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2. Anomalies endocriniennes observées

2.1. Selon les axes hormonaux

DISCUSSION ET CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE

LISTE DES FIGURES LISTE DES TABLEAUX TABLE DES MATIERES ANNEXES

EVALUATION DES ANOMALIES

ENDOCRINIENNES AU DIAGNOSTIC DES

TUMEURS CEREBRALES DE L’ENFANT AU CHU D’ANGERS

C.Péaud-Padinha

1

, E. De Carli

2

, I. Pellier

2

, R.Coutant

3

1Université d’Angers, service de pédiatrie générale

2CHU d’Angers, Oncologie pédiatrique

3CHU d’Angers, Endocrinologie et Diabétologie pédiatrique

RESUME

Introduction

Les anomalies endocriniennes précoces et tardives sont connues comme facteur pronostique de morbi-mortalité après les traitements de tumeur cérébrale chez l’enfant. Mais leur présence dès le diagnostic n’est que peu traitée dans la littérature.

Patients et Méthodes

Cette étude monocentrique rétrospective a recueilli des données médicales de 231 dossiers d’enfants pris en charge au centre hospitalier universitaire d’Angers, dont le diagnostic de tumeur cérébrale a été posé entre janvier 2005 et décembre 2014, âgés de moins de 18 ans au diagnostic.

Résultats

L’âge médian au diagnostic était de 7,5 ans +/- 4,73 (0,58 – 16,57). Le sexe ratio était de 1,36, en faveur des garçons. Une HTIC était observée chez 42,9% des enfants. Le principal type tumoral observé était les tumeurs astrocytiques (34,2%, n=79). Les tumeurs étaient localisées pour 70,1% sur la ligne médiane, la principale localisation était en fosse postérieure 55% (n=127). Un bilan hormonal au diagnostic a été retrouvé dans 47,2% des dossiers (n=109). Au moins une anomalie endocrinienne a été retrouvée chez 88 enfants (80,7%). Les anomalies suggérant une activation gonadotrope précoce chez les garçons touchaient 14,2%

des garçons de l’étude (19/133, p<0,05) (correspondant à des valeurs anormales élevées de LH, ou de FSH, ou d’Inhibine B, ou de Testostérone). Les anomalies suggérant une activation gonadotrope précoce chez les filles touchaient 17,3% des filles de l’étude (17/98, p<0,05) (correspondant à des valeurs anormales élevées de LH, ou de FSH, ou d’Inhibine B, ou d’AMH).

Les anomalies suggérant une inhibition anormale de l’axe gonadotrope chez les garçons touchaient 15% des garçons de l’étude (20/133, p<0,05) (correspondant à des valeurs anormales basses de LH, ou de FSH, ou d’Inhibine B, ou d’AMH, ou de Testostérone). Dans les deux sexes était retrouvé : un déficit corticotrope chez 19,1% des enfants (17/89, p<0,05) (correspondant à des valeurs anormales basses de Cortisol, ou d’ACTH), un déficit thyréotrope chez 29,4% des enfants (28/95, p<0,05) (correspondant à des valeurs anormales basses de TSH, ou de T4L), un déficit somatotrope chez 20,2% des enfants (18/89, p<0,05) (correspondant à des valeurs anormales basses d’IGF-1, ou d’IGFBP3). Une hyperprolactinémie de déconnexion a été observée chez 40% des enfants (34/85, p<0,05). Les anomalies somatotrope et thyréotrope étaient associées à un état nutritionnel moins bon (IMC et poids).

Les autres anomalies n’avaient pas de lien avec la localisation tumorale et la présence d’une HTIC. Ces anomalies étaient subtiles, pour la plupart sans traduction clinique rapportée dans les dossiers médicaux.

Conclusion

La fréquence de trouble endocrinien avant le traitement de tumeur cérébrale n’est pas négligeable. Cela renforce l’importance d’un dépistage précoce, fréquent et prolongé afin de limiter en termes de morbi-mortalité la survie de ces patients et d’améliorer leur qualité de vie post-traitement.

