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Les caractéristiques générales des Groupes de la classe moyenne

Trajectoires, comportements et attentes de la classe moyenne Principaux résultats des entretiens « ménages »

5.2. Les caractéristiques générales des Groupes de la classe moyenne

Les données centralisées dans le tableau de synthèse autorisent un certain nombre d’observations dont certaines, notamment celles reposant sur des croisements de variables, invitent à la prudence étant donné les faibles effectifs parfois concernés.

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Les questionnaires auprès des familles, à Fortaleza et à Rio de Janeiro, ont été administrés avec la collaboration de Janaina Araújo, titulaire d’un master d’économie de l’Université fédérale du Ceará, et de Caroline Miranda, licenciée en économie, Institut d’Economie, Université fédérale de Rio de Janeiro.

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Tableau 35 Caractéristiques des individus interviewés Entre

tien

Genre Age Région Urbain/ Rural Statut Matrimonial Taille du ménage Education CSP Statut dans l’emploi Groupe de la classe moyenne Revenu mensuel total du ménage R$ 2017 Revenu mensuel per capita R$ 2017 n°1 M 37 Fort. U Marié 3 Secondaire P. inter. Employé 2 3.000 1.000

n°2 M 55 Fort. U Marié 3 Secondaire Travailleur services

Indépend 7 3.000 1.000

n°3 M 35 Fort U Marié 2 Supérieur P. inter. Employé 3 5.000 2.500

n°4 M 52 Fort U Marié 4 Supérieur Retraité actif

Retraité actif

1 15.000 3.700

n°5 M 58 Fort U Divorcé 3 Secondaire P. inter Indépend 6 4.500 1.500

n°6 M 39 Fort U Marié 3 Primaire Employ. services

Employé 6 3.600 1.200

n°7 M 54 Fort U Marié 3 Supérieur Dirigeant Employeur 3 10.000 3.300

n°8 F 35 Fort U Célibataire 3 Supérieur P. intel. Employée 2 6.600 2.200

n°9 F 56 Fort U Mariée 3 Secondaire P. inter Employeur 6 5.000 1.700

n°10 M 41 Fort U Marié 3 Primaire Ouvrier Employé 5 2.700 900

n°11 M 37 Fort U Marié 4 Secondaire Ouvrier Employé 5 3.600 900

n°12 M 69 Fort R Marié 2 Primaire Agriculteur Indépend 5 4.000 2.000

n°13 M 75 Fort R Marié 2 Sans éduc. Retraité

actif

Retraité actif

1 2.600 1.300

n°14 M 52 Fort U Marié 2 Primaire Retraité

actif

Retraité actif

1 4.400 2.200

n°15 F 60 Fort R Mariée 3 Primaire Retraitée Retraitée 1 2.800 950

n°16 F 61 Fort U Divorcée 3 Secondaire Retraitée Retraitée 1 4.500 1.500

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n°18 M 33 RJ U Marié 2 Secondaire P. inter Militaire 2 4.000 2.000

n°19 M 44 RJ U Marié 3 Primaire Ouvrier Employé 6 4.200 1.400

n°20 F 62 RJ U Mariée 3 Secondaire Employée

services

Employée 6 4.500 1.500

n°21 F 54 RJ U Divorcée 2 Supérieur Cadresup Employée 6 5.000 2.500

n°22 F 60 RJ U Divorcée 2 Secondaire Retraitée Retraitée 1 12.000 6.000

n°23 M 46 RJ U Marié 2 Primaire Ouvrier Indépend. 7 9.000 4.500

n°24 F 57 RJ U Mariée 2 Supérieur Retraitée

active

Retraitée active

1 9.000 4.500

n°25 F 56 RJ U Divorcée 3 Secondaire P. inter Employée 5 4.500 1.500

n°26 F 49 RJ U Divorcée 3 Supérieur Dirigeant Employeur 3 12.000 4.000

n°27 F 34 RJ U Mariée 3 Supérieur Cadresup Employée 5 7.500 2.500

n°28 F 36 RJ U Mariée 3 Supérieur Cadresup Employée 5 7.200 2.400

n°29 M 33 RJ U Marié 2 Supérieur P. inter Employé 5 18.000 9.000

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Au total 16 chefs de familles masculins et 14 cheffes de familles féminins ont été interrogés. Les tranches d’âge les plus représentées sont celles des 30 ans et 50 ans (9 interviewé/es pour chacune) devant la tranche des 60 ans (n=6), celle des 40 ans (n=4) et celle des 70 ans et plus (n=2). Il s’agit donc d’un échantillon relevant de « la force de l’âge » – 51 ans en moyenne – tout en précisant que l’âge, justement, n’a pas été un critère de repérage et de sélection des personnes à enquêter mais qu’il est une conséquence indirecte des profils recherchés120

. Le statut matrimonial dominant est celui du mariage (22 personnes) ; les divorces concernent 6 personnes ; une personne est célibataire et une autre est veuve. En prenant en compte les seules personnes résidant régulièrement au domicile des enquêtés, les ménages interrogés sont en moyenne composés de 2,7 personnes et cette taille est en cohérence avec les évolutions démographiques du Brésil121.

