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Calcul de la trace de Dixmier : le cas non p´eriodique

2.3 Application aux d´eformations isospectrales

2.3.4 Calcul de la trace de Dixmier : le cas non p´eriodique

Dans ce paragraphe, nous allons ´etablir le th´eor`eme suivant :

Th´eor`eme 2.3.15. Soit M une vari´et´e Riemannienne `a spin, non compacte, sans bord, connexe, compl`ete, satisfaisant `a (I) ou (II), avec un scalaire de courbure born´e et munie d’une action lisse propre et isom´etrique de Rl. Si f ∈ Cc(M ), alors Lf(1 +|D/|)−n appartient `a L1,∞(H) et la valeur de sa trace Dixmier est donn´ee par

Trω Lf(1 +|D/|)−n= Trω Mf(1 +|D/|)−n= C(n) Z

M

f (p) µg(p), o`u C(n) = 2⌊n/2⌋n/n (2π)n.

Dans le cas non p´eriodique, la vari´et´e M est n´ecessairement de la forme V × Rl, o`u le groupe Rl agit par translation sur le second facteur. En effet, une action propre du groupe additif Rl est automatiquement libre, car le seul sous-groupe compact de Rlest le sous-groupe trivial{0}. Ainsi la projection sur l’espace des orbites π : M → M/Rl d´efinit une projection de Rl-fibr´e principal [38, Thm. 1.11.4]. Remarquons que l’action soit propre, a ´et´e cruciallement utilis´e dans la proposition 1.2.13 pour montrer que les op´erateurs de multiplication twist´ee sont born´es. Or un Rl-fibr´e principal poss`ede une section (lisse) globale, il est donc automatiquement trivial (voir [31, §16.14.5]).

Ainsi M = V × Rl, o`u V est une vari´et´e lisse, non n´ecessairement compacte de dimension k = n− l, qui est munie d’une structure Riemannienne, induite de celle de M, et π : M → V

est juste la projection sur le premier facteur. Si{φj}j∈J est une partition de l’unit´e localement finie sur V , o`u chaque φj est lisse et `a support compact, on peut d´efinir une partition de l’unit´e α-invariante {ψj} sur M, en posant ψj := φj◦ π. Pour tout f ∈ C

c (M ), la somme f =P

jf ψj est finie car supp f est compact ; ´etant donn´e que ψj est α-invariant, on obtient directement

Lf =X

j

Lf ψj =X

j

LfMψj.

Pour manipuler des op´erateurs du type Lfh(D/ ), on peut sans perte de g´en´eralit´e se restreindre a une seule carte de V .

Notons ˆx := (x1, . . . , xk) et ¯x := (xk+1, . . . , xn) respectivement les coordonn´ees transverses et longitudinales sur M . Il est aussi imm´ediat de remarquer que l’op´erateur Lf est pseudod-iff´erentiel, de symbole

σ[Lf](ˆx, ¯x; ˆξ, ¯ξ) = f (ˆx, ¯x−12Θ ¯ξ). (2.3.6) En effet, pour tout ψ∈ H, la d´efinition 1.2.12 montre que

Lfψ(ˆx, ¯x) = (f ⋆Θψ)(ˆx, ¯x) = (2π)−l Z R2l e−i¯ξ ¯yα1 2 Θξ¯ (f )(ˆx, ¯x) V−¯yψ(ˆx, ¯x) dlξ d¯ ly¯ = (2π)−l Z R2l e−i¯ξ ¯yf (ˆx, ¯x−12Θ ¯ξ) ψ(ˆx, ¯x + ¯y) dlξ d¯ ly¯ = (2π)−n Z R2n

e−i¯ξ(¯y−¯x)e−iˆξ(ˆy−ˆx)f (ˆx, ¯x− 1

2Θ ¯ξ) ψ(ˆy, ¯y) dlξ d¯ ly d¯ kξ dˆ ky.ˆ Proposition 2.3.16. Sous les hyphoth`ese du th´eor`eme 2.3.15, si f ∈ C

c (M ) alors Lf(1 + |D/|)−n appartient `a L1,∞(H).