INTRODUCTION

Les cancers de l’enfant (0-14 ans) sont caractérisés par leur faible incidence (environ 1% de l’ensemble des cancers en 2005) [1]. Sur la période 2000 à 2004 d’après le Registre national des hémopathies malignes de l’enfant et le Registre national des tumeurs solides de l’enfant, les cancers les plus fréquents chez l’enfant sont les leucémies (29%), les tumeurs du système nerveux central (SNC) (23%) et les lymphomes (12%) [1-4]. Le pronostic de survie à 5 ans des tumeurs du SNC chez les enfants est très variable selon le type histologique [5-8]. Les morbidités sont tout aussi hétérogènes [9,10]. Une des spécificités de ces tumeurs est leur évolution sur un organisme en croissance [1].

Les tumeurs cérébrales sont classées, d’après l’organisation mondiale de la santé (OMS), selon leur type histologique (selon le type de cellule ou de tissu dans lequel elles prennent naissance) et selon leur grade (Figure 1) [11]. Le grade tumoral renseigne sur son degré de malignité, c’est un indice de la vitesse de croissance et de la probabilité de propagation de la tumeur. Les tumeurs de bas grade (non malignes, aussi définies en grades I et II) se développent lentement. En général, elles n’envahissent pas les tissus voisins et ne se propagent pas à d’autres régions du cerveau ou de la moelle épinière. Certaines tumeurs de bas grade peuvent se transformer en tumeurs de haut grade [8]. Les tumeurs de haut grade (malignes, aussi définies en grades III et IV) se développent rapidement. Elles peuvent envahir les tissus voisins et se propager à d’autres parties du cerveau ou de la moelle épinière [8].

Il existe une grande variété de types histologiques chez l’enfant. Le pronostic et le traitement dépendent du type tumoral et du grade histologique.

Les tumeurs astrocytiques, embryonnaires et épendymaires représentent 80% des tumeurs cérébrales de l’enfant [2].

Les gliomes de l’enfant présentent des aspects moléculaires et génétiques différents de ceux de l’adulte, et un même type histologique aura des aspects histomoléculaires différents en fonction de sa localisation [3,12,13]. Les gliomes sont un ensemble tumoral hétérogène où chaque espèce tumorale correspond à l’une des cellules souches du tissu neuro-épithélial primitif. On y distingue entre autres les tumeurs astrocytiques (dont 20% représentées par l’astrocytome pilocytique), les épendymomes (représentant 11% des tumeurs neuroépithéliales primitives), les oligodendrogliomes et les gliomes du tronc cérébral [8,12,14]. Ils comprennent 4 grades histologiques de gravité croissante, les gliomes non malins de grade I et II (astrocytomes pilocytiques), les gliomes malins de grade III (astrocytomes anaplasiques) et de grade IV (glioblastomes). Au sein de ce type tumoral sont aussi retrouvés les gliomes du chiasma et les gliomes hypothalamiques qui sont tous les deux un type de gliome de bas grade (GBG). Les entités principales des gliomes de haut grade (GHG) de l’enfant sont les gliomes infiltrants du tronc cérébral.

Les autres types tumoraux sont, par ordre de fréquence, les tumeurs neuronales et glioneuronales mixtes pour environ 19 % (gangliogliomes, tumeurs dysembrioplasiques neuroépithéliales (DNET), gangliocytomes, etc.), les tumeurs embryonnaires pour 17 % (les médulloblastomes, les tumeurs rhabdoïdes teratoïdes atypiques (ATRT), les tumeurs neuroectodermiques primitives (PNET)), les craniopharyngiomes et les germinomes (3 à 5 %) [3].

Les tumeurs sont situées sur la ligne médiane dans 85 % des cas (50 % au niveau de la fosse postérieure (FP), 30 % en supra-sellaire, 5 % en région pinéale) [2]. Les tumeurs de

la FP sont représentées, par ordre de fréquence, par les médulloblastomes, les gliomes du tronc cérébral, les astrocytomes pilocytiques et les épendymomes.

