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Caractériser la complexité des interactions socio-écologiques « climat-

69 2.1. Introduction

Dans la question complexe94 des dimensions du changement climatique dans les migrations humaines (Piguet et al., 2011 ; McLeman, 2013 ; Ionesco et al., 2016), la région sahélienne, loin de la seule lecture médiatique, apparaît comme une évidence dans les discours, plaidoiries et certaines études scientifiques. Quand bien même que certains ne s’attachent pas à analyser l’hétérogénéité des manifestations du climat et de leurs impacts sur les populations sur cette vaste étendue (cf. introduction générale partie 1). La vulnérabilité au climat-degré de capacité d’un système de faire face ou non aux effets néfastes du changement climatique (GIEC, 2014)- de la région en explique pareil constat d’un Sahel des migrations induites par le climat.

Tout d’abord, la vulnérabilité des sociétés de cette région du monde témoigne de redoutables défis à affronter, allant de la maîtrise démographique, la pauvreté galopante, à l’insécurité alimentaire et aux crises institutionnelles chroniques (CSAO, 2012 ; PNUD, 2010 ; BM, 2013 et 2014). La majorité de la population sahélienne, rurale et relativement jeune, fait face au quotidien à des contraintes liées à la volatilité des prix des denrées de premières nécessités sur le marché95, à l’inaccessibilité des intrants et semences agricoles, au non accès aux services socio-éducatifs de base conformes, des réseaux de communications inexistants ou de très mauvaise qualité et, depuis le début des années 2000, à l’insécurité quotidienne, dans

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Selon le Réseau Intelligence de la Complexité « faire pour comprendre, comprendre pour faire » animé par l’Association Européenne Modélisation de la Complexité (MCX) et l’Association pour la Pensée Complexe (APC), la définition suivante de la complexité peut être retenue : « Ce n'est pas tant la multiplicité des composants, ni même la diversité de leurs

interrelations, qui caractérisent la complexité d'un système : tant qu'ils sont pratiquement et exhaustivement dénombrables on sera en présence d'un système compliqué (ou hyper compliqué), dont un dénombrement combinatoire pourrait permettre de décrire tous les comportements possibles (et par là de prédire son comportement effectif à chaque instant dès que la règle ou le programme qui les régit est connue) : en termes mathématico-informatiques on dit alors qu'on est en présence d'un "problème polynomial" ("P. Problem"). C'est l'imprévisibilité potentielle (non calculable a priori) des comportements de ce système, liée en particulier à la récursivité qui affecte le fonctionnement de ses composants ("en fonctionnant ils se transforment"), suscitant des phénomènes d'émergence certes intelligibles, mais non toujours prévisibles. Les comportements observés des systèmes vivants et des systèmes sociaux fournissent d'innombrables exemples de cette complexité ». Toutefois,

comme le souligne le site de MCX et APC, la science positive, se focalisant sur le caractère mot problème et non mot solution (Morin ,2005) de la complexité, a semblé « baissé le bras » pendant plusieurs siècles face aux phénomènes complexe, préférant ne vouloir connaître que le « scientifiquement prévisible » ou « calculable ». Et, tout ceci avant que G. Bachelard ne lui rappelle « son idéal de complexité » qui est de rendre le merveilleux intelligible sans le détruire. Car, Gaston Bachelard, ne voyait d’ailleurs dans la nature rien de simple, mais que du simplifié (Morin, 1991). Historique, dans la science, la notion de complexité a été introduite par Weaver en 1948 dans le but d’ouvrir de nouvelles voies à « l’intelligence de la complexité ». Cette dernière que P. Valery avait pensé comme étant « une intelligible imprévisibilité essentielle ». Cependant, comme l’affirme le site MCX APC, Edgard Morin à partir de 1977 ("La Méthode", T. I) établira le "Paradigme de la complexité" qui assure désormais le cadre conceptuel dans lequel peuvent se développer nos exercices de modélisation des phénomènes que nous percevons complexes ("point de vue") : une complexité à la fois organisée et, récursivement, organisante.

Pour plus de détails sur la définition et la compréhension retenues de la notion de complexité voir : http://www.intelligence- complexite.org/fr/documents/lexique-de-termes-de-la-complexite.html, dernière consultation le 05/10/2017.

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Les crises de la faim en 2007 et 2008 dans les pays sahéliens. Pour aller plus loin voir : http://www.politique- africaine.com/numeros/pdf/intro/119005.pdf, https://www.cairn.info/revue-politique-etrangere-2009-2-page-251.htm, http://www.afriqueverte.org/r2_public/media/fck/File/Documentation/crise-alimentaire-2008.pdf,

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certaines zones, symbolisée par les menaces djihadistes et de toutes autres natures (rébellion, conflit communautaires)96.

