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Caractérisation dimensionnelle

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B. CONDUITES SUICIDAIRES : HETEROGENEITE DES

4. Caractérisation dimensionnelle

Conjointement à l’approche catégorielle des conduites suicidaires, de nombreux instruments d’évaluation dimensionnelle on vu le jour ces quarante dernières années.

Ces instruments ont historiquement été créés dans un souci de dépistage et de prédiction du risque suicidaire au sein de populations à risque (le plus souvent ayant des antécédents personnels de tentatives de suicide ou en état de « crise suicidaire »). Ils évaluent alors la

présence de facteurs de risque sociodémographiques, cliniques ou environnementaux, précédemment identifiés comme tels. Les tout premiers instruments consistaient en de simples « check-lists » de facteurs de risque et ont rapidement laissé la place à des instruments plus élaborés ayant fait l’objet d’études de validité (Garrison, Lewinsohn, Marsteller, Langhinrichsen, & Lann, 1991).

Parallèlement, de nombreux auteurs se sont intéressés, dès le début des années 70, à certaines dimensions de personnalité comme l’impulsivité, l’agressivité ou le désespoir, ayant bien repéré que, même si peu spécifiques, elles paraissaient tout à fait liées aux conduites suicidaires. Cette démarche a rapidement été récompensée par l’avènement de la psychiatrie biologique qui a vite contribué, grâce à des découvertes majeures, à lui apporter une validité certaine.

Enfin, face aux difficultés que rencontraient les suicidologues à se mettre d’accord sur un phénotype « conduite suicidaire » valide et consensuel, de nombreux auteurs ont alors décidé de mettre de coté toute approche catégorielle pour ne s’intéresser qu’à certaines sous dimensions de ce phénotype, comme l’intentionnalité ou la léthalité. Ces évaluations se sont progressivement imposées auprès des chercheurs pour contribuer de manière efficace à en démembrer l’hétérogénéité phénotypique tout en permettant de repérer les individus dits « à risque ».

Au total, environ une vingtaine d’échelles d’évaluation des conduites suicidaires existent à l’heure actuelle, chacune mesurant un aspect particulier de la suicidalité comme l’idéation suicidaire, l’intentionnalité ou la léthalité (Range & Knott, 1997).

Les premiers instruments

Les premières évaluations consistaient en de simples « check-lists » de variables démographiques associées à un risque accru de conduites suicidaires. Ce fut le cas par

exemple de la « Scale for Predicting Subsequent Suicidal Behavior » (SPSSB) qui comportait six items en oui/non : diagnostic de sociopathie, alcoolisme, antécédent d’hospitalisation en psychiatrie ou de contact avec un psychiatre, antécédent de tentative de suicide et éloignement d’avec la famille (Buglass & Horton, 1974). Dans le même esprit, la « Los Angeles Suicide Prevention Center Suicide Potential Scale » (LA-SPC), incluait 10 items tant démographiques que descriptifs (Farberow, Helig, & Litman, 1968). Apparurent ensuite des questionnaires plus élaborés comme le « Inventory of Potential Suicide » (IPS) qui comporte 19 items « sociaux » et 50 items « cliniques », chacun cotés de 0 (pas de problème) à 4 (problème sévère) (Zung, 1974).

Ces tout premiers instruments sont quasiment tombés dans l’oubli en grande partie du fait de l’absence d’études de validité sérieuses.

Instruments plus récents

Ils se caractérisent par le fait que leur validité et leur fiabilité ont fait l’objet d’études métrologiques rigoureuses. Ils comportent tous des sous scores correspondant à des propositions de sous dimensions par leurs auteurs, chaque item étant individuellement coté sur une échelle de gravité. On distingue : a) les hétéro questionnaires d’évaluation suicidaire, b) les auto questionnaires d’évaluation suicidaire, c) les auto questionnaires évaluant les raisons pour ne pas se suicider (ou raisons de vivre), d) les instruments d’évaluations pour enfants et adolescents et e) les instruments relatifs à des évaluations particulières.

a) Les hétéro questionnaires d’évaluation suicidaire

• Scale for Suicide Ideation (SSI) (A. T. Beck, Kovacs, & Weissman, 1979)

A la fois instrument clinique et de recherche, cette échelle à 19 items est particulièrement utilisée de nos jours ; ses propriétés métrologiques robustes ont été

largement documentées. Elle est constituée de 3 facteurs : désir de mort actif, désir de

mort passif et préparation. Elle a montré sa validité à pouvoir discriminer des patients

hospitalisés après conduite suicidaires de patients dépressifs non suicidaires. Elle aurait cependant une faible validité prédictive des conduites suicidaires.