Les signes cliniques au diagnostic sont polymorphes. Ils dépendent de la localisation tumorale et de l’âge de l’enfant. Ils peuvent inclure des signes d’hypertension intracrânienne (HTIC) et divers signes neurologiques (épilepsie, troubles visuels, endocriniens, ataxie, paralysie des nerfs crâniens). Les signes sont plus trompeurs chez l’enfant en bas âge (macrocéphalie, bombement de la fontanelle, difficultés d’alimentation, arrêt des acquisitions, hypotonie, irritabilité) [2,16,17]. Le délai peut être long entre les premiers symptômes et le diagnostic de tumeur cérébrale, entre 12 jours jusqu’à 30,7 mois ou plus [11,13,16,18-20].

Au diagnostic, les anomalies endocriniennes sont rarement citées dans les études, hormis dans le cadre des tumeurs de la région hypophysaire. Les atteintes hypothalamo-hypophysaires des tumeurs cérébrales peuvent se faire par envahissement (sur la ligne médiane) ou par compression (directe ou indirecte par une HTIC). Wilne (2007, 2010) a réalisé une méta-analyse portant sur près de 70 études répertoriant les signes cliniques au diagnostic des tumeurs cérébrales. Aucune anomalie endocrinienne n’était recherchée [21,22].

L’axe hypothalamo-hypophysaire est un système complexe de régulation hormonale.

Les principales fonctions sont rappelées Figure 3. L’hypothalamus contrôle l’antéhypophyse en sécrétant des hormones dans les vaisseaux sanguins du système porte hypothalamo-hypophysaire, et contrôle les sécrétions du lobe postérieur par voie axonale [20,23-25].

L’antéhypophyse produit et sécrète six hormones principales. L’hormone de croissance (GH) régule les processus de croissance et de développement physique. L’hormone thyréotrope (TSH) stimule la production d’hormones thyroïdiennes par la thyroïde. L’hormone adrenocorticotrophique (ACTH) stimule la sécrétion de Cortisol et d’autres hormones par les surrénales. L’hormone folliculostimulante (FSH) et l’hormone lutéinisante (LH) stimulent la production de spermatozoïdes par les testicules, d’ovocytes par les ovaires et d’hormones

sexuelles (Testostérone et œstrogènes) par les organes sexuels. La Prolactine stimule la sécrétion lactée par les glandes mammaires [25].

Dans la littérature, de nombreux articles font état de l’imputabilité de la localisation tumorale (notamment dans le cas des craniopharyngiomes), de la neurochirurgie, de la radiothérapie sur l’apparition de troubles endocriniens [6,19,26]. Une récente analyse chez l’adulte fait état de 51,4% de survivants ayant au moins une atteinte de l’axe hypothalamo-hypophysaire suite à une tumeur pédiatrique irradiée [28]. Une endocrinopathie au décours d’une tumeur cérébrale, selon l’âge de l’enfant, peut entraîner une contrainte quotidienne supplémentaire et peut avoir des conséquences en termes de croissance staturo-pondérale (petite taille, obésité), de développement pubertaire, de développement cognitif, de trouble du comportement, et en termes de qualité de vie [6,9,29]. Dans la plupart des publications, les études commencent leur suivi endocrinien cinq ans après les traitements [6]. Les études évaluant le devenir d’enfant ayant un cancer dans les premières années post-diagnostic sont encore peu nombreuses, même s’il existe quelques recommandations de dépistage très précoce d’anomalie endocrinienne [6,30-32].

Notre étude avait comme objectif de faire un état des lieux des anomalies endocriniennes au diagnostic de tumeur cérébrale de l’enfant. Cette étude rétrospective et descriptive a repris les dossiers médicaux de 231 enfants pris en charge au centre hospitalier universitaire (CHU) d’Angers pour une tumeur cérébrale de 2005 à 2015. Elle a montré que tous les axes hypothalamo-hypophysaires étaient touchés.

MÉTHODES

POPULATION ETUDIEE

L’étude a inclus des enfants âgés de moins de 18 ans au diagnostic, pris en charge pour une tumeur cérébrale au CHU d’Angers et dont le diagnostic a été posé entre le 1er janvier 2005 et le 31 décembre 2014, et ayant été suivi au moins une fois dans un des services d’oncologie pédiatrique, de neurologie pédiatrique, d’endocrinologie pédiatrique, de réanimation pédiatrique ou d’urgences pédiatriques du CHU d’Angers.

