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2.3 Transformations de graphes pour les opérations topologiques

3.1.2 Les cartes généralisées plongées

Comme nous l’avons détaillé dans la section 2.2.2, la structure topologique des cartes généralisés est essentiellement portée par les étiquettes d’arcs. Pour ajouter les informations de plongement, nous allons ainsi utiliser les étiquettes de nœuds. Intuitivement, une carte généralisée plongée selon un plongement π:<ω>→ τ a ses nœuds étiquetés sur l’ensemble τ . Cependant, le plongement π associe les données de plongement à des orbites de type <ω>, et ainsi tous les nœuds d’une même orbite de type <ω> doivent être étiquetés par la même valeur de τ . Par exemple, dans le cas du plongement point:<α1α2>→ point_2D, tous les nœuds d’une orbite sommet

de type <α1α2> sont étiquetés par le même point 2D.

Ainsi, de la même façon que les G-cartes doivent respecter des contraintes de cohérence topologique, les G-cartes plongées doivent respecter la contrainte de co- hérence du plongement suivante : tous les nœuds d’une orbite support d’un plongement doivent être étiquetés par la même valeur de plongement.

Nous commençons ainsi par définir la classe plus large des graphes plongés que nous restreignons ensuite pour définir les G-cartes plongées. Tout comme les graphes topologiques vis-à-vis des transformations topologiques des G-cartes, la notion de graphes plongés est utile pour définir les transformations géométriques des G-cartes plongées. Notons que de la même façon que nous avons renommé par α la fonction d’étiquetage des arêtes lE, nous renommons par le nom du plongement π la fonction d’étiquetage des nœuds lV.

Définition 28 (Graphe plongé) Soit π :<ω >→ τ un plongement de dimension n ≥ 0.

Un graphe topologique G = (V, E, s, t, π, α) de dimension n est un graphe plongé sur π ou π-plongé si ses nœuds sont étiquetés sur CV = τ .

Notons que lorsque nous aurons à comparer par des morphismes les structures to- pologiques de graphes plongées, les étiquettes de nœuds poseront parfois problèmes. Pour cela, de la même façon que la structure des graphes partiellement étiquetés introduite dans la définition 12 de la page12, nous introduisons la structure to- pologique Gα d’un graphe plongé G comme la version non-plongée de G dans la

même catégorie, c’est-à-dire où toutes les étiquettes de nœuds sont indéfinies. Nous appelons également morphisme de plongement de G l’inclusion qui étiquette Gα

en G.

Définition 29 (Structure topologique et morphisme de plongement) Soit π:<ω>→ τ un plongement de dimension n ≥ 0.

Pour tout graphe π-plongé G = (V, E, s, t, π, α), la structure topologique de G est définie par Gα= (V, E, s, t, ⊥, α).

Le morphisme d’inclusion p : Gα → G est appelé le morphisme de plonge- ment de G.

3.1. Modèle plongé des cartes généralisées 67 A B C D E (a) Objet 2D d b c a m n l j k i g h e f A A B B B B C C C C D D E E (b) 2-G-carte plongée d b c a m n l j k i g h e f A A B B B B C C C C D D E E (c) Orbites plongées

Figure 3.6 – 2-G-carte plongée polygonale

Reprenons maintenant l’exemple de la maison sur la figure 3.6(a), où chaque sommet est plongé sur un point 2D. Nous la représentons sous forme de la 2-G-carte plongée de la figure3.6(b). Les nœuds de la G-carte sont étiquetés par les points A, B, C, D et E. Remarquons que la G-carte est totalement étiquetée.

Cet étiquetage total nous permet ainsi de rester dans le cadre défini par [Habel 2002] pour les transformations géométriques par des règles. Ainsi, les graphes transformés ont leurs nœuds totalement étiquetés et les étiquettes indéfinies sont uniquement utilisées dans les règles à des fins de filtrage et de ré-étiquetage.

De plus, comme nous l’avons évoqué, pour que l’étiquetage soit cohérent avec le plongement, nous étiquetons tous les nœuds d’un même sommet par la même valeur. Ainsi, sur la figure 3.6(b), les nœuds c, e, g et i appartiennent au même sommet topologique, c’est-à-dire à la même orbite de type <α1α2>, et sont de fait étiquetés

par le même point B. Les différentes orbites sommets et leurs valeurs de plongement sont mises en évidence sur la figure3.6(c).

