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Cadre théorique et épistémologique général

1.La transformation anthropologique

L’approche générale se fonde sur l'hypothèse d'une double transformation

anthropologique : celle du rapport de l'Homme contemporain envers son environnement

social, économique, politique, naturel, intime, et envers soi-même – ses besoins

fondamentaux, le sens et la direction de sa vie. Cette transformation met en question le

bien-fondé des divisions antagonistes consacrées par la „première modernité“

45

- sujet et objet,

individuel et collectif, tradition et progrès, privé et public, art et science, rationnel et affectif,

centre et périphérie, morale et politique, nature et culture. Elle bouleverse des institutions –

valeurs et des vérités d'ordre axiomatique, établies depuis des siècles, appelle à de nouvelles

synthèses, tout en dessinant de nouvelles oppositions structurantes

46

.

Or, les changements au niveau des valeurs et des comportements individuels sont

consubstantiels et indissociables des transformations des structures socio-économiques,

technologiques et politiques, qui caractérisent la seconde moitié du siècle passé, ce que Karl

Polanyi avait appelé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale La grande

transformation

47

. Celle -ci étant liée à un changement plus général au niveau de la culture

(perceptions, représentations, motivations, idées, images, symboles et pratiques

48

) qui à son

tour, exerce son impact sur les structures et les institutions comme phénomènes de la culture.

2. La culture alternative comme paradigme de l'émancipation

45 TOURAINE, Alain (2005). Un nouveau paradigme. Pour comprendre le monde d’aujourd’hui, Paris : Fayard, BOBINEAU, Olivier (2011). La troisième modernité ou « l'individualisme confinitaire » .

SociologieS [En ligne], Théories et recherches, mis en ligne le 06 juillet 2011, consulté le 05 février 2015. URL : <http://sociologies.revues.org/3536>.

46 Le concept est utilisé ici dans un sens large, métaphorique, comme synonyme de ligne de démarcation, et non comme opposition binaire qui explique les préférences et les choix politiques des électeurs, et leur alignement partisan, dans la tradition tracée par Saymour Мartin Lipset et Stein Rokkan dans leur ouvrage classique Party Systems and Voter Alignments: Cross-National Perspectives, New York, The Free Press, 1967. 47 POLANYI Karl, 1983 [1944] La Grande Transformation. Aux origines politiques et économiques de notre temps, Paris: Gallimard. trad, fr. (Titre original Polanyi, K. 1944, 1957, 2001. The Great Transformation: The Political and Economic Origins of Our Time. Boston: Beacon Press). Cette transformation qui amené à (et qui a été engendrée par) l'instauration d'une ”société du marché“, une singulière invention humaine, comme l'appelle Polanyi.

48 ROCHON, Thomas R. (1998). Culture Moves : Ideas, Activism and Changing Values, Princeton, (N.J.), Princeton University Press.

Une culture (y compris politique) alternative apparaît alors, qui fait intégrer dans les

agendas des sociétés des enjeux, des préoccupations, des thèmes et des débats, mais aussi des

individus et des groupes sociaux et culturels, tenus habituellement à l'écart et en dehors des

décisions politiques. Comme le dit la philosophie discursive de la communication, elle fait

impliquer un Tiers, exclu jusqu'à présent de la communication à deux entre Je et Toi, un

marginal, celui à qui on parle et dont on parle mais qui n'a pas eu le droit de s'exprimer en

première personne еn public

49

et de révéler son imaginaire et son expérience spécifiques

comme sujet et objetpolitiques : les femmes, les jeunes, les minorités ethniques, culturelles

ou sexuelles, les peuples autochtones, et même – dans l'interprétation écologique de la res

publica - la nature non humaine, vivante et non-vivante, prétendant à devenir elle aussi sujet

du droit et de la politique

50

.

3. La nouvelle culture et ses acteurs : sujets et objets de la vie sociale et

politique

Cette culture cherche à faire ses preuves à travers une action publique individuelle et

collective, fondée plus que dans le passé sur l'exigence d'autonomie et de dignité individuelle

et collective, et sur la reconnaissance sociale et politique d'une Altérité que sur le désir de

s'intégrer dans le système et d'emboîter le pas de la tradition

51

. Ses acteurs se retrouvent plus

dans la singularité des identifications auto-engendrées et des communautés ad hoc que dans

les identifications durables et les identités calquées des appartenances héritées et fixées une

fois pour toutes

52

, rendues obsolètes ou ayant été détruites à la suite des effets complexes des

changements.