CONCEPTION de la RECHERCHE

Une recherche au département d’information médicale (DIM) du CHU d’Angers a été demandée avec les éléments croisés suivants: «tumeurs cérébrales» «bénignes et malignes, dont craniopharyngiomes» et «diagnostic entre 1995 et 2015» et «pris en charge dans au moins un des services suivants (oncopédiatrie, neuropédiatrie, endocrinopédiatrie)» et «moins de 19 ans». Le programme de médicalisation des systèmes d’information du CHU d’Angers n’ayant commencé à archiver des dossiers qu’en 2005, les dossiers de patients n’ont pu être récupérés que pour ceux dont le diagnostic a été posé entre le 1 janvier 2005 et le 31 décembre 2014. Une base de données anonymisée a été créée sur Excel.

Les données extraites des dossiers médicaux correspondaient aux données au diagnostic. Ont été recueillies des données démographiques (sexe, âge, ethnie), de santé (antécédents personnels, familiaux, stade pubertaire), tumorales (date du diagnostic, localisation tumorale, présence d’une HTIC au diagnostic, résultat anatomopathologique, traitements entrepris (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie, immunothérapie, greffe)),

SCHEMA de la RECHERCHE

Il s’agissait d’une étude descriptive, rétrospective, non interventionnelle. Le critère de jugement principal était la présence d’une anomalie endocrinienne au diagnostic de tumeur cérébrale, avant tout traitement. Les poids, tailles et IMC sont exprimés selon leurs unités de référence respectives et en z score. La date du diagnostic était considérée comme le jour où le compte-rendu d’anatomopathologie de la tumeur cérébrale était validé. En absence de ce document, la date du diagnostic était considérée comme étant le jour de la première réalisation d’imagerie cérébrale révélant la tumeur.

En l’absence de normes hormonales pédiatriques propres au laboratoire du CHU d’Angers, nous avons sélectionné dans la littérature les articles faisant référence pour les normes pédiatriques : Resende (2007) pour la FSH et LH [33], Lem (2012) pour la TSH et la Thyroxine libre (T4L) [34], Sims (2012) pour l’Inhibine B chez les filles de 0 à 12 ans [35], Bry-Gauillard (2017) pour l’Inhibine B chez les filles de plus de 12 ans [36], Kelsey (2016) pour l’Inhibine B chez les garçons [37], Hagen (2010) pour l’Hormone Antimüllérienne (AMH) chez les filles [38], Aksglaede (2010) pour l’AMH chez les garçons [39], Khairullah (2014) pour la Testostérone [40].

Les anomalies endocriniennes ont été définies, quand nécessaire, selon l’âge et le sexe (Tableau I). Les percentiles et déviations standards (DS) ont été calculés manuellement selon les valeurs de la littérature. Quel que soit le sexe ; pour la FSH, la LH, l’ACTH, la TSH, la T4L, la Testostérone, l’Insulin-like Growth Factor 1 (IGF-1), le Cortisol, la Prolactine, l’Insulin-like Growth Factor Binding Protein 3 (IGFBP3); une valeur anormale était définie par une DS supérieure ou égale à +2DS, ou, inférieure ou égale à -2DS. Pour l’AMH chez le garçon ; une valeur anormale était définie par un percentile supérieur ou égal à 95% ou inférieur ou égal à 5%. Pour l’Inhibine B chez les filles de 6 à 12 ans, une valeur anormale était définie pour un

VALEURS HORMONALES FILLES

T4 pmol/l -2DS 12,12 13,82 14,14 14,29 14,29 14,29 13,93 13,93 13,93 13,39 13,39 13,39 13,39 12,72 12,72 12,72 12,31 12,31 11,96

moyenne 21,78 19,74 19,23 18,83 18,83 18,83 18,1 18,1 18,1 17,46 17,46 17,46 17,46 16,71 16,71 16,71 16,24 16,24 15,84

+2DS 56,54 31,39 28,22 26,32 26,32 26,32 24,81 24,81 24,81 24,07 24,07 24,07 24,07 23,28 23,28 23,28 22,76 22,76 22,33

TSH mUI/L -2DS 2,43 0,58 0,57 0,57 0,57 0,57 0,56 0,56 0,56 0,55 0,55 0,55 0,55 0,53 0,53 0,53 0,52 0,52 0,51

moyenne 6,44 2,14 2,13 2,12 2,12 2,12 2,08 2,08 2,08 2,04 2,04 2,04 2,04 1,98 1,98 1,98 1,94 1,94 1,9