Ensuite, de nouvelles inquiétudes climatiques viennent s’y ajouter97

(Nicholson, 2014, 2013 et 2005 ; Decroix et al., 2015). Au cours des cinquante dernières années, l’évolution tendancielle des variables climatiques montre une augmentation des températures, des sécheresses récurrentes dans certaines parties de la région parallèlement à une fréquence plus intense d’inondations dans d’autres parties (chap.2, sous-section 2.2.2). Prise dans son ensemble, la région constitue un vrai paradoxe climatique98. Hulme (2001) qualifie les sécheresses des années 1970 et 1980 dans la région (voir chap.2 sous-section 2.2.2.1) comme le changement du climat le plus étendu et le plus intense jamais mesuré au monde alors que le GIEC (2007 et 2014), face aux fluctuations récentes du climat qui se sont accélérées depuis les années 2000 (L’Hote et al., 2002 et Ardoin et al., 2003 ; Nicholson, 2014) , qualifie la région comme celle étant la plus vulnérable au changement climatique.

Et, enfin, comme l’affirment Sultan et al., (2015), les populations sahéliennes sont particulièrement concernées par le changement climatique car, une corrélation significative réside entre le climat et les ressources alimentaires, hydriques, financières et conditions sanitaires des populations. Les performances économiques du secteur primaire agricole - environ 20% de la valeur ajoutée de l’économie, 70% de la main d’œuvre totale et moins de 7% des terres arables irriguées (FAO, 2013)- sont expliquées en grande partie par les conditions pluviométriques (Sultan et al., 2015 ; Sultan et Gaetani, 2016). La vulnérabilité socio-économique des populations (pauvreté et croissance démographique rapide) accentuée par le changement climatique et ses impacts négatifs (dégradation des sols, épidémies, stress hydrique…) font que les populations de cette région, contrairement à celles des pays développées (BM, 2014), ont un faible accès aux moyens d’adaptation que peuvent constituer

96 Pour une synthèse voir : Laurent, S. (2013). Sahelistan. Le Seuil. ou encore Michalon, J. B. (2015). Africanistan.

L’Afrique en crise va-t-elle se retrouver dans nos banlieues? Afrique contemporaine, (4), 164-166. Les auteurs montrent que certains pays peinent à administrer l’étendue de leur territoire national (la guerre au nord Mali, la Somalie divisée en trois territoires : Somalie, Somali land, Portland ; les deux Soudan notamment ; le nord Niger, le nord Nigeria dit « Nigéria inutile » avec Boko Haram...).

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Cependant, la région n’en demeure pas moins d’un dynamisme et d’une vitalité. Pour plus de détails voir le dernier rapport de la CNUCED (2016) sur le développement économique de l’Afrique : « Dynamique de la dette et financement du développement », disponible sur le lien : http://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/aldcafrica2016_fr.pdf , consulté le 28/01/2017. Voir également, l’article paru dans Le Monde du 19/05/2014 intitulé : La croissance en Afrique accélérée, disponible sur le lien : http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/05/19/la-croissance-en-afrique-accelere-et-se- diversifie_4421400_3234.html , consulté le 28/01/2017.

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En effet, depuis 2002 de fortes pluies provoquant des inondations ont été observées à certaines périodes (2005, 2007, 2008 et 2009) dans toute la région sahélienne qui est plutôt réputée pour ses déficits pluvieux chroniques. Une forte variabilité pluvieuse interannuelle est observée. Pour plus de détails voir : https://pg.hypotheses.org/262, consulté le 10/02/2017.

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la mécanisation, les engrais, les semences améliorées ou adaptées. Ce qui constitue une réduction des capacités adaptatives in situ99 des populations.

