• Aucun résultat trouvé

L’évènement qui détermine la constitution de la famille est un bon indicateur de la diversité

des structures monoparentales. Celui-ci explique en grande partie les caractéristiques de

l’ensemble des familles monoparentales par opposition aux parents en couple et à la

diversité des configurations familiales qui existent en leur sein (Gautier, 2006). Le nombre

d’enfants, l’âge des mères et de leur(s) enfant(s) sont liés à leur histoire matrimoniale

antérieure (tableau 17) tandis que la situation professionnelle varie bien souvent selon les

différentes étapes du cycle de vie.

Tableau 17 – Caractéristiques des familles monoparentales selon le mode de formation de la famille (population source)

Naissance Divorce Séparation Décès

Age des mères X = 37,7* X = 42,9 X = 38,8 X = 46,9

Moins de 25 ans 12,1% 0,3% 2,8% 0,0% De 25 à 29 ans 7,7% 1,3% 11,0% 0,0% De 30 à 39 ans 28,6% 28,2% 37,8% 8,5% De 40 à 49 ans 41,8% 57,4% 42,9% 61,0% 50 ans et plus 9,9% 12,9% 5,5% 30,5% Nombre d’enfants X = 1,2 X = 1,6 X = 1,9 X = 1,9 1 85,7% 32,7% 48,4% 37,8% 2 12,1% 45,0% 39,0% 36,6% 3 2,2% 19,0% 10,6% 24,4% 4 et plus 0,0% 3,2% 2,0% 1,2%

Age des enfants X = 8,2 X = 13,7 X = 10,2 X = 14,9

Moins de 3 ans 21,9% 2,1% 7,7% 1,3% De 3 à 5 ans 17,1% 5,3% 15,0% 1,3% De 6 à 10 ans 23,8% 19,5% 32,7% 13,4% De 11 à 17 ans 32,4% 46,4% 34,6% 51,7% De 18 à 24 ans 4,8% 26,7% 9,9% 32,2% Situation professionnelle

Actif ayant un emploi 72,2% 86,8% 78,7% 82,2%

Chômage 10,0% 5,9% 8,7% 6,9%

Inactif ** 17,8% 7,3% 12,6% 10,9%

(*) X = moyenne (**) Étudiantes, retraitées, femmes au foyer, personnes en incapacité de travailler... Source : Enquête (2009) – Réalisation : F. Leray, CNRS UMR ESO 6590, 2009

Les mères n’ayant jamais vécu en couple. L’épisode monoparental commence par une

naissance, voulue ou non, mais sans vie de couple préalable. L’entrée en monoparentalité

est souvent synonyme d’une maternité précoce : elle intervient en début de parcours

familial. C’est pourquoi 24,2% des mères qui n’ont jamais vécu en couple avaient moins de

25 ans au moment du changement familial. Elles sont ainsi plus jeunes (37,7 ans en

moyenne) et élèvent plus fréquemment un seul enfant en bas âge (85,7% n’ont qu’un seul

enfant tandis que l’âge moyen des enfants est de 8,2 ans). Les mères qui n’ont jamais vécu

en couple sont moins souvent actives, plus souvent en formation, au chômage et en congé

parental. L’arrivée du premier enfant explique la plus grande fréquence des interruptions

d’activité.

Les mères divorcées. Les mères divorcées, comme les veuves, ont souvent plusieurs enfants

(22,2% ont trois enfants et plus). Le divorce intervient en milieu de parcours familial. La

durée moyenne de cohabitation antérieure est de 11,7 ans en cas de mariage. Les mères

divorcées sont âgées en moyenne de 42,9 ans et élèvent le plus souvent deux enfants. Elles

sont beaucoup moins susceptibles que les mères n’ayant jamais vécu en couple et les mères

séparées d'avoir des enfants de moins de 3 ans (2,1%). L’âge moyen des enfants est de 13,7

années. Elles font partie des mères les plus qualifiées et sont celles qui sont le plus intégré

au marché du travail (86,6% sont des actifs occupant un emploi).

Les mères séparées. La situation monoparentale est liée à une désunionet intervient au milieu

de parcours familial. Les caractéristiques des mères séparées sont proches de celles des

mères n’ayant jamais vécu en couple. Comme elles, les mères séparées élèvent

majoritairement un seul enfant. Elles sont plus âgées que les mères qui ne vivaient pas en

couple mais plus jeunes que les veuves et les divorcées. L’épisode monoparental consécutif

à une rupture d’union libre survient aussi de façon plus précoce dans la vie des enfants. La

durée moyenne de cohabitation antérieure est en moyenne de 7 ans en cas d’union libre : les

unions libres sont plus fragiles que les mariages. Les mères séparées sont également celles

qui sont les plus présentes sur le marché du travail.

Les veuves. Le décès du conjoint intervient en milieu ou en fin de parcours familial, plus tard

dans le cycle de vie que les autres mères isolées. Les veuves sont ainsi plus âgées que les

autres mères au moment de l’entrée en situation monoparentale et au moment de l’enquête

(30,5% ont plus de 50 ans). De fait, les enfants sont plus âgés : l’âge moyen des enfants est

de 14,9 ans, 32,2% des veuves élèvent un ou plusieurs enfants majeurs. Les familles

monoparentales qui ont pour origine le décès du conjoint sont plus souvent des familles

nombreuses (25,6%). Il est fréquent que certains des enfants aient déjà quitté le domicile

parental. Lorsque les enfants non à charge sont comptabilisés, 48,8% des familles ont plus

de trois enfants. Autre caractéristique propre aux veuves, celles-ci sont moins diplômées

que les autres mères. Elles bénéficient cependant d’une plus longue expérience

professionnelle. Elles sont moins souvent au chômage et naturellement davantage à la

retraite que les autres.

2.2.2. Des situations monoparentales stabilisées et fragilisées

Pour aller plus loin et rendre compte davantage de la diversité des situations

monoparentales, les méthodes d’analyse factorielle sont utiles. Elles ont pour objectif de

réduire les dimensions des tableaux de données de façon à représenter les associations entre

individus et entre variables dans des espaces de faibles dimensions. Elles sont donc utilisées

pour synthétiser et expliquer l’information donnée par plusieurs variables en minimisant la

déperdition d’information.

L’analyse des correspondances multiples est la première étape avant l’analyse géométrique

des données. Elle permet d’étudier les liaisons qui existent entre plusieurs variables

qualitatives sur une même population. On dispose d'individus (800) décrits par plusieurs

variables nominales (8) : l’origine de la monoparentalité, l’âge des mères et de leur(s)

enfant(s), le nombre d’enfant, la situation professionnelle et financière, le lieu de vie et la

durée de la monoparentalité. Ces variables permettent de rendre compte de la forme des

familles monoparentales mais aussi de la situation économique et sociale des mères isolées.

La deuxième étape est la classification ascendante hiérarchique des données qui consiste à

agréger les individus selon leur ressemblance. Elle a pour objectif d’obtenir des classes

d’individus les plus cohérentes possibles en constituant les groupes les plus homogènes.

Toutes les variables peuvent intervenir dans la caractérisation. La CAH conduit à

représenter un ensemble d’individus (décrits par des variables qualitatives) sous la forme

d’un nuage de points. Chaque individu est représenté par un point. La distance entre deux

points est définie à partir des valeurs prises par les variables qui les décrivent : plus les deux

descriptions se ressemblent, plus la distance est petite.

En regroupant les individus, trois groupes différenciés les uns des autres apparaissent. La

classification ascendante hiérarchique permet de distinguer trois classes : une situation

monoparentale stabilisée, une situation monoparentale fragilisée et une situation