+2DS 24,03 5,56 5,54 5,51 5,51 5,51 5,41 5,41 5,41 5,31 5,31 5,31 5,31 5,16 5,16 5,16 5,05 5,05 4,93

IGF1 ng/ml -2DS 33,33 33,33 33,33 33,33 33,33 19,17 33,33 55 72,5 95,83 100 118,33 131,67 152,5 184,17 220,83 220,83 220,83 220,83

moyenne 150 150 150 150 150 202,5 233,33 255 280,83 320,83 366,67 418,33 465 502,5 525,83 529,17 529,17 529,17 529,17

+2DS 266,67 266,67 266,67 266,67 266,67 385,83 433,33 455 489,17 545,83 633,33 718,33 798,33 852,5 867,5 837,5 837,5 837,5 837,5

ACTH pg/ml -2DS 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5

VALEURS HORMONALES GARCONS

moyenne 0,54 0,54 0,54 0,54 0,54 0,54 0,54 0,54 0,54 0,54 0,54 12,07 12,07 12,07 8,18 10,06 10,06 14,99 14,99

+2DS 0,94 0,94 0,94 0,94 0,94 0,94 0,94 0,94 0,94 0,94 0,94 4,51 4,51 4,51 18 20,2 20,2 25,49 25,49

T4 pmol/l -2DS 12,12 13,82 14,14 14,29 14,29 14,29 13,93 13,93 13,93 13,39 13,39 13,39 13,39 12,72 12,72 12,72 12,31 12,31 11,96

moyenne 21,78 19,74 19,23 18,83 18,83 18,83 18,1 18,1 18,1 17,46 17,46 17,46 17,46 16,71 16,71 16,71 16,24 16,24 15,84

+2DS 56,54 31,39 28,22 26,32 26,32 26,32 24,81 24,81 24,81 24,07 24,07 24,07 24,07 23,28 23,28 23,28 22,76 22,76 22,33

TSH mUI/L -2DS 2,43 0,58 0,57 0,57 0,57 0,57 0,56 0,56 0,56 0,55 0,55 0,55 0,55 0,53 0,53 0,53 0,52 0,52 0,51

moyenne 6,44 2,14 2,13 2,12 2,12 2,12 2,08 2,08 2,08 2,04 2,04 2,04 2,04 1,98 1,98 1,98 1,94 1,94 1,9

+2DS 24,03 5,56 5,54 5,51 5,51 5,51 5,41 5,41 5,41 5,31 5,31 5,31 5,31 5,16 5,16 5,16 5,05 5,05 4,93

IGF1 ng/ml -2DS 27,28 27,28 27,28 27,28 27,28 27,27 50 59,09 70,91 72,72 68,19 60 59,1 68,2 75,45 127,27 127,27 127,27 127,27

moyenne 218,18 218,18 218,18 218,18 218,18 245,45 250 240,91 234,55 236,36 259,09 296,36 350 413,64 475,45 527,27 527,27 527,27 527,27 +2DS 409,08 409,08 409,08 409,08 409,08 463,63 450 422,73 398,19 400 449,99 532,72 640,9 759,08 875,45 927,27 927,27 927,27 927,27

ACTH pg/ml -2DS 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5

97,5è perc. 439 439 418 310 251 224 214 216 227 245 269 299 333 370 408 444 478 506 528

AMH pmol/l 5è perc. 53 53 395 395 395 395 395 395 321 321 321 321 297 46 22 15 15 15 23

médiane 148 148 1082 755 755 755 755 755 697 697 697 697 585 253 66 43 43 43 49

95è perc. 340 340 1397 1335 1335 1335 1335 1335 1218 1218 1218 1218 1113 1120 734 112 112 112 128

SDHA mg/l minimale - - 0-0,4 0-0,4 0-0,4 0-0,4 0-0,4 0-0,4 0-0,4 0-4 0-4 0-4 0-4 0-4 0-4 0,4-4 0,4-4 0,4-4 0,4-4

IGFBP3 ng/ml minimale 800 800 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1500 1500 1500 1500 1500 1750 1750 1750 1750

maximale 4000 4000 4000 4000 4000 4000 4000 4000 4000 4000 4300 4300 4300 4300 4300 4300 4300 4300 4300

percentile supérieur ou égal à 90%, inférieur ou égal à 10%. Pour l’Inhibine B chez les garçons et l’AMH chez les filles, une valeur anormale était définie pour un percentile supérieur ou égal à 97,5%, inférieur ou égal à 2,5%. Les normes de la littérature s’arrêtaient à ces percentiles.

