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Chapitre 4 ContextAA – Modèle théorique

4.8 Cadre ontique

Tel que mentionné précédemment, ContextAA évite la question d’une ontologie partagée par les Agents et utilise plutôt ce que nous nommons un cadre ontique, référentiel sémantique local à l’Agent et placé au cœur du Contexte-selon. Ceci s’inscrit dans la philosophie de ContextAA qui vise à assurer l’autonomie des Agents: en faisant de chaque Agent le porteur de son propre référentiel, l’Agent devient capable de traiter le Contexte indépendamment des autres Agents, ce qui facilite la poursuite de sa mission et sa continuité de service.

Le cadre ontique décrit ici se rapproche de définitions formelles d’ontologie comme celle de [56], qui la décrit comme une paire 〈𝑆, 𝐴〉 où 𝑆 est un vocabulaire commun et 𝐴 des axiomes pour raisonner sur ce vocabulaire, ou de [14] qui précise le volet 𝑆 et décrit l’ontologie comme un 4- uplet 〈𝐶, 𝑅, 𝐼, 𝐴〉 où en plus du volet axiomes décrit par 𝐴, 𝐶 est un ensemble de concepts, 𝑅 un ensemble de relations et 𝐼 un ensemble d’instances des concepts décrits dans 𝐶. Toutefois, le cadre ontique comme il est défini dans ContextAA est pensé pour se décrire sous forme de Contexte et s’intégrer harmonieusement dans l’ensemble de l’architecture.

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4.8.1 Formalisme

Dans la perspective soutenue avec ContextAA, le cadre ontique 𝑂𝑎 d’un Agent 𝑎 décrit les objets d’intérêt pour 𝑎 et les relations entre ces objets selon la perspective opératoire de 𝑎. Par perspective opératoire, nous entendons la description sous forme de Contexte des requêtes et opérations permettant à 𝑎 d’accomplir sa mission. Ainsi :

 les requêtes pour du Contexte décrivent ce que 𝑎 requiert pour raisonner sur le Contexte;  les opérations décrivent ce raisonnement;

 parmi ces opérations, celles décrivant ce que publie 𝑎 de manière publique constituent la contribution de 𝑎 ∈ ℎ à l’évolution du Contexte disponible pour l’ensemble des Agents de 𝑁. Une conséquence du recours à un cadre ontique selon l’Agent est qu’une chose en apparence aussi fondamentale que ce qu’est un contexte, pris en tant qu’élément du domaine d’intérêt, dépend de l’Agent. Le Contexte publié par 𝑎 ∈ ℎ peut ne pas correspondre, en forme ou en contenu, au Contexte requis par 𝑎′ ∈ ℎ ou même par 𝑎∈ ℎ tel que décrit par 𝑂

𝑎′. Il est d’ailleurs fondamental

au design de ContextAA, que l’expression sémantique du Contexte soit en fait une construction syntaxique, traitée comme telle selon le cadre ontique de chacun des Agents [2].

Même les règles permettant de valider la qualité d’un Contexte donné sont locales à l’Agent 𝑎 et décrites dans 𝑂𝑎. Parmi les règles décrites dans 𝑂𝑎 se trouvent les seuils de tolérance envers les distances entre Contextes, de même que les seuils de tolérance envers les déformations apportées aux Contextes par voie de transformations.

4.8.2 Adéquation et vérité

En tout temps, 𝑆𝑎 au moment 𝑡𝑗 est construit à partir des contraintes de 𝑂𝑎 et de ∀𝑐: 𝐶 tel que :  𝑐 est produit par 𝑎′ et

 𝑎’ ∈ ℎ′, ℎ= ℎ ∨ ℎ ∈ 𝑁

ℎ à un moment 𝑡𝑖: 𝑖 < 𝑗.

Le fait que 𝑐 ∈ 𝑆𝑎 n’indique rien sur la validité de 𝑐, cependant, que ce soit de manière intemporelle (𝑐 a-t-il été produit par un Agent défectueux?) ou ponctuelle (𝑐 était peut-être valide au moment 𝑡𝑖, mais l’est-il encore au moment 𝑡𝑗?). Si 𝑐 ∈ 𝑆𝑎, toutefois, alors il en découle que 𝑐 correspond aux

règles décrites par 𝑂𝑎. En ce sens, 𝑂𝑎 joue entre autres rôles celui de filtre pour insertion d’un

Contexte dans 𝑆𝑎.

Dans tous les cas, la conformité de 𝑐: 𝐶 aux règles de 𝑂𝑎 est le critère clé pour accepter 𝑐 dans 𝑆𝑎; la véracité de 𝑐 ne peut pas nécessairement être vérifiée et ne peut par conséquent constituer un critère d’acceptation ferme. Dans ContextAA, un Contexte 𝑐 n’est pas intrinsèquement utile ou pertinent; la question de l’utilité d’un Contexte 𝑐 pour un Agent 𝑎 tient non pas à sa véracité ou à sa validité, mais bien à sa conformité avec les critères du cadre ontique 𝑂𝑎.

D’office, si 𝑎, 𝑎′: Α; 𝑎 ≠ 𝑎 alors il est possible que 𝑂

𝑎 ≠ 𝑂𝑎′ donc qu’il existe un Contexte 𝑐 qui

soit admissible dans 𝑆𝑎 mais pas dans 𝑆𝑎. En ce sens, ContextAA se rapproche du modèle Belief- Desire-Intention [80], ou BDI, surtout pour qui tient compte de la difficulté de déterminer des faits

quant à la réalité enrichie en présence de sources conflictuelles de Contexte et de composants potentiellement défectueux.

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Cette perspective locale à l’Agent comporte au moins deux avantages marqués pour ContextAA, soit celui de favoriser l’autonomie des Agents, en le rendant indépendant d’une autorité tierce sur la qualité du Contexte, et celui de restreindre le Contexte auquel un Agent est confronté à ce que cet Agent décrit comme étant pertinent pour lui, évitant à l’Agent le fardeau de devoir examiner l’ensemble des Contextes mis à sa disposition dans 𝑁. Ce filtre implicitement appliqué sur la masse de Contexte disponible réduit la charge de travail de l’Agent et facilite son fonctionnement sur des nœuds à faibles ressources.

4.8.3 Avantages et inconvénients du cadre ontique

Le cadre ontique 𝑂𝑎 permet à l’Agent 𝑎 d’être porteur de ce qui joue pour lui le rôle d’une ontologie qui lui est propre. Cette partie de 𝑎 fait de lui le porteur d’un regard actif et singulier sur l’espace intelligent, et lui garantit une forme d’indépendance en situation de faible connectivité. En ce sens, le cadre ontique rapproche 𝑎 d’un état d’autonomie.

L’absence d’ontologie commune aux Agents impose en retour les mécanismes de mise en correspondance des Contextes et de transformation de Contexte sur lesquels repose ContextAA. Cet effort singulier, qui représente pour nous un gain de résilience et d’autonomie, constitue aussi un fardeau que des Agents limités à un environnement délimité dans l’espace pourraient ne pas avoir à traîner. Conséquemment, l’approche proposée par ContextAA et reposant sur un cadre ontique propre à l’Agent plutôt que sur une Ontologie commune à tous les Agents est une conséquence de la perspective architecturale micro [2] que ContextAA supporte de manière intrinsèque.

Le formalisme du Contexte, comme celui des Agents, dépend sur le plan opératoire du soutien de plusieurs composants architecturaux, discutés au chapitre 5 et qui font en sorte que ContextAA dans son ensemble fonctionne tel qu’espéré.

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