D´emonstration. Pour ˆx fix´e, la fonction ¯x 7→ f(ˆx, ¯x) est dans C

c (Rl), et donc peut ˆetre d´ecompos´ee dans la base de Wigner {fmn}, avec m, n ∈ Nl/2 :

f (ˆx, ¯x) =X

m,n

cmn(ˆx) fmn(¯x), o`u les coefficients matriciels cmn sont des ´el´ements de Cc(V ).

Se donnant deux fonctions de la sorte, f (ˆx, ¯x) =P

cmn(ˆx) fmn(¯x), h(ˆx, ¯x) =P

dmn(ˆx) fmn(¯x), leur produit twist´e devient un produit matriciel dans les variables ¯x : (f ⋆Θh)(ˆx, ¯x) = X

m,n,k

cmk(ˆx) dkn(ˆx) fmn(¯x). (2.3.7) Ainsi, l’op´erateur Lf peut ˆetre vu comme appartenant `a l’alg`ebre M(Cc(V )) avec des ´el´ements de matrices (`a valeurs dans C

c (V )) `a d´ecroissance rapide.

Ainsi, on peut ´etendre la propri´et´e de factorisation forte (proposition 2.2.6) `a ce contexte : pour tout f ∈ C

c (M ), il existe h, k∈ C(M ) qui sont des fonctions Schwartz dans les variables ¯

x, `a support compact sur V et tel que

f (ˆx, ¯x) = (h⋆Θk)(ˆx, ¯x). (2.3.8) Par factorisations r´ep´et´ees (permettant d’´ecrire f comme un produit de n fonctions de la sorte) et par commutateurs it´er´es (exactement comme dans le Corollaire 2.2.34 et le lemme 2.2.35), on

2.3. APPLICATION AUX D´EFORMATIONS ISOSPECTRALES 79

peut faire apparaˆıtre Lf(1 +|D/|)−ncomme un produit de n termes de la forme Lh(1 +|D/|)−1Lk, chacun d’entre eux appartenant `a Ln,∞(H) d’apr`es le corollaire 2.3.12, plus un extra terme dansL1(H). Finalement, l’in´egalit´e de H¨older pour les classes de Schatten faibles, implique que Lf(1 +|D/|)−n∈ L1,∞(H).

Nous allons introduire une famille d’unit´es locales, en g´en´eralisant la construction du para-graphe 2.2.

D´efinition 2.3.17. La vari´et´e V pouvant ˆetre vue comme une union de compacts Ci, chacun ´etant contenu dans l’int´erieur de Ci+1, on d´efinit les fonctions χi, par : χi:= 1 sur Ci et χi:= 0 ailleurs. Pour tout K ∈ N, soit la fonction eK d´efinie par

eK(ˆx, ¯x) := X

|n|≤K

χK(ˆx) fnn(¯x),

o`u|n| = n1+· · · +nl/2. Ainsi eK est r´e´el, eKΘeK = eK d’apr`es (2.3.7) et LeK est un projecteur orthogonal sur H. Soit ensuite, fK := eKΘf ⋆ΘeK, ou plus explicitement

fK(ˆx, ¯x) := X

|m|,|n|≤K

χK(ˆx) cmn(ˆx) fmn(¯x). (2.3.9)

Par construction, eKΘfK = fKΘeK = fK.

L’op´erateur LeK(1 +|D/|)−nLeK est Dixmier-tra¸cable : dans la proposition 2.3.10 ainsi que dans la suite, on peut remplacer f par eK mˆeme si il n’appartient pas `a Cc(M ), ´etant donn´e qu’il reste `a d´ecroissance rapide. La propri´et´e de trace de la trace de Dixmier implique alors que

Trω LfK(1 +|D/|)−n= Trω LfKLeK(1 +|D/|)−nLeK . Comme LfK est born´e, le th´eor`eme 5.6 de [4] montre que si la limite

lim

s↓1(s− 1) Tr LfK(LeK(1 +|D/|)−nLeK)s ,

existe, alors elle co¨ıncidera avec la valeur de toute trace de Dixmier de l’op´erateur LfK(1+|D/|)−n. Lemme 2.3.18. La norme trace

LfK(LeK(1 +|D/|)−nLeK)s− LfK(1 +|D/|)−ns 1 (2.3.10)

est une fonction born´ee de s, pour 1≤ s ≤ 2.