Nous n’avons pas analysé la GH et l’Œstradiol car il n’existe pas de valeurs normales de base bien décrites dans des cohortes d’enfants, les sécrétions de GH et d’Œstradiol étant pulsatiles.

Le détail des valeurs hormonales utilisées selon l’âge et le sexe sont résumées Tableau I et Annexe 3.

Une HTIC était considérée devant des signes cliniques (vomissements, troubles visuels, céphalées, etc.) et/ou sur des imageries typiques (perte de l’homéostasie des volumes intracrâniens) [41].

Une localisation tumorale médiane était définie comme étant sur une zone ‘médiane antérieure’ (correspondant à l’axe hypothalamo-hypophysaire, le chiasma optique, le troisième ventricule), sur une zone ‘médiane pinéale’ (correspondant à la région épiphysaire), ou sur une zone ‘médiane postérieure’ (correspondant à la FP) (Figure 4).

Les dossiers inclus datent de la période antérieure à 2016. Il a été décidé de garder la classification des tumeurs cérébrales de l’OMS de 2007 [11]. Cette classification a été utilisée pour créer la base de données, réalisée avant 2016. Le recueil de données a été débuté avant 2016. Ainsi dans l’étude sont mentionnées les PNET qui ne sont plus définies en tant que tel dans la nouvelle classification publiée en 2016 [42]. Il paraissait impossible de redéfinir un à un les diagnostics afin de les reclasser. Il nous manquait une expertise en anatomopathologie et ce ‘reclassement’ n’aurait été qu’approximatif.

Les craniopharyngiomes ont été exclus car de nombreuses études sont déjà présentes dans la littérature faisant le lien entre craniopharyngiome et anomalie endocrinienne. Ces anomalies sont d’ailleurs le plus souvent inaugurales, permettant le diagnostic de cette tumeur de bas grade ayant une évolution progressive [43-45].

Cette étude est une recherche non interventionnelle. Les patients et/ou leur famille n’ont pas été recontactés pour la mise en œuvre de l’étude.

STATISTIQUES

Les données ont été collectées et analysées en utilisant Excel et les logiciels intégrés, ainsi que le logiciel SPSS et un logiciel disponible sur internet (biostatgv) [46]. Le test de Student a comparé la moyenne en DS à la moyenne attendue dans la population générale d’enfants sains (soit 0DS) (comparaison univariée). Le test du Chi 2 a comparé la fréquence des valeurs anormales de la cohorte aux fréquences attendues dans la population générale d’enfants sains (soit selon les hormones mesurées, 5% lorsque les limites correspondaient à -2 et +-2 DS ou le -2,5e et le 97,5e percentile, ou 10% lorsque les limites correspondaient au 5e et 95e percentile, ou 20% lorsque les limites correspondaient au 10e et 90e percentile). Lorsque cela avait un sens physiopathologique, nous avons également comparé la fréquence de valeurs basses à celle attendue dans la population générale des enfants sains (soit 2,5ème, 5ème, 10ème

percentiles ou – 2DS) pour la TSH et T4L (dans l’hypothèse d’un déficit thyréotrope) ; pour l’

IGF-1 et l’IGFPB3 (dans l’hypothèse d’un déficit somatotrope ou d’un défaut nutritionnel) ; pour l’ACTH, le Sulfate de Dehydroepiandrosterone (SDHA) et le Cortisol (dans l’hypothèse d’un déficit corticotrope) ; pour la FSH, la LH, l’AMH (dans l’hypothèse d’un déficit gonadotrope, notamment une puberté retardée). De même, lorsque cela avait un sens physiopathologique, nous avons comparé la fréquence des valeurs hautes à celles attendues dans la population générale des enfants sains (soit 90ème, 95ème, 97,5ème percentiles ou + 2DS) pour la Prolactine (dans l’hypothèse d’un dysfonctionnement hypothalamo-hypophysaire global) ; pour les FSH, LH, Inhibine B et Testostérone (dans l’hypothèse d’une puberté précoce).