• Modified Scale for Suicide Ideation (SSI-M) (I. W. Miller, Norman, Bishop, & Dow, 1986)

Echelle de 18 items, d’utilisation largement répandues et aux bonnes propriétés métrologiques, elle est l’adaptation de la précédente pour usage par des paramédicaux.

• Suicide Intent Scale (SIS) (A. Beck, Schuyler, & Herman, 1974)

Très utilisée en recherche et aux bonnes propriétés métrologiques, ses auteurs distinguent plusieurs facteurs : attitude envers la tentative de suicide, préparation,

précaution contre une intervention et découverte. Elle a également fait l’objet de

nombreuses analyses factorielles. Elle dispose d’une bonne validité pour discriminer suicidants et possibles suicidés et, récidivistes et non récidivistes. Ses scores sont corrélés avec ceux de la SSI.

• Risk Rescue Rating Scale (RRRS) (Weisman & Worden, 1972).

Cette échelle à 10 items a montré de bonnes qualités psychométriques. Ses auteurs ont proposé deux dimensions : risques encourus et possibilité de secours. Cette échelle n’a jamais l’objet d’analyse factorielle publiée.

• Lethality of Suicide Attempt Rating Scale (LSARS) (Smith, Conroy, & Ehler, 1984) Elle peut être administrée aussi bien par du personnel médical que non médical. Elle a l’avantage de pouvoir évaluer rétrospectivement des tentatives de suicide antérieures. Cependant, ses preuves de validité et de fidélité (inter juges mise à part) n’ont pas été publiées à ce jour.

b) Les auto questionnaires d’évaluation suicidaire

• Self Rated Scale for Suicide Ideation (SSI-SR) (A. T. Beck, Steer, & Ranieri, 1988) Contrairement à la SSI, elle possède une bonne validité prédictive à court terme. Elle a une bonne validité pour discriminer les sujets suicidants des non suicidants.

• Suicide Behaviors Questionnaire (SBQ) (M. Linehan, 1981)

Il consiste en quatre questions simples (« avez-vous déjà pensé à vous tuer ? ») cotées de 1 à 6. Cet auto questionnaire, d’utilisation facile et aux bonnes propriétés métrologiques, a vu son intérêt plus en pratique clinique qu’en recherche.

• Life Orientation Inventory (LOI) (Kowalchuk & King, 1988)

Cet auto questionnaire peu usité et d’une passation un peu fastidieuse, évalue, en plus de la dimension suicidaire, d’autres dimensions comme l’estime de soi, le surinvestissement ou la « domination affective »

c) Les auto questionnaires évaluant les raisons de vivre

• Reasons for Living Inventory (RFL) (M. M. Linehan, Goodstein, Nielsen, & Chiles, 1983)

Il comprend 48 items évaluant les raisons possibles pour ne pas se suicider. Il possède de bonnes qualités métrologiques et a fait l’objet de plusieurs analyses factorielles confirmant 6 sous-dimensions. Cet auto-questionnaire a montré une bonne validité pour discriminer suicidaires et non suicidaires ainsi que suicidaires et suicidants.

• Brief Reasons for Living Inventory (RFL-B) (Ivanoff, Jang, Smyth, & Linehan, 1994)

d) Les instruments d’évaluations pour enfants et adolescents • Suicide Probability Scale (SPS) (Cull & Gill, 1982) • Suicidal Ideation Questionnaire (SIQ) (Reynolds, 1987)

• Multi-Attitude Suicide Tendency Scale (MAST) (Orbach et al., 1991)

• Fairy Tales Test (FT) (Orbach, Feshbach, Carlson, Glaubman, & Gross, 1983)

e) Les instruments relatifs à des évaluations particulières

• Suicide Opinion Questionnaire (SOQ) (Domino, Moore, Westlake, & Gibson, 1982) L’originalité de ce questionnaire réside dans le fait qu’il évalue plus les conceptions et connaissances que peut avoir un individu sur les conduites suicidaires que les conduites suicidaires elles-mêmes. Il demeure cependant peu usité en raison de propriétés métrologiques encore floues.

• Suicide Lethality Scale (SLS) (Holmes & Howard, 1980)

De la même manière que le SOQ, cet instrument soumet des affirmations autour du suicide à un individu pour en apprécier son évaluation.

• Suicide Intervention Response Inventory (SIRI) (Neimeyer & MacInnes, 1981)

Cet instrument propose 25 assertions pouvant être formulées par un individu suicidaire demandant de l’aide par téléphone ; il est lors demandé au proposant de coter en vrai/faux les différentes réponses qu’un professionnel pourrait y apporter.

Bien que relativement valides, ces deux instruments n’ont trouvé que peu d’utilité en matière de recherche.

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