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Caractéristiques des plans d’interventions établis par les infirmières de l’équipe de mentorat

Chapitre 5. Discussion

5.4. Caractéristiques des plans d’interventions établis par les infirmières de l’équipe de mentorat

Les infirmières de l’équipe de mentorat rédigent systématiquement un plan d’interventions personnalisé. À la connaissance de l’étudiante, il n’existe aucune autre étude décrivant les plans d’interventions formulés par des infirmières dans des situations de SCPD. Les interventions réalisées par les infirmières de l’étude sur le STI (Kovach, Kelber, et al., 2006) ne sont pas décrites. Il semble par ailleurs qu’il s’agisse plutôt d’interventions ponctuelles, visant à répondre à un épisode de SCPD plutôt qu’un plan d’interventions dûment formulé afin d’intervenir de façon planifiée et concertée sur une situation de SCPD en répondant aux besoins compromis identifiés par l’évaluation clinique. Les infirmières de pratique avancée de l’étude de Barton et ses collaborateurs (2014) suggéraient certaines interventions telles que la promotion d’interactions positives et l’évitement d’argumentation ou de confrontation. De plus, elles donnaient des explications sur la maladie, les comportements et les bases de la communication. Elles donnaient également des conseils au proche soignant sur la gestion du stress, le maintien de la santé et les services disponibles. Enfin, des informations écrites et audiovisuelles sur les MAa étaient fournies. Cependant, il semble qu’aucun plan d’interventions personnalisé formel n’ait été établi par ces infirmières.

Les soignants de l’étude de Landreville, Dicaire et leurs collaborateurs (2005) utilisaient neuf techniques prédéterminées adaptées à des situations d’agitation. Là aussi, il semble que les soignants agissaient sur un épisode symptomatique et non au niveau d’un plan d’interventions planifiées. Les infirmières participant à l’étude de Gagné (2010) étaient questionnées sur deux situations différentes. En ce qui concerne la situation d’agitation verbale, 80% des infirmières ont cité au moins une catégorie d’INP appropriée.

Cependant, en ce qui concerne le comportement d’agressivité, seules 40.9% des infirmières ont cité une INP appropriée. Là aussi, la réponse était ponctuelle, dans le but de répondre à un épisode précis et circonscrit dans le temps. Ainsi, les interventions décrites dans ces deux études ne semblent pas être personnalisées en fonction des caractéristiques de l’aîné et de son milieu de vie ni être relatives aux causes sous-jacentes identifiées lors d’une évaluation clinique ou aux facteurs précipitants issus de l’environnement social, physique et organisationnel.

En situation de SCPD, l’infirmière ne peut se contenter de recommander des approches de base ou de faire appliquer des techniques. En effet, elle doit identifier l’ensemble des causes sous-jacentes spécifiques à la situation et planifier des interventions complémentaires adaptées à ces causes. Par exemple, les techniques de lavage à la serviette sont identiques d’une personne à l’autre, mais il est important d’ajouter d’autres INP et des interventions pharmacologiques s’il y a présence de douleur. De plus, il est important de personnaliser les INP en fonction des habitudes de vie et du niveau d’autonomie de chacun. Le fait de rédiger des plans d’interventions permet à l’ensemble des soignants de connaître les directives de l’infirmière et de s’y conformer. Cela soutient donc la continuité des soins. Ainsi, plutôt que de réagir à des épisodes de SCPD, l’équipe soignante et interprofessionnelle ainsi que la famille peuvent appliquer de façon concertée et concomitante des interventions qui agissent sur les causes sous-jacentes. En agissant sur les causes sous- jacentes, il y a une meilleure probabilité de réduire la fréquence, la gravité et les répercussions des SCPD.

Ainsi, les infirmières de l’équipe de mentorat rédigent des plans d’interventions axés sur les causes sous-jacentes identifiées. Les plans d’interventions ciblent les niveaux individuel, interactionnel et environnemental. Les interventions sont parfois planifiées en fonction de la catégorie de SCPD. Cependant, les interventions sont systématiquement personnalisées en fonction des causes sous-jacentes identifiées, de l’histoire de vie, des habitudes et du niveau d’autonomie fonctionnelle de l’aîné. De plus, lors de la planification des interventions, les infirmières de l’équipe de mentorat tiennent compte des caractéristiques de l’environnement physique et organisationnel. Les interventions proposées sont donc adaptées systématiquement à ces caractéristiques. Par exemple, afin de favoriser l’application des interventions, le ratio et la disponibilité des soignants sont prise en compte par les infirmières de l’équipe de mentorat. Ces données auront une influence sur la fréquence des interventions planifiées ou sur la sélection des interventions les plus susceptibles d’être efficaces dans la situation présente. Les éléments de personnalisation et la participation des proches sont dûment inscrits au plan d’interventions. Les infirmières de l’équipe de mentorat relèvent également des éléments concernant la formation des soignants. Ces éléments sont variés sous forme de procédure, d’algorithme, de renseignements sur la médication ou de références théoriques. La pratique des infirmières de l’équipe de mentorat en ce qui concerne les plans d’interventions respecte donc les

99 recommandations des lignes directrices (CCSMPA, 2006). L’efficacité des interventions à réduire la fréquence et la gravité des SCPD est probablement due aux caractéristiques intrinsèques des plans d’interventions établis par les infirmières de l’équipe de mentorat.

Enfin, il est important de rappeler que la pratique des infirmières de l’équipe de mentorat est relative à une pratique de deuxième ligne. Cela signifie que les SCPD présentés par les aînés sont persistants dans le temps, d’une fréquence et d’une gravité modérée à grave et que l’équipe soignante n’a pas pu leur trouver de réponse satisfaisante. Ainsi, l’efficacité des interventions planifiées par les infirmières de l’équipe de mentorat est d’autant plus notable puisqu’il s’agit de situations particulièrement complexes.