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Capacité de déplacement des coléoptères aptères

CHAPITRE 12. CAPACITÉ DE DÉPLACEMENT DES COLÉOPTÈRES APTÈRES

12.1.6 Aperçu du jeu de données et sélection des variables

Pour chacun des 24 individus, 5 vidéos ont été réalisées. Le jeu de données comporte ainsi 126 vidéos de 30 minutes, soit un total de 313 196 valeurs de vitesse.

L'étude des corrélations montre deux groupes de variables corrélées (|r| > 0.7, (Dormann et al., 2013)) :

• la vitesse et l'accélération maximales

• les vitesses moyenne et médiane, l'accélération moyenne et la proportion d'activité Par la suite, seules les vitesses maximales et la proportion d'activité sont étudiées.

12.2 Résultats

12.2.1 Vitesse de déplacement maximale

La vitesse mesurée la plus grande est de 0.67 cm.s-1, eectuée par un Coloracalles humerosus femelle. Cette valeur n'est pas représentative de l'échantillon, car la plupart des valeurs de vitesse maximale sont entre 0.2 et 0.5 cm.s-1. La moyenne des vitesses maximales est de 0.336 cm.s-1, soit 12,1 m.h-1.

Les vitesses maximales des individus ne dièrent pas en fonction du sexe (test de Wilcoxon, p-value >0.05), mais sont légèrement diérentes en fonction l'espèce de l'individu (test de Krustal-Wallis, p-value=0.01). Cependant, les larges écart-types des vitesses maximales en fonction de l'espèce laissent à penser que cette diérence n'est pas très importante (gure 12.2a).

12.2.2 Activité des individus et vitesse moyenne

Les vitesses moyennes varient de 0 (individus immobiles tout au long de la vidéo) à 0.202 cm.s-1, eectuée par un Acalles lemur qui s'est déplacé 97.1% du temps. Cette vitesse moyenne représente 7.27 m.h-1. La moyenne de l'ensemble des vitesses moyennes déterminées dans cette expérience est 0,046cm.s-1, ce qui représente 1,67 m.h-1. Cette valeur sera retenue comme ordre de grandeur de la vitesse moyenne de déplacement en laboratoire dans la suite de l'étude.

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12.2.4 Observations sur les mécanismes de marche

Les vidéos réalisées ont permis d'observer de manière précise les mécanismes de marche des espèces. Deux mécanismes de marche diérents ont pu être mis en évidence : un mé- canisme de marche à plat et un mécanisme de montée.

Lors des marches sur le plat ou avec de faibles dénivelés, les pattes se mouvent trois par trois, en deux temps. De manière quasi simultanée, les pattes avant droite, milieu gauche et arrière droite avancent. Une fois posées, ce sont leur symétrique (avant gauche, milieu droite et arrière gauche) qui avancent.

Lors de montées abruptes (comme sur le bord de la boite de pétri, à la verticale), le mécanisme de marche se fait en trois temps. Les deux premiers mouvements se font par avancée des pattes les plus opposées (avant droite et arrière gauche), puis leur symétrique (avant gauche et arrière droite). Le dernier temps se fait par avancée simultanée des deux pattes du milieu.

12.3 Discussion

12.3.1 Ordre de grandeur des capacités de déplacement

La vitesse moyenne retenue est de 1.67 m.h-1. Ramenée à une année, cela représente 14,6 km. Les individus ne marchant pas en ligne droite et certainement pas à cette vitesse sur plusieurs jours ou semaines, cette valeur est évidemment à considérer avec précaution. Cependant, avec une telle capacité de déplacement, il est possible que ces espèces soient capables de parcourir plusieurs centaines de mètres, voire éventuelle- ment quelques kilomètres en une année.

12.3.2 Inuence du sexe sur les capacités de déplacement

La seule diérence qui apparait entre mâle et femelle porte sur l'activité et ne concerne que Coloracalles humerosus. Ce résultat est similaire à l'espèce Lucanus cervus chez la- quelle la femelle a un nombre de vols signicativement inférieur à celui du mâle (Rink et Sinsch, 2007). Chez Osmoderma eremita en revanche, la femelle a une plus grande capacité de vol que le mâle (Dubois et al., 2010 ; Ranius, 2006).

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12.3.3 Inuence de l'espèce sur les capacités de déplacement

Coloracalles humerosus se démarque d'Acalles lemur et A. misellus par une activité très inférieure à celles des deux autres espèces dans les mêmes conditions. Ceci pourrait traduire une diérence de comportement face à des conditions hostiles, telles que le labo- ratoire. Il est possible que les deux Acalles soient davantage dans la fuite que Coloracalles humerosus. Cette hypothèse ne pourrait être vériée qu'en expérimentant sur le terrain. Malgré sa taille plus grande, la vitesse maximale de Coloracalles humerosus n'est guère plus élevée que celles des deux autres espèces (diérence non signicative).

Il est intéressant de noter qu'Acalles lemur et A. misellus ont la même vitesse maximale et la même proportion d'activité. Leurs importantes diérences de répartition dans cette étude n'a donc pas pour origine une capacité de déplacement diérente.

12.3.4 Comparaison des vitesses de déplacement avec d'autres

coléoptères

An de comparer les vitesses de diérentes espèces, celles-ci sont frequement rappor- tées au poids ou à la taille moyenne des individus (Evans et Forsythe, 1984 ; Garland, 1983).

Les vitesses maximales des trois espèces considérées ici sont comparées à celles d'autres coléoptères en marche (Cicindela campestris, Notiophilus biguttatus , Geotrupes stercora- rius, Nicrophorus vespillo, Phyllobius pyri, Lucanus servus et Anatis ocellata) ou en vol (Osmoderma eremita) (tableau 12.1). Les vitesses des trois Cryptorhynchinae étudiées sont proches de la moyenne des vitesses de marche des autres coléoptères. En ramenant ces vitesses aux poids (tableau 12.1 colonne V/M) ou aux tailles (tableau 12.1 colonne V/M) des individus, les espèces étudiées font partie des plus rapides, ayant des rapports plus ou moins proches des espèces prédatrices (Cicindela campestris et Notiophilus bigut- tatus).

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