Au cœur de cette culture se trouve l'Individu qui est à la fois, et indissociablement,

sujet et objet de la vie sociale et politique : il la produit et il en est le produit, tout en en étant

conscient. Or, ce nouveau paradigme reste pourtant souvent méconnu, voire invisible car

incompatible avec et inacceptable par le statu quo : incompatible, par exemple, avec sa

volonté de faire politique autrement, “sans prendre le pouvoir

53

“, inacceptable par son

49 Voir en rapport à ce sujet Julia KRISTEVA (1974). La révolution du langage poétique, L'avant-Garde À la fin du XIXe siècle, Lautréamont et Mallarmé. Paris: Éditions du Seuil

50 Références : Le droit international, Michel Serre etc.

51 HOLLOWAY John (2002).Change the World Without Taking Power: The Meaning of Revolution Today.(Changer le monde sans prendre le pouvoir. Le sens du mot Révolution aujourd'hui), Pluto Press.

52 Voir ION Jacques, FRANGUADAKIS, Spyros et VIOT, François (2005). Militer aujourd'hui. Paris : Éditions Autrement, et FROSE M. et H. MENDRAS (1991) [1983], Le changement social: tendances et paradigmes, Paris ; Armand Colin.

53 FOUGIER, Eddy (2004). Altermondialisme. Le nouvel mouvement d'émancipation ? Lignes de Repères, Paris, p.78.

radicalité et sa modestie, désapprouvée en raison de préjugés profondément ancrés, tant ses

mobiles, visée et finalités semblent éloignées des principes et les pratiques sur lesquels repose

la ”politique politicienne“. En effet, ce sont deux paradigmes rivaux, dont la coexistence est

conflictuelle, car comme le note Thomas Kuhn, ils sont incommensurables : ils ne peuvent se

comprendre (et s'apprécier) mutuellement car ils utilisent des discours explicatifs et des outils

évaluatifs (valeurs) pour traiter de la réalité sociale et politique, qui ne se communiquent pas.

Ils sont pourtant indissociablement liés, car provenant de la même source, et sont amenés à

communiquer, à s'entre-pénétrer et à contribuer ensemble au changement social et politique.

Toutefois, l'importance des changements que ce nouveau modèle culturel véhicule ne

peut se mesurer que dans la longue durée (qui implique autant l'avenir que le passé), en

fonction de son impact sur les générations, sur le renouveau des idées et des pratiques du

politique et sur l'évolution des systèmes des sociétés en général. Il en est ainsi car il se

caractérise par une complexité inhérente qui ne peut pas se réduire à un seul facteur explicatif.

4. Une approche complexe

« La notion de sujet ne prend sens que dans un écosystème (naturel, social, familial etc.) et doit être intégrée dans un méta-système. La vision non complexe des sciences humaines, des sciences sociales, est de penser qu’il y a une réalité économique, d’un côté, une réalité psychologique, de l’autre, une réalité démographique. On croit que ces catégories créées par les universités sont des réalités, mais on oublie que dans l’économie, par exemple, il y a les besoins et les désirs des humains. (…) On ne peut pas isoler les objets les uns des autres. A la limite, tout est solidaire. Si vous avez le sens de la complexité vous avez la solidarité. De plus, vous avez le sens du caractère multidimensionnel de toute réalité54.» (Edgar Morin)

Les raisons profondes de ce changement sont multiples - économiques,

technologiques, sociopolitiques et environnementales, mais elles sont interdépendantes et

renvoient les uns aux autres : il est impossible de surestimer l'importance d'un facteur au

dépens des autres. Dans cette perspective, la transformation peut être définie, dans un sens

large, comme complexe

55

, écosystémique : si l'on peut affirmer avec certitude que les

changements sont interconnectés, leur relation reste pourtant indirecte, cumulative, complexe

54 MORIN, Edgar (2005) [1990]. Introduction à la pensée complexe, Op.cit, p.69.

55 Le mot complexus vient du latin et signifie “qui est tissé ensemble“. (“Com-plexus", du latin "com" (ensemble, avec) et "plexus" participe du verbe "plecto", tisser ensemble). Site Internet Etymologie Français, Latin, Grec, Sanskrit. URL: <https://sites.google.com/site/etymologielatingrec/home/c/complexe.>.

et leur impact – imprévu, quantitativement incalculable et pour toutes ces raisons - paradoxal.