D´emonstration. Posons s =: 1+ε, avec 0 < ε≤ 1. Nous allons utiliser la repr´esentation spectrale suivante, g´en´eralisant (2.3.4), pour une puissance fractionnaire d’un op´erateur positif A :

Aε= sin πε π

Z

0

A (1 + λA)−1λ−εdλ.

Etant donn´e que LeK est un projecteur orthogonal et que LfKLeK = LfK, on a LfK(LeK(1 +|D/|)−nLeK)s= LfKLeK(1 +|D/|)−nLeK(LeK(1 +|D/|)−nLeKε

Ainsi, LfK(LeK(1 +|D/|)−nLeK)s− LfK(1 +|D/|)−ns (2.3.11) = LfK(1 +|D/|)−nsin πεπ Z 0  LeK(1 +|D/|)−nLeK 1 + λLeK(1 +|D/|)−nLeK1 + λ(1 +(1 +|D/|)−n |D/|)−n  λ−εdλ. La premi`ere fraction entre parenth`ese peut ˆetre r´e´ecrite comme

(1 +|D/|)n+ λTK−1 TK, o`u

TK := (1 +|D/|)nLeK(1 +|D/|)−nLeK. Comme LeK est un projecteur, on obtient

TK = L2eK + [(1 +|D/|)n, LeK] (1 +|D/|)−nLeK = LeK + X 0≤k<r≤n  n r  |D/|k[|D/|, LeK]|D/|r−k−1(1 +|D/|)−nLeK =: LeK+ X 0≤k<r≤n Ark. (2.3.12)

La propri´et´e cruciale pour montrer que la diff´erence (2.3.11) est uniform´ement (en ε) `a trace, est que, `a la seule exception du premier terme de (2.3.12) qui est seulement born´e, tous les autres Arksont compacts. Plus pr´ecis´ement, en utilisant la proposition 2.3.6 (ainsi que quelques commutateurs), on en d´eduit que chaque Ark∈ Lp(H) pour tout p > n.

En suivant une id´ee de Rennie [91, Thm. 12], on peut r´eduire la diff´erence des fractions dans l’´equation (2.3.11) de la mani`ere suivante :

LeK(1 +|D/|)−nLeK 1 + λLeK(1 +|D/|)−nLeK(1 +|D/|)−n 1 + λ(1 +|D/|)−n = ((1 +|D/|)n+ λTK)−1TK− ((1 + |D/|)n+ λ)−1 = ((1 +|D/|)n+ λTK)−1− ((1 + |D/|)n+ λ)−1 TK+ (1 +|D/|)n+ λ−1 (TK− 1) = ((1 +|D/|)n+ λ)−1(λ− λTK)((1 +|D/|)n+ λTK)−1TK+ (1 +|D/|)n+ λ−1 (TK− 1) = ((1 +|D/|)n+ λ)−1(TK− 1) 1 − ((1 + |D/|)n+ λTK)−1λTK = ((1 +|D/|)n+ λ)−1(TK− 1) 1 + λLeK(1 +|D/|)−nLeK−1 . Ainsi, nous obtenons

LfK(LeK(1 +|D/|)−nLeK)s− LfK(1 +|D/|)−ns = LfK(1 +|D/|)−nsin πε π Z 0 1 (1 +|D/|)n+ λ(TK− 1) 1 1 + λLeK(1 +|D/|)−nLeK λ −εdλ = LfK(1 +|D/|)−nsin πε π Z 0 1 (1 +|D/|)n+ λLeK(TK− 1) 1 1 + λLeK(1 +|D/|)−nLeK λ −εdλ + LfKsin πε π Z 0  LeK, (1 +|D/|)−n (1 +|D/|)n+ λ  (TK− 1) 1 1 + λLeK(1 +|D/|)−nLeK λ −εdλ.