Toutefois, malgré la vulnérabilité grandissante des populations sahéliennes, des stratégies familiales/communautaires ont toujours été adoptées pour faire face aux multiples risques. Et parmi celles-ci, nous pouvons citer les migrations qui vont au-delà des réponses sur place d’ordres agronomique et sociétal (systèmes de production et de consommation…). Ces migrations traditionnelles saisonnières, qualifiées de courte tant sur la durée que la distance (généralement intra-rurales), obéissaient à un cycle saisonnier (Lalou et Delauney, 2015). Elles indiquaient une volonté de saisir des opportunités d’emploi possibles ailleurs durant la saison dite morte (saison sèche). Cependant, l’intensification du changement climatique –en termes d’élévation du niveau de la mer, multiplication des catastrophes naturelles, sécheresses, inondations, modification du régime pluviométrique, augmentation rapide des températures – et ses conséquences profondes– baisse productivité agricole, stress hydrique, dégradation du milieu naturel aggravant la sécurité alimentaire , humaine et la santé publique– dans cette région (GIEC, 2007, 2013 ; CILSS, 2013 ; PNUD, 2010, BM, 2013) ontconduit à une transformation des trajectoires de mobilité humaine (Findley, 1994 ; Henry et al., 1994). Contrairement aux pratiques ancestrales, les tendances actuelles migratoires mettent en évidence des déplacements internes vers les centres urbains et péri-urbains. En effet, au Sahel, sous les effets des sécheresses des années 1970 et 1980 et de la croissance démographique, les migrations saisonnières ont décliné fortement laissant place à une migration plus permanente et plus longue comme en atteste l’urbanisation rapide et incontrôlée des principales villes sahéliennes (Tacoli, 2009 et 2011 ; Garenne, 2016), résultat en grande partie de la diminution de la pluviométrie corrélée positivement à l’exode rural (Barrios et al., 2006 ; Afifi et Warner, 2008).

Nous constatons que ce qui est décrit souvent par les politiques comme une crise migratoire induite par le changement climatique au Sahel, serait l’expression d’une transformation socio- écologique. Cette dernière renvoie à l’idée selon laquelle il n’existe pas de dichotomie entre société et environnement écologique (Adger, 2006). Les actions humaines et les structures sociales ne peuvent pas être séparées des contextes écologiques. Par conséquent, les migrations dans un contexte de changement climatique font partie intégrante d’un système socio-écologique. Toute distinction entre sous-système social et sous-système naturel serait

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Une adaptation sur place, c’est-à-dire là où se sont produits le changement climatique et ses impacts négatifs sur l’environnement et les populations.

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arbitraire dans l’analyse. Car, il est généralement admis que le sous-système naturel fait référence aux processus biologiques et biophysiques tandis que le sous-système social est constitué de règles et institutions qui prennent part dans l’utilisation humaine des ressources aussi bien système de connaissance et éthique (Berkes et Folke, 1998). Ainsi dans une approche systémique, les migrations sahéliennes dans un contexte changement climatique devraient être analysées comme une stratégie, efficace ou pas, des populations au même titre que toutes les autres stratégies (voir chap. 2, sous-section 2.3.2, figure 21) apprises avec le temps pour faire face aux différentes crises qu’a connues la région. Cette conception, système socio-écologique, pertinente au Sahel, répond à un double objectif. D’une part, ne plus réduire les migrations en lien avec le changement climatique à une relation mono-causale directe allant du climat aux migrations mais, réinsérer les flux migratoires, suite à un évènement climatique, dans tout un contexte socio-écologique. Et, d’autre part, permettre un ciblage des politiques dans les pays sahéliens où l’une des conséquences majeures du changement climatique sur les sociétés, les migrations (PNUD, 2007 ; OIM, 2009 ; HCR, 2009), est davantage perçue comme une préoccupation d’ordre sécuritaire (Conseil de sécurité des NU, 2007, 2011 et 2015 ; Christiansen, 2016 ; Werz et Hoffman, 2016).

Cette stratégie d’adaptation parmi d’autres, nous permet d’aborder les interactions climat- migrations au Sahel comme une transformation des pratiques socio-écologiques à plusieurs niveaux. Celui des communautés pastorales (transhumants) et sédentaires (paysans), mais aussi celui des Etats-nations auxquels sont insérées les populations nomades et sédentaires. Dans cette perspective, pour aborder la question complexe des interactions dynamiques entre changement climatique et migrations humaines en milieu sahélien caractérisé par une diversité spatiale, il est nécessaire, pour une meilleure analyse des ruptures et transformations qui se sont manifestées depuis les deux grandes sécheresses, de connaître l’élément principal généralement mis en cause, en l’occurrence le climat.

Sur le plan politique, malgré des études dont les résultats établissent, d’une part, une corrélation significative entre climat et migrations humaines au Sahel (CILSS, 2013 ; PNUD/PNUER, 2010 et 2014 ; Afifi, 2011 ; Jonsson, 2010, ; OIM, 2010 ; Henry et al., 2002) et, d’autre part, le fait que les migrations peuvent constituer une réelle stratégie d’adaptation100

(Nations unies, 2015 ; BM, 2014 ; Exclim, 2013 ; Foresight, 2011 ; OIM,

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Les travaux empiriques en science sociale sur les interactions climat-milieu naturel et population, montrent une «adéquation » (Janty, 2013), ou encore une « intimité » (Peyrusaubes, 2013) entre changement climatique/environnemental et changements des pratiques sociales et plus particulièrement la migration. Et à cet effet, Gastineau et al. (2015, p. 233) énoncent les trois résultats fondamentaux des sciences sociales sur l’adaptation des populations rurales sahéliennes face au

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2014, McLeman et Smit, 2006), les bouleversements observés dans les pratiques sociales ne font l’objet d’aucune politique pertinente pour le moment dans la région (Diallo et Renou, 2015).

