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Caractéristiques des exploitations en CEF et celles qui ne le sont pas (NCEF)

CHAPITRE 4. RESULTATS ET DISCUSSIONS

4.2. Caractéristiques des exploitations en CEF et celles qui ne le sont pas (NCEF)

Les exploitations enquêtées sont reparties en deux groupes : les exploitations NCEF et les exploitations CEF (Tableau 6). Une typologie de ces exploitations permettra d’apprécier le niveau de changements de pratiques et vérifier chaque fois l’importance du CEF.

Tableau 6. Caractéristiques des exploitations de l’échantillon

Caractéristiques Exploitations en CEF Exploitations NCEF

Age (moyenne) 43 44

Population par exploitation (moyenne) 10 8 Actifs par exploitation (moyenne) 5 4

Niveau scolarité (%) 44,7 39

Agriculture 74% 73%

Elevage 11% 14%

Activité dominante de l’exploitation en

% Activité extra agricole 15% 13% Traction animale 36% 52,2%

Capitalisation 44% 29,1%

Objectifs élevage en %

Prestige/autoconsommation 20% 18,7% Production céréalière en sacs de 100 kgs 22,3 18,45

Possession traction animale (%) 73% 41%

Coton 12% 20% Céréales 30% 25% Elevage 36% 30% Principales sources de revenus

monétaires (%) Activités extra-agricoles 22% 25% Légende : NCEF: exploitants n’ayant pas fait le conseil aux exploitations familiales ;

Les composantes retenues dans ce tableau ont été jugées pertinentes pour mettre en évidence les effets et impacts du CEF. Certaines données de référence n’ont pu être renseignées à cause du type d’évaluation retenu qui tient compte principalement du raisonnement de l’exploitant. Ainsi, l’âge et le niveau d’étude permettent de caractériser l’individu concerné ; le nombre de personnes en charge permet de voir la taille de l’exploitation ; le nombre des actifs permet de voir la force en main d’œuvre familiale. L’activité dominante de l’exploitation ressort ce qui est fait avec beaucoup plus d’attention sur l’exploitation.

De toutes les exploitations de l’échantillon, les objectifs de production sont presque les mêmes: - production pour l’autosuffisance alimentaire ;

- génération de revenus ;

- satisfaction des besoins familiaux ;

- maîtrise des coûts de production pour éviter les pertes, etc.

Ces objectifs reposent sur la mobilisation de la main-d’oeuvre familiale, qui doit rester dominante par rapport à celle salariée, et par un attachement particulier à la terre généralement héritée des parents. Cette relation influe sur le choix des activités, l’organisation du travail et la priorité accordée à la constitution d’un patrimoine familial

De ce tableau également, il ressort les grands sources de revenus ce sont : vente du coton, vente des céréales, vente des animaux et activités extra-agricoles. Chez les exploitations en CEF par rapport aux NCEF, les revenus de l’élevage et des céréales sont plus importants, car plus intéressants selon eux que le coton.

Globalement les exploitations enquêtées ayant fait le conseil ont en moyenne des caractéristiques plus favorables que celles des exploitations n’ayant pas fait le conseil. Ceci serait dû au fait que les exploitants volontaires enquêtés sont généralement les plus jeunes et/ou les plus aisés financièrement et ouverts au dialogue. Scolarisés et mieux équipés en traction animale, les exploitants en CEF couvrent mieux leurs besoins alimentaires (production moyenne de céréales en Kg/personne supérieure) et ont des revenus moyens un peu plus élevés. Ces caractéristiques retrouvées vont dans le même sens que ceux obtenus dans les études menées par Daouda (2002), et Djoukam (2003) où les exploitations en CEF volontaires étaient les plus aisées financièrement et jeunes. Ceci veut dire que la plupart des exploitants en CEF étaient également les plus favorisés depuis la mise en œuvre de la démarche. Ce que Chantran, (1970) retrouve habituellement en termes d’attitude et de comportement des paysans vis-à-vis de la nouveauté s’applique pour le CEF. L’échelle de changement occasionné par le CEF se traduit selon que l’exploitant ait la volonté de changer ses pratiques anciennes.

