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I l paraît que le nom d’Appenzell vient de a b b a lis cella , manse abba­ tia le, parce que , dans l’origine , il y avait dans ce pays une manse de l ’abbé de Saint-Gall. Quand la c o n tr ée, plus p eu p lée, trouva de grandes ressources dans les pâturages et dans la fabrica­ tio n de la toile , les habitans, qui ont toujours eu beaucoup de bon sens , et qui gémissaient des vexations odieuses du prélat, pensèrent qu’il valait m ieux être libres que dépendre d’un abbé. Ils lu i refusèrent donc l’obéissance,

com m e d’autres cantons avaient refusé l ’obéissance à l’A utriche, et se déter­ minèrent à combattre pour leur liberté. L’abbé , soutenu par la noblesse, alors ennemie acharnée du p e u p le , voulut rem ettre les pâtres appenzellois sous son jo u g ; ils repoussèrent ses troupes, e t , pour se venger des n o b les, ils ra­ sèrent tous les cliàteaux-forts de leurs m ontagnes. Cette mesure acheva de les rendre libres. Irrité de sa prem ière dé­ faite, l’abbé invoqua le secours de l ’Au­ triche; la noblesse s’y joignit de nou­ veau, et une seconde attaque fut m éditée contre les pâtres. C eux-ci reçurent, de leur côté, le secours d’un noble, m écon­ tent de l’A utriche, R odolphe de W e r - denberg ; mais ce noble se m ontrait sous l ’arm ured’un chevalier : un attirail sem­ blable était suspect au x paysans; pour se rendre populaire , il se dépouilla de sa cuirasse et de son casque , et parut dans le saraudes montagnards: dès lors

tous les cœ urs furent à l u i , et on lu i témoigna la plus grande confiance, qu’il justifia bien le jour du danger. N om m é chef des Appenzellois libres , il fit des dispositions si prudentes que, lorsque les Autrichiens et la tourbe des nobles

pénétrèrentdanslepaysjl’an i4o4, tout

était préparé à les recevoir. Les m onta­ gnards occupaient les hauteurs du Stossj elles furent grayies au m ilieu de la pluie par les ennem is, dont l’ardeur était ani- m éepar les prêtres: en vainles Appenzel­ lois faisaient rouler sur eu x du bois et des pierres , et se battaient en désespé­ rés ; l ’attaque fu t vive et long-tem ps sou ten u e, et peut-être aurait-elle tour­ n é à la perte des paysans, si Rodolphe de W erdenberg , par un com m ande­ m ent habile, ne leur eût assuré la vic­ toire. On dit que ce qui causa aussi la défaite des en n em is, ce fut l ’appari­ tion soudaine, sur les montagnes, d’une troupe d’êtres humains tous affublés

de draps blancs ; c’étaient les femmes des pâtres q u i , dans cet afïtiblem ent, voulurent mettre en fuite les Autri­ chiens , ou périr avec leurs pères et maris. D e tous côtés on massacra les fuyards qui avaient de la peine à se t e ­ nir debout sur des pentes m ouiliées par­ la pluie , tandis que les montagnards com battaient avec les pieds nus 5 beau­ coup de nobles trouvèrent leur tom ­ beau sur les hauteurs ; les eaux d’un ruisseau , teintes du sang des m orts et blessés, a p p ortèren t, dans la vallée du R h in , la première nouvelle de la dé­ faite des partisans de l ’abbé de Saint-Gall. U ne chapelle futbâtiesurlecham p de bataille; elle couronne une ém i­ nence entre Gais et Altstælten; les Ap-

penzellois y font un pèlerinage, au i4

m ai de chaque année: c’est une fête na­ tio n a le , com m e la plupart des anni­ versaires des batailles par lesquelles les Suisses ont conquis leur liberté. Les

femmes , pour avoir contribué à la vic­ toire , obtinrent la distinction hono­ rable de précéder les hom m es à la com m union de leurs paroisses.

L’abbé de Saint-Gall jugea prudent de négocier et de tem poriser ; cepen­ dant , com m e ses négociations ne réus­ sirent pas m ieux que ses armes , il eut recours aux grands expédiens , en fai­

sant excom m u n ier, en i4s5 , les Ap-

penzellois par le pape. Un commissaire de l’évêque de Constance alla notifier l ’interdiction au landamman d’A ppen- ze ll, qui convoqua ensuite la com m une pour lu i faire part de la mission. Le peuple déclara qu’il n ’en voulait point ; en conséquence le landamman répondit naïvem ent au commissaire qu’ayant assemblé le peupl e , pour savoir s’il vou­ lait être excom m unié ou non , il avait entendu répondre négativement par la majorité des assistans. Les prêtres furent obligés de continuer leurs fonctions ;

ceux qui s’y refusèrent furent bannis. L ’empereur Henri IV paraissant en chemise de pénitent devant le p ap e, à Canosa, n ’eut pas autant de ferm eté que les pâtres suisses. Ces hom m es sim ples ont en général montré toujours

beaucoup de bon sens. Lorsqu’en i4ot)

leur landamman obtint une dispense du pape pour épouser sa cousine ; le peuple décida que ce qui était permis à leur landamman pour de l ’a r g e n t, de­ vait l'être gratuitem ent au peuple.

Cependant il fallut combattre de nou­ veau contre l ’abbé de S a in t-Gall. A force de persévérance, les Appenzellois déjouèrent tous les efforts qu’il fil pour les rem ettre dans la servitude.Ils se firent des alliés et entrèrent enfin dans la ligue des cantons fédérés.

Leur liberté était heureusem ent bien assurée quand la réforme de Luther produisit une division dans ce canton. U ne partie ( les rh odes ou districts e x ­

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