Ce sont en effet, comme le montre Edgar Morin, les traits communs de tout système

organique complexe, qui possède la propriété d'organisation et qui en même temps

auto-génère ses propres obstacles, limites et contradictions

56

.

Les nouveaux mouvements sociaux, le nouvel individu, la nouvelle culture et la

nouvelle politique vont être appréhendés donc dans le cadre d'une approche systémique et

organique faisant apparaître le contexte historique de leur émergence, la complexité inhérente

- culturelle et institutionnelle des sociétés, des systèmes politiques et des rapports entre les

acteurs

57

, ainsi que le dynamisme de processus multiples et quelquefois contradictoires, qui

produisent en concert des brèches (faits nouveaux et phénomènes non-existant auparavant que

le paradigme dominant n'est plus à même ni d'expliquer, ni d'incorporer dans son système

sans produire des secousses substantielles qui risquent de le faire sortir de son état d'équilibre)

à tous les niveaux du système et qui appellent à un changement du paradigme, dans le sens

donné par Thomas Kuhn

58

.

Ils seront présentés donc comme inter-liés et interdépendants, se conditionnant

mutuellement, tant au niveau macro – le niveau du système, qu'au niveau méso – le niveau

des institutions, des processus, des phénomènes, des acteurs et de leurs rapports, et au niveau

micro – le niveau de l'individu – Sujet (ses représentations, motivations, valeurs et actes, mais

toujours en rapport avec son vécu). Ils seront étudiés également dans leur évolution

historique, notamment dans la continuité de fait qu'ils établissent avec leurs précurseurs.

5. Une approche par la culture

Sans nier l'importance des hypothèses explicatives et des analyses qui accordent leurs

préférences aux facteurs structurels (les spécificités de l'architecture institutionnelle, la

structure du système politique, les catégories sociales et les rapports socio-économiques) ou

organisationnels (types et structure des organisations de l'action collective, capacité des

activistes à formuler, à poursuivre et à atteindre d'une manière efficace leurs buts et de

„mobiliser des ressources

59

” au cours d'une période donnée), ou bien conjoncturels

56 MORIN, Edgar. (2005) [1990]. Introduction à la pensée complexe. Op.cit. p.5.

57 Voir dans le cadre de cette approche complexe, l'étude d'Antoniy Todorov sur le complexe culturel et institutionnel en Bulgarie et son impact sur la culture civique. In. - TODOROV. Antony (2009). Институционално-културен комплекс или за връзката между политически институции и културна среда. Сп. Политически изследвания, брой 1-2, София, 17-36.

58 KUHN, Thomas S. (1970). The Structure of Scientific Revolutions. Enlarged (2nd ed.). University of Chicago Press, p.210.

59 McCARTHY, John D. and Mayer N. ZALD (2001). The Enduring Vitality of the Resource Mobilization Theory of Social Movements. In. - Jonathan H. Turner (eds.) Handbook of Sociological Theory, London, 533-565.

(opportunités ou obstacles produits par le contexte politique concret

60

), nous allons mettre

l'accent sur l'importance de la Culture - comme facteur majeur de socialisation des individus,

de construction identitaire, de socle communautaire, mais aussi en tant que vecteur et

transformateur de valeurs, motivations, représentations et conduites individuelles et

collectives, et des cultures

61

- en tant qu'incarnations spécifiques, des avatars uniques de

celle-ci dans des contextes divers. Dans la même logique nous allons examiner la politique

comme phénomène de la culture humaine et comme phénomène existant dans toutes les

cultures et faisant de l'Homme l'unique Zoon Politicon connu.