Concernant les données auxologiques (poids, taille, IMC), les percentiles et z scores correspondants ont été obtenus par un calcul manuel grâce à un logiciel anthropométrique (WHO Anthro (version 3.2.2, January 2011)).

GESTION des DONNEES

Le projet de l’étude a été soumis au Comité d’Ethique qui a émis un avis favorable à la mise en œuvre de cette recherche le 16 février 2017 (Annexe 1). Un avis favorable émanant de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) avec enregistrement de l’étude a été recueilli le 10 novembre 2016 (Annexe 2).

Le service d’oncologie pédiatrique était le service chargé de la mise en œuvre et du droit d’accès des données médicales disponibles numérisées sur les ordinateurs du CHU, et/ou dans les dossiers papier. Les données ont été recueillies de manière codée et anonymisée. Une liste de correspondance a été conservée au CHU d’Angers. Les données stockées sont dans un dossier informatisé à accès restreint sur le réseau interne du service.

RÉSULTATS

1. Caractéristiques de la population

Des données médicales ont été récupérées dans 231 dossiers.

1.1. Population étudiée

Elle était constituée de 133 garçons (57,6%) et 98 filles (42,4%), soit un sexe ratio de 1,36 en faveur des garçons. L’âge moyen au diagnostic était de 7,5 ans +/- 4,73 (0,58; 16,57).

La distribution en classe d’âge est détaillée Figure 6. Il existait deux pics, un entre 2 et 4 ans, un vers 11 ans. Le poids moyen était de 26,9 kg +/- 15,94 (7,20; 65,96). La taille moyenne était de 120,2 cm +/- 28,93 (68,0; 171,12). L’IMC moyen était de 16,5 kg/m² +/- 3,36 (11,19;

26,74). Une HTIC était présente au diagnostic pour 42,9% d’entre eux (n=99).

Population de

l'étude (N=231) % Sans BH

(N=122) % Avec BH

(N=109) % p*

SEXE 0,66

Masculin 133 57,6 68 55,7 65 59,6

Féminin 98 42,4 54 44,3 44 40,4

0,27

MEDIANE 162 70,1 78 63,9 84 77,1

19 8,2 2 1,6 17 15,6

16 6,9 2 1,6 14 12,8

127 55,0 74 60,7 53 48,6

HORS MEDIANE 68 29,4 44 36,1 25 22,9

59 25,5 41 33,6 23 21,1

7 3,0 3 2,5 2 1,8

DM 1 0,4 - - -

-DM = donnée manquante

* comparaison statistique entre les enfants ayant eu ou non un BH au diagnostic

Tableau II - Caractéristiques de la population étudiée (comparaison des enfants ayant eu non un bilan hormonal (BH) au diagnostic)

La tumeur était de localisation médiane dans 70,1% des cas (n=162). La principale localisation tumorale était la FP (55%, n=127). Le détail de la population de l’étude est résumé dans les tableaux II et III.

Les z scores des poids et des IMC de la population de l’étude étaient statistiquement différents des valeurs attendues dans la population générale (Tableau III). Ces z scores étaient significativement plus faibles (p<0,05). Les filles avaient un z score de poids significativement plus faible que les garçons (z score -0,31, p<0,05).

1.2. Caractéristiques tumorales

Le type tumoral principal était les tumeurs astrocytiques pour 34,2% des enfants (n=79). Il s’agissait essentiellement de tumeurs du tissu neuro-épithélial (Tableau IV). Il n’y avait pas de différence statitstiquement significative entre les enfants ayant ou n’ayant pas eu de bilan hormonal (BH) au diagnostic (p=0,84).