2.3. APPLICATION AUX D´EFORMATIONS ISOSPECTRALES 81

Nous allons montrer maintenant que le deuxi`eme terme du membre de droite est uni-form´ement born´e en norme de trace. En ´ecrivant



LeK,(1 +|D/|)−n((1 +|D/|)n+ λ)−1

= [LeK, (1 +|D/|)−n] ((1 +|D/|)n+ λ)−1+ (1 +|D/|)−n[LeK, ((1 +|D/|)n+ λ)−1], pour le premier de ces termes, on obtient l’estimation suivante :

LfK[LeK, (1 +|D/|)−n]sin πε π Z 0 1 (1 +|D/|)n+ λLeK(TK− 1) λ−ε 1 + λLeK(1 +|D/|)−nLeK 1 LfK[LeK, (1 +|D/|)−n] 1 ×sin πε π Z 0 k((1 + |D/|)n+ λ)−1k kLeK(TK− 1)k (1 + λL eK(1 +|D/|)−nLeK)−1 λ−εdλ ≤ kLeK(TK− 1)k LfK[LeK, (1 +|D/|)−n] 1 sin πε π Z 0 λ−ε 1 + λ =kLeK(TK− 1)k LfK[LeK, (1 +|D/|)−n] 1=: C1. La constante C1 est finie (et ind´ependante de ε) car

LfK[LeK, (1 +|D/|)−n] = LfK X 0≤k<r≤n  n r  |D/|k (1 +|D/|)n[|D/|, LeK] |D/|r−k−1 (1 +|D/|)n, (2.3.13) et car chaque terme appartient `a L1(H), d’apr`es la proposition 2.3.6 et l’in´egalit´e de H¨older. D’une fa¸con analogue, on peut montrer que la norme de trace de

LfK(1 +|D/|)−nsin πε π Z 0 [LeK, ((1 +|D/|)n+ λ)−1] LeK(TK− 1) λ−ε 1 + λLeK(1 +|D/|)−nLeK est born´ee par une constante C2:=kLfK(1 +|D/|)−nk k[LeK, (1 +|D/|)−n]k1, ind´ependante de ε.

En utilisant le d´eveloppement (2.3.12) de TK, nous obtenons finalement LfK(LeK(1 +|D/|)−nLeK)s− LfK(1 +|D/|)−ns 1X 0≤k<r≤n LfK(1 +|D/|)−nsin πε π Z 0 1 (1 +|D/|)n+ λLeKArk λ−ε 1 + λLeK(1 +|D/|)−nLeK 1 + C1+ C2X 0≤k<r≤n LfK(1 +|D/|)−n p/(p−1)kLeKArkkp sin πε π Z 0 λ−ε 1 + λdλ + C1+ C2 = X 0≤k<r≤n LfK(1 +|D/|)−n p/(p−1)kLeKArkkp+ C1+ C2,

qui est fini pour p > n.

Preuve du th´eor`eme 2.3.15. Pour 1 < s ≤ 2, l’op´erateur LfK(1 + |D/|)−ns apparaissant dans (2.3.10) est `a trace, ´etant ´egale au produit de LfK(1 +|D/|)−n∈ L1,∞(H) par

LeK(1 +|D/|)−n(s−1) ∈ Lp(H) pour p > 1/(s − 1), plus un commutateur `a trace. La diff´erence des traces

Tr LfK(LeK(1 +|D/|)−nLeK)s

est alors une fonction born´ee de s, pour 1≤ s ≤ 2. Ainsi, lim

s↓1(s− 1) Tr LfK(LeK(1 +|D/|)−nLeK)s = lim

s↓1(s− 1) Tr LfK(1 +|D/|)−ns. (2.3.14) L’expression du noyau de LfK(1 +|D/|)−ns et le lemme 1.2.15 donnent

Tr LfK(1 +|D/|)−ns = Z M KL fK(1+|D/ |)−ns(p, p) µg(p) = (2π)−l Z M Z R2l e−iyzf ((−12Θy)· p) K(1+|D/ |)−ns(z· p, p) dly dlz µg(p) = (2π)−l Z M Z R2l e−iyzf (p) K(1+|D/ |)−ns(z· p, p) dly dlz µg(p) = Z M fK(p) K(1+|D/ |)−ns(p, p) µg(p) = Tr MfK(1 +|D/|)−ns.