Scolarisation

Les niveaux de scolarisation des enquêté/es s’étagent ainsi : une personne se trouve sans aucune scolarité ; 7 relèvent de l’enseignement primaire ; 9 ont atteint le second degré et 13 l’enseignement supérieur. Comme on peut le constater dans le tableau ci-contre tous les niveaux de scolarisation se répartissent dans la plupart des Groupes ; s’il n’y a guère de spécialisation qui reposerait sur des appariements systématiques entre niveaux et Groupes et vice- versa, on note toutefois que les personnes ayant fréquenté l’enseignement supérieur « monopolisent » le Groupe 3 des employeurs et cadres cependant que les travailleurs du secteur informel n’ont pas eu accès à l’université.

Tableau 36 Répartition des niveaux scolaires selon les groupes de la classe moyenne

Sans scolarité Enseignement primaire Enseignement secondaire Enseignement supérieur Total 1 Retraités, inactifs et retraités actifs 1 2 4 2 9 2 Professions intermédiaires / fonctionnaires 3 3 3 Employeurs et cadres 3 3 5 Travailleurs secteurs primaire et secondaire 2 2 3 7 6 Travailleurs secteur tertiaire formel 2 2 2 6 7 Employés, salariés secteur informel privé

1 1 2

Total 1 7 9 13 30

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L’âge moyen de la population brésilienne pour la période 2010-2015 est estimé à 49,5 ans (IBGE, 2015,

Síntese dos Indicadores Sociais. Uma análise de condições de vida da população brasileira, p. 22).

121 La notion de ménage – qui n’existe pas au Brésil au plan économique, social et démographique – utilisée ici

correspond aux membres de la famille vivant régulièrement au domicile du chef de famille et qui émarge partiellement ou totalement aux dépenses du même ménage. Au Brésil l’IBGE a recours pour ses enquêtes et recensements aux deux concepts de famille et de domicile. Les données sur l’évolution dans le temps long de la composition des familles et des domiciles vont dans le même sens à savoir une réduction sensible de leur taille – s’agissant de la famille : 5,3 personnes en 1970, 4,3 en 1981 et 3,3 en 2001.

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Les données recueillies auprès des enquêté/es permettent aussi de rapporter leurs revenus aux niveaux de scolarisation du chef ou de la cheffe de famille ainsi qu’aux Groupes d’appartenance de la classe moyenne. Les résultats sont exposés dans les deux tableaux ci- contre où l’on a procédé à une approche des revenus per capita et des revenus totaux des ménages ce qui permet d’apprécier en propre ce qu’on pourrait appeler « l’effet famille ». S’agissant du croisement des revenus et des niveaux de scolarisation, on observe que, à l’échelle des revenus par tête, l’atteinte du niveau scolaire secondaire ne donne aucun avantage sur les personnes n’ayant fréquenté que l’école primaire tout en notant que les revenus tendent à doubler en moyenne entre le premier et le troisième niveau de scolarisation donnant ainsi un atout monétaire important aux personnes qui ont eu les moyens de poursuivre des études longues. On relève également que les écarts de revenus signalés sous le symbole Δ pour chaque niveau de scolarisation sont relativement importants et croissent en fonction de ce niveau ; ils ne sont cependant pas surprenants dans un pays caractérisé par de très fortes inégalités122. En faisant intervenir le revenu mensuel familial (id est ici du ménage) les résultats respectent un étagement, les données montrant de plus hauts revenus associés aux plus hauts niveaux de scolarisation – comme si la prise en compte de la taille des ménages rétablissait la hiérarchie revenus/scolarisation. Le différentiel se confirme au bénéfice de l’enseignement supérieur, l’écart étant très net avec les revenus associés au niveau secondaire. On relèvera l’inversion des écarts de revenus entre les niveaux d’enseignement selon qu’on prend en compte le revenu par tête ou par ménage.