Les modifications et/ou la durabilité des valeurs et des pratiques au sein d'une même

société, groupe social ou communauté, deviennent évidentes avec le changement

générationnel, ce qui détermine l'intérêt pour l'étude des générations au sein des nouveaux

mouvements.

Cette approche, quoique consacrée par la nouvelle sociologie et l'anthropologie de la

seconde moitié du XXe siècle, est utilisée plus rarement et avec précaution, en raison des

difficultés inhérentes que l'étude de la culture pose devant l'observateur et le chercheur. Nous

partageons ici le constat formulé par Ronald Inglehart dans son ouvrage « La transformation

culturelle dans les sociétés industrielles avancées » :

« L’ouvrage n’est pas fondé sur un déterminisme culturel. Il n’admet non plus l’idée d’un déterminisme économique, politique, technologique. Chacun de ces facteurs a des liens étroits avec les autres mais aucun ne puisse être considéré comme le ressort ultime qui mettrait les autres en mouvement. (...) Cependant, nous revendiquons pour la culture un rôle modeste mais essentiel: elle est un facteur qui modèle les sociétés et que l’on a tendance aujourd’hui, à sous-estimer. Si son importance est méconnue, c’est, en partie, parce que c’est difficile à évaluer. Les données concernant les facteurs économiques sont relativement abondantes. Quant aux sciences sociales, leur approche est aujourd’hui largement quantitative et les données chiffrées y jouent un rôle essentiel62».

6. Une approche ni objectiviste, ni subjectiviste.

60 L'approche par POS (Political Opportunity Structure) ou la Structure des opportunités politiques, développée avec succès dans les années 1990. Voir par exemple DUYVENDAK, Jean Willem (1994). Le poids du politique. Nouveaux mouvements sociaux en France, Paris : Harmattan.

61 Voir WOLILKOW, Serge, VIGREUX, Jean (2003). ). Les cultures communistes du XXe siècle. Entre guerre et modernité. Op.cit.

62 LECA, Jean (1989). Réflexions sur le participation politique des citoyens en France. - In . -

Idéologies, partis politique et groupes sociaux. Études réunies par Yves Mény. Presses de Science Po, Paris, pp. 43- 71 (44).

Se situant à distance égale entre un structuralisme qui se donne pour objet, comme le

note Pierre Bourdieu

63

« d’établir des régularités objectives (systèmes, lois, structures de

relations ou traditions) indépendantes des consciences et des volontés individuelles », et une

phénoménologie ”ethnologique“, expliquant l'expérience du monde social et le sens que cette

expérience revêt pour les individus, comme un monde naturel allant de soi (taken for granted,

comme disent les ethno-méthodologues anglo-saxons), qui « exclut la question de ses propres

conditions de possibilité

64

», nous adoptons ici une approche dynamique subjective-objective :

les limites établies par la première ouvrent des opportunités pour la seconde, et vice versa.

7. Une approche ouverte

Suivant la même logique, nous allons aborder la question des rapports entre

mouvements, individu, culture et politique comme un tableau inachevé ou un système ouvert,

et comme tout système ouvert – ambigu, contradictoire, et tissé de paradoxes. Nous adoptons

donc un «renversement des perspectives épistémologiques du sujet», c’est – à – dire de

l’observateur scientifique, le propre de la science étant souvent à éliminer l’imprécision et la

contradiction, et acceptons « une certaine imprécision et une imprécision certaine non

seulement dans les phénomènes mais aussi dans les concepts

65

. » De cette façon, il n’y aura

pas de description d’un réseau formel de relations; en revanche nous allons procéder à une

étude des réalités et des faits avérés, mais qui ne sont pas des essences, qui ne sont pas d’une

seule substance, qui sont composites, produites par les jeux systémiques, mais toutefois

douées d’une certaine autonomie.

8. Une approche synchronique et diachronique

Ceci dit, les nouveaux mouvements sociaux et leurs rapports à la “nouvelle politique“

qu'ils véhiculent, sont envisagés suivant une logique, analogue à celle de l'hologramme:

chaque élément ou partie reflète l'ensemble dans son intégralité, tout en restant partie et

gardant sa fonction à la fois spécifique et générale, dans le système de rapports et vice versa –

l'ensemble réunit les éléments divers tout en les incorporant, d'une façon organique et

dynamique dans un tout indivisible ou chaque élément peut joule rôle de centre et de

périphérie.