Le calcul du terme de droite de (2.3.14) est alors direct : lim

s↓1(s− 1) Tr MfK(1 +|D/|)−ns= Trω MfK(1 +|D/|)−n= C(n) Z

M

fK(p) µg(p). (2.3.15) La derni`ere ´egalit´e est une propri´et´e connue de la trace de Dixmier dans le cas commutatif non compact [91]. La constante de proportionnalit´e C(n) = 2⌊n/2⌋n/n (2π)n est la mˆeme que dans le corollaire 2.3.14.

Il reste a s’affranchir de la troncature induite par les projecteurs LeK. Notons tout d’abord que

Trω (Lf − LfK) (1 +|D/|)−n= Trω (1− LeK)Lf(1 +|D/|)−n,

car Lf[LeK, (1 +|D/|)−n] est `a trace (voir (2.3.13)) et car LeK est un idempotent. En utilisant une fois de plus la propri´et´e de factorisation, f = h⋆Θk, on obtient

Trω (Lf − LfK) (1 +|D/|)−n ≤ kLh− LeK⋆Θhk Trω Lk(1 +|D/|)−n . (2.3.16) Le terme de droite tend vers z´ero lorsque K → ∞, en vertu de l’estimation (1.2.11) pour la norme de l’op´erateur de multiplication twist´e. En r´e´ecrivant (2.3.15) comme

Trω LfK(1 +|D/|)−n= C(n) Z

M

fK(p) µg(p),

on obtient que le terme de gauche converge vers Trω(Lf(1 +|D/|)−n) lorsque K → ∞. Pour le terme de droite, le fait que les coefficients cmn(ˆx) dans (2.3.9) sont `a d´ecroissance rapide assure que fK → f dans L1(M, µg). En prenant la limite K → ∞ pour les deux membres de (2.3.16) on obtient le r´esultat :

Trω Lf(1 +|D/|)−n= C(n) Z

M

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Chapitre 3

Fonctionnelles d’actions

L’importante intersection entre la g´eom´etrie non commutative et la physique des interactions fondamentales [5–7, 12, 16, 18, 19, 66, 107] a plusieurs origines.

D’une part, il y a les motivations conceptuelles inh´erentes `a la notion d’espace quantique, qui mˆeme en l’absence d’avanc´ee majeure, fournit un cadre prometteur pour la r´esolution du probl`eme de la quantification de la gravitation et/ou de la compr´ehension de l’origine des diver-gences qui apparaissent en th´eorie quantique des champs ordinaire. En particulier, il n’est pas encore clair que les divergences ultraviolettes dont sont affubl´ees ces th´eories, viennent de la non prise en compte de la nature quantique de l’espace-temps, ou si elles sont une caract´eristique fondamentale, et donc sont `a consid´erer avec plus d’´egard [20–22].

D’autre part, au niveau classique cette fois, la g´eom´etrie non commutative a permis des avanc´ees conceptuelles importantes : interpr´etation g´eom´etrique du m´ecanisme de Higgs et uni-fication des quatre interactions fondamentales. Ces avanc´ees sont cons´equentes `a la constructions de ‘fonctionnelles d’actions pour champs de jauge non commutatif’, g´en´eralisant celles de Yang– Mills et d’Einstein–Hilbert dans un cadre g´eom´etrique plus ´etendu.

Dans ce chapitre, nous allons voir deux constructions d’actions non commutatives, au travers des exemples de d´eformations isospectrales que sont les plans de Moyal : l’action de Connes–Lott et l’action spectrale.

L’action de Connes–Lott, introduite dans [18, 19], a permis de d´ecrire le mod`ele standard de la physique des particules (MS) dans un cadre non commutatif. Le triplet spectral d´ecrivant ce mod`ele est le produit d’un triplet spectral commutatif (C(M ), L2(M, S), D/ ) avec un triplet spectral fini (de dimension spectrale nulle), o`u l’alg`ebre est la somme directeAF = H⊕C⊕M3(C) (H est le corps des quaternions), l’op´erateur de Dirac est la matrice de masse fermionique et l’espace de repr´esentation est le corps des complexes `a la puissance du nombre de particules du mod`ele (en comptant tous les degr´es de libert´es : couleur, isospin....). Ces triplets portent le nom ´eloquent de triplets spectraux presque commutatifs. Le groupe de jauge du mod`ele standard est alors obtenu comme le groupe des unitaires de l’alg`ebre AF.