Ce chapitre, divisé en deux sections, procède comme suit. La section 1 s’intéresse à l’évolution du climat sahélienne, entre rupture et variabilité climatique. La caractérisation du climat met en évidence une hétérogénéité physico-climatique de la région (entre l’est, le centre et l’ouest sahélien). Auparavant, une définition des notions climatiques clés est opérée. La section 2, partant de l’hétérogénéité de l’évolution des conditions climatiques au Sahel qui, à son tour, rend complexe et/ou insuffisant respectivement les cadres d’analyse minimaliste et/ou maximaliste, propose de repenser les interactions en termes de vulnérabilité systémique. En effet, l’analyse des interactions climat-migrations dans un concept systémique nécessite une redéfinir les échelles spatiales et temporelles indispensable à la compréhension des relations climat-migration dans la région.

2.2. Evolution récente du climat au Sahel : entre rupture et variabilité des conditions climatiques

De par son impact significatif sur les performances économiques -l’agriculture pour l’essentiel pluviale, 93% des terres cultivées, représente en moyenne ¼ de la valeur ajoutée des économies et emploie approximativement 70% de la main d’œuvre active (FAO, 2013)– et sa place primordiale dans les préoccupations sociétales sahéliennes –l’agriculture vivrière essentiellement pluviale constitue plus de 80% de l’ensemble des céréales consommées en Afrique subsaharienne (CSAO, 2013 et FAO, 2010101)–, la connaissance de l’évolution du climat, en particulier la pluviométrie et les températures, constitue un enjeu fondamental. Toutefois, avant d’étudier les tendances des températures, de modification du calendrier des pluies, de diminution des pluies ainsi que leurs échelles spatio-temporelles telles qu’annoncées par le GIEC (2007, 2013), le CSAO (2013) et divers experts climatologues du Sahel (Decroix et al., 2015 ; Nicholson, 2014, 2013 et 2005 ; Ali et Lebel, 2009 ; Dai et al., 2004 ; Ozer et al., 2003 ; Hulme, 2001 ; Lamb, 1983), la définition de certaines notions climatologiques s’impose.

climat changeant : « (i) adéquation entre gestion des ressources environnementales et forme d’organisation sociale et

familiale dans les sociétés orales ; (ii) l’adaptation est une caractéristique ancienne de ces sociétés et (iii) la complexité des formes d’adaptation).

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74 2.2.1. Définitions102 de quelques termes climatiques récurrents dans la

caractérisation du climat au Sahel

Tout d’abord, Il convient de préciser la différence entre météo (le « temps qu’il fait ») et climat qui réside dans la composante uniquement temporelle. La météo décrit le système climatique à un instant donné, de l’instant présent jusqu’à quelques jours tout au plus, pour un endroit donné. Il se distingue du climat qui est un ensemble de conditions météorologiques moyennes (température, précipitation, vent…) d’une localité sur longue période. D’après le Glossaire du 5e rapport du GIEC (2014), le climat, au sens étroit du terme, désigne le temps moyen ou, plus précisément, se réfère à une description statistique fondée sur les moyennes et la variabilité de grandeurs pertinentes sur des périodes variant de quelques mois à des milliers, voire des millions d’années. La période type, définie par l’Organisation météorologique mondiale, est de 30 ans. Ces grandeurs sont le plus souvent des variables de surface telles que la température, la hauteur de précipitation et le vent. Dans un sens plus large, le climat désigne l’état du système climatique, y compris sa description statistique. Il est important de noter qu’au Sahel, d’un côté, la pluviométrie, dont le cumul annuel moyen est le plus pertinent pour déterminer son évolution, est le produit de systèmes orageux de grande extension spatiale (Vischel et al., 2015) allant d’est en ouest sur une vitesse vertigineuse de dizaine de km par heure103. Les isohyètes qui constituent la délimitation climatologique naturelle du Sahel, 200 mn au nord et 700 mn au sud, désignent selon le GIEC (2014) : « les lignes reliant sur une carte les points qui reçoivent la même quantité de pluie ». Et, de l’autre côté, les températures, variable au cœur des bilans d’eau avec des impacts directs et indirects sur les populations (productivité agricole et santé publique), sont souvent exprimées en termes minimales et maximales pour comprendre son évolution104. Les températures minimales, abréviation TN, correspondent aux températures les plus basses au cours d’une journée de 24. Généralement, elles correspondent aux températures recueillies durant la nuit, plus précisément entre 18h U.T.C la vieille et 18h le jour même. Les températures maximales, notées TX, correspondent à celles les plus élevées au cours d’une journée de 24h, plus précisément entre 6h U.T.C et 6h le lendemain.

