L’information collectée dans la base de données OSM présente un niveau de
gra-nularité très fin. En effet, les utilisateurs contribuent à construire une représentation
de l’espace à l’échelle du bâtiment ou de l’infrastructure routière. Cette
représenta-2. https://www.ordnancesurvey.co.uk/
3. http://www.openstreetmap.org/
4. http://osmstats.neis-one.org/, consulté le 15/11/2016
5. http://wiki.openstreetmap.org/wiki/Stats, consulté le 15/11/2016
6. http://wiki.openstreetmap.org/wiki/Planet.osm
Figure2.1 – Cartographie du centre ville de Grenoble produite à partir des données
OSM (extraction du 03/10/2016).
tion à échelle humaine s’appuie sur des infrastructures familières aux contributeurs.
Ces derniers n’ont pas l’expertise des sciences du territoire. Cependant, ce sont ici des
lieux et objets du quotidien qui sont cartographiés. Par conséquent, les utilisateurs
les saisissent d’autant mieux qu’ils en sont les créateurs. Le niveau de granularité
fin de l’information de la base OSM présente donc le double avantage d’être proche
du citoyen et d’être imprégné d’un point de vue d’expert terrain. Par ailleurs, ces
données infra-communales peuvent être collectées à n’importe quel moment là où
les fournisseurs de données classiques proposent des mises à jour ponctuelles à des
fréquences de l’ordre de l’année. Le caractère continu du processus d’acquisition
garantit une fraîcheur des données optimale et permet de suivre l’évolution du
ter-ritoire au plus près. En ce qui concerne la couverture des données collectées dans
OSM, les auteurs de [Haklay, 2010] soulignent le fait que les zones urbaines sont
mieux prises en considération que les zones rurales.
De plus, afin d’encourager le partage de cette information citoyenne, son
créa-teur inscrit dès l’origine OSM dans le mouvement de l’OpenData - dont il deviendra
rapidement le projet phare - qui réclame plus de transparence vis-à-vis des
orga-nismes de production de l’information (tel que l’Institut National de la Statistique
et des Études Economiques (INSEE)
7en France). En ce sens, à l’origine, la base de
données OSM était encadrée par la licence ouverte Creative Commons (CC)
CC-by-SA (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0/). Cependant, cette
dernière était lacunaire et fut abandonnée car elle n’avait pas été conçue
quement pour encadrer l’information cartographique (elle est notamment évasive
quant à la protection des données telles que les géométries des objets géographiques
et les tags qui y sont associés
8 9). La migration des données sous la nouvelle
li-cence ne s’est pas faite sans anicroche puisque les informations appartenant à des
contributeurs OSM n’ayant pas accepté la licence ODbL ont dû être supprimées
de la base. Ces données ne représentaient toutefois que 1% de l’ensemble des
don-nées en base
10. Depuis septembre 2012, l’utilisation de la base de données OSM est
régie par la licence Open Database License (ODbL)
11dont le cadre juridique est
défini par l’un des organismes les plus influents en matière d’ouverture des données,
l’Open Knowledge Foundation (OKF)
12. En outre, cette licence autorise tout
ci-toyen à réutiliser les données OSM dans la mesure où il ne modifie pas leur contenu
et fait référence au producteur de données. Ce cadre encourage la réutilisation de
l’Information Géographique Volontaire dans d’autres projets.
Le tableau 2.1 synthétise l’ensemble des caractéristiques d’OSM en les mettant
en regard des données fournies par l’INSEE, principal organisme de production de
statitstiques publiques en France. Le premier est l’acteur le plus important du
phéno-mène de la VGI, tandis que le second est un fournisseur de données institutionnelles
représentatif du processus classique de production de l’information. Ces deux
ap-proches sont analysées à l’aune des différents aspects évoqués plus haut : production
(nombre d’agents producteurs de l’information et type d’expertise), collecte (finesse
du maillage, couverture des données et fréquence de mise à jour), et disponibilité
(type de licence et coût).
Nous l’avons vu, le projet OpenStreetMap s’inscrit dans le phénomène de la VGI
et adopte une approche radicalement différente de celle des producteurs de données
classiques. Néanmoins, il bénéficie également de l’autorité de données
institution-nelles qui rejoignent elles-aussi le mouvement de l’OpenData et, en particulier, les
jeux de données mis à disposition sur les plates-formes en ligne du typedata.gov.*.
