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Caractéristiques générales de la macrofaune benthique de la plage du

CHAPITRE II : VARIABILITE SAISONNIERE DES

D. Caractérisation de la macrofaune benthique

4.1. Caractéristiques générales de la macrofaune benthique de la plage du

La plage du Truc Vert est caractérisée par une macrofaune réduite, avec un petit nombre d’espèces (14 au total), des abondances et des biomasses limitées (respectivement inférieures à 800 individus/m2 et à 3 g AFDW/m2). Ces valeurs sont extrêmement faibles en comparaison avec d’autres environnements marins tels que le Bassin d’Arcachon, où environ 200 taxons ont été identifiés en zone

intertidale (Blanchet, 2004). Dans cet environnement distant de quelques kilomètres de la plage du Truc Vert, les herbiers à Zostera noltii présentent une macrofaune particulièrement développée, avec des abondances supérieures à

20000 individus/m2 et des biomasses comprises entre 10 et 20 g AFDW/m2, tandis

que les sédiments vaso-sableux présentent des abondances autour de 2000

individus/m2 et des biomasses d’environ 9 g AFDW/m2 (Blanchet, 2004).

Les faibles valeurs de richesse spécifique, abondance et biomasse observées au Truc Vert confirment ce que l’on connaît des sédiments sableux intertidaux et notamment des plages exposées (Tab.10) : plus la granulométrie du sable et le degré d’exposition aux vagues sont importants et moins la richesse spécifique et l’abondance de la macrofaune benthique sont importantes. Les plages réflectives, exposées, sont ainsi moins peuplées que les plages abritées (McLachlan and Brown, 2006).

Tableau 10 : Nombre d’espèces, abondance (individus/m2) et biomasse (g de poids sec sans cendre/m2) mesurées au sein de plages sableuses en mode semi-abrité ou battu. Modifié d’après Blanchet, 2004.

Les espèces présentes au Truc Vert sont également caractéristiques des plages

sableuses exposées d’Europe occidentale. Ainsi, Scolelepis squamata,

Gastrosaccus spinifer, Gastrosaccus roscoffensis, Nephtys cirrosa, Pontocrates arenarius, Haustorius arenarius, Eurydice naylori et Ophelia bicornis sont communément observées sur les plages espagnoles et portugaises (Munilla and San Vicente, 2005 ; Rodil et al., 2006 ; Gonçalves et al., 2009 ; Vale et al., 2010 ; Junoy et al., 2012).

Le genre Nephtys et les espèces Scolelepis squamata, Gastrosaccus spinifer et

Urothoe pulchella sont également communément observés dans les zones sableuses, relativement abritées, du Bassin d’Arcachon (Bachelet et Dauvin, 1993 ; Blanchet, 2004).

Toutes ces espèces sont adaptées aux environnements sableux exposés à une forte hydrodynamique. Dans ces milieux, les organismes benthiques doivent être extrêmement mobiles pour contrer l’instabilité du substrat sableux et l’action des vagues. Les capacités de locomotion constituent alors un facteur clé pour la survie des organismes, qui doivent pouvoir s’enfouir rapidement et efficacement dans le sable pour éviter d’être emportés au large par les vagues ou pour

Source Type de plage Nombre

d’espèces Abondance (ind./m2) Biomasse (gAFDW/m2) Eleftheriou et Nicholson, 1975 Semi abrité 23 1330 2,8 Eleftheriou et Nicholson, 1975 Battu 13 445 0,7

McLachlan, 1983 Semi abrité 17 752 2

McLachlan, 1983 Battu 11 400 2,3

Bachelet et

Dauvin, 1993

Semi abrité 36 1691 11,5

Reise et al., 1994 Barre sableuse

11 400 20,5 dont 18,6

d’Arenicola marina

Blanchet, 2004 Semi abrité 5 100 2

Harris et al., 2011 Battu 7 500 10

échapper aux prédateurs. La « swash exclusion hypothesis » (McLachlan et al., 1993) illustre l’importance de la mobilité pour la macrofaune des plages sableuses : seules s’établiraient dans ce type d’environnement les espèces ayant un temps d’enfouissement inférieur à la période de swash. Beaucoup d’espèces seraient ainsi « éliminées » et ne pourraient coloniser les sédiments sableux intertidaux exposés, d’où la faible macrofaune observée dans ces milieux.

Les espèces présentes sur les plages exposées sont également adaptées à la rareté de la nourriture disponible. L’absence de macrophytes fixées conduit ainsi à la prédominance des filtreurs et des charognards, ces derniers possédant généralement plusieurs modes d’alimentation (dont la prédation) pour faire face aux apports aléatoires de matière organique sur la plage. Certaines espèces de Gastrosaccus par exemple sont à la fois suspensivores et dépositivores, et peuvent même se comporter comme des charognards occasionnels. De même, Haustorius arenarius utilise différentes méthodes pour consommer aussi bien les petites que les grosses particules (McLachlan and Brown, 2006).

Face au caractère erratique des apports de matière organique sur la plage et à la difficulté de localiser et capturer des proies (due à la turbulence induite par les vagues), les prédateurs et les charognards doivent être capables de manger rapidement quand ils trouvent de la nourriture : la plupart des espèces des plages exposées présentent ainsi de forts taux d’ingestion, de digestion et d’assimilation. Ces propriétés sont généralement associées à un métabolisme économe en énergie, permettant aux organismes de survivre jusqu’au repas suivant. Afin d’optimiser la recherche de nourriture, d’économiser leur énergie et/ou de lutter contre la dessiccation, certains organismes ont développé des rythmes d’activité basés sur le cycle nycthéméral ou tidal. Des rythmes tidaux de

respiration ont ainsi été observés chez Gastrosaccus. Certains organismes, tels

que Eurydice, Talitrus ou à nouveau Gastrosaccus effectuent des migrations

tidales le long du profil de plage. Le mode de déplacement le plus communément utilisé sur les plages exposés, car économe en énergie, est le « surfing » : les organismes se laissent porter par les vagues pour migrer entre les différentes zones de la plage. Les organismes peuvent également migrer verticalement dans le sédiment pour éviter la dessiccation ou lors de tempêtes, souvent synonymes d’érosion sédimentaire ( McLachlan and Brown, 2006).

Les travaux présentés ici confirment que la macrofaune benthique des plages sableuses est directement influencée par les paramètres physiques du milieu, et notamment par la marée et la houle, qui contrôlent une large part des activités de locomotion, nutrition et reproduction des organismes. Comme nous l’avons observé au Truc Vert, les Crustacés, très mobiles et résistants, constituent ainsi le groupe zoologique le plus diversifié et le plus abondant des plages sableuses exposées (Rodil et al., 2006). En effet, outre leur mobilité, ils sont également avantagés de par leur morphologie : leur carapace les protège des dommages physiques provoqués par l’abrasion du sable grossier des plages exposées. Les Polychètes, plus sensibles à ce phénomène, sont ainsi moins abondants sur les plages réflectives (granulométrie souvent élevée) que sur les plages abritées, où la granulométrie est moindre (McLachlan and Brown, 2006).

La composition spécifique de la macrofaune de la plage du Truc Vert est comparable aux observations antérieures de Lagardère (1966) sur les côtes landaise et basque, et est caractéristique des plages sableuses exposées, où la taille des grains, l’action des marées et de la houle, expliquent la rareté et la spécificité des organismes présents.

4.2. Variabilité spatio-temporelle de la macrofaune benthique et

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