63 BOURDIEU, Pierre (1980). Le sens pratique. Paris : Éditions de Minuit, p. 44. 64 Ibidem p. 234.

Cette approche, enfin, nous permet de situer les phénomènes étudiés sur un double

plan – sur un plan synchronique, qui permet de suivre et comparer les phénomènes dans leur

simultanéité et complémentarité, et sur un plan diachronique qui les présente en mouvement,

sur la spirale temporelle de la continuité. Elle désigne ainsi un chronotope dynamique

66

d'analyse de l'objet : celui-ci est toujours localisé, il tire ses origines d'une culture intimement

liée à son topos, mais qui s'inscrit toujours dans un chronos plus général qui la transcende

sans pour autant la priver de son originalité intrinsèque. Comme l'affirme Clifford Geertz

67

,

l’anthropologie (et toute science de l'Homme) ne doit pas être seulement une science

expérimentale à la recherche de lois, mais une science interprétative en quête de sens. Nous

allons donc rallier l'approche explicative (qui cherche à établir des preuves scientifiques

pertinentes en appui de ses hypothèses anticipées) avec une approche compréhensive (qui

s'évertue à restituer autant que possible, les évaluations et le sens qu'accordent les acteurs à

leur action sociale et politique, individuelle et collective).

9. Une approche historique non linéaire

Par ailleurs, l'esprit du chronos, n'est ni donné une fois pour toutes, ni créé par

quelqu'un : sinon, on risque de rester toujours fermé dans les stéréotypes de sa propre culture

et de devenir victime du désir – toujours alléchant - d'imposer son propre modèle prétendant

qu'il soit universel et (ou) incontestablement le meilleur. Dans la perspective de l'approche

complexe et comparée, en revanche, elle se révèle aux yeux de l'observateur comme ouverte

et fermée, compréhensible et pourtant mystérieuse, tiraillée entre les structures, os et

coutumes du passé et la culture toujours vive du présent qui se forme et agit en complicité

avec les nouveaux acteurs: nouvelles générations, nouveaux collectifs, nouveaux individus,

nouveaux Sujets de la „grande“ et de la „petite“ histoire, de la „grande“ et la „petite“

politique. Ceux-ci renouvelant le contenu et la forme de l'action sociale, à travers de nouvelles

motivations, visions, représentations, et par là - nouvelles priorités, objectifs et pratiques.

Les nouveaux mouvements citoyens dont le mouvement écologique en Bulgarie, vont

être abordés dans cette logique comme :

1) acteurs historiquesqui mobilisent et expriment l'esprit de leur temps (Zeitgeist) et qui font

émerger et se structurer les questionnements majeurs de leurs sociétés, transcendant

quelquefois leurs visées primaires, mais aussi comme phénomènes uniques, ancrés toujours

66 Nous utilisons le terme chronotope dans le sens qui lui est donné par Mikhaïl Bakhtine, à savoir comme “principale matérialisation du temps dans l’espace” indiquant l’inséparabilité de celui-ci et de celui-là. Voir BAKHTINE, Mikhaïl (1978) Esthéthique et théorie du roman. Paris : Gallimard, p. 381.

67 GEERTZ, Cliford (1986) [1983]. Savoir local, savoir global? Les lieux du savoir. Paris: PUF, 8-24. [Titre original en anglais Local Knowledge, New York 1983].

dans une culture locale dont ils interprètent, enrichissent et renouvellent quotidiennement le

sens et la singularité.

2) mouvements d'émancipation sociale et politique, individuelle et collective, et

notamment comme acteurs politiques qui contribuent au renouveau non seulement des formes

de mobilisation, organisation et action politique, mais également des idées sur le politique et

des idées politiques, de la perception et la représentation du politique, du bien commun, et de

la démocratie : comme système d'organisation politique de la société et du pouvoir et comme

système de valeurs et pratiques sociales.

III. Terminologie : Définitions et acceptions d'emploi des