De manière générale, pour un plongement π :< ω >→ τ , tous les nœuds d’une même orbite de type < ω > doivent être étiquetés par la même valeur de type τ . C’est l’objet de la contrainte de plongement que nous introduisons.

Définition 30 (Contrainte de cohérence du plongement) Soient π:<ω>→ τ un plongement de dimension n ≥ 0 et G = (V, E, s, t, π, α) un graphe π-plongé.

G satisfait la contrainte de cohérence du plongement si et seulement si tous les nœuds d’une orbite <ω> de G portent la même étiquette - i. e. pour tous nœuds v et v0 de G tels que v ≡<ω>v0, π(v) = π(v0).

Cette contrainte peut également être caractérisée localement sur chaque arête : Proposition 1 (Contrainte locale de cohérence du plongement) Soient π:<ω>→ τ un plongement de dimension n ≥ 0 et G = (V, E, s, t, π, α) un graphe π-plongé.

G satisfait la contrainte de cohérence du plongement si et seulement si pour tout arc e de G tel que α(e) est une étiquette de ω, π(s(e)) = π(t(e)).

Preuve. Il est clair que si G satisfait la contrainte globale de la définition 30, G satisfait également la contrainte locale. En effet, pour tout arc e de G étiqueté sur ω, son nœud source et son nœud cible appartiennent par définition à la même orbite <ω> et donc π(s(e)) = π(t(e)).

Montrons maintenant la réciproque. La relation ≡<ω> est la clôture réflexive,

symétrique et transitive de la relation →<ω> donnée dans la définition 20 de la

page45: v →<ω>v0 si et seulement si il existe un arc e de G étiqueté sur ω de source v et de cible v0. Ainsi la contrainte locale peut être exprimée de la façon suivante : pour tous nœuds v et v0 de G qui vérifient v →<ω>v0, on a v →=π v

0 (avec v → =π v

0

si et seulement si π(v) = π(v0)). Par clôture réflexive, symétrique et transitive, on a ainsi : pour tous nœuds v et v0 de G qui vérifient v ≡<ω> v0, on a v =π v0 (avec

v =π v0 si et seulement si π(v) = π(v0)) car =π est déjà réflexive, symétrique et

transitive. On retrouve donc bien la propriété globale : pour tous nœuds v et v0 de G qui vérifient v ≡<ω>v0, on a π(v) = π(v0).

Les deux contraintes de cohérence sont donc bien équivalentes. 

Nous donnons finalement la définition suivante d’une carte généralisée plongée :

Définition 31 (Carte généralisée plongée) Soit π:<ω>→ τ un plongement de dimension n ≥ 0.

Une carte généralisée de dimension n plongée sur π ou n-G-carte π- plongée est un graphe plongé sur π qui vérifie simultanément les contraintes de cohérence topologique et la contrainte de cohérence du plongement.

(a) Objet 2D 1 1 1 1 1 1 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 1 1 1 1 0 0 0 0 1 1 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 1 1 1 1 1 1 0 0 0 0 1 1 1 1 1 1 (b) 2-G-carte plongée

3.1. Modèle plongé des cartes généralisées 69

Nous illustrons de nouveau cette définition en prenant cette fois-ci l’exemple biologique de la figure 3.7(a). Nous représentons le complexe cellulaire par la 2-G- carte de figure3.7(b) plongée selon le plongement qté_protéines:<α0α1>→ entier.

Remarquons que la contrainte d’orbite support est satisfaite car pour chaque orbite face, tous les nœuds sont étiquetés par la même quantité de protéines.

Nous apportons également la définition du quotient de plongement d’un graphe. Cette notion servira par la suite de support aux définitions des manipu- lations du plongement et des conditions sur les schémas de règles. Intuitivement, ce quotient est le graphe minimal où chaque orbite plongée est représentée par un unique nœud. Pour cela, tous les nœuds appartenant à une même orbite plongée sont identifiés en un unique nœud.