Une fonctionnelle d’action est ensuite construite `a partir de ‘l’int´egrale non commutative’ A ∋ a 7→ Trω



π(a)(1 +D2)−n/2 ,

´evalu´ee sur le carr´e de la courbure F d’un ‘champ de jauge non commutatif’ repr´esent´e A : ˜ π Ω1A∋ A =X j∈J ˜ π(ajδbj) :=X j∈J π(ai)[D, π(bi)],

et la courbure, par analogie avec sa d´efinition ordinaire, est donn´ee par F = [D, A] + A2.

Pour que cette action soit analytiquement bien d´efinie dans le cas sans unit´e, i.e. pour que Trω

π(.)(1 +D2)−n/2 ∈ A,

il faut ne consid´erer que des champs de jauge prenant valeur dans l’alg`ebre sans unit´e. Cette restriction peut paraˆıtre excessive, car ne permettant pas aux potentiels vecteurs d’ˆetre de “pure jauge”, i.e. d’avoir la forme

Apj = π(u)[D, π(u)],

pour u un unitaire de l’alg`ebre unif`ere eA. Nous verrons comment, avec l’action spectrale, on peut contourner cet obstacle.

Concernant le mod`ele standard, cette nouvelle description donne enfin une interpr´etation g´eom´e-trique du champ de Higgs. Ce dernier fera alors int´egralement partie de la connection de “Yang–Mills” g´en´eralis´ee. Plus heuristiquement, il sera interpr´et´e comme une connection, au sens math´ematique aussi bien qu’au sens litt´eral, entre le monde des fermions droits et celui des fermions gauches.

Il y a aussi une avanc´ee au niveau ph´enom´enologique : les param`etres du potentiel de Higgs ne sont plus libres, on obtient des contraintes sur sa masse [5].

Alors que l’action de Connes–Lott n’est finalement qu’une g´en´eralisation abstraite de celle de Yang–Mills, l’action spectrale est fond´ee sur des concepts diff´erents. Le point de d´epart de cette construction fut la recherche d’une fonctionnelle d’action ne d´ependant que du spectre de l’op´erateur de Dirac g´en´eralis´eDA, covariant par rapport `a l’action du groupe des unitaires de l’alg`ebre. Dans le cas d’un triplet spectral unital, l’action spectrale est alors d´efinie comme le nombre de valeurs propres de l’op´erateur DA =D + A + εJAJ−1 inf´erieures en module `a une constante Λ :

SΛ(D, A) = #{λk: |λk| ≤ Λ}.

Lorsque l’on consid`ere le triplet spectral du MS, l’action spectrale unifie au niveau classique le mod`ele standard complet (Yang–Mills–Higgs) avec la gravitation d’Einstein–Weyl. Cette ap-proche donne elle aussi une interpr´etation g´eom´etrique du m´ecanisme de Higgs, ainsi que des contraintes sur la masse de cette particule scalaire [5].

3.1 Action de Connes–Lott

La construction (et le calcul) de l’action de Connes–Lott pour un triplet spectral sans unit´e, sera donn´ee au travers de l’exemple des plans de Moyal non d´eg´en´er´es. Le r´esultat que nous allons obtenir est tout `a fait naturel, dans le sens o`u l’action obtenue est celle de Yang–Mills pour laquelle tous les produits point `a point ont ´et´e remplac´es par des produits de Moyal. Le point clef du calcul d’une telle action est la d´etermination d’un id´eal, appel´e Junk, de l’alg`ebre diff´erentielle universelle associ´ee `a l’alg`ebre non commutative d´ecrivant le mod`ele. Nous verrons que cet id´eal poss`ede la mˆeme structure que dans tous les exemples connus : g´eom´etries presque commutatives, tores non commutatifs. Cependant, les ´el´ements caract´eristiques de cet id´eal sont propres `a chaque exemple. L’outil de base va une fois encore ˆetre la base de Wigner de l’oscillateur harmonique.

3.1. ACTION DE CONNES–LOTT 85