Des attitudes spécifiques des paysans du CEF et NCEF sont mises en évidence: - les paysans en CEF sont les plus jeunes; avec des revenus un peu plus élevés

- le CEF a attiré les paysans alphabétisés et scolarisés, mais les analphabètes y ont participé aussi.

4.2.1. Le niveau de scolarisation des exploitants

Les exploitants ayant fait le CEF sont mieux scolarisés (44,7%) que ceux qui n’ont pas fait le CEF (39%).

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70%

Analphabète Primaire Secondaire Alphabètisé

Exploitant CEF Exploitant NCEF

Figure 5. Niveau de scolarisation de l’échantillon

On constate dans cette figure que les exploitants en CEF sont moyennement plus alphabétisés que ceux NCEF. Comme la formation au CEF était basée sur le volontariat, il semble que les producteurs alphabétisés ont été davantage attirés par cette formation. L’alphabétisation (y compris la maîtrise du calcul) facilite la prise de note, les calculs et l’assimilation de la formation. Il est plus aisé pour un exploitant scolarisé ou alphabétisé de s’ouvrir au dialogue et rechercher le meilleur pour sa famille et pour lui-même. Soucieux de leur analphabétisme, certains exploitants se lancent dans l’apprentissage de l’écrit et lecture de la langue locale dominante (« foulfouldé »). Certains exploitants CEF mettent la priorité sur l’éducation de leurs enfants car disent-ils « il ne faut pas qu’ils soient perdus comme nous ».

4.2.2. Le potentiel matériel et financier

Dans les deux catégories d’exploitants, accéder à la traction animale est très important. Ainsi, 73% des paysans en CEF possèdent des animaux de trait contre 41% pour les autres NCEF. Certains exploitants CEF habitant les zones des bas fonds se sont équipés en motos pompes pour arroser les cultures de contre saison. Au moins 50% des exploitants NCEF ont encore pour objectif l’équipement en traction animale. En 1998, 35% seulement des exploitants possédaient la traction animale (Djoukam, 2003). Certains exploitants habitant les zones des bas fonds possèdent les motos pompes pour arroser les cultures de contre saison.

En ce qui concerne le potentiel financier des exploitants de l’échantillon, son obtention n’a pas était facile. Les estimations de la valeur monétaire des différentes activités productives ont été calculées suivant la méthodologie utilisée dans la grille d’analyse qui tient compte des rythmes des dépenses et des recettes enregistrées.

- Les rythmes des dépenses

- Les dépenses à périodes fixes : Ce sont les dépenses à caractère social, les dépenses nécessaires à la production : location de terres, achat d’intrants. Au moins 50% des exploitants en CEF effectuent plus des dépenses pour ce domaine très capital pour la survie de l’exploitation. - Les dépenses obligatoires et imprévisibles sont : l’alimentation, la santé, les naissances, décès,

mariages, funérailles, etc. Pour anticiper ces dépenses, les exploitants avertis par le CEF constituent généralement une épargne qui peut être sous diverses modalités épargne monétaire, stocks agricoles, etc.

- Les dépenses pouvant être déplacées ce sont : l’habillement, habitat, voyage et les dépenses d’équipement ou investissements pour l’agriculture (bœufs de trait, charrues, motopompes etc.) et les activités de capitalisation des revenus. Ces dépenses constituent un objectif et non une obligation pour au moins 80% des exploitants de l’échantillon.

- Les rythmes des recettes

- Les recettes à dates fixées : le coton. La vente et le paiement du coton interviennent à une date fixée d’avance et à une période connue. Pour ce type d’entrée les chiffres exacts sont connus. Mais certains exploitants se réservent de donner les valeurs justes.

- Les recettes à période prévisible comme les activités extra-agricoles. Ce sont les recettes venant d’activités de salariat, main-d’oeuvre agricole, d’artisanat, ou du petit commerce.

- Les recettes issues des productions agricoles non cotonnières : arachide, sorgho muskuwaari, oignon etc. Les recettes que le producteur peut en tirer sont directement dépendantes de la fluctuation de la valeur des produits sur les marchés. Ces valeurs se caractérisent par leur variation à la fois annuelle et inter-annuelle. L’ampleur de cette variation est difficilement prévisible par tous les exploitants.

- Les recettes issues de la vente des animaux.

- La différence entre recettes et dépenses donne une valeur du potentiel financier représentée par la figure 6. 0 2