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Caractérisations des nouvelles fibres dopées Nd 3+

I. Emission laser autour de 900 nm dans les fibres optiques dopées Nd 3+

I.4 Nouvelles fibres optimisées : accordabilité par réseau de diffraction et par VBG

I.4.2 Caractérisations des nouvelles fibres dopées Nd 3+

Après tirage des préformes, nous avons donc reçu deux types de fibres : une fibre LMA à gaine polymère et une fibre LMA à gaine d’air.

a. Fibre LMA à gaine d’air

La première fibre testée est la fibre LMA à gaine d’air à géométrie circulaire. Après vérification à partir du profil d’indice et de la photographie de la section de la fibre (fig. 1.29), les diamètres de cœur et de gaine sont respectivement égaux à 15 µm et 60 µm, comme attendu.

Figure 1.29 : Profil d’indice de la préforme et photographie de la section de la fibre à gaine d’air

Grâce à l’ajout des trous d’air, l’ouverture numérique de la gaine augmente de 0,45 à 0,6 et permet d’injecter le faisceau de pompe avec une efficacité identique (85%) à celle estimée avec la fibre LMA 20/80 malgré la gaine réduite à 60 µm.

Afin de mesurer le rendement laser de cette nouvelle fibre, nous avons, dans un premier temps, repris le montage de la figure 1.18 avec pour miroir de sortie une facette clivée à angle droit. Bien que la modélisation ait montré une amélioration du rendement à 910 nm lorsque les deux facettes étaient clivées avec un angle >10°, les fibres à gaine d’air se sont révélées délicates à cliver avec un angle de par la présence des trous d’airs.

Malgré la réflexion parasite à 1060 nm, les résultats, présentés sur la figure 1.30 diffèrent sensiblement des résultats prévus par le modèle numérique (14 W à 910 nm pour 46 W de pompe à 808 nm) puisqu’une puissance de 19,8 W a été atteinte pour une puissance de pompage de 46 W, correspondant à une efficacité de conversion laser de 43%. On remarque également que la courbe est bien linéaire contrairement à la courbe expérimentale obtenue avec la fibre LMA 20/80 (fig. 1.20) qui présentait des instabilités, ce

Cœur

qui atteste également d’une moins grande compétition entre l’émission laser à 910 nm et celle à 1060 nm.

Le spectre en longueur d’onde en configuration laser, donné sur la figure 1.30, révèle de nombreuses transitions laser entre 900 et 920 nm, témoignant de la large bande de gain dans cet intervalle. Nous verrons par la suite (paragraphe I.4.4) que la bande de gain est en réalité bien plus large que 20 nm.

0 10 20 30 40 50 0 5 10 15 20 Pu issan ce à 910 n m (W ) Puissance de pompage (W) 900 905 910 915 920 925 930 -65 -60 -55 -50 -45 -40 In ten si (d B ) Longueur d'onde (nm)

Figure 1.30 : Courbe de rendement à 910 nm de la fibre 15/60 à gaine d’air et spectre laser associé

Enfin, grâce à la réduction de l’ON du cœur (de 0,08 à 0 ,06) et du diamètre de cœur (de 20 µm à 15 µm), le paramètre M² du faisceau laser issu de la fibre à gaine d’air est maintenant égal à 1,4 et ne se dégrade pas lorsqu’on augmente la puissance de pompe. La qualité spatiale du faisceau a donc été grandement améliorée par rapport à la fibre 20/80 précédente qui présentait un facteur M² égal à 3. Le principal inconvénient à utiliser une telle fibre est cependant la difficulté à la manipuler.

b. Fibre LMA à gaine polymère

La deuxième fibre réalisée par iXblue est une fibre LMA sans gaine d’air avec un cœur elliptique et une gaine de forme octogonale de 60 µm comme présenté sur la figure 1.31. Les dimensions de l’ellipse sont de 15 µm pour le petit axe et de 25 µm pour le grand axe et l’ON est toujours égale à 0,06.

Figure 1.31 : Photographie de la section de la fibre à cœur elliptique

En optant pour une géométrie à cœur elliptique, l’intention était de créer une biréfringence suffisante pour rendre la fibre à maintien de polarisation. Pour que la fibre soit considérée à maintien de polarisation, il faut que la biréfringence, définie comme la différence d’indice effectif entre les deux axes neutres de la fibre, soit supérieure à 10-4.

C’est par exemple le cas des fibres PM dites « Panda » qui présentent une biréfringence proche de 3.10-4 autour de 1 µm. Or, dans le cas d’une ellipticité importante, la

biréfringence Bg introduite par un cœur elliptique atteint une valeur de saturation et ne

dépend plus des dimensions de l’ellipse. Dans ce cas, la biréfringence est donnée par la relation suivante [Kumar 11] :

)

[1.25]

avec Δn la différence d’indice de réfraction entre le cœur et le gaine.

Dans notre cas, la différence d’indice Δn est très faible, de l’ordre de 10-3 compte

tenu du choix de conserver une ouverture numérique du cœur très faible, (égale à 0,06). On a donc une biréfringence induite par l’ellipticité du cœur de l’ordre de 10-7, ce qui est

bien trop faible pour observer un effet de maintien de polarisation dans la fibre.

Par la suite, nous considérerons que le cœur de la fibre possède un diamètre moyen de 20 µm, ce qui correspond au diamètre d’un disque ayant la même aire que le cœur elliptique de la fibre. On se référera donc à cette fibre en utilisant la dénomination « fibre LMA 20/60 ».

Par conséquent, le rapport entre l’aire du cœur et de la gaine est approximativement égal à pour cette fibre à cœur elliptique, ce qui améliore le

recouvrement spatial entre le faisceau de pompe et le cœur dopé. De plus, en brisant la symétrie circulaire, la gaine à géométrie octogonale permet d’augmenter l’absorption du faisceau de pompage en supprimant les modes hélicoïdaux du faisceau de pompe qui possèdent un faible recouvrement spatial avec le cœur [Shang 10].

Du fait de la gaine octogonale et du rapport supérieur entre l’aire du cœur et de la gaine, de meilleurs rendements de conversion laser à 910 nm sont attendus contrebalançant la dégradation de la qualité spatiale due au cœur plus large par rapport à la fibre à gaine d’air. Les performances de cette fibre seront caractérisées en termes de puissance et de qualité spatiale, dans un montage amélioré qui sera présenté à la fin de ce chapitre.