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Aline est née le 7 juillet 2009. Elle est née de la deuxième union de sa maman, Stéphanie A., qui a déjà un fils entendant de onze ans d’un précédent mariage. Elle a la garde alternée de son fils.

Son père, Arnaud A., n’a pas d’enfants de son côté, elle est sa première fille.

Mme A. est sourde totale, non appareillée et ne communique que par la langue des signes.

Mr A., quant à lui, est sourd profond (perte de 80 décibels) appareillé, il a donc de meilleures possibilités de communication orale.

Il a une voix « de sourd », c’est-à-dire un peu nasalisée, un peu soufflée également. Certains phonèmes sont déformés. Mais il peut se faire comprendre assez aisément à l’oral.

Les parents d’Aline communiquent donc entre eux en LSF et le plus souvent de cette manière également avec leur fille. Seul Arnaud oralise de temps en temps par-dessus les gestes LSF émis.

1. Anamnèse

La grossesse et la naissance se sont très bien déroulées. M. et Mme A., ne savaient pas si leur fille serait sourde ou pas.

Après la naissance, ils se doutaient qu’elle entendait, mais un test a tout de même été pratiqué deux semaines après la naissance.

Les bilans ont confirmé ce que les deux parents avaient pressenti : Aline n’est pas sourde.

Ils ont très bien accueilli la nouvelle. Etant donné que le fils de Stéphanie n’a pas eu de problèmes dans son développement ni dans sa scolarité, ils sont rassurés par rapport à cela.

Aline est gardée par sa maman, qui ne travaille pas. Son père est absent environ quarante-cinq heures par semaines pour son travail.

Il est aussi très impliqué dans des associations de surdité, notamment avec parents entendants et enfants sourds, afin de leur donner des conseils et de les orienter dans le développement de leur enfant.

Il est ainsi très averti du développement de l’enfant en général, du rôle des parents, etc.

La petite fille n’a donc pour modèle langagier pour le moment principalement que de la LSF.

Cependant, elle semble très éveillée. Ses parents s’occupent beaucoup d’elle et sont très heureux.

Ils lui parlent énormément, de manière naturelle comme dans une famille entendante, bien que le bain de langage soit surtout gestuel.

Ils nous expliquent qu’inconsciemment ils signent plus lentement et font des gestes plus amples. Leurs mimiques aussi (qui ont, on se doit de le rappeler, un rôle très important en langue des signes), sont également accentuées.

Aline a les yeux rivés sur les mains de ses parents lorsqu’ils signent.

Monsieur A. nous dit que sa fille dort énormément et est très calme. Elle ne pleure quasiment jamais sauf quand elle a mal (lors des poussées dentaires par exemple).

Ses parents lui mettent la musique pour s’endormir, ce qui la berce et l’aide à trouver le sommeil plus facilement.

Ils fredonnent aussi des airs de chanson de temps en temps, sans mettre de paroles dessus.

Ils disposent, comme dans la plupart des familles sourdes, d’appareils pour détecter les pleurs de leur fille la nuit, composés de signaux lumineux dans la pièce et de vibrations sous le lit.

2. Le PPAC

Nous avons choisi d’observer certains items du PPAC (premier inventaire des progrès du développement social).

Etant donné son jeune âge, bien entendu, aucun bilan de langage n’est possible.

Nous avons ainsi regardé les points importants de la communication, la socialisation, la mobilité et l’agilité.

La communication

En expression :

Aline émet beaucoup de gazouillis.

Depuis quelques jours seulement, elle prononce de temps des « bababa ». Nous avons observé des suites vocaliques telles que « eeeee »

En réception :

Aline est sensible aux sons environnants. Elle tourne la tête pour chercher d’où vient le son. En revanche, quand deux personnes sont côte à côte et que l’une des deux parle, elle ne regarde pas forcément la personne qui est en train de lui parler.

Elle ne réagit pas encore au « non ».

Nous précisons que nous avons demandé à son père de lui parler dans la mesure du possible, afin qu’elle ne soit pas intimidée si c’est nous qui nous adressions à elle.

Aline suit des yeux une personne qui se déplace dans la pièce, elle regarde beaucoup autour d’elle.

En revanche, elle ne suit pas encore des yeux les gestes LSF, elle regarde, mais avec une vision globale, sans suivre chaque mouvement de bras.

Enfin, Aline ne répète pas encore les sons qu’elle vient d’entendre, mais elle s’en amuse, sourit et gazouille.

La socialisation

Aline réagit à la présence d’une personne dans la pièce. Elle observe beaucoup ses parents notamment, leurs gestes, leur visage.

Elle rend un sourire très facilement, même venant de quelqu’un qu’elle ne connaît pas.

Elle s’agite quand elle voit quelqu’un de sa famille s’approcher d’elle avec de grands mouvements des bras et des jambes.

La mobilité

Aline tient assise assez droite sans support depuis déjà deux mois (soit depuis ses six mois). Elle commence à tenir debout en se tenant a quelque chose ou lorsque ses parents lui tiennent les deux bras, mais ne se met pas encore debout tout seule.

L’occupation (contrôle moteur global et mouvements fins

des doigts)

Elle est capable de tenir un objet dans ses mains pendant un moment, de le manipuler, de la faire passer d’une main à l’autre. Elle les met beaucoup à la bouche également.

Elle peut tenir un petit objet entre son pouce et son index.

En revanche, elle ne les jette pas parterre et ne cherche pas encore à attraper tout ce qui est à sa portée comme le font beaucoup d’enfants de son âge.

3. Analyse

L’observation de la communication, de la socialisation et de l’occupation nous montrent qu’Aline n’a pas de retard de développement par rapport à son âge. Elle est sociable, ouverte à la communication, souriante et entièrement dans le contact.

En revanche, je ne l’ai personnellement pas vu produire de suite de deux syllabes de type [dada], [baba], etc. qui sont pourtant attendues dans les productions vocales de son âge.

En effet, les premiers mots sont censés apparaître entre neuf et douze mois et ces suites de syllabes en sont les pré-requis. Aline a aujourd’hui huit mois et ne les produit toujours pas d’après ce que j’ai pu observer. Son papa m’avait en

effet dit que, depuis quelques jours, elle produisait ce type de sons, mais de manière continue, comme par exemple [babababababa].

On peut donc supposer qu’Aline a, pour le moment, un léger retard dans la communication orale mais sans rien pouvoir affirmer tant que le langage oral n’a pas vraiment émergé.

Cependant, cela pourrait paraître normal étant donné qu’elle n’est jamais exposée au langage oral autre que celui de son père occasionnellement. Elle ne dispose pas, en effet, du modèle verbal et des tours de parole si importants pour l’acquisition du langage.

En dehors de cela, Aline est une petite fille très éveillée et qui réagit bien aux sons, ce qui laisse envisager un bon pronostic de développement global.

Il aurait été intéressant de suivre la mise en place de son langage dans les deux ans à venir.