Ces dernières ont pour but de promouvoir la transparence des données
gouverne-mentales et d’encourager leur (ré)utilisation. La déclinaison française de cette
ini-tiative (américaine à la base, www.data.gov
13) est le site Web data.gouv.fr
14.
8. http://wiki.osmfoundation.org/w/index.php?title=Licence/Historic/We_Are_
Changing_The_License
9. http://wiki.osmfoundation.org/w/index.php?title=Licence_and_Legal_FAQ/Why_CC_
BY-SA_is_Unsuitable
10. Pour plus d’informations sur le changement de licence des données OSM, voirhttp://www.
openstreetmap.fr/openstreetmap-odbl
11. http://opendatacommons.org/licenses/odbl/1.0/
12. https://okfn.org/
13. https://www.data.gov/
Table2.1 – Comparaison des caractéristiques des données INSEE et OSM.
Caractéristique INSEE OSM
Nombre Bas Haut
Production
Expertise Expertise du domaine Expérience terrain
Maillage National à Communal Infracommunal
Couverture Complète Partielle (espaces urbains)
Collecte
Fréquence de
mise à jour Annuelle à mensuelle Continue
Licence Principalement privée Publique
Disponibilité
Coût Elevé Gratuit
Des imports des données mises à disposition sur ces sites Web ont permis d’enrichir
significativement la base OSM, lui conférant, par là-même, un peu de leur crédit.
Un catalogue des imports de données en provenance d’institutions est disponible
sur le wiki du projet
15. A titre d’exemple, en 2009, les données du cadastre
fran-çais
16fournies par la Direction Générale des Impôts (DGI) ont été ajoutées à la
base de données OSM
17. La même année, la caractérisation biophysique des sols via
la nomenclatureCorine Land Cover (CLC)
18par le ministère de l’environnement a
elle-aussi été importée
19. Dernier ajout en date, début 2016, les établissements de
tourisme accessibles en chaise roulante publiés par le Ministère de l’Economie, de
l’Industrie et du Numérique
20. Les volontaires intéressés par l’import de données
institutionnelles ont également établi une liste des sources de données potentielles
disponible sur le Wiki OSM
21.
Finalement, on peut aujourd’hui apprécier le succès d’OSM à travers les projets
qui gravitent autour de lui. Le wiki OSM en dresse la liste non exhaustive
22. Entre
autres, on trouve des applications ayant trait au sport telles que OpenCycleMap
23qui se propose de mettre en exergue les éléments de la base de données OSM en
rapport avec l’activité du cyclisme. D’autres exploitent les informations OSM dans
un but artistique comme le site Webprettymaps.stamen.com
24qui croise les
don-15. http://wiki.openstreetmap.org/wiki/Import/Catalogue
16. http://www.cadastre.gouv.fr/
17. http://wiki.openstreetmap.org/wiki/WikiProject_France/Cadastre
18. https://fr.wikipedia.org/wiki/Corine_Land_Cover
19. http://wiki.openstreetmap.org/wiki/WikiProject_Corine_Land_Cover
20. http://wiki.openstreetmap.org/wiki/Les_Etablissements_"Tourisme_&_Handicap"
21. http://wiki.openstreetmap.org/wiki/Potential_Datasources
22. http://wiki.openstreetmap.org/wiki/List_of_OSM-based_services
23. http://www.opencyclemap.org/
24. http://prettymaps.stamen.com/
nées produites par plusieurs sites Web communautaires (Flickr
25, Natural Earth
26et OSM) et applique un style graphique qui donne à voir le territoire sous une
pers-pective esthétique. Le projet OSRM
27s’appuie sur le réseau routier d’OSM pour
calculer des itinéraires. Enfin, l’équipe humanitaire d’OSM (Humanitarian OSM
Team, HOT)
28, tire parti de l’aspect collaboratif et de l’adaptabilité de la carte
OSM pour cartographier des zones dévastées par des catastrophes naturelles, et, en
particulier, les accès afin de venir rapidement en aide aux victimes.
Dans le document
OF4OSM : un méta-modèle pour structurer la folksonomie d'OpenStreetMap en une nouvelle ontologie
(Page 35-39)