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Caractérisation des habitats utilisés

Point de capture et points de localisation de la femelle 96-01

3.4 Caractérisation des habitats utilisés

Lors de chaque observation ou localisation de tortues-molles, certaines caractéristiques de l'habitat étaient notées sur une fiche. Ces informations sont présentées dans les annexes 12 et 14.

L'ensemble des points de capture et de localisation des tortues avec émetteurs (figures 5 et 6, annexe 12)

,

se situent dans des secteurs avec rives naturelles ou peu modifiées, proche de la rive ou dans des secteurs peu profonds (1,s m ou moins) avec ou sans végétation aquatique, avec substrat fin et meuble d'argile et limon, ou matière organique ou sable. Aucune des tortues équipées d'émetteur n'a été vue s'exposant au soleil, celles-ci se trouvant donc dans l'eau lors de chaque localisation. Bien que certaines aient traversé des eaux profondes entre des rives opposées du lac (baie Chapman et rivière Missisquoi) à plusieurs occasions, aucune localisation télémétrique ne se situe en pleine eau au milieu du lac, lorsque les tortues ont effectué l'un de ces déplacements.

Pour les données d'observation des tortues-molles (annexe 141, 10 se situent dans la bàie Chapman et autour de la Pointe de la Province, 8 dans le ruisseau East Swamp, 2 dans le canal du marais East Swamp, 3 sur la Pointe (creusage de nid), et 3 à la rivière aux Brochets. Du côté américain, 28 se situent dans le delta de la rivière Missisquoi, 1 dans Charcoal Creek, 1 dans Dead Creek (un des bras du delta) et 1 dans Mud Creek (rive ouest au sud de la route 78).

Selon les cartes de caractérisation des rives (Thompson 1996a, 1996b), les rives du secteur baie Chapman-Pointe de la Province, au long desquelles ont été observées des tortues-molles, sont classées

<< naturelles avec forêt » (rive couverte de forêt naturelle avec dérangement humain limité à des activités saisonnières comme la chasse ou la pêche), avec dépôt de sable et pente douce (sur une échelle de 1, douce, à 3 , forte). Pour le secteur des observations sur la rivière aux Brochets, la rive droite est classée

« villégiature 2 » (chalet d'été avec une activité humaine réduite se concentrant surtout les fins de semaine, avec faible modification du milieu) , avec dépôt d'argile et limon, pente douce et végétation arborescente, et la rive gauche (ruisseau Galipeau)

« naturelle agricole >> (la rive est naturelle mais bordée par des terrains utilisés à des fins agricoles, avec dérangement humain au printemps et en automne lors de la préparation des sols, des semis et de la récolte) avec dépôt d'argile et limon, pente douce et végétation herbacée. En ce qui concerne le secteur américain, les tortues ont été observées dans des sites aux rives classées

« naturelles » (rive non modifiée) soit le delta de la rivière Missisquoi, Charcoal Creek, Dead Creek, et Mud Creek.

Il ressort de l'ensemble de ces données que les tortues ont été observées à proximité ou s'exposant le long de rives naturelles ou peu modifiées, avec peu ou pas de dérangement côté terre (East Swamp, Pointe de la Province, delta de la rivière Missisquoi, Charcoal Creek, Mud Creek, Rivière aux Brochets). Le support utilisé pour le bain de soleil est généralement de gros troncs d'arbre en partie immergés ou des roches, observations en accord avec la littérature (Williams et Christiansen 1981; Graham 1989;

Fletcher et Gillingwater 1994; Fletcher et al. 1995). Les tortues s'exposaient complètement ou bien laissaient la partie postérieure du corps immergée, ou même quelquefois se maintenaient juste à la surface de 1' eau, comportement déjà observé (Graham 1989; Fletcher et Gillingwater 1994; Fletcher et al. 1995). Sur la rivière aux Brochets, les tortues observées s'exposaient directement sur la berge, juste au bord de l'eau, peut-être en raison de l'absence de support propice (gros tronc immergé ou grosse roche) dans ce secteur de la rivière.

Concernant l'alimentation, l'autopsie de la femelle 96-01 (annexe 13) a révélé que son estomac était plein d'écrevisses, proie de prédilection de la tortue-molle à épines (Williams et Christiansen 1981). Il faut ajouter que les données de télémétrie indique que cette femelle semble être restée dans le secteur de la baie Chapman et du ruisseau East Swamp entre sa capture et sa mort (environ 48 jours). Cependant il ne faut pas négliger que la tortue-molle pouvant se déplacer rapidement, cet individu a pu se nourrir en dehors de la baie. Il faut toutefois ajouter que ce site est aussi reconnu comme site de fraie de plusieurs espèces de poissons (Bonin 1994)' fournissant ainsi une forte quantité d'alevins, et abritant des grenouilles de diverses espèces, produisant donc une grande quantité de têtards, ces deux items entrant en bonne part dans le régime alimentaire de la tortue-molle (Williams et Christiansen 1981). Aucune étude de productivité n'ayant été faite, il est impossible de savoir si ce site peut supporter l'alimentation des tortues-molles tout au long de l'été.

Les problèmes techniques rencontrés avec les émetteurs n'ont pas permis de localiser le (s) site (s) d'hivernage des individus équipés d'émetteurs. Lors des dernières tournées (11 et 26 septembre par avion, 12 et 14 novembre en bateau) l'effort de recherche s'est fait au-dessus d'un hibernacle connu (rivière Lamoille), et d'hibernacles présumés, soit les fosses dans la rivière Missisquoi et son delta. Aucune tortue équipée d'émetteur n'a pu être localisée mais les relevés bathymétriques ont permis d'identif-ier deux nouvelles fosses de 7 m de profondeur dans le bras Dead Creek.