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Les définitions utilisées sont globalement celles proposées dans les glossaires du GIEC (2014 et 2007). Ce sont les définitions les plus usitées. Le rapport du GIEC (2013), consulté en mars 2017, est disponible en français sur le lien : https://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar5/syr/SYR_AR5_FINAL_full_fr.pdf

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Vischel, et al., (2015) nous rappelle que le système orageux est appelé dans le jargon des climatologues système convectifs de méso échelle (SCM). Les auteurs montrent son importance dans la pluviométrie en donnant quelques chiffres :

« les SCM expliquent 80% de la pluie annuelle, les 20% restant résultant d’orages plus localisés (Mathieu et al., 2002) »

(p.47-48). Au Sahel la pluviométrie résulterait annuellement d’une quarantaine de SCM dont 50% tombent en moins de 4heures (Balme et al., 2006b). Ce qui témoigne d’une forte irrégularité sur toute une saison pluvieuse.

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Cf. Diurnal Temperature Range (cycle diurne) dont l’importance au Sahel est largement documenté par Karl et al., (1991 et 1993) et Easterling et al., (1997).

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Selon la CCNUCC (1992, p.7)105, les changements climatiques désignent : « les changements de climat qui sont attribués directement ou indirectement à une activité humaine altérant la composition de l’atmosphère mondiale et qui viennent s’ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au cours de périodes comparables ». Autrement dit, la CCNUCC fait une distinction entre changement climatique et variabilité climatique. Cette dernière est caractérisée par la variabilité naturelle du climat dont les causes sont purement géophysiques et atmosphériques alors que les changements climatiques sont attribués aux activités humaines qui altèrent la composition de l’atmosphère. Toutefois, il est difficile de faire la différence entre changement climatique et variabilité climatique en Afrique (Dorsouma et al, 2008). Ainsi ces deux notions désignent la variation ou la modification significative (en moyenne) du climat dont les causes sont d’origines naturelles et/ou humaines. (Niasse et al., 2004). Nous allons retenir cette définition dans notre analyse, car en outre de simplifier celle de la CCNUCC (1992), elle intègre la vision du GIEC (2013) qui considère le changement climatique comme : « la variation de l’état du climat, qu’on peut déceler (par exemple au moyen de tests statistiques) par des modifications de la moyenne et/ou de la variabilité de ses propriétés et qui persiste pendant une longue période, généralement pendant des décennies ou plus ». Et, ceci qu’elle soit d’origine anthropique et/ou naturelle. Signalons que la variabilité climatique peut être exprimée à plusieurs échelles temporelles (annuelles, saisonnières ou encore mensuelles) et spatiales (variabilité inter et variabilité externe).

La sécheresse est définie par le GIEC (2014) comme : « la période de temps anormalement sec suffisamment longue pour causer un grave déséquilibre hydrologique. La notion de sécheresse étant relative, toute analyse d’un déficit de précipitations doit se reporter à l’activité étudiée, liée aux précipitations ». Il convient de distinguer trois types de sécheresse selon la durée : (i) la sécheresse agricole (humidité du sol) est un déficit pluvieux survenant durant la période de croissance des plantes et qui perturbe la production agricole étendue aux différentes fonctions de l’écosystème ; (ii) la sécheresse hydrique qui se définit comme une pénurie de précipitation entraînant une impossibilité de reconstituer les réserves d’eau souvent par ruissellement et (iii) la sécheresse météorologique caractérisée essentiellement par un manque prolongé de précipitations. A titre illustratif, nous parlerons de méga sécheresse si la période de déficit sur plus d’une décennie ou plus, situation observée au Sahel entre les années 1970 et 1980.

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L’inondation, quant à elle, est définie dans ce même rapport comme : « la submersion par l’eau débordant du lit normal d’un cours d’eau ou d’autres masses d’eau, ou accumulation d’eau sur des zones qui ne sont pas normalement submergées ». Ainsi, les climatologues mettent dans ce terme toutes les crues, fluviales éclair, en milieu urbain, et inondations

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