1.3. Groupes avec ou sans bilan hormonal au diagnostic

Un BH au diagnostic, avant tout traitement, a été retrouvé chez 47,2% des enfants (n=109). Il n’y a pas de différence statistiquement significative entre ces deux groupes concernant leurs caractéristiques auxologiques, les types tumoraux diagnostiqués ou la

N % N % N %

Tumeurs du tissu neuroépithélial 220 95,2 101 92,7 119 97,5

Tumeurs astrocytiques 79 34,2 30 27,5 49 40,2

Tumeurs oligodendrogliales 4 1,7 2 1,8 2 1,6

Tumeur oligoastrocytiques 1 0,4 - - 1 0,8

Tumeurs épendymaires 10 4,3 7 6,4 3 2,5

Tumeurs des plexus choroïdes 4 1,7 - - 4 3,3

Autres tumeurs neuroépithéliales 1 0,4 - - 1 0,8

Tumeurs neuronales et neurogliales* 20 8,7 6 5,5 14 11,5

Tumeurs de la région pinéale 2 0,9 2 1,8 -

-Tumeurs embryonnaires 57 24,7 35 32,1 22 18,0

Médulloblastome 45 19,5 30 27,5 15 12,3

ATRT 6 2,6 3 2,8 3 2,5

PNET 3 1,3 1 0,9 2 1,6

Autres 3 1,3 1 0,9 2 1,6

Non classables (tumeurs gliales) 38 16,5 19 17,4 19 15,6

Tumeurs germinales 8 3,5 8 7,3 -

-Non classables 3 1,3 - - 3 2,5

Abbréviations: ATRT, atypical teratoid rhabdoid tumor; PNET, primitive neuroectodermal tumor.

4 3,3

Hors classement (histologie mixant 2 sous

classes de tumeurs du tissu neuroépithélial) 4 1,7 Type tumoral

* Comprenant notamment des DNET et des gangliogliomes

-

-Tableau IV - Tumeurs de l'étude selon la classification OMS 2007

2. Anomalies endocriniennes observées

Sur 109 enfants ayant eu un BH, 88 enfants présentaient au moins une anomalie endocrinienne (80,7%). Des anomalies endocriniennes significatives, correspondant à des valeurs anormales hautes et/ou basses, ont été retrouvées dans tous les axes hypothalamo-hypophysaires. Les principales anomalies endocriniennes touchaient la Prolactine, la FSH, l’Inhibine B, l’AMH et la T4L (Figure 7).

2.1. Selon les axes hormonaux

2.1.1. Axe gonadotrope

Les caractéristiques des enfants avec des valeurs anormales hautes ou basses des gonadotrophines (FSH, LH), des stéroïdes (Testostérone) ou des peptides gonadiques (Inhibine B, AMH) sont détaillées Tableau V.

Chez les filles, nous avons montré une proportion significative de valeurs anormales hautes d’Inhibine B, d’AMH, de FSH, de LH. Cela pourrait correspondre à une activation gonadotrope anormale. Les caractéristiques des filles ayant activés leur axe gonadotrope de façon anormale (soit par une LH augmentée, une FSH augmentée, une Inhibine B augmentée

Axe hormonal Valeur AN observée % Valeur AN attendue % p

Sexe féminin

Valeur AN Inhibine B 8 35% (8/23) 4,6 20% 0,076

Valeur AN basse Inhibine B 1 4,4% (1/23) 2,3 10% 0,366

Valeur AN haute Inhibine B 7 30,6% (7/23) 2,3 10% 0,001

Valeur AN AMH 5 18% (5/27) 1,4 5% 0,001

Valeur AN basse AMH 2 7% (2/27) 0,7 2,5% 0,102

Valeur AN haute AMH 3 11% (3/27) 0,7 2,5% 0,004

Valeur AN FSH 9 25,7% (9/35) 3,5 10% 0,020

Valeur AN basse FSH 4 11,4% (4/35) 1,7 5% 0,081

Valeur AN haute FSH 5 14,3% (5/35) 1,7 5% 0,012

Valeur AN LH 3 8,6% (3/35) 3,5 10% 0,778

Valeur AN basse LH 1 2,9% (1/35) 1,7 5% 0,561

Valeur AN haute LH 2 5,7% (2/35) 1,7 5% 0,846

Valeur AN haute LH 2 5,7% (2/35) 1,7 5% 0,846

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