Ce bras de la rivière Missisquoi s' est aussi avéré présenter une profondeur de plus de 4 à 5 m sur toute sa longueur. Des repérages ponctuels sur couvert de glace seront effectués l'hiver prochain, et éventuellement une recherche en plongée sous la glace dans des sites potentiels d'hibernation. Des efforts de repérage (télémétrique et visuel) seront aussi tentés en dernier recours lors de la période de sortie des hibernacles, soit tôt au printemps lors de la fonte des glaces.

CONCLUSION

Une partie seulement des objectifs ont pu être rencontrés. Ainsi cinq individus, uniquement des femelles adultes, ont été équipés d'émetteurs au lieu de dix mâles et femelles selon l'objectif initial. Aucun individu n'a été capturé à la rivière aux Brochets.

Les problèmes rencontrés avec la télémétrie ont limité la quantité de points de localisations, et donc limité l'identification de sites, non connus, utilisés par l'espèce au lac Champlain dont le (s) site (s) d'hibernation. La caractérisation de ces sites reste grossière mais une caractérisation fine aurait nécessité un investissement en temps que l'équipe de 1996 n'a pu fournir.

Considérant la difficulté à capturer cette espèce, la capture de sept tortues-molles est un bon résultat. Considérant l'effort de capture investi, ce qui semble être un faible taux de capture peut aussi refléter une faible quantité d'individus fréquentant la baie.

Un effort de capture à la nage comme en Ontario, en complément des verveux, pourrait augmenter le succès d'une campagne de capture. La récolte d' information de 1996, ajoutée aux données obtenues les années précédentes, confirme l'importance du secteur Baie Chapman- Pointe de la Province pour la population de tortue-molle de la baie Missisquoi. Ce site était déjà reconnu pour être une aire de ponte importante pour cette population puisque 16 nids y ont été trouvés en 1995 (Brisebois et Galois [en prép. 1 )

.

D r autre part, 1' étude télémétrique de cette année montre que le site est fréquenté par des tortues-molles tout au long de la période de ponte, notamment comme site d'exposition au soleil, soit de fin mai à début juillet.

Certaines tortues se retrouvent plus tard entre autre dans le delta de la rivière Missisquoi. Elle indique aussi que certaines femelles parcourent des distances de plusieurs kilomètres après avoir

fréquenté la Baie Chapman, traversant le lac en direction du delta ou allant vers le sud au-delà du pont de la route 78. Ce site semble donc être une aire privilégiée de ponte, attirant des

femelles ne résidant pas dans la baie Chapman pendant 1 ' été mais se dispersant dans la baie Missisquoi, vers le delta de la rivière Missisquoi et plus au sud après la période de ponte. Il est aussi fréquenté par des mâles puisque au moins deux d' entre eux y ont été capturés. Il faut ajouter que ce site est aussi intensément utilisé tout l'été par une population de tortues géographiques (placée sur la liste des espèces susceptibles d'être désignées vulnérables ou menacées au Québec). Ce site revêt un intérêt supplémentaire lorsque l'on considère qu'il est l'un des derniers domaines naturels de la partie québécoise de la baie Missisquoi où 75 % des rives sont artificielles ou intensément utilisées par les humains

(Thompson 1996a).

Afin de compléter une partie des objectifs de 1996, il semble indispensable de procéder à une campagne d'observation et de télémétrie dans le delta de la rivière Missisquoi, site potentiel d'hivernage, ainsi qu' à la baie Chapman, très tôt au printemps 1997

(autour du début avril, lors de la fonte des glaces) afin de détecter les premiers signes d'activité des tortues à la sortie d'hibernation (tête dans l'eau, exposition au soleil). Cette activité précoce pourrait se situer aux abords de l'hibernacle et ainsi révéler sa position. Ces sorties d'observation pourraient aussi permettre de repérer, au moins visuellement (la durée de vie des émetteurs étant d'environ un an), les tortues équipées d'émetteurs et ainsi de déterminer si èlles se trouvent dans la rivière Missisquoi tôt au printemps (pouvant amener à supposer qu'elles y ont hiberné) et recueillir la date approximative de leur retour dans la baie Chapman.

L'observation de tortues s'exposant sur les berges autour du ruisseau Galipeau, trois kilomètres en amont de la rivière aux Brochets, et ce en 1995 et 1996 durant le mois de juin soulève la possibilité de l'existence d'un site de ponte dans ce secteur. Une recherche plus intensive de nids le long des rives pourrait être une action à envisager. L'installation d'émetteurs sur quelques

individus attrapés dans ce site pourrait fournir des informations intéressantes sur la fréquentation de la rivière par cette espèce.

Cette technique permettrait la localisation de site (s) drhivernage(s), ce qui n'a pas encore été possible en 1996, et d'identifier de nouveaux sites utilisés par l'espèce au lac Champlain, complétant ainsi le deuxième objectif principal de cette étude.

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ANNEXE 1 - ~utorisations délivrées par le Vermont Fish and Wildlife Department.

VERMONT FISH AIYU WILULIE'L U w A l u ' M a i u 1

103 South Main Street, 1 O South Waterbury, VT 05671-0501

802-24 1-3700 1

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