Tableau 37 Revenus en R$ selon les niveaux de scolarisation des familles enquêtées

Revenu mensuel per capita Δ Revenu mensuel familial Δ Enseignement primaire et sans ens. 1.806 5 3.937 10 Enseignement secondaire 1.828 6,6 5.122 4 Enseignement supérieur 3.162 9 8.215 6

Revenus

Les revenus moyens mensuels per capita s’établissent à 2.433 Reais et les revenus familiaux moyens atteignent 6.207 Reais. Les revenus dont il est tenu compte ici englobent l’ensemble des revenus des membres du ménage, c’est-à-dire ceux cohabitant régulièrement, partageant la plupart des repas, émargeant aux dépenses du chef ou de la cheffe de famille. Ces revenus sont ceux tirés du travail, de la retraite (publique ou privée), des pensions de l’Etat (pupilles, veufs/veuves d’un époux/d’une épouse mort/e accidentellement au service de l’Etat, etc.), de pensions alimentaires et des loyers perçus (terrains, maisons, appartements). Le niveau des revenus par tête dépend-il de l’âge des personnes enquêtées ?

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Les écarts Δ sont mesurés par le rapport entre le revenu le plus haut et le revenu le plus bas dans chaque catégorie considérée (niveaux de scolarisation ou encore groupes composant la classe moyenne).

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Tableau 38 Revenus mensuels per capita des ménages selon les classes d’âge des enquêté/es

Jusqu’à 2.000 Reais + 2.000à 4.000 Reais + 4.000 Reais Total des ménages

30 à 39 ans 4 4 1 9

40 à 49 ans 2 1 1 4

50 à 59 ans 4 4 1 9

60 ans et plus 7 0 1 8

Total des ménages 17 9 4 30

Au total 57% des revenus per capita (17/30) se concentrent dans la tranche jusqu’à 2.000 Reais mensuels et vont en diminuant régulièrement jusqu’aux plus hauts revenus (9/30 puis 4/30). La distribution en fonction de l’âge montre que les revenus les plus modestes sont localisés à environ 50% dans les trois premières classes (4/9, 2/4, 4/9) alors qu’ils sont fortement concentrés (7/8) dans la classe la plus âgée du fait de la présence de retraités non actifs. Les revenus les plus élevés se vérifient, chacun pour un cas, dans les quatre classes. Les revenus intermédiaires quant à eux se vérifient chaque fois pour moitié dans les trois premières classes et sont absents de la classe la plus âgée.

L’analyse des revenus selon les Groupes composant la classe moyenne autorise les rapides commentaires suivants. Les revenus per capita ne présentent pas d’écarts notables entre les Groupes puisque la différence maximale est de l’ordre de 1 sur 2. On note toutefois le faible écart dans le Groupe 3 employeurs et cadres (1,6 entre revenu le plus haut et revenu le plus bas) et dans les Groupes 2 et 6 alors que les différentiels sont nettement plus importants dans le Groupe 1 des retraités, inactifs et retraités actifs (4,7) et surtout dans le Groupe 5 sans doute dû aux faibles rémunérations du secteur agricole123. La prise en compte du revenu familial ne modifie en rien la hiérarchie des revenus per capita selon les groupes invitant à penser que dans ce cas la taille des ménages a des effets assez neutres.

Tableau 39 Revenus en R$ selon les Groupes enquêtés composant la classe moyenne

Revenu mensuel per capita Δ Revenu mensuel familial Δ 1 Retraités, inactifs et retraités

actifs 2.500 4,7 6.590 3,7 2 Professions intermédiaires / fonctionnaires 1.730 2,2 4.530 2,2 3 Employeurs et cadres 3.270 1,6 9.000 2,4 5 Travailleurs secteurs primaire et

secondaire

2.745 10 6.786 6,6

6 Travailleurs secteur tertiaire formel

1.630 2,1 4.470 1,4

7 Employés, salariés secteur informel privé

2.750 4,5 6.000 3

Les écarts de revenus sont importants entre les deux régions enquêtées. Quand le revenu moyen mensuel des ménages de Rio de Janeiro est de 9.013 Reais et le revenu mensuel par tête atteint 3.319 Reais, le revenu mensuel moyen des ménages s’établit à 5.018 Reais et le

123 Le net différentiel des revenus du Groupe 1 est en partie dû au fait que bon nombre de retraités continuent à

exercer une activité. Dans l’ensemble du pays le taux d’occupation des personnes âgées de 60 ans et plus atteignait 29,1% en 2014 (IBGE 2015, pp. 36-37). Le cumul d’allocations de retraites ou de pensions de l’Etat et d’une activité rémunérée est légal et de surcroît encouragé par les autorités.

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revenu mensuel per capita est de 1.697 Reais à Fortaleza et dans sa région. Une telle différence, du simple au double, pourrait être surprenante s’agissant de revenus au sein d’une même classe socio-économique. Pourtant elle ne fait que refléter les considérables inégalités monétaires qui demeurent entre la région nordestine et la région du Sud-Est du Brésil.