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Cartes de synthèse des faciès sédimentaires au début et à la fin du XIX ème siècle (cartes de 1834,

2. Bilan de la répartition des faciès sédimentaires en Baie de Seine sud-orientale avant 1913

2.2 Cartes de synthèse des faciès sédimentaires au début et à la fin du XIX ème siècle (cartes de 1834,

La figure II-3 a été réalisée par l'interprétation de la carte de l'écriture de sonde de 1834 qui présentent plus de 450 sondes au plomb suiffé. Le faciès sableux domine et recouvre plus de

60 % des fonds tandis que les faciès vaseux peu représentés (~ 10%) sont cantonnés à trois secteurs adjacents au chenal principal:

(1) un secteur abrité à l'arrière du plateau rocheux de Villerville, et jusqu'à Deauville, où se situe une longue ceinture de vase (6 km de long) à l'intérieur d'une dépression bathymétrique comprise entre -3 et -6 m CM,

(2) des vases et sables vaseux sur le pourtour du poulier du banc du Ratier, en domaine abrité des courants de flot et jusant,

(3) en domaine intertidal entre Villerville et Pennedepie, sous la forme de vasières de dimensions assez réduites; des tourbes littorales sont également annotées entre Criqueboeuf et Pennedepie.

A l'époque, l'estuaire de la Seine est encore relativement "sauvage" et, dans ce régime macrotidal, les courants de marée empruntaient parmi les chenaux présents en 1834, préférentiellement le chenal sud de la Seine de direction WSW (appelé chenal de Villerville, représenté en tiret sur la figure II-3), longeant alors la côte depuis Honfleur jusqu'à Villerville. Arrivé à la hauteur du large platier rocheux face à Villerville, le chenal contourne cet obstacle naturel puis emprunte une direction ouest avant de reprendre une direction SW. Bien qu'on ne dispose d'aucune mesure de courants de marée à l'intérieur de ces chenaux, la carte de répartition des faciès sédimentaires laisse supposer que les dépôts de sédiments fins permanents n'étaient pas possible entre Villerville et Honfleur dans cette partie la plus amont et étroite du chenal de Villerville en raison des très fortes vitesses de courants de marée qui devaient y régner. Par contre, dans la partie aval du chenal, entre Deauville et Villerville, les dépôts vaseux sont importants, certainement liés à une diminution de la vitesse des courants permettant le piégeage des sédiments fins au sein de cette dépression bathymétrique.

Au large, la limite intertidale contourne le banc du Ratier présent dès cette époque et apparaît également au large de Deauville où les quelques valeurs positives correspondent au banc relique de Trouville (fig. II-3). D'après Vigarié (1964), celui-ci émergeait avec certitude de 1645 à 1776 (documents cartographiques), car les archives nous indiquent que les parties herbées appartenant à l'abbaye de Criqueboeuf, servaient à faire paître les bovins (appelé à l'époque Banc à Bœufs1). Cependant, sur la carte de 1834, le banc de Trouville très amaigri est réduit à un étroit plateau de seulement 400 m2 (fig. II-3).

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Le banc à Bœufs correspond tantôt à la partie ENE du banc de Trouville, tantôt un banc individualisé prolongeant le banc du Ratier à l'Ouest (Vigarié, 1964).

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Vigarié (1964) précise qu'en 1834, la cote 0 était rapportée aux plus basses mers observées et non, comme cela a été le cas pour les autres cartes, aux plus basses mers astronomiques. Le banc de Trouville pouvait donc en 1834 encore exceptionnellement découvrir à la faveur des grandes marées d'équinoxe.

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Couverture sédimentaire de la Baie de Seine orientale depuis 2 siècles

Figure II-3. Répartition des faciès sédimentaires dans la partie sud de l'embouchure de la Seine en 1834.

La bathymétrie est celle de l'époque et a été reconstituée à partir des points de sondes de la carte. Minute d'écriture de sonde du portefeuille 5/2/13, archive de l'EPSHOM, Brest. Echelle: 1 / 14 400, 450 points de sonde et de nature de fonds.

La minute de sonde inédite de 1880 comporte plus de 300 annotations de plomb suiffé. La zone géographique prospectée diffère de celle de 1834: le secteur de l'embouchure n'a pas été couvert, tandis que la région plus à l'ouest de Villers-sur-Mer l'est (fig. II-4). Contrairement à la situation de 1834, ce sont les zones de vase et de sables vaseux qui dominent largement sur plus de 70% de la zone couverte. La zone sableuse la plus importante longe le littoral depuis le domaine intertidal et jusqu'à -2 m CM maximum. La dépression bathymétrique vers le sud-ouest au large de Deauville a disparu, seul persiste plus à l'est le chenal amont de Villerville. Le comblement de cette partie de l'ancien chenal de Villerville s'est peut-être fait au dépens du banc de Trouville qui, en 1880, a été complètement nivelé à la cote des -3 m CM.

A cette époque, la divagation des chenaux de l'embouchure de la Seine générait des variations importantes de la couverture sédimentaire des fonds de la Baie de Seine orientale. En effet, la configuration de l'estuaire de la Seine, d'après un document topographique du SHOM réalisé en 1854-1855, montre que la navigation s'effectuait principalement par la passe la plus au sud de l'embouchure (fig. II-5). Seuls deux chenaux principaux apparaissent sur cette carte; le banc de Trouville était

même raccordé au banc du Ratier par sa partie Ouest. Vigarié (1964) signale également, d'après des documents hydrographiques de 1853 et 1869, que l'estuaire se trouve en période d'engraissement (par rapport à la situation de 1834) avec la construction de bancs sableux intertidaux pouvant dépasser plus de + 2 m CM.

Figure II-5. Carte topographique de l'embouchure de la Seine réalisée entre 1854 et 1855 par les ingénieurs du SHOM. Isobathes 0 CM, +1 m, +2 m représentées en nuances de gris de plus en plus foncées.

Couverture sédimentaire de la Baie de Seine orientale depuis 2 siècles

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Figure II-4. Répartition des faciès sédimentaires dans la partie sud de l'embouchure de

la Seine en 1880. Bathymétrie de l'époque. Minute d'écriture de sonde du portefeuille 5/3/19, archive de l'EPSHOM, Brest. Echelle: 1 / 14 400, 300 points de sonde et de nature de fonds. Carte exécutée par l'ingénieur hydrographe M. Germain assisté de M. Favé, Mion et La Porte.

La carte de 1894 (fig. II-6, 450 points de sondes) présente la même coupure géographique que celle de 1880. Les zones envasées observées en 1880 sont toujours visibles mais les limites ont évolué et progressé. La couverture vaseuse atteint plus de 85% de l'aire étudiée et des zones à galets apparaissent. Pendant les 15 années qui séparent les deux missions de reconnaissance (1880-1895), les fonds bathymétriques ont peu évolué (fig. II-6).