A B D C E u v w x y

(a) Quot. de la maison

2 1 1 0 0 3 1 1 6 6 8 4 4 4 6 6 6 3 3 4 2 2 2 2 2 4 4 4 6 6 84 4 4 3 3 6 2 2

(b) Quot. du complexe biologique

Figure 3.8 – Quotients de plongement

Par exemple, le quotient de plongement de la 2-G-carte de la figure3.6(b)plongée sur point :< α1α2>→ point_2D est représenté sur la figure 3.8(a). Le quotient

représente ainsi les orbites <α1α2> par autant de nœuds, connectés entre eux par

des arcs α0 qui n’appartiennent pas aux orbites <α1α2>. Ainsi dans le quotient, les

nœuds a et b sont identifiés en l’unique nœud u et l’arc α1 entre a et b est devenu

une boucle α1 sur v.

Nous donnons également l’exemple sur la figure3.8(b)du quotient de plongement de la 2-G-carte de la figure3.7(b)plongée sur qté_protéines:<α0α1>→ entier. Cette

fois-ci, les nœuds du quotient représentent des orbites <α0α1> et sont connectés

entre eux par des arcs α2. Notons qu’afin de simplifier la lecture de la figure, les

boucles sont visuellement confondues, avec une étiquette pour les dénombrer. Pour définir le quotient, nous utilisons la relation d’équivalence de la définition20

pour l’orbite de plongement et nous considérons les classes d’équivalence2des nœuds du graphe.

2. Pour E un ensemble non vide muni d’une relation d’équivalence ≡, la classe d’équivalence d’un élément x de E, notée [x], est l’ensemble des éléments équivalents à x par ≡ - i. e. [x] = {y ∈ E|x ≡ y}. On note E/≡= {[x]|x ∈ E} l’ensemble des classes d’équivalence de E.

Définition 32 (Quotient de plongement) Soient π:<ω>→ τ un plongement de dimension n ≥ 0 et G = (V, E, s, t, π, α) un graphe π-plongé qui vérifie la contrainte de cohérence du plongement.

Le quotient de plongement de G est le graphe π-plongé sur π G/π = (V/π, E/π, s/π, t/π, π/π, α/π) défini par :

– V= V/≡<ω>; – E = E ;

– pour tout arc e ∈ E, s(e) = [s(e)] ; – pour tout arc e ∈ E, t(e) = [t(e)] ; – pour tout nœud v ∈ V, π(v) = π([v]) ; – α= α.

Nous appelonsmorphisme quotient de G le morphisme q : G → G défini par : – pour tout nœud v de G, qV(v) = [v] ;

– qE = id.

Remarquons que le quotient ne peut exister que si le graphe de départ G satisfait la contrainte de plongement. En effet, la construction π(v) = π([v]) n’a de sens que si pour tous les nœuds d’une même orbite plongée ont la même étiquette. Cette no- tion de quotient de plongement permet en pratique de manipuler une représentation compactée des plongements.

Si nous cherchons à collecter les valeurs de plongement d’un graphe, la repré- sentation du quotient élimine la multiple représentation de chaque valeur, pour la maison de la figure3.6(b)page67, chacune des valeurs A, B, C, D, E est représentée selon le nombre de nœuds supports. Au contraire, sur le quotient de la figure3.8(a), chaque valeur a un unique nœud support par construction.

Notons le morphisme quotient q est bien un morphisme car il préserve les sources, les cibles et les étiquettes. Par extension du quotient d’un graphe plongé, nous définissons également le quotient d’un morphisme :

Définition 33 (Quotient de morphisme) Soient π:<ω>→ τ un plongement de dimension n ≥ 0 et f : G → H un morphisme entre deux graphes π-plongés qui vérifient la contrainte de cohérence du plongement.

Lequotient du morphisme f est le morphisme f: G → H défini par : – pour tout nœud v de G, fV /π([v]) = [fV(v)] ;

– pour tout arc e de G, fE/π(e) = fE(e).

Preuve. [Existence du quotient de morphisme] Prenons v et v0 deux nœuds de G tels que v ≡<ω>G v

0. Par préservation des étiquettes le long des morphismes,

f (v) ≡<ω>G f (v

0). Ainsi pour deux nœuds v et v0 qui ont la même image [v] = [v0]

dans G, f (v) et f (v0) ont la même image [f (v)] = [f (v0)] dans H/π. De plus,

l’opération de quotient n’altère par les arcs. Il existe donc bien un morphisme f /π : G→ H qui associe les deux quotients le long de f .