolding, Temporal et Ephemeral, lorsque la prédiction se situe en fin de liste, et donc potentiellement sur des écrans nécessitant un défilement. De plus, pour Ephemeral, l’utilisation du grisé progressif contraint fortement la lisibilité. Néanmoins, Temporal et Ephemeral possèdent un atout qui est de ne pas rester bloqué sur les items prédits en cas de prédictions non pertinentes.

Quant aux techniques spatiales, elles ne sont que partiellement applicables aux petits écrans. Par exemple, les menus Split, Smart et Frequency-based sont envisageables sur petit écran mais ont cependant été largement critiqués car ils ne maintiennent pas la stabilité spatiale. Cet

la stabilité spatiale en dupliquant les items prédits dans la zone adaptative. Cependant, cette technique « spatiophage » ne convient pas sur petit écran. Lorsque la prédiction ne correspond

pas aux besoins de l’utilisateur, les coûts de navigation et de défilement sont augmentés.

5. Conclusion

Dans ce chapitre, nous avons présenté différentes techniques d’adaptation tout en soulignant leurs avantages et inconvénients. Dans la plupart des techniques d’adaptation, les variables position et format sont explorées de manières différentes. Par exemple, le déplacement des items prédits en haut d’interface pour les mettre en avant (techniques d’adaptation spatiales) ou le changement de format des items prédits (techniques d’adaptation graphiques). Les différentes techniques sont illustrées dans la figure 4.

Mais faire varier les paramètres de rendu peut se faire à ‘l’infini’ selon la créativité des graphistes (Samp et al., 2010). Or, il n’existe pas de cadre permettant de mettre à plat l’ensemble des variables pouvant être utilisées pour transmettre un changement dans

l’interface de manière efficace afin d’accélérer l’interaction lorsque la prédiction est correcte,

mais sans la pénaliser lorsqu’elle est incorrecte. Pour cette raison, nous proposons un modèle

6. Synthèse

Il existe trois grandes classes de techniques d’adaptation :

- Spatiales qui consistent à changer l’ordre et la position des éléments dans l’interface : nous

retenons que les techniques d’adaptation spatiales permettent d’accélérer l’interaction lorsque la prédiction est correcte car elles mettent en avant les items prédits et facilitent l’accès à ces items. Cependant, ces techniques ne permettent pas à l’utilisateur de s’appuyer sur leur mémoire du fait de l’instabilité spatiale. Par conséquent, lorsque la prédiction est incorrecte,

l’accès à la cible devient difficile ;

- Graphiques qui introduisent des effets visuels afin de mettre en évidence les éléments prédits : nous retenons que les techniques d’adaptation graphiques visent à améliorer la perception en réduisant le temps de recherche visuelle. Cependant, les évaluations n’ont pas montré un grand bénéfice de ces techniques par rapport aux interfaces statiques (non adaptatives). En outre, lorsque la prédiction est incorrecte, l’interface est surchargée par des effets visuels, ce qui dégrade l’interaction ;

- Temporelles qui introduisent la notion de temps dans la présentation de l’adaptation : nous

retenons que les techniques d’adaptation temporelles permettent de réduire le temps de navigation et de recherche visuelle lorsque la prédiction est correcte. Dans le cas contraire (prédiction incorrecte), la tâche de l’utilisateur peut être ralentie. L’utilisateur doit en effet attendre l’apparition de sa cible.

En conclusion, dans tous les cas, lorsque la prédiction est incorrecte, l’interaction est affectée : les techniques d’adaptation spatiales ne permettent pas à l’utilisateur de s’appuyer sur sa mémoire ; les techniques graphiques surchargent l’interface; les techniques temporelles

peuvent ralentir l’utilisateur dans sa tâche. Par ailleurs, aucune de ces techniques ne se